Pour bien accueillir le message que veulent nous transmettre les textes de ce temps de l’Avent, nous pourrions, à chaque fois, nous dire que ces textes ont été choisis et placés dans ce temps de l’Avent pour répondre à une question fondamentale : Pourquoi le Fils de Dieu s’est-il fait homme ?
Quand nous nous posons cette question, alors la réponse donnée par les textes d’aujourd’hui est claire : il est venu pour apporter la Consolation et il est venu pour chercher la brebis perdue.
Commençons avec la 1° lecture : le Fils de Dieu est venu pour que nous puissions être consolés. En hébreu, consolation se dit Nahum, … il y a d’ailleurs un livre de la Bible qui porte ce nom. Mais il y a surtout un village qui porte ce nom : Kfar-Nahum qui, une fois traduit, donnera : Capharnaum puisque Kfar, c’est le village. Ce n’est donc pas un hasard si Jésus y passait l’essentiel de son temps quand il était en Galilée, où mieux qu’à Capharnaum, le village de la consolation pouvait-il mieux accomplir ce que Isaïe annonçait, quand il promettant la consolation pour le Peuple de Dieu.
Allons encore plus loin. Quand la bible hébraïque sera traduite en grec, c’est ce qu’on appelle la Bible des Septantes, ce mot de consolation, Nahum, en hébreu, sera traduit par le mot grec paraklesis qui a donné en français le paraclet. Or nous le savons, paraclet, c’est l’un des noms qui sera donné au Saint-Esprit. On parlera d’ailleurs souvent de l’Esprit Consolateur. Ainsi donc, c’est en répandant le Saint Esprit que Jésus exercera au mieux sa mission qui consistait à apporter la Consolation. L’un des Pères de l’Eglise, Athanase d’Alexandrie, avait d’ailleurs résumer le sens de l’Incarnation de cette manière : il s’est fait porteur de chair pour que nous devenions porteurs d’esprit. C’est-à-dire qu’il est venu dans notre chair pour que nous puissions recevoir et vivre du Saint Esprit. Et tout cela est très intéressant car le paraclet, c’est aussi l’avocat qui est à nos côtés pour nous défendre. Comme le disait St Irénée : Dieu a voulu que là où il y avait un Accusateur, nous puissions trouver un avocat pour nous défendre et c’est le St Esprit. Ainsi donc, en promettant que l’Esprit-Saint, le paraclet serait répandu, Jésus nous annonçait que nous ne serions plus jamais seuls pour lutter contre le mal. Voilà la grande Consolation : le mal n’aura plus le dernier mot puisque nous serons assistés par l’Esprit, le paraclet qui est la force-même de Dieu.
Avec l’Evangile, c’est une autre réponse qui est apportée à la question : Pourquoi le Fils de Dieu s’est-il fait homme ? Et cette réponse, elle aussi, ne manque pas de saveur. En nous donnant à entendre la parabole de la brebis perdue Jésus nous dit qu’il est venu pour aller chercher ceux qui se sont perdus. Alors certains pourraient dire : ne nous gênons pas pour faire n’importe quoi, profitons de la vie, carpe diem … puisque là où nous allons nous égarer Jésus viendra nous chercher. Oui, c’est vrai, là où tu vas t’égarer, si tu cries vers lui, il ira te chercher. Mais as-tu remarqué que pour aller te chercher, toi, il laissera tout le troupeau qui, en son absence risque de se faire attaquer ? A chaque fois que tu t’égares, il déclenche le plan ORSEC pour te sauver, toi, mais à chaque fois, ce sont les autres qui risquent de trinquer à cause de toi. Il est obligé de laisser les autres pour toi et ils sont tous en danger à cause de toi, parce que toi, tu ne penses qu’à toi, à tes petits plaisirs. Dans ces conditions, comment penser encore que je peux faire ce que je veux puisque, où que je me perde, il viendra me chercher.
Vous avez sûrement déjà entendu ou lu l’interprétation que donne le Pape François de cette parabole. Sa lecture est décapante ! Il dit qu’aujourd’hui, les proportions sont inversées : il ne reste plus qu’une brebis dans la bergerie et ce sont 99 qui sont dehors, en train de se perdre. Il encourage donc les pasteurs à ne pas passer tout leur temps avec la brebis qui reste, même si elle mérite qu’on s’occupe aussi d’elle. Mais il attire notre attention sur le fait qu’en accordant tout son temps à la brebis qui reste, en la lavant, la coiffant, on risque d’oublier les 99 qui sont en danger parce que le grand méchant loup, l’esprit du mal, rôde toujours ! Et, quand il voit un troupeau de brebis égarées, sans berger, il comprend vite que ce sont des proies faciles.
Rappelons-nous l’Evangile de samedi, c’est quand il voit les hommes désemparés et abattus comme des brebis sans berger que Jésus est saisi de compassion. Il sait que des brebis sans berger sont des proies trop faciles, alors il dit avec force en changeant de registre dans sa comparaison :
« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Pour veiller sur un troupeau de 100 qui est bien à l’abri dans la bergerie, il n’y a pas besoin de beaucoup de bergers, mais quand les brebis sont dispersées, c’est là qu’il faut beaucoup de bergers pour aller les chercher, les porter quand elles n’en peuvent plus et leur apporter la consolation.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de devenir nous aussi, nous tous, des paraclets, c’est-à-dire des consolateurs, demandons que notre sanctuaire soit un véritable Kfar-nahum, un lieu de consolation dans lequel il ne manque pas de pasteurs zélés désireux d’aller au-devant de toutes les brebis perdues et blessées.