Dimanche 20 juin : 12° dimanche ordinaire La bonne attitude quand nous traversons les tempêtes de la vie.

Il ne vous aura pas échappé qu’un même mot se retrouve dans la 1° lecture et dans l’Evangile et que ce mot peut donc nous livrer la problématique pour laquelle les textes de ce dimanche cherchent à nous apporter quelque lumière. Ce mot, c’est le mot tempête : « c’est du milieu de la tempête que le Seigneur s’adresse à Job. » Et, dans l’Evangile, les apôtres sont confrontés à une tempête assez terrible et, comble de tout, Jésus dort dans la barque, alors que, eux, ont le sentiment d’être complètement perdus. Vous l’aurez donc compris, la problématique que ces textes veulent donc éclairer est la suivante : que faire quand nous sommes confrontés à une tempête ? Je pense que cette question nous concerne tous, car des tempêtes, nous en traversons tous, dans notre vie personnelle, spirituelle, communautaire, familiale, professionnelle.

La première lecture, tirée du livre de Job nous a fait entendre la voix de Dieu, une voix qui retentissait du milieu de cette tempête que traversait Job. C’est très intéressant de repérer que Dieu parle du milieu de la tempête parce que Job pensait que la tempête qu’il affrontait était le signe que Dieu l’avait abandonné qu’il était tranquille dans son ciel pendant que lui en bavait sur terre. Or voilà qu’il découvre que Dieu est là, toujours là, et tellement là que c’est du milieu de la tempête qu’il parle, signe que Dieu ne reste jamais tranquillement planqué dans son ciel quand des hommes traversent une tempête sur terre Pour que nous puissions bien comprendre la portée des paroles que Dieu prononce pour Job, du milieu de la tempête, comme il est probable que nous qui participons à cette messe dominicale nous n’avons pas tous la même connaissance de l’histoire de Job, j’en fais un résumé rapide.,

L’histoire de Job, c’est l’histoire d’un homme à qui tout réussi dans la vie, la famille, les affaires, peut-être réussit-il parce que, autant qu’il le peut, il cherche à plaire à Dieu, c’est ce qu’il pense en tout cas. Et voilà qu’en un rien de temps, tout va basculer, il perd tout, sa famille, sa prospérité et même sa santé. Quelle tempête ! Pour bien montrer que ces épreuves ne viennent pas de Dieu, le livre précise que c’est le diable qui est à l’origine de tout cela tout même si mystérieusement, le livre affirme que Dieu l’a permis. Nous sentons bien qu’il y a là, dans ce mystère du mal et de la souffrance, une grande énigme pour nous les hommes. Le drame de Job, c’est qu’il est mal entouré : ses 3 amis de toujours lui tiennent des discours tellement spiritualisants qu’il ne peut plus les supporter. Du côté de sa femme, le soutien n’est pas génial, non plus, puisque le seul conseil qu’elle sait lui donner, c’est de maudire Dieu et de s’éloigner de Lui à tout jamais. Job ne le veut pas, nous connaissons cette magnifique parole qu’il dit : « Si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur ? » 

