Journal de mission au Burundi !

23 décembre

Départ matinal pour l’aéroport de Genève l’ami Tagg me prend à 4h15. Le père Gaston, mon successeur tenait à se lever pour me saluer avant mon départ, quel frère ! C’est vrai que j’ai vraiment eu de la chance d’avoir un tel successeur ; d’abord, pastoralement, il est très bon, je n’ai que des échos positifs et puis, avec moi, il est tellement fraternel. Il a accepté que je laisse toutes mes affaires à Bellegarde et que j’y loge entre deux voyages, bref, un vrai frère !

J’étais levé à 2h45 ce qui m’a permis de célébrer la messe tranquillement. 

Le vol étant prévu à 7h05, je pensais avoir prévu large … mais il y avait beaucoup beaucoup de monde, premier jour de vacances de Noël, j’aurais dû m’en douter !

Heureusement, il y avait pas mal de personnel qui vérifiait les cartes d’embarquement pour faire passer plus vite ceux qui risquaient d’être en retard. Je n’ai pas eu besoin de ce privilège ! Mais une fois la fouille passée, quand je suis arrivé à la porte, l’embarquement commençait.

J’avais été obligé d’acheter une valise supplémentaire pour emporter tout ce qu’on m’avait donné ! Et puis, comme je reste 3 mois, avec le projet d’écrire un livre sur le curé d’Ars pendant mon séjour, il me fallait aussi pas mal d’affaires !

Un passager est arrivé très en retard, du coup, nous sommes partis avec 3/4 h de retard. Heureusement, dans l’avion, ils annonçaient les portes pour les correspondances, ce qui évitait de perdre du temps.

Dans l’avion, je n’ai qu’un petit sac à dos pour mon ordi, ma valise cabine a été mise en soute. D’un côté, ça m’arrange car je n’ai pas à m’en préoccuper mais j’espère qu’il n’y aura pas de problème, car dans cette valise, il y a ma machine à respirer pour m’éviter les apnées du sommeil ! Espérons que les valises seront bien à l’arrivée !
Cette machine m’est vraiment indispensable pour arriver à bien dormir. Et, à Bujumbura, ce n’est pas simple car toutes les nuits, il y a des coupures d’électricité ! J’ai donc un système de secours qui permet de brancher la machine sur une batterie. Le jour, quand il y de l’électricité, on charge la batterie pour qu’elle soit opérationnelle la nuit … toute une organisation !

Dans l’avion, je suis à côté d’une femme burundaise. J’avais envie de travailler dans l’avion, donc j’étais prêt à rejoindre des sièges vides pour avoir plus de place… et puis je me dis que j’ai été mis ici et donc je dois y rester … peut-être que c’est le Seigneur qui a fait que cette place me soit attribuée … je ne pensais pas aussi bien dire !
Très vite la femme sort un livre de prière, je la laisse tranquille et quand elle a fini, je lui dis : je pense que vous êtes chrétienne, je viens de vous voir prier ! Et elle me répond : je pense aussi que vous êtes chrétien, j’ai vu votre croix ! Nous allons commencer un échange qui va durer du décollage vers 10h30 jusqu’à 16h !
Nicole, c’est ainsi qu’elle s’appelle, me confie ses soucis familiaux : ils habitent au Canada depuis pas mal d’années, mais son mari a dû rentrer au Burundi pour accompagner leur fils ainé, Ebène qui des gros soucis de santé et, paradoxalement, au Canada, on n’arrive pas à le soigner. Elle, elle est restée avec les deux autres enfants. Elle va croiser son mari à l’aéroport qui part rejoindre les deux autres enfants pendant qu’elle passera les fêtes avec Ebène ! Pas simple comme situation ! Je lui propose de prier pour elle, on le fait tout de suite dans l’avion et elle participe bien à cette prière en demandant aussi au Seigneur de me bénir et de bénir ma mission.
Elle veut en savoir plus sur les Foyers de Charité, j’avais sorti un livre sur Marthe Robin que je comptais lire dans l’avion, je le lui dédicace et lui offre ! Nous avons de très beaux échanges et je vais même lui donner le sacrement du pardon dans l’avion ! Quel voyage merveilleux !

