1° octobre : samedi 26° semaine ordinaire. Fête de Ste Thérèse de Lisieux. Deux paroles pour vivre dans la confiance et deux paroles pour être heureux quoiqu’il nous arrive !

Nous parvenons au dénouement de la grande aventure de Job. Je vous redis que ce livre n’est pas un récit historique mais un écrit de sagesse, un conte qui a été écrit pour nous inviter à réfléchir à cette épineuse question de l’injuste souffrance du juste. La lecture entendue est la conclusion du livre de Job, c’est-à-dire que nous retrouvons une écriture en prose et donc un texte plus simple et plus coulant. Cette conclusion ressemble à la conclusion des contes de fée : ils se marièrent et eurent beaucoup de beaux enfants ! Ce n’est évidemment pas le plus intéressant dans la lecture d’autant plus que certains exégètes pensent qu’il y a sans doute eu un rajout tardif de ces versets pour donner une connotation plus morale que spirituelle au texte.

Je vous propose donc que nous intéressions plutôt à ce qui précède la conclusion conte de fée, l’aveu de Job. « Je sais que tu peux tout et que nul projet pour toi n’est impossible. Quel est celui qui déforme tes plans sans rien y connaître ? De fait, j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles hors de ma portée, dont je ne savais rien. C’est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant mes yeux t’ont vu. C’est pourquoi je me rétracte et me repens sur la poussière et sur la cendre. » Job fait donc cette confidence si belle de vérité et d’humilité : j’ai parlé sans comprendre, c’est par ouï-dire que je te connaissais. Finalement Job reconnait qu’il a un peu trop répété bêtement ce qu’il avait entendu dire sur Dieu : ce n’est que par ouï-dire que je te connaissais. Dans le petit livre que j’ai déjà cité, « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu » Marie-Noëlle Thabut montre bien le problème qui entachait la connaissance de Dieu, il s’agissait de la théorie de la rétribution. De quoi s’agit-il ? C’est tout simplement le principe que Dieu récompense les justes et punit les méchants. Les amis de Job vont défendre mordicus ce principe en disant à Job : Dieu n’a pas pu se tromper, s’il t’a puni, c’est que tu as commis des péchés, cherche bien, tu les découvriras. Et en se défendant, finalement, Job invoquait les mêmes arguments : je suis juste, donc je méritais d’être récompensé.

Il lui faudra un long cheminement pour accepter de quitter tous ces raisonnements qui lui donnaient l’impression de pouvoir comprendre comment et pourquoi Dieu agissait en direction des hommes. Mais ce n’était pas simple d’oser laisser tomber tous ces raisonnements qui, d’un certain point de vie étaient rassurants même si, finalement, ils étaient inopérants puisqu’ils ne rendaient pas compte de la réalité qu’il vivait. Les laisser tomber, c’était prendre le risque de s’engager sur un chemin pas très bien balisé où l’on ne projette plus sur Dieu des théories fabriquées par les hommes mais où, humblement, patiemment et dans la confiance, on accepte d’accueillir ce que Dieu veut bien révéler de lui-même. De fait, j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles hors de ma portée, dont je ne savais rien. C’est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant mes yeux t’ont vu.

N’est-ce pas, finalement, pour cela que nous venons en retraite ? Ceux qui viennent pour écouter religieusement un prédicateur parler de Dieu et de son action en direction des hommes repartiront en ne connaissant Dieu que par ouï-dire. Par contre, ceux qui viennent en disant : moi, je veux faire l’expérience d’une nouvelle rencontre avec le Seigneur, j’attends que le Saint-Esprit me renouvelle profondément, ceux-là repartiront avec peut-être moins d’idées sur Dieu mais plus d’amour à partager avec Lui. Car pour Dieu, ce qui compte, ce ne sont pas les plus ou moins belles idées que nous avons sur Lui, ce qui compte, c’est ce que nous vivons avec Lui. Et quand nous vivons avec lui, un certain nombre de nos idées acquises par ouï-dire vont tomber et ce qui restera, c’est l’amour confiant qui nous permettra de dire : avec ce que j’ai expérimenté de Toi, Seigneur, même si je ne comprends pas tout, je veux vivre dans la confiance en m’appuyant sur deux grandes et belles paroles de St Paul qui se succèdent à peu de versets dans le chapitre 8 de l’épitre aux Romains et avec ces deux paroles, je suis parfaitement équipé pour vivre dans la confiance, dans la foi-confiante, cette foi dont tu nous diras demain que si nous en avons gros comme une graine de moutarde, rien ne nous résisterait. Ces deux paroles sont les suivantes :

  • Tu fais tout concourir au bien de ceux qui t’aiment. Rm 8,28
  • Rien ne me séparera de ton amour. Rm 8,39 Rien ne nous séparera de l’amour du Seigneur, rien, ni personne.

C’est aussi une belle parole qui nous était adressée dans l’Evangile, particulièrement en cette fin de retraite. Parce que nous pourrions dire : cette semaine, c’était super ! Vous l’avez déjà dit hier au cours du temps d’action de grâce. Et le Seigneur s’est vraiment réjoui avec vous, il s’est réjoui de votre joie, comme il s’était réjoui de la joie de ces 72 disciples qui, à leur retour de mission, lui disent : C’était super, Seigneur, même les démons nous étaient soumis quand nous prononcions ton nom.

