Introduction : Après Pentecôte et en la fête de St Ephrem
Nous venons de vivre, dimanche, la grande fête de Pentecôte. Je dis bien vivre car, dans la liturgie, nous ne commémorons pas un événement du passé … les chrétiens ne sont pas des anciens combattants qui se réunissent pour commémorer de glorieux événements du passé. La liturgie nous rend toujours comme contemporains du mystère que nous célébrons. A Noël, nous sommes comme les bergers, témoins de la venue du Seigneur dans le monde qui vient apporter le Salut ; à Pâques, nous sommes les témoins émerveillés de la résurrection de Jésus qui veut nous communiquer sa vie … bref, nous pourrions reprendre comme ça un à un tous les mystères de la vie du Christ dont la liturgie nous rend contemporains quand nous les célébrons.
Dimanche, nous étions donc au Cénacle avec les apôtres pour, une nouvelle fois, nous laisser envahir et renouveler par l’Esprit-Saint. Je vous avoue que je regrette beaucoup qu’il n’y ait pas de veillée pentecostale comme il y a une veillée pascale au cours de laquelle nous nous laissons renouveler dans la grâce de notre Baptême. Oui, je rêve d’une veillée pentecostale au cours de laquelle nous pourrions nous laisser renouveler dans la grâce du sacrement de Confirmation … quand je serai Pape !
Dans l’élan de la fête de Pentecôte et parce que nous célébrons St Ephrem, un diacre de Syrie qui a vécu au 4° siècle, nous avons décidé de mettre cette Journée pour Dieu sous le patronage de l’Esprit-Saint. St Ephrem, j’en parlerai plus à la messe, mais je peux vous dire que c’était un ami du Saint-Esprit. Un enseignement pour parler du St Esprit, c’est bien court (je viens de prêcher une retraite de 15 enseignements sur le St Esprit et c’était encore bien court !) il fallait donc choisir un angle d’attaque, nous avons décidé, en lisant l’Evangile qui est proposé pour la fête de St Ephrem de nous concentrer sur les fruits et les dons du Saint-Esprit.
Je sais que, pour bien des gens, le Saint-Esprit est un peu un inconnu. On le salue en faisant le signe de la croix, mais combien parmi nous commencent une prière en disant : Saint-Esprit … On dit : Seigneur donne-moi ton Esprit, mais on adresse peu de prières au St Esprit alors que le Credo nous fait dire qu’il devrait recevoir même adoration et même gloire que le Père et le Fils … nous avons une marge de progression ! Peut-être même que certains pensent très bien vivre sans trop se préoccuper du Saint-Esprit et ne voient pas bien pourquoi il faudrait changer, qu’est-ce que pourrait leur apporter de plus le Saint-Esprit. C’est un peu pour répondre à cette objection que je vais faire cet enseignement parce que vivre du Saint-Esprit, ça peut tellement changer de choses dans nos vies de chrétiens.
1. Les fruits du Saint-Esprit
Il serait plus logique de commencer par les dons du Saint-Esprit, mais je vais commencer par les fruits et je vais tout de suite clarifier le vocabulaire pour que nous ne soyons pas trop perdus.
1.1 Fruits et dons, quelle différence ?
Quelle est donc la différence entre les dons et les fruits ? Quand le St Esprit vient habiter le cœur d’une personne comme il est bien élevé, il ne vient jamais les mains vides … et comme il est bin élevé, il ne vient pas avec 1 cadeau, mais avec 7 cadeaux ! Si vous avez reçu le St Esprit ( Il n’y a aucune raison pour que vous ne l’ayez pas reçu ! Tous confirmés ? ) eh bien, il vous a apporté les 7 dons sur lesquels nous réfléchirons dans la 2° partie de mon intervention. Mais je vous en rappelle tout de suite la liste que vous connaissez sûrement : crainte, piété, science, force, conseil, intelligence, sagesse.