Nicole, l’amie donnée par le Seigneur !

Après tout cela, Nicole qui a déjà passé une nuit dans l’avion fait une sieste et moi j’en profite pour prier bréviaire et chapelet ! Oui, merci Seigneur pour cette belle rencontre ! Merci de m’avoir inspiré de ne pas changer de siège !

23 décembre au soir !

Ça y est je suis arrivé, les bagages sont bien arrivés … en même temps que moi ! A l’aéroport, très vite, je retrouve le père Amand, le père du Foyer qui est devenu un vrai frère pour moi, il a pu pénétrer dans la zone « arrivants » et m’aide pour les formalités à faire pour obtenir le visa. J’ai obtenu un visa pour un mois, il faudra le faire renouveler … et payer ! Mais j’ai déjà rencontré un ancien colonel de l’armée qui est le responsable du groupe des amis du Foyer et qui m’aidera pour obtenir le renouvellement.

Nous récupérons toutes les valises qui rentrent péniblement dans la voiture et nous dirigeons vers le Foyer, je constate que les rues sont de moins en moins éclairées, ce qui n’est pas bon signe pour la situation économique du pays … je vais avoir l’occasion de constater, de fait, que la situation s’aggrave.

Quand j’arrive, tous les membres du Foyer sont réunis pour m’accueillir à la descente de la voiture, je les reconnais toutes et tous et nous nous saluons chaleureusement.

Le repas est préparé et pris dans la joie des retrouvailles … j’attends aussi le moment du dodo car je suis debout depuis 2h45 !

En arrivant dans ma chambre, divines surprises :

1/ Il n’y a plus de coupure d’électricité la nuit ! Je peux donc utiliser ma machine à respirer sans l’installation de batterie, de chargeur …

2/ Ils ont fait installer une climatisation dans ma chambre … Merci Seigneur.

24 décembre

La journée commence à 7h par un temps d’adoration et la prière du chapelet : tous les Foyers de Charité ont une grande dévotion à l’égard de Marie, le chapelet est toujours médité pour que la prière à Marie nous rapproche de Jésus, son Fils.

Petit déjeuner avec un bon bol de fruits : ananas et mangues (c’est la pleine saison !). Le petit déjeuner est pris en silence, comme le sera le repas de midi pour nous préparer à la grande fête de Noël.

Je consacre une partie de la journée à m’installer pendant que la communauté s’active pour préparer la crèche et la messe du soir. La crèche est très belle, le bananier remplace avantageusement le sapin de Noël ainsi que de petits palmiers.

La crèche à la chapelle

En fin de matinée, le père Amand donne un enseignement, toujours pour préparer nos ceurs sur le « benedictus » (le cantique de Zacharie en Lc 1) que nous disons tous les matins à l’office de Laudes. Il commente avec brio et profondeur, comme à son habitude : il a fait surgir la force qui nous sauve !

Dans l’après-midi, après la sieste réglementaire (c’est l’Afrique !) je prends du temps pour méditer l’évangile de demain et préparer mon homélie.

La messe a lieu à 18h30, un peu tôt, à mon goût ! Il n’y a que quelques personnes de l’extérieur qui viennent car le père Amand insiste de plus en plus pour que les gens aillent à la messe dans leur paroisse. Nous ne chantons pas les chants traditionnels français, mais j’écoute avec joie les chants en Kirundi, la langue du pays. Et, c’est vrai, la communauté chante divinement bien ! En plus tout le monde était super-bien habillé, la plupart des sœurs (je les appelle les sœurs même si elles ne sont pas religieuses, mais, laïques consacrées) du Foyer avaient mis leur tenues traditionnelles et les hommes costumes cravates et le père Amand, sa jolie soutane blanche ! Le père Viateur qui est le père collaborateur du père Amand a pu venir à la messe, il souffre actuellement de la Malaria et n’est pas en fome. Il y a aussi avec nous le supérieur d’un séminaire où j’étais allé l’année dernière, mais ce n’était pas lui le supérieur, ils ont d’ailleurs très bien fait de changer !