Oui, Jésus s’est réjoui de leur joie, la preuve, il leur dit : par l’exercice du ministère que je vous avais confié dans cette mission, j’ai vu, moi-même, Satan tomber du ciel comme l’éclair ! C’est-à-dire que le bien que faisaient ces disciples, il se voyait à des kilomètres à la ronde ! Avouez qu’il y a de quoi se réjouir ! 

Pourtant, Jésus va apporter une petite mise au point salutaire : Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. Voilà comment je comprends cette parole de Jésus, il me semble qu’il dit aux 72, ce que vous avez vécu a été super, ça a bien marché, tout vous a réussi, vous vous en réjouissez, je m’en réjouis avec vous, mais attention ! Si vous ne pouvez être dans la joie que lorsque vous réussissez, que lorsque tout marche bien pour vous, vous risquez de traverser de longues périodes sans jamais pouvoir vous réjouir et ça serait dommage pour vous parce que vous risquez de sombrer dans la déprime et ça serait dommage pour les autres qui vont finir par être fatigués de vous voir faire en continu une tête d’enterrement ! Avec sa mise au point salutaire, finalement, c’est le secret de la joie permanente que nous donne Jésus : Réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. Ça, ça ne dépend pas de mes réussites, de ma forme, c’est le Père qui a décidé que nos noms sont inscrits dans les cieux. Et si on en croit le prophète Isaïe 49.16, nos noms ne sont pas inscrits n’importe où dans les cieux : Dieu les a écrits sur les paumes de ses mains. Dieu est le plus grand tatoué de la création, chacun de nos noms est tatoué dans les paumes de ses mains. Voilà ce qui doit nous tenir dans la paix, dans la confiance, dans la joie de manière permanente. Un homme quand il a plusieurs prénoms de femme tatoués sur son bras, ce n’est pas très bon signe, c’est le signe d’une infidélité récurrente alors que Dieu, le fait d’avoir tant de noms gravés sur les paumes de ses mains, c’est le signe de sa fidélité permanente.

Je ne commente pas la 2° partie de l’évangile qui nous fait partager l’exultation de Jésus devant le fait que le Père a su comment révéler tout son amour aux petits, je l’ai fait dans un enseignement en vous parlant de Marie-Christine, cette jeune fille handicapée mentale que j’avais en catéchèse. Je voudrais plutôt terminer en disant quelques mots sur Thérèse de Lisieux que nous fêtons aujourd’hui.

Je ne suis pas un grand spécialiste de Thérèse ! Comme tout le monde, j’ai lu « histoire d’une âme » et certains livres développant cette fameuse petite voie qui est la caractéristique de la spiritualité de Thérèse. Comme je ne suis pas un spécialiste et que je ne parle pas à des spécialistes, je vais donc être extrêmement simple. Et je vais vous résumer « histoire d’une âme », le récit autobiographique de la vie de Thérèse, comme une maman l’a résumée à ses enfants. Cette maman était vietnamienne, mais parlait très bien le français puisqu’elle appartenait à la classe dirigeante du pays avant la révolution communiste des Vietcongs. J’imagine qu’elle lisait « histoire d’une âme » devant ses enfants, ce qui a poussé, un jour, l’un des enfants à lui demander : de quoi parle ton livre ? Et elle leur a répondu simplement en faisant un résumé naïf, mais tellement vrai : mon livre parle d’une jeune religieuse qui a décidé de mettre un maximum d’amour dans chaque instant de sa vie et elle a bien fait d’agir ainsi parce que sa vie a été courte. Mais comme elle avait mis tout l’amour qu’elle pouvait dans chaque instant, même courte, sa vie a été bien remplie. Parmi ses enfants, il y en a un qui deviendra prêtre, évêque et qui finira cardinal, il s’appelait François-Xavier N’Guyen Van Thuan. Il va connaitre beaucoup de problèmes, je ne peux pas m’étendre, 13 ans de prison dans les geôles communistes avec un régime de détention ultra-sévère. A un moment où il était particulièrement désespéré en se demandant quel sens pouvait avoir sa vie dans ces conditions et où il se demandait surtout pourquoi Dieu l’avait appelé à devenir prêtre puis évêque, illuminé par l’Esprit-Saint, il va se rappeler de ce que sa maman leur avait dit pour résumer la vie de Thérèse : elle a mis un maximum d’amour dans chaque instant de sa vie. Et là, il prend la décision de suivre Thérèse sur ce même chemin. Ses geôliers pouvaient lui voler sa liberté et sa dignité avec les mauvais traitements qu’ils lui faisaient subir, mais il y a une chose qu’ils ne pouvaient pas faire, c’est l’empêcher de mettre un maximum d’amour dans chaque instant de sa vie. Ça a tellement bien marché que tous ceux qui l’approchaient, détenus ou gardiens, finissaient par se convertir ! C’est sans doute un autre secret pour vivre heureux que nous a donné Thérèse, un secret complémentaire à celui révélé par Jésus dans l’Evangile : mettre un maximum d’amour dans chaque instant de nos vies.

Merci Seigneur de nous permettre de repartir avec deux paroles qui nous aideront à nous tenir dans la confiance et deux secrets pour vivre heureux quelles que soient les situations de notre vie !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Bien aimé le parallèle entre l’infidèle au bras tatoué et le fidèle aux paumes gravées !!!
    Merci, heureux dimanche !

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