Les fruits, c’est ce que le St Esprit va produire quand il est venu en nous et là, ça sera personnalisé en fonction de chacun. Nous recevons tous les 7 dons, mais pour les fruits, il y en a qui vont développer tels et tels fruits et d’autres vont développer d’autres fruits et c’est comme ça que l’Église est belle : c’est quand nous sommes ensemble que nous voyons la richesse de ces fruits. Les dons, ça fait partie du paquet-cadeau et les fruits, c’est ce que le St Esprit va produire dans nos vies quand nous le laissons agir. Les dons ne dépendent pas de nous, ils nous sont offerts par la grande générosité du Saint Esprit. Par contre les fruits, ça dépend de nous : plus nous laissons le St Esprit agir en nous et plus les fruits sont nombreux et savoureux.
1.2 Quels sont les fruits du Saint-Esprit ?
On parle des fruits du Saint-Esprit à partir d’une liste que St Paul nous donne dans la lettre aux Galates chapitre 5 versets 22 et 23 : « Voici le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, patience (longanimité), serviabilité, bonté, foi (confiance dans les autres : traduction étonnante !!!), douceur, maîtrise de soi. » A cette liste, il faut rajouter 3 autres fruits que l’on trouve en d’autres endroits : humilité Eph 4,1-3 ; vérité Jn 16,13 ; Eph 5,9 ; liberté 2 Co 3,17.
Ce texte est très intéressant car, juste avant, Paul va nous brosser le portrait de l’homme qui ne compte que sur ses propres forces. C4est un portrait assez noir, assez pessimiste, mais si nous réfléchissons bien, nous pouvons reconnaître que c’est vrai, il y a des moments dans notre vie où, lorsque nous abandonnons le Seigneur, nos vies sont moins belles et même, par moment, carrément moches ! Je vous lis donc les versets qui précèdent comme ça, si un jour vous manquez d’idées pour aller vous confesser, vous aurez une belle liste … mais ne dites pas tous ces péchés la même fois ! On trouve ce texte donc au chapitre 5 de l’épitre aux Galates à partir du verset 17
Les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit …
Evidemment, Paul force le trait, il aime les tableaux en noir et blanc où le noir du péché, de l’homme laissé à lui-même, permet de mieux faire ressortir le blanc lumineux de l’homme qui laisse le Saint-Esprit agir en lui. C’est comme s’il nous présentait deux plateaux en nous disant servez-vous sur le plateau que vous préférez : sur l’un, il y aurait les vices et péchés et sur l’autre, les fruits. Evidemment, le plateau de fruits nous parait tellement attirant, qui d’entre nous n’a pas rêvé de pouvoir, EN PERMANENCE, rayonner l’amour de charité, la joie, la paix, la patience, la serviabilité, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi, l’humilité, la vérité, la liberté ? Eh bien si tu veux rayonner tous ces fruits si savoureux, il faut te laisser habiter par le Saint-Esprit, il faut laisser agir le Saint-Esprit qui habite en toi.
Vous comprenez tout de suite que si TOUS les chrétiens rayonnaient EN PERMANENCE tous ces fruits, l’évangélisation deviendrait naturelle : tout le monde aurait envie de devenir comme nous parce que tout le monde rêve de porter ses fruits. Il y a donc un grand enjeu à mieux connaître le Saint-Esprit pour en vivre un peu plus.
1.3 Quel est le sens du singulier utilisé au début de l’énumération ?
Quand on lit le texte de Paul, il y a quand même un point qui peut nous étonner c’est qu’il dit : Voici le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, patience (longanimité), serviabilité … Pourquoi y a-t-il un singulier alors qu’il y a toute une énumération, normalement on aurait dû avoir un pluriel : les fruits ? Tout simplement parce que le premier de ces fruits contient tous les autres ! On peut le dire d’une autre manière : l’amour est le fruit le plus complet et tous les autres ne sont qu’une explicitation.
C’est exactement ce que dit Paul dans le fameux texte de l’hymne à l’amour que nous entendons si souvent lors des cérémonies de mariage, vous le trouvez en 1 Co 13, 1- 8. Avant de le lire, je voudrais faire remarquer que ce texte est introduit par une parole qu’on trouve donc à la fin du chapitre 12 (puisque l’hymne commence au chapitre 13) et qui va justement nous dire qu’il n’y a rien de plus désirable que l’amour. Dans ce chapitre 12, Paul a parlé de l’Eglise en prenant la comparaison du corps et des différents membres en précisant que chaque membre est indispensable au corps, même les plus petits sont importants ! Un ami s’est fait amputer d’un petit doigt de pied et il m’a dit qu’il n’imaginait pas que ça serait aussi dur, avec les chaussures orthopédiques, ça va, mais pour marcher pieds nus, c’est très compliqué ! Donc même si vous n’avez l’impression de n’être que le petit doigt de pieds, votre place est importante dans l’Eglise. Eh bien, dit Paul, ce qui va faire l’unité du corps, c’est l’amour qui unit les membres : Recherchez donc avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence. Et le don par excellence, c’est l’amour.