Après la messe, nous nous retrouvons pour partager un repas fraternel, non pas à la salle à manger, mais dans une salle qui nous permet d’être tous en rond … les prêtres sont assis sur des fauteuils … c’est comme ça ici, quand je le fais remarquer, on me dit : c’est l’Afrique ! Le repas est simple, c’est le même repas que tous les jours ! Mais, chaque jour, il y a beaucoup de variété : toujours du riz (qui est trié le matin pour enlever les petits cailloux … quand on l’achète brut, il est moins cher), des bananes légumes, des pommes de terre (parois ce sont des frites !), des haricots secs, des haricots verts, des petits pois, des tomates crues, du « pain » de pâte de blé ou de manioc … et, ce soir, comme c’est la fête, il y a de la viande, du poulet !

Nous voilà installés pour la fête communautaire !

J’ai amené des papillotes et j’offre à chacun une carte qu’il tire au hasard avec, souvent, un dessin ou une photo pleine d’humour avec une très belle citation. Chacun lira aux autres la citation qu’il a reçue et décrira sa photo. Il faut souvent que j’explique car certaines ne maitrisent pas totalement le français et comme les citations utilisent souvent « le second degré » il est bon d’expliquer.

les cadeaux arrivent !

On m’apporte aussi un cadeau, à la manière africaine, dans une corbeille portée sur la tête. C’est assez lourd, j’ouvre et, ô surprise, c’est un petit chevreau qui va vite être effrayé et cherchera à se sauver ! On a donné une chèvre au Foyer, elle était pleine et a mis bas, il y a quelques jours.

Mon cadeau de Noël photographié quelques jours après !

Les membres de la communauté chantent, dansent dans la joie. Belle soirée vécue dans la simplicité (mon Dieu que c’est bon de vivre un Noël aussi simple !) et la chaleur (relationnelle et climatique) africaine.

Les danses : ils savent faire !

Il est temps : nous allons nous coucher.

25 décembre

Rendez-vous à 7h à la chapelle : chapelet et office de Laudes. Petit déjeuner dans la joie.

C’est moi qui préside la messe à 9h, mon homélie se trouve dans la rubrique homélie du blog ! Le père Viateur n’a pu se joindre à nous, il a passé une mauvaise nuit.

Deux familles sont venues partager l’Eucharistie avec nous dont une qui est venue demander la prière puisque le papa va partir 6 mois au Ghana et 6 mois au Sénégal pour son travail. Il y a souvent des familles qui viennent demander la prière quand il y a un événement compliqué à vivre … mais aussi quand il y a un événement joyeux qui se prépare. Avant la bénédiction finale, ils viennent devant l’autel, se mettent à genoux et tous prient pour eux. Je discute avec eux un moment après la messe. Ils espèrent qu’après les 6 mois au Ghana, ils pourront être réunis pour vivre ensemble les 6 mois au Sénégal. La femme est très belle, très élégante et, comme souvent en Afrique, elle porte une robe avec l’impression d’une icône de crèche et l’inscription : « Le Verbe s’est fait chair » !

Après la messe, c’est le moment de « la grande sortie » pour les membres du Foyer. C’est-à-dire que chacun est autorisé à rejoindre sa famille pour partager avec eux, le repas de Noël. Enfin, seuls ceux qui ont leur famille à Bujumbura ou tout proche peuvent le faire. Les autres mangeront au Foyer et iront visiter l’après-midi des membres de leur famille qui sont à l’hôpital, ou visiter des amis ou se reposeront car le rythme est soutenu et il va y avoir une grosse retraite qui arrive !

