21 juin : vendredi 11° semaine temps ordinaire. La grâce finira toujours par passer … ton oeil, sur quoi est-il branché ?

Ayant terminé l’histoire du prophète Elie, le lectionnaire nous a fait rapidement tourner un certain nombre de pages du livre des Rois ! C’est une période assez troublée de l’histoire d’Israël qui nous est décrite. Quand on lit ce 2° livre des Rois, il y a un refrain qui revient très souvent pour résumer ce que fut l’action du roi dont on va nous présenter les faits et gestes : Untel fit ce qui est mal aux yeux de Dieu. Et, comme si ça ne suffisait pas d’avoir de mauvais rois, voilà qu’aujourd’hui, on nous présente les méfaits d’une femme et mère de roi, Athalie. Ce nom est connu de ceux qui ont fait des études classiques puisque Racine écrira une pièce dont Athalie sera le personnage central et qui porte son nom. Je ne veux pas faire un résumé de l’histoire qui permettrait de comprendre comment Athalie en est venue à jouer un rôle de premier plan parce que cette histoire est passablement compliquée ! Je voudrais plutôt m’arrêter sur cette question : quel est l’intérêt de lire ces textes aujourd’hui ? Pourquoi font-ils partie de ce que nous nommons « la Parole de Dieu » ? Je formule autrement : qu’est-ce que Dieu pourrait avoir à nous dire à travers les méandres de cette histoire compliquée et si peu glorieuse des rois d’Israël ? Comment entendre dans cette histoire une Parole qui pourrait encore s’adresser à nous, aujourd’hui ?

Ce que, personnellement, j’entends, c’est une invitation à ne jamais désespérer, ni de ma situation quand je traverse des moments difficiles, ni de celle de ceux qui m’entourent quand ils me semblent s’égarer bien loin du bon chemin. Quand on lit ces livres des Rois, on constate que le rédacteur biblique ne nous épargne aucun détail sordide, il met sous nos yeux les pires méfaits. Tout cela nous est montré pour qu’une conviction puisse s’enraciner dans nos cœurs : rien, ni personne, ne pourra jamais empêcher la grâce de Dieu de faire son travail. C’est la Parole d’espérance que Dieu nous adresse à travers ces textes si particuliers qui pourraient nous rebuter à première lecture.

Mais, tirons tout de suite la conclusion qui s’impose, parce qu’il ne faudrait pas faire une lecture à contre-sens de tout ce que je viens de dire. Nous pourrions, en effet, nous dire : alors, ne nous cassons pas la tête ! Je n’en suis pas au niveau de la reine Athalie, donc, je n’ai pas besoin de trop me forcer, la grâce accomplira son travail même si je reste dans la médiocrité ! Oui, c’est vrai, je crois que la grâce finira par accomplir son travail dans le cœur de tous les hommes, quelle que soit leur vie. Mais pour certains ça sera sur leur lit de mort et pour d’autres encore un peu après quand ils paraitront devant le Seigneur : quel dommage ! 

Imaginons la puissance de la grâce si chacun de nous se mettait vraiment à collaborer à son action. Elle arrive à se frayer un chemin même dans les vies les plus tortueuses, mais ce n’est pas sans mal, alors, oui, imaginons ce que pourrait produire le grâce si nous lui ouvrions des autoroutes dans nos vies ! C’est finalement ainsi qu’on peut résumer la vie des saints : ils ont ouvert des autoroutes à la grâce dans leur vie, du coup la grâce a produit des fruits extraordinaires en eux et par eux. 

Quant à l’Evangile, j’aimerais juste m’arrêter sur cette formule que Jésus utilise : « La lampe du corps, c’est l’œil. » Pour comprendre ce que Jésus veut dire, le plus simple, c’est sans doute de regarder comment fonctionnaient ses yeux à lui. Très souvent dans les Evangiles, un miracle va être déclenché par un regard : Jésus voit et il nous est dit qu’il est « ému de compassion ». Ses yeux sont directement branchés sur son cœur et, comme le cœur dans la Bible, c’est le lieu où se prennent les décisions, Jésus est poussé à agir par ce qu’il voit.

Et nous, nos yeux sont branchés sur quoi ? Sur notre machine à juger ? Si, dès nous voyons quelqu’un, c’est un jugement qui monte en nous, ça signifie que nos yeux sont branchés sur notre machine à juger et Dieu sait si elle peut occuper de la place en nous, à certains moments et vis-à-vis de certaines personnes ! 

Si, dès que nous voyons quelqu’un, ce sont des paroles de reproches et rarement d’encouragement qui sortent de nos lèvres, alors c’est le signe que nos yeux ont un double branchement : un fil sur la machine à juger et un fil sur la langue. Non, c’est sur le cœur que doivent être branchés les yeux ! Prenons la décision, aujourd’hui de vérifier nos branchements et, avec la grâce de Dieu, de reconnecter correctement ce qui doit l’être. Rappelons-nous que l’enjeu est grand puisque Jésus nous dit : « La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. »

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’avoir un regard branché sur notre cœur et de ne mettre aucun obstacle au travail de la grâce en nous.

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