4 novembre : mardi 31° semaine ordinaire : 23 exigences en 8 versets, c’est pas trop ?

J’ai eu la curiosité de compter le nombre de consignes que Paul nous adressait dans la 1° lecture. Après la petite introduction sur l’unité du corps et la diversité des charismes à exercer de manière vigilante, il y avait 23 consignes qui se suivaient ! Vous vous rendez compte 23 impératifs en 8 versets à peu près, on a envie de dire : n’en jetez plus, la cour est pleine ! Pour comprendre pourquoi Paul est si exigeant et comment on peut vivre ces exigences, il faut que nous prenions un peu de hauteur pour repérer la grande structure de cette épitre aux Romains. Parce que, c’est vrai, cette lettre n’est pas facile, mais quand on a compris les grandes articulations, il est plus facile d’en accueillir le message. 

On peut dire qu’il y a deux grandes parties et à chacune de ces parties, les spécialistes leur ont donné un nom savant : la première partie, ils l’ont appelé la partie kérygmatique, c’est-à-dire qu’elle présente le cœur de la Foi des chrétiens, c’est ça le kérygme et la deuxième partie, ils l’ont appelé la partie parénétique, c’est-à-dire qu’elle va nous présenter comment vivre en chrétien de manière assez concrète. Et, au centre, il y a comme une charnière qui permet de passer d’une partie à l’autre et qui est une belle catéchèse sur l’Esprit-Saint et la vie dans l’Esprit. La lecture de ce matin se trouve au tout début de la 2° partie, la partie parénétique, cette exhortation qui nous dit comment vivre en chrétiens. Toutes les consignes de Paul, entendues ce matin, nous pourrions les relire plusieurs fois dans cette journée et même dans cette semaine pour en faire notre feuille de route. Seulement voilà, quand on entend tout ça, on a vite envie de dire : je n’y arriverai jamais !

C’est là que nous ne devons pas oublier ce que j’ai dit sur la structure de la lettre. Nous ne pourrons pas accueillir le message de cette 2° partie de la lettre et le vivre si nous n’avons pas intégré le message de la 1° partie et de la charnière centrale. En effet, avant de nous dire ce qu’il faut faire dans la 2° partie de la lettre, Paul nous a dit tout ce que Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ, c’était la 1° partie appelée kérygmatique, c’est-à-dire qu’il nous a livré le cœur de la foi chrétienne. Et il nous a rappelé que nous avions reçu le Saint-Esprit qui nous donne la force de vivre ce qui pourrait nous dépasser si nous ne pouvions compter que sur nos pauvres forces.

Le père Cantalamessa, que j’aime tant lire, aimait répéter une merveilleuse formule, assez facile à retenir, qui résume ce qui fait le cœur de la foi chrétienne. Il dit : « Toutes les religions vous diront ce que vous devez faire pour parvenir au Salut, à l’Illumination, le christianisme est la seule religion qui nous dit ce que Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ » Comme c’est bien dit ! Le judaïsme donne les 10 commandements et dit que vous deviendrez justes si vous les pratiquez ; l’Islam souligne l’importance des 5 piliers de la foi et dit que vous deviendrez justes si vous les pratiquez. Toutes les religions vous diront ce que vous devez faire pour parvenir au Salut, à l’Illumination. Mais comme il avait raison de rajouter : le christianisme est la seule religion qui nous dit ce que Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ. 

La lettre aux Romains n’a pas commencé avec l’énumération de ces 23 exigences de la vie chrétienne que nous avons entendues. Elle a commencé en nous faisant contempler tout ce que Dieu avait fait pour nous en Jésus-Christ comme pour nous dire : voilà ce que Dieu a fait pour vous, ne croyez-vous pas qu’en réponse, vous pourriez mener une vie droite ? Et pour mener cette vie droite, Paul nous rappelle que nous avons reçu le Saint-Esprit et que c’est lui qui nous donnera la force d’accomplir ce qui nous est demandé. En effet, jamais le Seigneur ne nous demandera quelque chose sans nous donner en même temps la force de l’accomplir. Ainsi donc, quand nous lisons, cette liste des exigences, n’oublions donc jamais que c’est notre réponse d’amour à l’amour premier de Dieu et que pour les accomplir, nous pouvons et même nous devons nous appuyer sur la grâce en nous rappelant cette très belle parole de St Augustin : Dieu donne ce qu’il ordonne. Oui, je le redis : ce que Dieu nous demande, il nous donne la force de l’accomplir. 

Je ne dis que quelques mots sur l’évangile qui nous présente cette triste histoire d’un homme qui voit que, suite à l’invitation qu’il a lancée, tout le monde se défile, personne ne veut venir participer au repas qu’il a organisé.

Evidemment, quand on entend cette histoire aujourd’hui, on ne peut pas ne pas penser à tous ceux qui se trouvent toujours de bonnes excuses pour ne pas participer à la messe. Mais nous, aujourd’hui, nous sommes là et si nous sommes là, c’est parce que nous faisons partie de ces pauvres qui ont été recrutés pour remplir la salle du festin après la défection des premiers invités. J’espère que personne ne se sent offusqué en entendant qu’il est là parce qu’il fait partie des pauvres. Lors de la fête de Toussaint, nous avons entendu la béatitude réservée aux pauvres : Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des cieux est à eux ! Quelle promesse ! Et ce Royaume nous commençons à le goûter à chaque Eucharistie qui en est comme l’anticipation. Et finalement, le Seigneur est contant de n’être entouré que par des pauvres car, seuls les pauvres ont un cœur vraiment ouvert et peuvent l’accueillir ; les suffisants se suffisent à eux-mêmes et ils n’ont besoin de personne, ni de Dieu !

Cette expérience de la pauvreté, …… vous la faites dans l’expérience de la maladie et c’est pour cela que vous avez demandé à recevoir le sacrement des malades. Notre prière va vous accompagner ainsi que la prière de Notre Dame de Laghet qui est comme la maitresse de maison de ce sanctuaire. Qu’elle intercède pour vous pour que votre cœur soit comblé, qu’elle intercède pour nous afin que nos cœurs de pauvres soient aussi comblés.

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