30 juillet : mardi 17° semaine ordinaire : Le prophète intercesseur et les justes promis à briller !

Même sans être un expert des Ecritures, à entendre cette 1° lecture, on comprend vite qu’elle fait état d’un drame qui bouleverse profondément le cœur du prophète. Que mes yeux ruissellent de larmes nuit et jour, sans s’arrêter ! Et encore : Si je sors dans la campagne, voici les victimes de l’épée ; si j’entre dans la ville, voici les souffrants de la faim. Manifestement le pays est en très grande difficulté. Pour comprendre ces difficultés, il faut se rappeler du contexte historique au cours duquel prêche le prophète Jérémie. Je l’avais évoqué, il y a quelques jours en présentant le livre de Jérémie, j’en redis quelques mots pour ceux qui n’étaient pas là ou pour ceux qui auraient oublié et je comprends bien qu’on ne puisse pas tout retenir !

Le ministère de Jérémie a duré une quarantaine d’années, de 627 à 587, ces dates comportent toujours une marge d’incertitude, mais elles permettent quand même de situer un prophète dans l’histoire. 627, c’est quelques années après l’arrivée du grand et bon roi Josias, qui, lui aussi, règnera une petite quarantaine d’années. Autant dire que les débuts du ministère de Jérémie seront plein d’enthousiasme. Mais, à la mort du roi, la catastrophe commence à se profiler, la grande puissance de l’époque, l’Assyrie, avec Babylone comme capitale, devient de plus en plus menaçante et la stratégie des rois de Jérusalem n’arrange rien à la situation. La catastrophe semble inéluctable, le drame qui s’est abattu sur les frères du Royaume du Nord, il y a 150 ans, on ne voit pas bien comment l’éviter. Ils ont été envahis et quasiment rayés de la carte, c’est ce qui va arriver. De fait, ça arrivera en 587, avant de mourir, Jérémie verra ce drame et non seulement, il le verra, mais il partira en déportation. 

La lecture d’aujourd’hui laisse entendre que nous sommes proches de ce temps, plus rien ne va dans le pays : Si je sors dans la campagne, voici les victimes de l’épée ; si j’entre dans la ville, voici les souffrants de la faim.Tout le monde est déboussolé comme le dit le texte : Même le prophète, même le prêtre parcourent le pays sans comprendre. Mais qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas ? C’est très différent selon le cas, si c’est Jérémie ou les prêtres et autres faux-prophètes.

  • Jérémie, lui, il ne comprend pas les choix politiques des dirigeants qui n’ont aucune lucidité. Du coup, il ne cesse de les mettre en garde en annonçant des jours dramatiques, c’est ce qui lui vaudra bien des problèmes. Rappelons-nous ce que chantait Guy Béart : Le prophète a dit la vérité, il faut l’exécuter ! 
  • Les faux-prophètes et la plupart des prêtres, eux, pour assurer leur tranquillité préfèrent flatter ces dirigeants en expliquant qu’ils agissent conformément aux désirs du Seigneur. Ça met Jérémie hors de lui puisqu’ils ne comprennent rien et qu’ils accélèrent 

La suite du texte sera très belle puisqu’elle nous montre Jérémie, je m’excuse pour l’expression, « pris aux tripes » qui pleure devant ce qui va arriver. A aucun moment, il ne dit : vous avez refusé de m’écouter, vous n’aurez que ce que vous méritez. Sa condition de prophète lui fait épouser une double solidarité, une double cause : celle de Dieu et celle du peuple. C’est pourquoi, il va se transformer en intercesseur pour supplier le Seigneur de ne pas abandonner son peuple même s’il s’est lamentablement éloigné des chemins de l’Alliance par la faute de ses dirigeants. Je vous laisserai méditer cette si belle 2° partie qui nous fait entendre les mots de Jérémie quand il intercède de tout son cœur auprès de Dieu. Puissions-nous, nous aussi, en raison de notre amour du Seigneur et de notre amour de nos frères les hommes devenir ces intercesseurs permanents.

Quant à l’Evangile, il est d’abord consolant de voir que les apôtres ne comprenaient pas toujours tout ce que Jésus voulait leur dire ! Ne cherchons donc pas à faire croire que nous, nous comprendrions toujours du 1° coup, ce que le Seigneur veut nous dire. Restons d’humbles chercheurs de la volonté du Seigneur, d’humbles lecteurs de la Parole. Ce qui est quand même étonnant, c’est qu’ils demandent des explications sur l’une des paraboles qui est la plus simple à comprendre ! Peut-être le font-ils pour que personne n’ait jamais honte de ne pas comprendre, même ce qui est simple et que, donc, nous osions poser des questions quand c’est nécessaire.

Je ne m’attarderai pas sur les explications de Jésus, elles sont claires. Il y aurait quand même nécessité à dire quelques mots sur ces paroles si dures de Jésus : ceux qui font le mal ; les anges les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Dans la bouche de Jésus, ces paroles nous étonnent, nous choquent, même, n’est-il pas le Fils du Père infiniment miséricordieux ? Et puis, elles peuvent nous inquiéter car dans ceux qui font le mal, il y a vous et moi ! Je reviendrai dans une des homélies de cette semaine sur ce point. Aujourd’hui, je retiens juste que cette déclaration commençait par ces mots : Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute. Là, on a envie de dire : merci, Seigneur ! Car si nous faisons le mal, c’est parce que nous nous laissons avoir, nous choisissons mal, trompés, par les ruses du Malin. Mais le Seigneur nous rassure : un jour, les anges vont déblayer le terrain. Qu’il vienne vite ce jour, Seigneur.

Je finis en reprenant cette étonnante promesse entendue en fin d’Evangile : Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Je dis que c’est une étonnante promesse car briller, ça ne semble pas très chrétien ! Ceux qui cherchent toujours à briller, à capter la lumière ne sont pas véritablement des modèles à imiter ! Oui, mais, là, c’est dans le Royaume que Jésus promet aux justes de briller. Les justes, ce sont tous ceux qui, même avec des tâtonnements, auront cherché à ajuster leur amour à l’amour du Seigneur. Eux, ils brilleront dans ce Royaume où tout ne sera que lumière, c’est-à-dire qu’ils seront au diapason de Dieu, totalement harmonisés avec le Seigneur. Quelle belle promesse : nous serons enfin harmonisés avec le Seigneur et cela, pour l’éternité. Après cela, comment ne pas désirer l’éternité ? 

Par ton intercession, Notre Dame de Laghet, nous demandons cette grâce de nous laisser ajuster à l’amour du Seigneur pour que nous puissions, éternellement, être harmonisés au Seigneur.

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