La famille du père Amand
Le lac Tanganyika

Le père Amand a un neveu qui a été assassiné, il y a 3 ans quand la situation est difficile (c’était la première année que je venais et je m’en étais rendu compte !), il emmène l’épouse du cousin et ses enfants, et moi au bord du lac. La famille du neveu avec des amis venus les rejoindre s’installe à une table sur la plage de sable et nous, à une autre table parce que le père Amand veut que nous ayons le temps d’échanger. En effet, dès demain, il anime une retraite jusqu’au 1° janvier et le 2, il part en Europe pour un mois. Le père Amand nous offre à tous le repas. Au menu, poisson grillé et frites pour nous et, pour la famille du neveu poulet grillé et frites. On me fait remarquer que les autres années, il y avait beaucoup de monde qui venait ici, pas forcément pour manger, mais pour profiter des jeux à disposition des enfants. Seulement, l’entrée est payante (environ 1 euro) et aujourd’hui, il y a tellement de gens qui sont au chômage que les gens n’ont plus les moyens de venir. C’est sûr que pour nous, rien n’est cher ici, mais pour eux, ce n’est pas le cas. Pour vous donner une idée, je crois que nous étions 11 à manger et chacun a bu deux consommations (bière, coca, fanta …), le père Amand a payé 55 euros pour l’ensemble, c’est-à-dire 5 euros pour un repas et deux consommations par personne !

Quand nous sortons du parc, il y a quand même quelques familles qui arrivent. Tous les petits viennent vers moi pour me serrer la main et toucher ma peau blanche ! A cause de la situation, il y a très peu de blancs dans le pays, les petits, bien souvent, n’en ont encore jamais vu, alors, ils sont curieux et ça m’amuse beaucoup !

Les enfants profitent des jeux dans ce parc au bord du lac

Nous revenons pour la sieste avant de nous retrouver à la chapelle pour un temps de prière autour de la crèche. La communauté est divisée en plusieurs équipes, chaque équipe viendra successivement présenter sa prière à l’enfant Jésus … nous, les prêtres, nous irons aussi !

Après la prière, nous retrouvons dans la même salle qu’hier pour un nouveau repas fraternel avec, à la fin échange de cadeaux. J’ai amené tout ce que j’avais pu mettre dans mes valises : chapeaux, casquettes, stylos, affaires scolaires, lunettes, appareil à mesurer la tension … Tout ce qui n’a pas pu rentrer, j’irai le porter à Chateuauneuf de Galaure la première semaine d’Avril puisque je serai juste rentré et que le père Amand y sera à nouveau. Diane, la responsable de la communauté a prévu aussi un cadeau pour chaque membre, y compris pour moi ! C’est Noël !

Le père Amand me demande de partager à la communauté le sens de mon année sabbatique. Je leur explique que d’une part, j’avais besoin de repos et, d’autre part, je voulais prendre le temps de discerner, de comprendre l’appel du Seigneur pour moi pour les années qui viennent. Est-ce que c’est à un ministère de prédication que je suis appelé et, si oui, dans quel cadre … en sachant que ça pourrait se vivre dans un Foyer de Charité. Eux, évidemment, ne demandent que ça … même si ça ne sera pas chez eux ! Je sais, maintenant, qu’ils et elles vont beaucoup prier à cette intention.

26 décembre

Après le petit déjeuner, vaisselle communautaire, un bon moment de fraternité !

C’est ce matin que je prends le temps d’écrire le journal que vous lisez ! Je n’avais pas pu le faire avant … mais il me manque toujours une connexion internet. J’avais déjà fait acheter une puce pour mon téléphone qui me permet d’avoir du réseau … mais pour alimenter le blog, c’est quand même plus pratique avec mon ordinateur ! Il existe maintenant des petits appareils qui sont du « WiFi portable » j’en ai fait acheter un (que j’aurai demain) pour que je puisse l’avoir en permanence avec moi … il y en avait déjà un dans la maison, comme ça, après mon départ, ils en auront un deuxième !

Je peux travailler avec la clim, c’est vraiment agréable, mais pour vous donner une idée de la température (que je ne connais pas, pas de thermomètres ici !) je règle la clim sur 26° dans ma chambre et quand j’ouvre la porte, je sens la différence avec la température du dehors ! A propos de météo, actuellement, c’est la saison des pluies, ils sont contents car il pleut pas mal. Ce sont des pluies, en général, assez fortes qui durent une à deux heures. Quand on se couche le soir, il fait assez chaud (je ne mets pas la clim la nuit pour ne pas attraper une angine ), mais dans la nuit, je suis obligé d’enfiler un tee-shirt et de me recouvrir du drap … je sais bien que ça n’a rien de comparable avec le froid de chez vous !

