5 mars : mercredi des Cendres : Un carême pour faire la joie du Seigneur !

Vous avez entendu le refrain qui rythmait l’Evangile que nous venons d’entendre : ton Père qui voit dans le secret te le rendra. A travers ce refrain, on sent bien que Jésus nous invite à réviser notre manière de fonctionner. Nous, quand le carême arrive, nous nous demandons : qu’est-ce que je vais faire, qu’est-ce que je vais mettre en œuvre dans ce carême ? Et Jésus, lui, semble nous dire : avant de savoir ce que tu veux faire, il conviendrait que tu réfléchisses au sens que tu vas donner à ce que tu feras. En méditant là-dessus, je me suis rappelé une homélie que j’avais entendue pour la confirmation d’une filleule, c’était l’évêque de Toulouse de l’époque qui l’avait donnée et elle est restée gravée en moi.

Il nous a raconté que, lorsqu’il était séminariste, il avait pu visiter la cathédrale Notre Dame de Paris avec un petit groupe et un guide extraordinaire. Vers la fin de la visite, le guide a demandé s’il y avait deux visiteurs qui n’avaient pas du tout le vertige, ces deux-là pourraient le suivre pour une visite, un peu risquée, de la charpente. Il s’est proposé avec un autre visiteur. Le guide les a conduits à travers la charpente, avec des moments d’équilibrisme et à un moment donné, il s’est arrêté en leur disant : regardez sous vos pieds ! Il y avait là, l’un des plus beaux bas-reliefs de la cathédrale. Evidemment leur réaction ne s’est pas fait attendre : pourquoi avoir mis une telle splendeur dans ce lieu particulièrement inaccessible qui fait que personne ne peut le voir ? Le guide leur a répondu en disant que la seule explication possible, c’est que le sculpteur a voulu offrir cette magnifique sculpture à Dieu. Et pour Dieu, il n’y avait rien de trop beau, c’est pour cela qu’il avait réalisé cette œuvre d’art avec tant de soins. J’avais trouvé cette explication absolument magnifique !

Il me semble que le sculpteur avait entendu et intégré la parole de Jésus : ton Père qui voit dans le secret te le rendra ! Voilà donc ce qui doit devenir la motivation principale de ce que nous allons entreprendre dans ce temps de carême : faire la joie de Dieu car le Père voit dans le secret. Et le carême est une véritable école de sculpture. J’aime beaucoup cette parole qui dit : la sainteté, comme la sculpture, s’obtient par l’art d’enlever. Le sculpteur va enlever de la matière aux bons endroits pour faire apparaitre la statue qu’il avait dans la tête. De même la sainteté ne s’obtient que par l’art d’enlever, enlever la médiocrité qui a fini par recouvrir et enlaidir l’image de Dieu que nous sommes chacun puisque Dieu nous a faits à son image et selon sa ressemblance.

Le carême doit se transformer en atelier de sculpture pour enlever ce qui nous empêche de grandir en sainteté. Il y en a qui vont à la salle de sport pour se sculpter un corps d’athlète, nous, nous entrons en carême pour nous sculpter une âme de saint ! Si je reprends les 3 actions symboliques du carême que Jésus développait dans l’Evangile, c’est clair, le carême est un atelier de sculpture.

  • 1° l’aumône, le partage qui nous aide à tailler dans le superflu qui a fini par envahir nos vies et qui nous défigure en faisant de nous des consommateurs avides qui se ferment de plus en plus aux besoins les plus fondamentaux des plus pauvres.
  • 2° la prière qui nous aide à nous recentrer sur l’essentiel. Nous perdons tellement de temps dans des futilités, dans des bavardages inutiles et malfaisants que tailler dans notre agenda pour dégager de vrais créneaux de dialogue avec le Seigneur va peu à peu restaurer l’image dégradée de sa ressemblance.
  • 3° le jeune qui nous invite à reprendre la maitrise de nous-mêmes pour dire non à tout ce qui ne nous fait pas de bien sera aussi un outil précieux pour tailler et faire tomber une belle couche de médiocrité accumulée.

Evidemment, tout cela, nous ne l’entreprenons pas comme les hypocrites pour briller aux yeux des autres, ni même pour mieux nous sentir dans notre peau, nous allons le faire pour le Seigneur, d’abord pour faire la joie du Seigneur car le Père voit dans le secret. Et si nous perdons de la motivation en cours de carême, pour nous relancer, repensons à la joie du Seigneur, comme il sera heureux de retrouver un enfant qui lui ressemble enfin parce qu’il s’est peu à peu débarrassé de tout ce qui l’enlaidissait, de tout ce qui le surchargeait et finissait par le fatiguer.

Notre Dieu nous apporte tellement de joie que nous pourrions trouver une motivation renouvelée pour nous lancer dans ce carême avec comme objectif majeur de vouloir faire la joie de Dieu. Et Jésus nous laissait entendre que, même si ce n’est pas ce que nous cherchons d’abord, nous aurions forcément un retour sur investissement : ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Comment nous le rendra-t-il ? C’est son secret ! Mais nous n’avons pas de peine à imaginer que si nous faisons la joie de Dieu, cette joie rejaillira sur nous et débordera sur tous ceux qui nous entourent. Ainsi donc le critère qui nous permettra de vérifier que nous sommes sur le bon chemin, que nous ne mollissons pas, sera la joie. Mais, attention, il s’agira d’une joie intérieure pas forcément exubérante, mais une vraie joie qui nous fera goûter à la bonté de Dieu dans la prière, une joie qui nous fera goûter à la beauté du service et du partage, une joie qui nous envahira par la maitrise retrouvée de nous-mêmes.

Notre Dame de Laghet, accompagne-nous durant tout ce temps du carême pour que nous fassions la joie du Seigneur et que cette joie nous transforme.

Laisser un commentaire