Homélie Festival Tous’Un aux Mandailles

HJe ne sais pas si vous avez déjà été hospitalisé, particulièrement pour une opération, moi, ça m’est arrivé déjà plusieurs fois et régulièrement, après l’opération, une infirmière vient vous voir et vous demande : sur une échelle qui va de 0 à 10, notez votre niveau de douleur actuellement. Ça leur permet de doser au plus juste le niveau de calmants qu’il faut vous administrer.

Eh bien, j’aimerais commencer cette homélie en faisant un petit test. Rassurez-vous, vous n’aurez pas à donner la réponse tout fort ! Vous allez, intérieurement, sur une échelle qui va de 0 à 10, donner une note à votre niveau de bonheur actuellement, 0 étant la note la plus basse et 10 étant la note la plus forte. 

>>> Je vous laisse 15 secondes pour y réfléchir !

Maintenant que vous avez fait ce 1° exercice, je vous en propose un second ! Vous voyez c’est une homélie interactive ! Vous allez essayer, toujours intérieurement, de trouver 1, 2, voire 3 bonnes raisons qui expliquent pourquoi vous n’avez pas mis la note de 10.

Evidemment, ce qui serait super-intéressant, maintenant, c’est de se répartir dans la salle en fonction des notes et en échangeant sur les raisons qui vous ont poussé à mettre telle ou telle note. Mais on ne va pas le faire parce que ça serait obliger chacun à dévoiler aux autres une réalité de sa vie qu’il n’a pas forcément envie de partager avec tout le monde … surtout pour ceux qui en bavent ! On aurait pu faire un groupe avec ceux qui ont mis une note de moins de 3, et ceux-là, on voudrait leur réserver une attention toute particulière parce que leur vie doit être compliquée. Un groupe pour ceux qui ont mis entre 3 et 5, c’est-à-dire moins de la moyenne, vie pas géniale ; ceux qui ont mis entre 6 ou 7, c’est-à-dire ceux qui considèrent que leur vie n’est pas une galère mais que ce n’est pas la joie tous les jours. Et puis ceux qui ont 8 et plus, les veinards, eux, on leur aurait demandé d’aller devant le Saint Sacrement pour prier pour les autres ! Sincèrement, je pense qu’il pourrait y avoir du monde dans chaque groupe et que vous pourriez être étonnés de voir vos amis choisir tel ou tel groupe ! Dans le week-end, rien ne vous empêche, librement d’en reparler à deux ou trois ou d’aller en parler personnellement avec un prêtre ou un animateur.

Vous savez, quand Jésus a prononcé ce discours qui commence par le texte des Béatitudes que nous venons d’entendre, je pense qu’il avait un groupe comme le nôtre ce soir, sûrement plus nombreux puisqu’on parle de foules, mais avec la même diversité. En effet, si, avant de commencer, il avait posé la même question, invitant ceux qui l’avaient suivi sur la montagne, à noter leur niveau de bonheur, il y aurait eu pas mal de groupes qui se seraient constitués !

Des moins de 3 sur l’échelle du bonheur, il y en aurait eu pas mal, peut-être même l’immense majorité, parce qu’on sait que ceux qui suivaient Jésus étaient souvent des pauvres, des malades, des possédés, des prostituées, des rejetés, des traine-savates. Tous ceux-là, c’est sûr et ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, ils avaient une vie pas très enviable. Et puis, il y avait ceux qui s’en sortaient à peu près mais qui n’étaient pas heureux pour autant, par exemple les publicains, ces collecteurs d’impôt, magouilleurs, qui ne manquaient pas d’argent mais qui n’étaient estimés de personne. On en aurait aussi trouvé certains qui estimaient leur situation acceptable par rapport aux autres mais qui rêvaient quand même de beaucoup mieux. Pour ceux qui auraient mis plus de 8, j’ai ma petite idée sur ceux qui constituaient le groupe, on en reparlera peut-être plus tard !

Moi, ce que je trouve intéressant, c’est que, voyant une foule aussi bigarrée, immédiatement, c’est de bonheur que Jésus veut leur parler parce qu’il sait que, s’il y a un truc qui nous réunit tous, qui nous fait rêver, c’est bien le désir d’être heureux. En parlant de Bonheur, Jésus rejoint les foules d’hier et notre groupe d’aujourd’hui, dans l’aspiration qui est la plus profonde en nous. Il sait que, dans chaque cœur, il y a comme un réservoir à bonheur qu’on souhaite remplir et que c’est ça qui nous motive le plus : chercher à remplir notre réservoir à bonheur.

On a mis une note pour savoir à quel niveau de remplissage en était notre réservoir à bonheur et on a réfléchi pour savoir quelles étaient les raisons qui pouvaient expliquer ce niveau. Maintenant, il serait encore plus important que chacun essaie d’être vraiment lucide en osant dire clairement ce qu’il fait, ce dont il rêve pour que son réservoir à bonheur soit rempli jusqu’à déborder !