J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.
Et si je relie (verbe relier) cet hymne à l’amour au texte des Galates, je comprends que c’est l’Esprit-Saint qui me permettra d’aimer de cet amour qui ait les 16 qualités énumérées, j’y reviendrai dans mon homélie. L’amour est un fruit de l’Esprit parce que seul l’Esprit-Saint peut me donner un amour qui ait de telles qualités. Dans la lettre aux Galates, Paul parle DU fruit de l’Esprit qui est l’amour et ensuite il décline toutes les qualités de cet amour en donnant d’autres fruits de l’Esprit. C’est bien le même procédé qu’il utilise dans l’hymne de l’épître aux Corinthiens.
1.4 Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’amour soit autant lié au Saint-Esprit
Nous ne devons pas être étonné que l’amour soit aussi étroitement lié à l’Esprit-Saint, que l’amour soit le plus beau fruit de l’Esprit-Saint. En effet, il y a comme une équivalence entre l’amour et l’Esprit-Saint. L’amour est un nom de l’Esprit-Saint. C’est encore ce que dit Paul dans la lettre aux Romains 5,5 : « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné. » St Augustin nous aidera à le comprendre avec sa si belle et si simple définition de la Trinité : le Père, c’est Celui qui aime ; le Fils, c’est Celui qui est aimé (et qui ne garde rien de l’amour reçu en le rendant au Père et en le donnant aux frères) et l’Esprit-Saint, c’est précisément l’amour. En recevant l’Esprit-Saint, c’est bien l’amour que nous recevons, l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné, un amour qui a toutes les qualités énoncées dans l’hymne aux Corinthiens, un amour qui se décline dans tous ces fruits savoureux énoncés dans la lettre aux Galates : Voici le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, patience (longanimité), serviabilité, bonté, foi, douceur, maîtrise de soi, humilité, vérité, liberté. Je n’insiste pas plus car il faut passer aux dons du Saint-Esprit et, comme je le disais précédemment, j’aurai l’occasion d’y revenir dans mon homélie.
2. Les 7 dons du St Esprit.
Le 1° grand type de don, ce sont les 7 dons du St Esprit qui nous sont sans doute les plus connus. Vous savez qu’ils nous viennent d’Isaïe 11, 1-3. Je lis : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur qui lui inspirera la crainte du Seigneur.
Mais, dans ce passage, si vous avez compté au fur et à mesure que je lisais, il n’y a que 6 dons, enfin pas tout à fait puisque le 6°, le don de crainte est répété 2 fois. Quand la Bible sera traduite en grec, on va chercher à éliminer ce doublon et rajouter « piété » ou affection filiale qui fait moins doucereux qui est comme un déploiement de la crainte. Les 7 dons sont : crainte, piété, science, force, conseil, intelligence, sagesse. Avant d’entrer dans un petit commentaire sur chaque don, ce qui est important, c’est de comprendre que ces 7 dons accompagnent la venue du St Esprit. Le St Esprit est bien élevé, quand il est invité, il vient toujours avec un cadeau et comme il est très généreux, ce cadeau contient 7 dons ! Ces 7 dons sont offerts à la personne qui reçoit le St Esprit pour sa croissance spirituelle, pour sa sanctification. En théologie, on parle de grâce sanctifiante liée à ces 7 dons et si vous aimez la théologie et le latin, c’est ce qu’on appelle la « gratia gratum faciens » cette grâce qui nous aide à vivre en vrais chrétiens, à devenir chaque jour un peu plus saints car j’espère que vous êtes bien convaincus que nous sommes tous appelés à devenir des saints et cela ce n’est pas possible sans l’Esprit-Saint et ses 7 dons. Sur la sainteté, Marthe aimait dire : N’oublions pas que nous n’avons été faits chrétiens que pour devenir des saints. C’est pourquoi nous devons travailler sans trêve, sans relâchement à nous perfectionner dans le service et l’amour de Dieu. Et elle rajoutait encore : « Il faut demander la sainteté pas pour dans 10 ans, pas dans un an, ni pour demain. Tout de suite, maintenant. » 4/03/1930.
