Après le grand St Paul dont nous avons fêté la conversion, hier, aujourd’hui, ce sont deux de ses principaux collaborateurs que nous fêtons : Timothée et Tite. Je trouve que l’Eglise a eu une riche idée de fêter ces deux collaborateurs au lendemain de la grande fête de la conversion de Paul. C’est un peu comme si l’Eglise voulait nous dire : faites attention de ne jamais trop braquer le projecteur sur un homme ou sur une femme, d’ailleurs ! En effet, St Paul n’aurait jamais été ce qu’il a été s’il n’avait eu tous ses fidèles collaborateurs. Et il en va de même pour toutes les personnes en vue, qu’il s’agisse de saints, dans l’histoire de l’Eglise, ou de personnalités dans la vie de la société. Personne ne s’est vraiment fait tout seul comme certains le prétendent parfois. Derrière chaque grand homme, il y a toujours des collaborateurs extrêmement précieux qui se cachent et Paul en aura beaucoup. Un exégète les a recensés en relevant les noms de ceux que Paul salue et souvent remercie, à la fin de ses lettres, il y a 58 noms de collaborateurs et 14 collaboratrices. Et c’est bien que Paul ne les oublie pas car sans eux, il n’aurait jamais pu faire ce qu’il a fait, être ce qu’il a été. C’est donc une invitation, pour nous, en ce jour à rendre grâce pour tout ce que peuvent nous apporter ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont nos collaborateurs.
Tite sera le collaborateur de confiance pour les missions difficiles, d’ailleurs, Paul, lui-même, lui donne ce titre de collaborateur. 2 Co 8,23. C’est à Corinthe que Paul l’enverra et on sait que manager cette communauté de Corinthe n’était pas simple tant il y avait de problèmes. Tite réussira à ramener la paix dans cette communauté et c’est depuis Corinthe qu’il organisera la grande collecte en faveur de la communauté de Jérusalem. Paul lui écrira une très belle lettre qui a été gardée dans le canon des Ecritures.
Mais c’est sur Timothée que j’aimerais m’arrêter plus longuement. A Timothée, Paul écrira deux lettres, dont celle qui a été lue en 1° lecture, enfin, nous n’en avons lu qu’un petit extrait, mais cet extrait m’intéresse beaucoup. Vous avez entendu les liens profonds qui unissaient Paul à Timothée, il est capable de lui parler d’Eunice, sa mère et de Loïs, sa grand-mère en citant leur nom, signe qu’il était proche de sa famille. Et, parce qu’il était vraiment proche de lui, Paul va prendre soin de Timothée, on l’a très bien entendu dans ce verset : Ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains. Manifestement, Timothée devait avoir un passage à vide, la suite le laisse deviner : Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. A travers ces paroles, on entend bien que Timothée devait avoir moins d’ardeur à évangéliser, plus de crainte. Comment Paul l’a su, nous n’avons aucun élément qui nous le dise mais on peut penser que c’est grâce à des amis communs qui lui ont dit : tu devrais faire quelque chose pour Timothée, il a un coup de mou !
Alors, ce que je trouve très intéressant, c’est la manière dont Paul va s’y prendre pour l’aider. Je vois deux très belles attitudes qui pourraient nous inspirer quand nous aussi, nous avons des amis qui traversent des épreuves.
- 1° attitude : Paul ne ferme pas les yeux, il ne dit pas : qui suis-je pour m’occuper des autres, moi-même, je suis loin d’être parfait ! Paul découvre que Timothée ne va pas très bien, il décide d’intervenir. Que de silences coupables dont nous sommes souvent responsables quand nous voyons des amis, des personnes en difficulté. Nous allons être capables d’aligner 1000 bonnes raisons pour nous justifier de ne pas intervenir mais, pendant ce temps, l’autre souffre et parfois se détruit. La question, bien sûr, c’est comment intervenir ?
- La bonne manière d’intervenir, c’est justement la 2° attitude remarquable de Paul que j’aimerais souligner. Paul ne va pas faire des reproches à Timothée en lui montrant ses insuffisances, il va encore moins faire de chantage affectif en lui disant : tu me déçois, moi qui comptais tant sur toi, moi qui ai pris tant de temps pour te former … Non, rien de tout cela ! Il lui dit : Ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains.
Autrement dit, Paul invite Timothée à retourner à la source : tu es devenu mon collaborateur dans l’annonce de l’Evangile en recevant le Saint-Esprit par l’imposition de mes mains, si tu veux t’en sortir, il faut que tu retournes à la source, il faut que tu désensables cette source, que tu enlèves tout ce que tu as laissé s’accumuler et qui empêche cette source de couler en toi et de produire tous les beaux fruits qu’elle a pu produire.
Pour Timothée est venu ce qu’on appelle en théologie spirituelle le temps du second appel. Paul, comme un père, comme un maitre, mais aussi comme un frère, le guide dans ce moment tellement inconfortable que ceux qui y sont confrontées risquent, parfois, s’ils ne sont pas accompagnés, de prendre des décisions qui ne seront pas toujours les plus ajustées.
Juste quelques mots sur l’Evangile qui a été choisi pour cette fête des collaborateurs de Paul. A travers ces deux petites paraboles, ce que Jésus veut nous faire comprendre, c’est la puissance de la Parole. Très bel Evangile qui nous dit que les réussites de ceux qui sèment la Parole ne s’expliquent pas d’abord par leur génie personnel mais par la puissance de cette Parole qu’ils sèment.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de savoir intervenir comme Paul quand nous voyons des frères et sœurs en difficulté. Demandons-lui aussi de savoir nous réjouir d’être les semeurs d’une semence si puissante et de ne jamais l’oublier aux heures de réussite !