Je peux vous transmettre le programme d’une partie de mon séjour ici puisque nous l’avons établi, hier, avec le père Amand, au bord du lac.

  • La nuit du 31, je vais faire un enseignement pour la grande veillée de prière qui réunit chaque année près de 10 000 personnes au Foyer (je n’ai pas mis un zéro de trop !). Cette veillée est retransmise par Radio Maria, le père Amand me dit que j’aurai donc environ 5 millions d’auditeurs ! Alors, Seigneur, inspire-moi parce que ce n’est quand même pas rien !
  • Le week-end des 5 et 6 janvier, je prêche un week-end de récollection pour un groupe de jeunes qui participe à une école de la Foi.
  • Le samedi 12 janvier, je prêche une récollection pour les jeunes du mouvement « jeunesse lumière » un groupe de jeunes du Renouveau … quand on dit « groupe » à chaque fois, ça peut aller au-delà de 1000 jeunes !
  • Le dimanche 13, je partirai pour le Foyer de Charité de Ngozy, au Nord du pays pour 15 jours et je vais prêcher deux retraites successives pour les prêtres de ce diocèse. Ils n’avaient pas pu venir l’année dernière à Bujumbura pour les retraites que je prêchais, donc je prêcherai sur le curé d’Ars.
  • Avant de partir à Ngozy et à mon retour, je serai le seul prêtre au Foyer puisque le père Amand et le père Viateur seront en France pour une session des pères de Foyer, ils participeront notamment à un colloque à Ars sur la paternité.
  • Du 5 au 10 février, retraite St Valentin pour les couples
  • Du 11 au 16 retraite St Valentin pour les jeunes
  • Du 18 au 24 février retraite de préparation à l’effusion de l’Esprit pour les prêtres.

Et en mars, on verra, le programme est encore à définir, mais il voudrait que je prêche une journée ou un week-end de récollection pour les cadres du pays : il peut y avoir des ministres, beaucoup de parlementaires et dirigeants d’entreprises … là encore un défi pour lequel j’aurais bien besoin du Saint-Esprit !

Certains diront qu’un tel programme ne correspond pas à ce qu’ils imaginent être une année sabbatique ! Mais, vous le savez, je ne suis pas homme à rester à ne rien faire ! Et puis, l’avantage ici, c’est que la prédication est quasiment ma préoccupation unique … ce qui n’est pas le cas en paroisse, où il faut toujours mener de front 1000 tâches différentes !

Ce qui est sûr, c’est que je compte sur le soutien de votre prière !

Après-midi tranquille pour moi … pas pour la communauté qui se prépare à accueillir la grande retraite de fin d’année. 150 personnes sont inscrites, c’est plus que la capacité d’accueil pour vivre une retraite dans de bonnes conditions. Ils installent 128 places à la salle à manger en priant la Vierge Marie qu’elle fasse en sorte que certains aient un contre-temps et viennent l’année prochaine ! Les membres de la communauté aidés de quelques amis vont installer salle à manger, salle de conférence et chapelle extérieures (mais à l’abri) en prenant, comme toujours soin de faire de belles décorations avec des tissus tendus pour transformer ce préau extérieur en lieu accueillant et priant.

La retraite commence à 18h30 par la messe … en Kirundi. Donatien, l’un des membres viendra me faire la traduction de l’homélie. Je vois que certains sont venus en famille, quelques femmes n’hésitent pas à amener leurs enfants, même petits, ils dormiront tous dans la même chambre. Je suis toujours émerveillé de voir ces enfants à la messe qui, s’ils se promènent un peu, ne disent pas un mot ! Ça fait rêver par rapport à ce qui se passe chez nous !