Donc si vous avez été confirmés, les 7 donc, vous les avez forcément reçus, ce qui signifie que vous avez l’équipement nécessaire pour devenir des saints … il ne vous manque rien ! Si jamais vous aviez l’impression qu’il y a tel ou tel don pas très actif chez vous, c’est qu’il vous faut, comme le dit Paul, « raviver la grâce que vous avez reçue par l’imposition des mains. » 2 Tm 1,16. Et c’est bien ce que vous êtes venus chercher en participant à cette retraite : vous voulez que la grâce reçue à votre confirmation soit ravivée, que vous soyez renouvelés, que cette préparation à la Pentecôte devienne expérience de Pentecôte. Ces 7 dons font partie du paquet-cadeau, il n’est pas possible de recevoir le St Esprit sans recevoir en même temps, ces 7 dons qui l’accompagnent toujours. Et le St Esprit ne dira jamais, lui ou elle n’en aura que 3 ou 5, non tout le monde reçoit les 7 dons. Je vais donc rapidement reprendre chacun des 7 dons car c’est assez fondamental.
2.1 Le don de crainte
Evidemment, par ce don, le St Esprit ne veut pas répandre dans nos cœurs la peur de Dieu. Il y a trop de gens qui ont peur de Dieu et pas assez qui ont la crainte de Dieu ! Nous n’avons pas à avoir peur de Dieu, il ne nous fait pas marcher à la baguette, il n’est pas un père fouettard. Parmi les plus anciens, certains ont pu avoir cette image d’un Dieu qui fait peur. Le don de crainte va précisément nous aider à retrouver une plus juste relation avec Dieu puisque c’est le don par lequel l’Esprit-Saint nous donne la crainte de nous éloigner du Seigneur. Nous sommes à la fois tellement attachés au Seigneur et conscients de notre faiblesse que nous craignons de nous retrouver seuls, d’avoir à mener un jour notre vie sans lui. C’est la très belle oraison de la messe : « »sans toi, Seigneur notre vie tombe en ruine. »
Le don de crainte, c’est le don par lequel le Saint Esprit nous donne de craindre tout ce qui pourrait nous éloigner du Seigneur, de nous couper de lui. Le don de crainte nous apprend à nous méfier de nous et à nous confier en Dieu. La prière que le prêtre dit avant de communier est comme un développement de ce que signifie le don de crainte, c’est pourquoi il est si dommage qu’elle soit prévue à voix basse : fais que je demeure toujours fidèle à ta Parole et que JAMAIS, je ne sois séparé de toi.
2.2 Le don d’affection filiale ou de piété
Le mot de piété est un peu vieillot, doucereux, alors on a pris l’habitude de le compléter voire de le remplacer par affection filiale. Dans cette dénomination, il y a le mot filial, c’est à dire que c’est le don qui nous fait regarder Dieu comme Père et cela n’est pas rien. L’Esprit-Saint vient graver en moi le vrai visage de Dieu qui est celui du Père et il veut le graver de manière définitive. Que Dieu soit Père, on le sait intellectuellement, on le lit dans l’Evangile par exemple dans la parabole du père et des deux fils. Mais il y a tout un tas de circonstances qui font que je vais en arriver à douter que Dieu est Père. Et si j’ai eu un père défaillant, j’ai bien besoin du St Esprit pour dépasser ce que mes blessures ont brouillé.
Il y a d’abord ce qui m’arrive dans ma vie, les événements perturbants, dramatiques. On entend dire : « mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? » Sous-entendu, c’est Lui qui est en train de me faire payer quelque chose de mal que j’aurais fait. Au fond, j’habille le visage de Dieu en fonction des évènements qui traversent ma vie. Si je suis heureux, il est Père, si je ne suis plus heureux, il n’est plus Père. Or Jésus, même, au plus profond de sa souffrance, continuera à regarder Dieu comme un Père, à l’appeler Père : « Père entre tes mains, je remets mon esprit. » Quand l’Esprit-Saint me fait ce don d’affection filiale, il me fait le cadeau d’une image constante de Dieu gravée dans mon cœur : Dieu sera toujours Père, je serai toujours son enfant quelles que soient les circonstances de ma vie.
