La lettre aux Galates que nous lisons depuis le début de la semaine et que nous lirons encore toute la semaine prochaine est comme la sœur jumelle de la lettre aux Romains, c’est-à-dire que c’est un peu la même thématique qui est développée. Cette thématique, pour faire bref, concerne le rapport entre la loi et la foi ou la grâce, si vous préférez. Comment parvient-on au Salut ? En accomplissant le plus parfaitement possible les préceptes de la loi ou en accueillant dans la foi, la grâce que le Christ nous offre ? Avant sa conversion sur le chemin de Damas, Paul était persuadé que c’était en accomplissant le plus parfaitement possible les préceptes de la loi qu’on parvenait au Salut. Et c’était précisément en raison de ce principe qu’il combattait les Chrétiens et cherchaient à les exterminer parce que, eux, prétendaient le contraire. En effet, les Chrétiens disaient que le Salut était apporté par le Christ qui était mort pour nous obtenir ce Salut.
Et voilà que sur le chemin de Damas, tout bascule dans la vie de Paul. Lui qui avait le sang de nombreux Chrétiens sur les mains, Jésus l’appelle, vraiment sans mérite de sa part, à devenir son disciple pour propager l’Evangile de la grâce. Cette expérience que Paul avait pu faire sur le chemin de Damas, les Chrétiens de Galatie l’avaient faite à leur manière. Mais voilà que, suite au passage de ces Chrétiens qu’on appelait « les judaïsants » démesurément attachés au respect de la Loi, ils vont rétropédaler, faisant à nouveau plus confiance au respect de la loi pour être sauvés qu’à l’accueil de la grâce offerte par le sacrifice du Christ. C’est ce qui a mis Paul en pétard et, avant-hier, nous l’entendions traiter, fraternellement et virilement, ces Chrétiens de stupides et de fous !
Avant-hier, hier, j’ai déjà eu l’occasion de développer le raisonnement de Paul qui justifiait la nécessité pour les Chrétiens, comme on dit aujourd’hui, d’entrer dans un nouveau paradigme ou pour parler plus simplement de changer de logiciel. Aujourd’hui, dans la lecture entendue, il continue à déployer les arguments qui le poussent à supprimer ce faux-plis en train de s’installer dans la communauté des Galates. Je ne peux pas commenter dans le détail ce que Paul dit, mais son raisonnement est le même que ces derniers jours : la loi est bonne puisqu’elle dit parfaitement bien ce qu’il faut faire, mais elle a un inconvénient majeur, c’est qu’elle ne donne pas la force d’accomplir le bien qu’elle exige. C’est la fameuse chanson d’Annie Cordy, j’voudrais bien, mais j’peux point !
Alors Paul va avoir des formules fortes, disant : l’Écriture a tout enfermé sous la domination du péché, afin que ce soit par la foi en Jésus Christ que la promesse s’accomplisse pour les croyants. C’est comme s’il disait en suivant les Ecritures, on restera dans le péché, formule étonnante ! Oui, mais c’est toujours le même principe, les Ecritures, c’est-à-dire le Premier Testament pour Paul, rappelle sans cesse la loi, mais en le faisant, elles ne font que nous plonger dans la déprime, sans arrête, j’entends ce qu’il faudrait faire et que je fais si mal. C’est pourquoi Paul continue en disant : Avant que vienne la foi en Jésus Christ, nous étions des prisonniers, enfermés sous la domination de la Loi. Nous sommes enfermés car nous avons sans arrêt sous les yeux ce qu’il faut faire sans avoir la force de l’accomplir, d’où cette situation déprimante.
Mais Paul annonce une bonne nouvelle, Christ nous sort de cet enfermement puisque, lui, il ne se contente pas de dire ce qu’il faut faire, il donne la force de l’accomplir. C’est ce que signifiait les paroles suivantes : Ainsi, la Loi, comme un guide, nous a menés jusqu’au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification. Et maintenant que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide. Maintenant, il ne faudrait pas faire un contresens en pensant que la Loi n’a plus aucun intérêt ! Nous avons toujours besoin de savoir ce qu’il faut faire et la loi balise le chemin du bien, mais grâce à Paul, nous comprenons que ce n’est plus à la Loi que nous devons nous attacher, mais au Christ car c’est lui qui nous donne la force de l’accomplir. Et Paul terminait sa réflexion dans le passage entendu aujourd’hui en réaffirmant la puissance du Christ qui veut nous revêtir de son amour et quand nous nous laissons revêtir par sa puissance d’amour, alors nous sommes profondément transformés, nous recevons une identité nouvelle.
Quant à l’Evangile, il fait partie de ces nombreux passages dans lesquels des personnes extérieures à la famille de Jésus ou des membres de sa famille pensent que le lien du sang serait le lien le plus puissant qui unirait à Jésus. A chaque fois, quelles que soient les circonstances, Jésus l’a démenti, affirmant que les liens les plus puissants qui peuvent nous unir à lui, ce sont les liens de la Foi. A cette femme qui, de la foule, dit que celle qui a eu le privilège de le porter en son sein et de l’allaiter est la femme la plus privilégiée, Jésus répond : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu,
et qui la gardent ! Est-ce à dire que Jésus refuse de donner à sa mère toute sa place ? Pas du tout, mais il affirme qu’au-delà du lien du sang qu’il ne peut ni ne veut nier, ce qui l’unit le plus profondément à Marie, sa mère, c’est le lien de la foi car Marie est le seul être humain à avoir parfaitement écouté la Parole de Dieu et à l’avoir gardée et mise en pratique.
Cette primauté des liens de la foi sur les liens du sang est une bonne nouvelle car il est fort peu probable qu’en faisant votre arbre généalogique vous vous retrouviez de la famille de Jésus ! Par contre votre écoute amoureuse, mon écoute amoureuse de la Parole nous met dans une proximité absolument inouïe avec Jésus, quel bonheur !
Par l’intercession de notre Dame de Laghet demandons que la grâce nous soit donnée de goûter à ce bonheur que nous apporte ces liens de la foi qui nous unissent à Jésus.