Magnifiaque, oui mais voilà, l’épreuve dure, la tempête ne se calme pas, du coup, ce beau cri de foi de Job en vient à être profondément ébranlé. Job se retrouve dans une déprime profonde qui lui fait maudire le jour de sa naissance et donc espérer la mort. C’est alors que, plein d’amertume, il entre en procès contre Dieu lui lançant deux griefs principaux : Dieu se tait, il ne répond à aucune des prières de Job et Dieu s’y prend très mal dans la gestion de ses affaires. Dans ce moment de profonde révolte un autre personnage va entrer en scène, Elihu, bien plus jeune que les trois autres 3 amis, ceux qui ne l’ont pas aidé. C’est grâce à lui, que Job va pouvoir commencer à s’ouvrir. Elihu lui fait notamment remarquer que Dieu est sûrement moins silencieux que Job ne le pense. Même si ce n’était pas la lecture d’aujourd’hui, je développe un peu car, nous aussi, nous ne comprenons pas le silence de Dieu quand nous sommes affrontés aux tempêtes de la vie. Elihu explique donc à Job que les hommes ne savent pas toujours reconnaître la voix de Dieu qui est en train de leur parler. Et c’est parce qu’il sent que Job s’ouvre que Dieu va intervenir. Les paroles que Dieu va prononcer seront très fortes, ce sont celles que nous avons entendues dans la 1° lecture. En résumé, il lui dit : Job, tu veux discuter d’égal à égal avec moi en m’expliquant ce que je devrais faire, mais est-ce que tu penses être à la hauteur de telles prétentions ? C’est donc pour cela que Dieu rappelle tout ce qu’il a fait en créant le monde, hélas, la lecture que nous avons entendue ne nous rapporte qu’une petite partie de ce que Dieu rappelle à Job, lisez ces chapitres tellement beaux, d’ailleurs, Job est tellement scotché par tout ce que Dieu lui dit qu’il ne cherche plus à la ramener !

Que pouvons-nous tirer de tout cela ? D’abord que nous sommes tous un peu les jumeaux de Job ! Nous aussi, quand nous traversons une tempête, nous reprochons à Dieu son silence et nous lui reprochons de très mal s’y prendre en lui indiquant clairement ce qu’il devrait faire et comment il devrait le faire. Du coup, nous avons besoin d’entendre ce que Elihu et Dieu disent à Job.

Ce qui est dit à Job, c’est que Dieu parlait même quand lui, Job, se plaignait d’un silence assourdissant. Comme nous avons besoin de l’entendre, nous aussi qui nous plaignons si souvent du silence de Dieu. Oui, quoique nous en pensions, Dieu parle et il parle à tous ! En disant cela, je ne pense pas d’abord à des locutions intérieures que nous recevrions à la manière des grands mystiques. Ça arrive, mais c’est plutôt rare, enfin pour moi ! Mais je le réaffirme : Dieu parle ! En effet, quand la Parole de Dieu est proclamée et commentée, c’est bien Dieu qui parle à chacun de ceux qui l’entendent. Chaque jour, nous entendons des textes de la Parole de Dieu, que ce soit à la messe, aux offices, Dieu parle donc beaucoup ! L’écoutons-nous ? Ecoutons-nous les lectures en posant cet acte de foi : je crois qu’il y aura une parole pour moi, dans ma situation, aujourd’hui. Evidemment, si à la fin de la messe, nous ne nous rappelons même plus de quoi parlaient les textes, ce n’est pas Dieu qu’il faut accuser d’être silencieux, c’est notre coulpe qu’il faut battre ! De même, dans notre prière personnelle, quand nous traversons une tempête, sommes-nous sûrs de laisser à Dieu suffisamment d’espace pour parler ? Est-ce que nous n’occupons pas tout le terrain avec nos récriminations, nos conseils sur ce que Dieu devrait faire, nos regrets sur ce qu’il n’a pas fait ou mal fait. Dieu ne peut parler que si je me mets en disposition profonde d’écoute. Et, nous le savons, Dieu ne parle pas qu’à travers la Parole ou dans la prière, il peut et il veut aussi nous parler par nos frères par exemple à travers une intention de prière qu’ils prononcent, un regard qu’ils posent sur nous, un sourire, une parole de réconfort. Sans compter que Dieu parle encore par les événements. Seulement voilà, quand nous sommes dans la tempête, c’est tellement difficile de comprendre ces signes, d’ailleurs, la plupart du temps, nous ne voyons aucun signe. C’est là qu’il est absolument indispensable de se faire aider par un accompagnateur spirituel qui nous aidera à les voir et à les comprendre. Ça, c’est pour ce qui a été dit à Job, je voulais le souligner même si nous ne l’avions pas directement dans la lecture. 