Mais il n’y a pas que les tuiles qui peuvent me faire douter que Dieu est Père, il y a aussi mon péché : avec ce que j’ai fait comment Dieu pourrait-il m’aimer encore ? Par le don d’affection filiale, je reçois cette certitude de foi que Dieu reste mon Père et que moi je reste son enfant quoique je fasse. Moi je peux me détourner, mais lui, restera toujours fidèle.
Ce don, d’affection filiale, on peut en mesurer l’impact quand on pense à l’énoncé de la foi des musulmans. J’en avais parlé lors de la précédente Journée pour Dieu en expliquant que dans l’Islam, il y a 99 noms de Dieu. 99, c’est un peu étonnant comme nombre, pourquoi pas 100 carrément ? De fait, il y a 100 noms de Dieu, mais, l’Islam dit que les musulmans n’ont eu la révélation que de 99 noms, le 100° leur sera révélé au paradis. Eh bien, ce 100° nom, nous le connaissons, nous les chrétiens, pas parce que nous serions meilleurs ou plus intelligents, mais parce que Jésus nous l’a révélé. En Jn 17,6 Jésus dit qu’il a révélé le nom de Dieu aux hommes et il le dit dans cette très belle prière qu’on appelle sacerdotale et qui commence justement par ce nom de Père. Par le don d’affection filiale, l’Esprit Saint grave en nos cœurs ce beau nom de Père et nous redit notre identité filiale. « L’Esprit-Saint atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Rm 8,16
2.3 Le don de force
L’Esprit-Saint est comme notre mémoire de secours, il fait remonter à notre mémoire les paroles de Jésus. Cela Jésus nous l’avait annoncé : « L’Esprit-Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » Jn 14,26 L’Esprit-Saint fait donc remonter à notre mémoire toutes les paroles de Jésus… même celles qu’on aurait envie d’oublier parce qu’elles nous bousculent ! Eh bien, le don de force va nous aider ensuite à mettre en œuvre ces paroles de Jésus dans nos vies. Mais attention, il ne les fait pas remonter à notre mémoire pour nous culpabiliser en nous montrant qu’on ne les vit pas. Il les fait remonter pour nous rappeler que les paroles de Jésus sont source de vie, chemin vers le Bonheur. L’Esprit-Saint, par le don de force va donc nous donner le désir et la force de les vivre.
2.4 Le don de conseil
La vie n’est pas toujours simple, je pense que vous êtes ok ! Il est souvent difficile de savoir ce qu’il faut dire et ce qu’il faut faire. Il faut réfléchir et avoir un peu de patience, prendre du temps pour examiner la situation, tous les paramètres. Mais tous les paramètres n’ont pas la même importance, il faut faire une échelle des valeurs les plus fondamentales en référence à ce que nous dit l’Évangile. Et ensuite vient le moment de la décision, et la décision est toujours difficile parce qu’il faut en assumer les conséquences. Il nous faut donc soumettre nos décisions au St Esprit : il ne répondra pas toujours de manière lumineusement claire, mais il éclaire pour que nous puissions prendre les bonnes décisions.
Il peut donner des motions intérieures, j’en reparlerai, ou encore il peut nous éclairer par un passage de l’Ecriture, par un conseil donné par quelqu’un … Par ce don de conseil ou de discernement, le Saint Esprit agit à travers tous ces moyens pour nous aider à faire les bons choix. Mais l’Eglise nous a appris que nous devions être accompagnés pour poser un discernement juste quand nous avions des grandes décisions à prendre : Exercices de St Ignace, accompagnement spirituel et non pas direction : l’accompagnateur ne dit pas ce qu’il faut faire, mais il éclaire le chemin par de bonnes questions.
2.5 et 6 Les dons de science et d’intelligence
Ils vont ensemble car ils sont les deux canaux par lesquels Dieu nous parle.