Le père Amand m’a présenté aux retraitants en expliquant que j’étais disponible pour les accueillir et les confesser s’ils maitrisaient le français, en rajoutant : ceux qui ont des péchés blancs iront vers lui et ceux qui ont des péchés noirs viendront vers moi ! Tout de suite après la messe, il y en a un qui demande à se confesser pour bien vivre la retraite, belle démarche !

Jeudi 27 décembre

Ce matin, je ne suis pas allé à la prière commune qui était en Kirundi. J’ai préféré prendre une heure d’oraison tranquille à la chapelle avec la prière de l’office de Laudes. L’horaire affiché était en Kirundi, je n’ai donc pas bien compris, à 8h25, Diane, la responsable est venue me chercher en me disant que le petit déjeuner était à 7h30, moi j’avais cru qu’à 7h30, c’était le chapelet !

Pastèque au petit déjeuner, on m’apporte aussi une très grosse mangue, mais je la prendrai demain ! Il y avait aussi d’énormes avocats qu’ils prennent pour remplacer le beurre sur le pain, ils sont très bons !

Je complète ce journal et vais l’envoyer mais la connexion internet avec l’appareil acheté est très lente !

Je passe une bonne journée et je commence à accueillir quelques retraitants qui viennent se confesser. Le père Amand m’a demandé de prêcher à toutes les messes jusqu’à la fin de la retraite, je vais m’atteler à la préparation de l’homélie de demain, fête des Saints Innocents.

Vous pourrez écouter ces homélies en allant sur le site du Foyer (en espérant qu’il soit actualisé régulièrement !) : https://www.foyerdecharitebuja.bi

Juste après la communion, à la messe de ce jour, une pluie torrentielle s’est abattue sur nous ! La messe a lieu sous une sorte de grand préau, il y avait un tel vent avec cette forte pluie que les gens étaient assez vite mouillés, mais la plupart ne bougeaient pas, supportant stoïque ! Nous avons été obligés de prendre deux chants après le chant de communion car il était absolument impossible de traverser pour aller à la sacristie ou à la salle à manger !

les enfants des retraitants heureux de faire une photo !

Nicole avec qui j’ai voyagé dans l’avion m’appelle et me fait part de l’invitation de ses beaux-parents pour le repas demain midi, ça sera une belle rencontre, j’en suis sûr !

Je me rends compte qu’il y a un problème à la cuisine, la gazinière est tombée en panne avec 150 repas à préparer ! Ce n’est pas la 1° fois que ça arrive ! Ils ont des espèces de barbecue sur lesquels ils mettent les gamelles, et tout cela en restant dans la bonne humeur !

Une partie de l’équipe aux cuisines !
la cuisine à l’ancienne !

Le soir, j’expose le St Sacrement, j’aime beaucoup cette habitude qu’ils ont, quand on élève l’ostensoir avant de l’installer sur le reposoir, toute le monde applaudit, on sent que c’est vraiment Jésus qu’ils applaudissent parce qu’il se rend présent pour eux !

28 décembre

J’ai bien mal dormi cette nuit ! Repas d’hier soir ? En tout cas, ça m’a permis d’entendre que dans la chambre voisine, le retraitant ronflait de manière extraordinaire ! J’essaie de récupérer le matin, je ne participe pas au temps de prière et prie le bréviaire seul après le petit déjeuner.

Je finis de préparer l’homélie. C’est mieux de l’écrire, car il y a une traduction en Kirundi, je dis quelques phrases et le père Amand traduit … c’est un coup à perdre le fil de ses idées ! Les gens ont applaudi à la fin … merci St Esprit de m’avoir inspiré ces mots qui les ont rejoints !

Avant la messe, deux personnes ont demandé à voir un prêtre, les membres du Foyer viennent me chercher. Une femme demande la bénédiction car elle est enceinte. Je prie sur elle, elle est très émue et pleure beaucoup en accueillant ces paroles de bénédiction. Un jeune qui a fait des choses pas belles du tout est venu, il s’est déjà confessé il y a quelques jours, mais il veut recevoir la bénédiction du Seigneur pour ne pas recommencer, pour avoir la force de résister à la tentation. Très belle démarche !

