17 octobre : jeudi 28° semaine : L’ouverture monumentale de la lettre aux Ephésiens … compassion de Jésus à l’égard de ses adversaires.

Je sais que j’ai une drôle de manière de visiter les monuments. Ça étonne souvent ceux qui sont avec moi, ça en choque même certains ! Je ne m’intéresse pas beaucoup aux détails ou en tout cas, je ne m’intéresse jamais en premier aux détails. Quand je visite une cathédrale, j’aime la regarder un moment de l’extérieur sans arrêter mon regard ni sur le tympan, ni sur d’autres détails. Et quand je rentre, je me plante au milieu pour admirer l’équilibre, la majesté et je rêve de voir ce qu’on ne voit pas : la charpente, les fondations. Et après seulement, j’irai voir l’un ou l’autre détail en déambulant, mais habituellement, sans jamais y passer beaucoup de temps. On me dit qu’en agissant ainsi je perds beaucoup, sûrement … mais, je n’y peux rien, ce qui m’impressionne le plus ce sont les grands équilibres. Cette manière de visiter s’explique sans doute par une particularité génétique, je suis d’une famille de maçon !

Si je vous raconte cela, c’est parce que la 1° lecture que nous avons entendue, l’hymne aux Ephésiens, c’est un véritable monument. Je n’ai donc pas envie de vous en décrire les détails en les commentant verset après verset, mot après mot. D’ailleurs ça serait impossible, dans le cadre d’une homélie ; pour y parvenir, il faudrait se donner toute une semaine de retraite. En lisant cette hymne, nous ne pouvons qu’être émerveillés par son équilibre, par l’architecture du mystère du Salut qui nous est dévoilée. Je vous suggère de prendre du temps, aujourd’hui, pour contempler cette architecture qui révèle les grands équilibres du mystère de la foi. Tout y est : La Trinité, l’élection, l’incarnation, la rédemption, l’eschatologie… Tout est évoqué, tout est intégré : quel équilibre ! Il est grand, vraiment grand le mystère de la Foi !

Et, comme dans ma manière de visiter, il y a quand même toujours l’un ou l’autre détail sur lequel je finis par m’arrêter, je voudrais juste attirer notre attention sur ce verset : « Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ. » Nous nous interrogeons ou bien on nous interroge sur la volonté de Dieu : quelle est la volonté de Dieu sur moi ? Je fais remarquer qu’en associant le mot volonté à celui de bonté, Paul nous interdit d’interpréter la volonté de Dieu comme on l’entend trop souvent : Dieu aurait tout décidé pour nous, sans nous et sans forcément se préoccuper de nos aspirations profondes. 

Alors, quelle est donc la volonté de Dieu ? Jésus l’avait exprimée de manière très claire : la volonté de mon Père, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés. Voilà la volonté de Dieu et cette volonté n’est pas négociable. Maintenant, dans le détail, les choses vont se décliner pour chacun d’une manière unique. 

Il me semble que c’est ce que nous révèle l’hymne aux Ephésiens. La volonté de Dieu, c’est une volonté de Salut que sa bonté a prévu dès avant la fondation du monde, c’est-à-dire avant-même le péché ! La mission qui nous est été confiée à chacun nous met au service de ce dessein bienveillant de Dieu. Nous devons aider le Seigneur à déployer ce dessein bienveillant en permettant à chaque homme de découvrir qu’il est aimé, sauvé. 

Quant à l’Evangile, il continue d’exprimer la compassion douloureuse de Jésus à l’égard des pharisiens et des docteurs de la Loi précisément parce qu’ils sont en train de se perdre et de perdre tous ceux pour qui ils ont reçu une mission de guide. Dans le passage que nous avons entendu, Jésus pointe deux raisons qui expliquent leur égarement : 1°, ils refusent d’écouter les prophètes et même pire, ils les suppriment et 2°, ils enlèvent la clé de la connaissance empêchant d’entrer parce qu’eux-mêmes refusent d’entrer. Reprenons ces deux reproches extrêmement sévères et voyons comment ils sont liés et comment ils pourraient nous aider à nous examiner.

Le 1° reproche est sans doute le plus terrible. Jésus accuse les pharisiens et les docteurs de la Loi d’avoir tué les prophètes. Depuis le tout premier Abel jusqu’au tout dernier Zacharie. Voilà comment je comprends cette parole parce que, bien évidemment, les pharisiens ne sont pour rien dans la mort des prophètes, en tout cas, de la mort de la plupart des prophètes puisque ce courant du pharisaïsme n’est apparu qu’au milieu du 2° siècle avant J.C. 

Mais il me semble que Jésus veut dire qu’avec leur sale habitude de trier les paroles des prophètes, ils finissent par les tuer en annulant la puissance de leur prédication. Heureusement que la liturgie nous interdit de trier dans les paroles de l’Ecriture parce que nous pourrions être tentés, nous aussi, de choisir ce qui nous convient en laissant ce qui nous dérange. Bon, c’est vrai, nous trions bien quand même, moi le 1° en décidant de commenter plutôt telle lecture que telle autre ou tel point dans une lecture plutôt que tel autre. Mais Dieu soit loué, les fidèles peuvent tout entendre ! 

Le 2° reproche, est sans doute à entendre dans cette perspective : en triant, les pharisiens enlevaient la clé de la connaissance parce qu’ils refusaient eux-mêmes d’entrer, de se laisser interpeler par la Parole. Ça les dérangeait, donc ils n’en parlaient pas ! Oui, mais si c’est dans les Ecritures, ça signifie que c’est nécessairement bon pour la croissance spirituelle du peuple. Le tri sélectif des déchets, c’est sans doute très bon pour l’avenir de la planète mais il est très mauvais quand il s’opère dans l’Ecriture, très mauvais pour l’avenir de notre foi.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de croire au dessein bienveillant de Dieu et mettons-nous au service de ce grand dessein pour que chaque homme puisse l’accueillir, pour cela ne trions jamais dans la Parole de Dieu.

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