Depuis quelques années, je vais au Burundi, un tout petit pays d’Afrique au Sud du Rwanda. C’est un pays qui va très mal et qui est très pauvre, souvent classé comme le 3° pays le plus pauvre au monde. Dans l’intérieur du pays, les gens, ont souvent juste de quoi manger avec ce qu’ils produisent ; ils n’ont pas d’argent, inutile donc de mettre des grands panneaux publicitaires pour les faire rêver, ils n’ont rien ! Pourtant, il y a quand même des panneaux publicitaires et tous ces panneaux proposent la même chose : des téléphones portables avec des forfaits ! Voilà comment on cherche à faire rêver les jeunes, du coup, beaucoup cherchent à s’installer en ville en espérant gagner assez pour pouvoir enfin remplir leur réservoir à bonheur de l’élément le plus essentiel : un téléphone portable. Evidemment, en ville, ils ne trouveront pas de travail et grossiront les rangs des plus pauvres, des délinquants, des prostitués garçons ou filles. Surtout, ne nous moquons pas d’eux ! Que celui d’entre nous qui n’a jamais cherché à remplir son réservoir à bonheur avec des produits de consommation leur jette la première pierre ! 

Dans ce texte, Jésus va comme nous livrer le secret du Bonheur parce que, finalement, c’est pour cela qu’il est venu sur terre. Dieu a créé les hommes non pas pour qu’ils en bavent mais pour qu’ils soient heureux. Alors Dieu n’en pouvait plus de voir que les hommes qui cherchent tous le bonheur se trompent si souvent de chemin, il a envoyé Jésus pour qu’il nous révèle le secret du bonheur, qu’il nous montre le chemin et, nous ayant révélé ce secret, Jésus nous a donné le St Esprit pour que nous ayons la force de marcher sur ce chemin et le désir d’y entrainer les autres. Quel est-il ce secret ? Vous aurez remarqué qu’aucune des béatitudes ne parle de posséder quoique ce soit : ni des biens matériels, ni de l’argent, ni même la santé ou la réussite. De manière très paradoxale Jésus parle de bonheur pour tous ceux qui ont un cœur ouvert, un cœur en manque, un cœur habité par le désir, un cœur tourné vers les autres. 

Autrement dit, Jésus nous met en garde, il nous prévient que nous faisons fausse route quand nous mettons toute notre énergie à remplir notre réservoir à bonheur et, particulièrement quand nous sommes prêts à prendre n’importe quoi, à faire confiance à n’importe qui pour le remplir. Toutes les promesses du monde, de la publicité, tout ce que notre ego nous pousse à faire, tout cela nous laissera insatisfait. Nous serons pleins, mais finalement pleins de vide et un vide tellement envahissant qu’il n’y aura plus de place en nous pour autre chose que du superficiel.

J’espère que vous avez bien compris que le secret du Bonheur que Jésus nous livre, il est pour tous. Si le bonheur résidait dans la possession de tel ou tel bien de consommation, dans la réussite, la prospérité, la santé, il y aurait plein de gens qui en seraient exclus. Le pape Paul VI avait magnifiquement résumé cela en disant : l’homme vaut plus par ce qu’il est que par ce qu’il a. Et Marthe Robin en est une parfaite illustration : elle n’avait rien, pas même la santé, ni beaucoup d’amis avant que des milliers de personnes ne viennent défiler dans sa chambre. La nouvelle vidéo pour les jeunes ose dire « qu’on a tous les ingrédients d’une vie de merde ! »  Et pourquoi venaient-ils la voir ? Pas parce que c’était une bête de foire, une femme qui ni ne mangeait, ni ne buvait, ni ne se levait, mais on venait la voir d’un peu partout justement parce que cette femme qui n’avait rien était profondément heureuse et ça se voyait et ça s’entendait ! Ils venaient parce que tous savaient qu’elle avait donné sa vie pour répondre à l’appel de Jésus qui l’avait choisie pour ranimer l’amour qui s’éteignait dans le monde.

Dieu ne peut rien faire avec ceux qui sont pleins, pleins de biens de consommation, pleins d’eux-mêmes et de leurs préoccupations étriquées qui les remplissent d’un vide qui les plonge dans la tristesse. Mais pour ceux qui décident de croire que tous leurs manques, toutes leurs pauvretés, toutes leurs failles sont comme autant de portes d’entrée pour que la puissance d’amour de Dieu vienne les envahir, pour eux, oui, il y a du Bonheur. Parce que, finalement, ce réservoir que nous nous épuisons à remplir, il n’y a que Dieu qui puisse le remplir et, Lui, Dieu, il sait, puisque c’est Lui qui nous a créés, que ce réservoir, il est fait pour contenir de l’amour mais par un amour qu’on met en conserve, un amour qu’on distribue largement. Seul l’amour a cette propriété étonnante de ne jamais s’épuiser, c’est étonnant, mais c’est vrai, l’amour plus on en donne et plus on en a ! L’amour, plus nous en donnons et plus nous sommes heureux. Les saints que nous fêtons aujourd’hui sont les exemples les plus convaincants que tout ça n’est pas du prêchi-prêcha de curés !  Alors, maintenant, que tous les candidats au Bonheur parmi vous se lèvent !Ensemble, nous voulons proclamer que la source du Bonheur est en Dieu, que Jésus nous a montré le chemin, que le St Esprit nous donne la force de dire non à toutes idoles qui cherchent à nous détourner de ce chemin, affirmons notre décision de marcher ensemble, en Eglise sur ce chemin parce qu’ensemble on va plus loin et demandons que nous soit donné un visage si rayonnant qu’il éveillera le désir de nous suivre chez tous ceux qui crèvent d’envie d’avoir enfin droit au Bonheur.

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