Après la messe, Nicole vient me chercher avec sa belle-mère. Ses beaux-parents sont des amis du Foyer et viennent souvent se ressourcer ici. Le voyage n’est pas très long, ils habitent à 10 minutes du Foyer. L’accueil est très chaleureux, les beaux-parents bénissent la Providence qui a permis que je sois à côté de Nicole dans ce voyage et qu’elle puisse me confier tous ses problèmes avec son fils Ebène et qui oblige leur couple à vivre séparé l’un de l’autre pour un temps. Ebène aimerait rentrer au Canada, sa maman semble d’accord (ce qui n’était pas le cas dans l’avion) mais le papa tient à ce qu’il termine son année scolaire avant de rentrer. Nicole, Ebène et ses beaux-parents viendront le 4 janvier pour que nous puissions prier ensemble pour que le Seigneur les éclaire sur la décision à prendre.

Nicole ne pourra pas venir à la veillée du 31, elle part avec Ebène passer quelques jours au Rwanda, son fils a besoin de changer d’air. Au cours du repas où les échanges sur la situation du pays sont très intéressants, j’apprends que le beau-père a été emprisonné 3 ans et demi, arrêté, emprisonné sans jugement et libéré sans jugement ! Au moment de sa libération, il a refusé de sortir en disant : je ne sais toujours pas pourquoi j’ai été emprisonné, j’exige de le savoir car, si c’est grave, je veux être sûr de ne pas recommencer ! On lui a expliqué que c’était sous le précédent gouvernement qu’il avait été emprisonné et que, eux, ils ne savaient pas pourquoi ! Il est donc sorti, c’était il y a une vingtaine d’années.

la famille de Nicole : son fils, Ebène à gauche, ses beaux-parents, belle-soeur

C’est la première fois que je vais dans une famille, pour le moment je n’ai fréquenté que des maisons religieuses ! Evidemment, ce n’est pas la famille type du Burundi, la maison est très belle, grande, bien équipée, le beau-père est un commerçant qui a bien réussi en ayant démarré modestement avec un vieux taxi !

Au moment de partir, nouvelle pluie torrentielle, impossible de faire 5 mètres pour monter dans la voiture ! Quand ça se calme, nous partons, mais il y a des torrents dans la ville, heureusement, ils ont un gros 4×4, on ne risque pas de tomber en panne et d’être obligé de descendre de la voiture en ayant de l’eau mi-mollet !

le déluge !

A mon arrivée, il y a les retraitants à accueillir 5 ont demandé à me rencontrer dont un couple. Belles rencontres avec beaucoup de souffrances portées devant le Seigneur. J’ai été obligé de donner encore un rdv à 20h car un homme, jeune encore, vouait absolument me voir.

Au repas du soir, Diane, la responsable, me demande si je suis d’accord d’aller baptiser un bébé à l’hôpital demain. Il est, en difficulté, sous oxygène et la maman voudrait absolument qu’il soit baptisé le plus vite possible. Je suis, évidemment d’accord … même si j’appréhende quand même un peu ! Finalement, la demande n’aboutira pas, j’espère que c’est parce que l’enfant allait mieux.

Comme les autres soirs, je ne participe pas à la prière, totalement en Kirundi ! Je prends le temps de répondre à quelques mails et d’écrire ce journal avant de me mettre au lit pour pouvoir me lever tôt afin de préparer l’homélie de demain !

29 décembre

J’ai passé une bonne nuit, ça fait du bien ! Petit déjeuner copieux : banane, papaye et, sur le pain, à la place du beurre, de l’avocat, j’aime beaucoup ça d’autant plus que leurs avocats sont savoureux, beaucoup plus gros que chez nous et, surtout, bien mûrs !