2.5 Le don de science
Dieu nous parle d’abord par tout ce qui existe autour de nous. La nature est le grand jardin que Dieu nous confie et qui est rempli de merveilles, c’est magnifique. Le don de science nous est communiqué pour qu’à travers tout ce que nous voyons, nous puissions retrouver la présence et la bonté de Dieu. Et lorsqu’on on retrouve ainsi cette présence de Dieu en toute chose, on développe cette belle attitude qu’est l’admiration, la gratitude.
On reconnaît implicitement que ce qu’on admire est plus grand que nous. L’admiration est toujours accompagnée d’une joie profonde, on se laisse transporter. C’est cela la véritable science. Je viens de parler de l’admiration devant la nature, mais il faudrait, toujours dans ce 1° canal en dire autant de l’admiration devant les êtres humains en tant que tels et aussi ce que les hommes sont capables de faire. J’en avais beaucoup parlé lors de la précédente Journée pour Dieu en développant le thème de la gratitude. (le texte est sur mon blog … comme celui-ci le sera aussi !)
2.6 Le don d’intelligence
Le don d’intelligence c’est le don par lequel j’entre dans la profondeur des paroles de Jésus et plus généralement toutes les paroles de l’Ecriture. Par ce don, le Saint-Esprit fait avec moi le travail que Jésus a fait avec les disciples d’Emmaüs, il leur ouvre le cœur à l’intelligence des Ecritures. C’est exactement ce que veut faire l’Esprit-Saint pour nous par le don d’intelligence, il nous rendra l’Écriture savoureuse parce qu’elle nous parlera vraiment de Dieu, de Jésus, elle nous mettra en communion avec lui, elle deviendra une nourriture savoureuse. Je vais faire avec l’Écriture ce que l’on fait avec un bon vin qu’on passe et repasse dans son palais pour faire sortir toutes ses saveurs. La Parole deviendra parlante. Je peux vous dire que j’ai vu la différence, avant et après l’effusion du Saint-Esprit, pour moi dans la préparation de mes homélies
2.7 Le don de sagesse
Il va harmoniser nos pensées et nos actions avec Dieu. Tout est au diapason de Dieu dans notre vie, comme dans la vie des saints. C’est le dernier don, le don le plus désirable parce que, par ce don, L’Esprit-Saint me parfait totalement, par ce don de sagesse, il fait de nous des saints. Les saints sont totalement harmonisés avec Dieu, ils ont un témoignage tellement lumineux que le curé d’Ars pouvait dire : « Là où les saints passent, Dieu passe avec eux. »
Conclusion : Comment garder le Saint-Esprit en soi ?
Au terme de cet enseignement, je pense que nous avons tous envie de garder le Saint-Esprit en nous pour le laisser déployer ces 7 dons dont je viens de parler et qui nous permettront de porter tous ces fruits merveilleux dont je parlais dans la 1° partie et particulièrement ce fruit de l’amour dont nous avons tellement besoin au quotidien pour nous aimer les uns les autres et aimer le Seigneur … et peut-être même pour arriver à nous aimer nous-mêmes ! Comment y parvenir ? Il faudrait que nous sollicitions plus le Saint-Esprit, il faudrait qu’à chaque instant, nous l’invoquions, non pas pour qu’il vienne, il est en nous, mais pour que nous le laissions agir. Vous connaissez peut-être ce commentaire du pape François sur Ap 3,20 « Voici, dit le Seigneur, que je me tiens à la porte et que je frappe, si tu m’ouvres ton cœur, j’entrerai » Le pape dit et j’arrange à ma manière : on lui a ouvert, mais maintenant, il frappe pour sortir parce qu’il se retrouve un peu à l’étroit enfermé dans notre petit cœur à nous ! Eh bien, il en va de même pour le Saint Esprit, il est venu dans notre cœur, mais maintenant, il demande à sortir pour irriguer toute notre vie, imprégner nos paroles, nos comportements, nos projets., il veut tout remplir et bonifier de sa présence puisqu’il est l’Amour. A l’homélie, j’expliquerai comment la messe peut nous aider.
Père pourriez vous m envoyer les références des textes des lectures de la messe que vous aviez pris du 7 juin journée pour Dieu à Dinard. Par avance merci bcp… C’est pour une paroisienne