Il y a des textes du 1° Testament qui sont plus difficiles à comprendre que d’autres, celui que nous avons entendu dans la 1° lecture en fait partie ! Nous nous rappelons que le diacre Philippe, un jour, a rejoint un homme sur la route de Gaza ; cet homme était en train de lire l’un de ces passages, il lui demande : comprends-tu ce que tu lis et ce dernier lui répond : comment comprendrai-je si personne ne m’explique ? Nous sommes souvent dans cette même situation face à certaines des lectures que nous entendons et les homélies sont donc là pour essayer de faire pour vous le travail d’éclaircissement que le diacre Philippe avait fait pour cet homme qui voyageait sur un char.
Le texte est difficile à comprendre pour deux raisons, d’abord, il demande d’avoir quelques connaissances de l’histoire du peuple des hébreux et, ensuite, il exige que nous passions par-dessus nos réactions premières quand nous entendons parler de châtiment. De ce point de vie, la 1° phrase du texte était un bon test, je la relis : Ils sont tout proches, les châtiments de Jérusalem, et chacun tient à la main son arme de mort.
Ils sont tout proches, les châtiments de Jérusalem. A travers cette parole, Ezéchiel annonce la chute imminente de Jérusalem. Je l’ai dit Ezéchiel a fait partie du 1° convoi de déportés vers 597, 4 ou 5 après son arrivée en Exile à Babylone, il est appelé à devenir prophète et 5 ou 6 ans après, Jérusalem tombera, l’envahisseur pillant le Temple et s’installant dans la ville ou du moins ce qu’il en restera après sa mise à sac. Donc Ezéchiel a bien raison de dire qu’ils sont tout proches, les châtiments de Jérusalem. Maintenant la suite est aussi importante :chacun tient à la main son arme de mort. Par cette parole, Ezéchiel veut dire que le Seigneur n’est pas responsable de ce châtiment, c’est chaque membre du peuple qui s’est mis dans cette situation impossible, c’est chacun qui est responsable, pas Dieu ! Voilà ce que signifient ces mots : chacun tient à la main son arme de mort.
Mais la suite montre que Dieu ne restera pas inactif et qu’il ne laissera pas le mal l’emporter. Ce mystérieux homme, vêtu de lin, portant à la ceinture une écritoire de scribe est l’envoyé du Seigneur pour sauver les justes qui seront marqués d’un signe sur le front. Derrière cette figure énigmatique, bien sûr, c’est celle du Fils de l’homme qui se profile. Les justes seront sauvés, pour une part grâce à la déportation, mais beaucoup parmi les injustes vont mourir. Et le Temple sera comme un grand cimetière à ciel ouvert pour bien montrer que ce n’est pas parce qu’on appartient au peuple qui a le Temple comme fierté qu’on ne risque rien. Chacun répondra de ses actes.
Et la suite est magnifique, Ezéchiel, toujours dans une vision, puisqu’il est à Babylone, voit la Gloire du Seigneur qui quitte Jérusalem et son Temple dévasté. Tout a été saccagé dans le Temple, il n’est donc pas question pour Dieu de rester prisonnier de ces ruines. Et où va-t-il ? Bien sûr rejoindre les exilés à Babylone, c’est là-bas que sa présence sera bien plus utile. Je le disais en introduction du livre, le Seigneur va faire comprendre à Ezéchiel, pour qu’il le fasse comprendre au peuple des déportés, qu’il n’est pas attaché à un lieu, à des murs, il se rend présent là où les hommes cherchent sa présence, là où des hommes ont besoin de sa présence parce qu’ils souffrent, c’est pour cela qu’il part en Exil. Et le Seigneur a tenu à donner cette vision à Ezéchiel pour qu’il la transmette à tous ceux qui se sont mis à douter de Dieu à cause de cette épreuve de la déportation. Car déjà, à cette époque, dans l’épreuve, les gens pensaient que Dieu les avait abandonnés. Eh bien, non, dira Ezéchiel, j’ai vu sa présence quitter le Temple pour venir nous rejoindre à Babylone.
Puissions-nous recevoir cette grâce que le Seigneur a donné à Ezéchiel de croire et même d’expérimenter que le sa n’est jamais aussi près de nous que lorsque nous traversons des épreuves. Alors, bien sûr, cette présence, dans ces moments-là, n’est pas toujours simple à repérer, mais c’est souvent, après coup, que nous devenons capables de reconnaître que le Seigneur était bien avec nous. En effet si nous ne nous sommes pas écroulés dans l’épreuve, c’est bien parce qu’il nous soutenait. C’est ce que comprendra le peuple à son retour de l’Exil.
Quant à l’Evangile, il est extrait du chapitre 18 de l’Evangile de St Matthieu qu’on appelle le chapitre de la vie communautaire, parce que, dans ce chapitre, Jésus donne des conseils précieux à ceux qui forment une communauté qu’il s’agisse d’une communauté religieuse ou familiale !
Dans la 1° partie, il évoque un fléau terrible, ce sont les plaintes que reçoivent en permanence ceux qui sont responsables qu’il s’agisse des parents ou des supérieurs de communauté. Il ou elle m’a dit ça, il ou elle m’a fait ça, il ou elle n’a pas fait ça, j’en passe et des pires ! Jésus appelle au bon sens : avant d’en parler au responsable, en as-tu parlé à la personne concernée, seul à seul ? C’est seulement si la personne refuse de t’écouter que tu devras alerter l’échelon supérieur, mais, dans un premier temps, comporte-toi en personne responsable et, comme expression de ta charité fraternelle, aide ton frère ou ta sœur avec qui tu as des difficultés à avancer sur la route du bien.
La 2° partie est nettement plus positive : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. C’est cette parole qui nous a poussés à mettre en place au sanctuaire, deux fois par mois, la prière des frères. Deux membres de la communauté, père et sœur, prient pour une personne qui vient se confier. Conscients de notre pauvreté, nous nous appuyons sur cette parole pour demander avec foi l’une ou l’autre grâce que nous avons discernée comme étant nécessaire pour la personne. Et nous croyons que ça va marcher puisque c’est le Seigneur qui s’est engagé à être présent au milieu de ceux qui le prieront avec foi. Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’en réponse à notre prière confiante, le Seigneur viendra visiter cette personne et une visite du Seigneur, c’est un cadeau inestimable.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons cette grâce de reconnaitre sa présence à nos côtés quand nous sommes dans l’épreuve, demandons-lui aussi de nous comporter en personnes responsables quand nous sommes en conflit avec d’autres et enfin, demandons-lui de croire en la puissance de la prière quand nous la pratiquons à plusieurs pour le bien d’une personne en difficulté.