Après le petit déjeuner, préparation de l’homélie, je vais parler de Syméon figure centre de l’évangile du jour et faire remarquer que le texte nous dit qu’il était plein du St Esprit. Les 5 qualités que
développe cet évangile à propos de Syméon doivent devenir les 5 qualités de tous ceux qui ont reçu le St Esprit :

1/ Il était juste (correspondait à ce que Dieu attendait de lui), religieux
(cherchait la compagnie de Dieu et ne s’ennuyait pas en sa compagnie !) il
attendait la consolation d’Israël (ne recherchait pas de petites consolations
dans des plaisirs futiles)
2/ Il avait cru à l’annonce que l’Esprit-Saint lui avait faite. Ceux qui sont
remplis du St Esprit sont des hommes et des femmes de foi.
3/ Il a répondu à l’appel du St Esprit qui l’appelait à aller au Temple. A
cause de sa vieillesse, il aurait pu invoquer l’arthrose ou les rhumatismes
pour rester couché ! Il n’a pas raté le rendez-vous qui lui était fixé … ne
ratons jamais les rendez-vous que le Seigneur nous fixe !
4/ Il a reconnu le Sauveur dans ce bébé, c’est pas rien ! Ceux qui sont remplis
du St Esprit sont capables de voir au-delà des apparences et, du coup, de
reconnaître la présence de Jésus chez les autres.
5/ Il a osé dire la vérité, une vérité pas facile à dire ni à entendre :
l’enfant en grandissant sera signe de contradiction et sa mère aura le coeur
transpercé par un glaive. Ceux qui sont remplis du St Esprit osent la vérité,
ils ne disent pas ce que les autres ont envie d’entendre !

Beaucoup de temps passé à l’accueil et l’écoute des retraitants et à donner
le sacrement du pardon et à prier pour la libération de ceux qui le demandent. Depuis que je prêche à la messe, il y en a de plus en plus qui veulent me voir … mais ça ne va pas être possible d’accueillir tout le monde!

Je commence à préparer mon enseignement de la nuit du 31. Nous sommes dans le temps de Noël, je vais donc approfondir le mystère de l’Incarnation :
Pourquoi Jésus est-il venu parmi nous ? Pour le savoir, le mieux est de le lui
demander ! Il y a 10 paroles (symbolique!) dans les Evangiles dans lesquelles Jésus nous dit pourquoi il est venu ou pourquoi il n’est pas venu : je suis venu pour que les hommes aient la vie en abondance … je ne suis pas venu juger mais sauver … Je pense que je n’aurai pas le temps de commenter les 10, il va falloir choisir ! Et en plus je viens d’en trouver une 11° qui sera ma conclusion : je suis surtout venu pour toi !

Les préparatifs de la veillée du 31 ont commencé sur la prairie.

La prairie du Foyer sur laquelle aura lieu le rassemblement

Cet article a 8 commentaires

  1. MO

    Merci beaucoup pour ce récit où vous nous partagez votre début de séjour qui nous montre un « autre » monde ! La connexion à bien fonctionné…

  2. Isabelle BOMBOURG

    C’est comme si on était avec toi… Merci pour ce partage généreux.
    Et tu penses que tu auras le temps d’écrire un livre sur le Curé d’Ars… C’est vrai qu’avec toi et l’ES… Tout est possible !!!
    Tu es dans mes prières de chaque jour !

    1. Père Roger Hébert

      Oui ça risque d’être compliqué d’écrire mais on verra bien !

  3. Liliane Turnau

    C’est une grande joie de te lire ! Merci mon père ! Nous prions pour toi! Je t’embrasse ! Ta cousine

  4. Élisabeth

    bonjour; avec l’hospitalité d’Annecy et de Belley Ars nous avons prié pour vous à la Flatière du 10 au 13 janvier. Bonheur total dimanche : 50 cm de neige; beauté de la création.

    1. Père Roger Hébert

      Merci beaucoup ! J’ai vu quelques photos de la Flatière sous la neige ces jours … il y en a beaucoup plus qu’au Burundi !

  5. igor

    merci père Roger.soyez bénis

  6. RX TAGG RASOLOARISON

    Roger à tout compris, ça explique son grand ouverture d’esprit tous ces voyages… Vraiment je voyage en visitant ton blog
    Que DIEU tout puissant t’accompagne

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