Venons-en à ce que Dieu, lui-même, dit à Job et que je retraduis ainsi : « tu veux discuter avec moi, ok, ça j’aime beaucoup ! » C’est vrai Dieu aime quand on discute avec lui. Mais Dieu rajoute : « quand même, de là, à vouloir me dicter ce que je devrais faire, je trouve, mon petit Job, que tu es un peu gonflé ! Est-ce que, vraiment tu as la hauteur de vue qui est la mienne ? Moi, je suis au ciel, mais tellement présent sur la terre, et toi, tu as le nez dans le guidon en permanence, alors, est-ce que tu pourrais me faire un peu confiance ? Et puis, tu me reproches beaucoup de choses, mais es-tu sûr que, toi-même, dans la conduite de ta vie, tu sois irréprochable ? Es-tu sûr que tous les conseils que tu aimes donner à tes amis ont toujours été des conseils très éclairés et pertinents ? Bref, je comprends que tu ne comprennes pas tout, mais oserais-tu me faire confiance et croire que je suis Dieu et que mon nom est Amour ? » Cette dernière question m’invite à passer à l’Evangile qui, justement, va porter sur la confiance.

La tempête de l’Evangile va nous permettre d’aller un peu plus loin. A la lecture du texte, nous sentons bien que, derrière le cri des apôtres, il y a un reproche adressé à Jésus : « Pourquoi n’as-tu pas étouffé cette tempête dans l’œuf ? » Finalement les apôtres estiment que, puisque Jésus leur a proposé de monter dans la barque, il n’y aurait pas dû avoir de tempête. Alors, c’est comme si Jésus semblait leur répondre : « Mes amis, les tempêtes, ce n’est pas moi qui les déclenche, je n’en suis pas responsable, par contre, je ne comprends pas pourquoi votre regard se porte plus sur la tempête que sur ma présence. » C’est quand même vrai, Jésus est là avec eux mais eux, ils ne voient pas sa présence, leur regard est focalisé uniquement sur la tempête, c’est elle qui envahit tout. La tempête fait du bruit, c’est pourquoi Jésus lui impose le silence : « silence tais-toi ! » La tempête fait du bruit, la présence de Jésus, elle, elle ne fait pas de bruit. Voilà bien le drame pour nous aussi : nous sommes souvent plus impressionnés par ce qui fait du bruit. Or n’oublions jamais ce que disait St François de Sales : « le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit ! »

Jésus ne nie pas la gravité de la tempête, mais il invite à déplacer le regard ce qui correspond à un acte de Foi. Il ne s’agit pas de faire l’autruche en refusant de regarder les difficultés, mais d’avoir une foi, c’est-à-dire une confiance qui ne nous fera jamais proférer cette parole de reproche : « Nous sommes perdus et toi, ça ne te fait rien, tu désintéresses de nos problèmes ! » Comment peuvent-ils dire cela alors que Jésus est monté avec eux dans la barque ? Pourquoi, dans ces conditions sont-ils gagnés par la peur ? Pourquoi la confiance n’est-elle pas ce qui l’emporte ? C’est précisément en voyant Jésus dormir qu’ils auraient dû être rassurés. Enfin, ça ne pouvait pas mal se terminer. Vous imaginez l’information, le lendemain, à la une des journaux télévisés de Palestine : « l’opération du Salut est terminée sans avoir pu être menée à son terme, le Sauveur est mort, bêtement noyé avec ses apôtres à qui il avait pourtant une grande mission. Nous attendons une déclaration de Dieu pour voir quel plan B, il mettra en œuvre !!! » Jésus dort parce qu’il sait que cette tempête sera traversée. Par contre, au moment où ils reprochent à Jésus de dormir, ils ne savent pas encore que ce sont eux, les apôtres, qui dormiront quand Jésus sera affronté à la pire tempête de l’histoire de l’humanité. Dans ce moment, lui, Jésus veillera et depuis il ne dort plus jamais, c’est l’un des sens du mot « ressuscité. » Que cette certitude de foi, nous aide, comme nous y invitait Paul à nous décentrer pour vivre dans la confiance en choisissant de ne pas nous focaliser sur la tempête mais sur la présence à nos côtés de celui qui a promis qu’il serait avec nous jusqu’à la fin des temps.

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