23 avril : mardi 4° semaine de Pâques. Un processus ecclésial exemplaire !

C’est encore une très belle page de l’Ecriture qu’il nous a été donné d’entendre dans la 1° lecture, tirée, comme chaque jour du temps pascal, du livre des Actes des Apôtres. Ce texte va confirmer que l’histoire de la 1° évangélisation ne nous a pas été racontée comme une histoire merveilleuse, comme un conte de féées !

Le texte commençait en évoquant la tourmente qui se produisit suite à l’affaire d’Etienne. Il faut être clair, le meurtre d’Etienne a donné des idées, tant aux autorités juives qu’aux autorités romaines, qui se sont dit qu’il ne fallait pas s’arrêter en si bon chemin, qu’il fallait achever le travail si bien commencé. Cette persécution sera la première d’une très très longue série. Une accalmie se produira avec l’édit de tolérance promulgué par Constantin en 313, mais, pour autant, les persécutions à l’encontre des chrétiens ne disparaitront jamais et nous savons bien qu’elles existent, aujourd’hui encore, en un certain nombre de lieux.

Oui, mais, de manière assez étonnante, elles auront un effet contraire à celui qui était espéré : au lieu d’éradiquer la foi chrétienne, elles vont accélérer la propagation du message de l’Evangile. En effet, les chrétiens vont devoir se disperser, non pas parce qu’ils auraient eu peur de mourir, mais, si tous mouraient, qui allait annoncer l’Evangile ? J’aime bien présenter la 1° évangélisation comme une histoire de pyromanes, en effet, les apôtres ont reçu le feu de l’Esprit et ce feu, ils ont voulu le propager, ils sont bien des pyromanes, mais des pyromanes de l’Esprit ! Eh bien, dispersez des pyromanes et vous assisterez à des départs de feu un peu partout ! C’est bien ce qui s’est passé avec les persécutions, elles ont donc accéléré la propagation du message de l’Evangile inspirant à Tertullien, l’un des premiers Pères de l’Eglise, cette belle parole : le sang des martyrs est une semence de chrétiens. Quand des femmes et des hommes donnent leur vie, cette vie donnée finit toujours par porter de beaux fruits.

Et c’est bien ce que nous montrait la lecture qui nous parlait de la fondation de l’Eglise d’Antioche. Des chrétiens, dispersés par la tourmente survenue après le meurtre d’Etienne, vont se retrouver à Antioche. Mais, en lisant de près, on se rend compte qu’ils ne se sont pas rendus tout de suite à Antioche, ils ont commencé par la Phénicie puis Chypre. Dans ces lieux, ils ont dû annoncer l’Evangile, et, sans doute, ça n’a pas marché. Mais au lieu de se décourager, au lieu de rendre Dieu responsable de tous leurs malheurs, ils sont allés plus loin jusqu’à Antioche. Ils étaient certains que si la porte de la foi ne s’était pas ouverte en Phénicie, ni à Chypre, c’est parce qu’une autre devait s’ouvrir ailleurs. Alors, ils ont continué leur route et c’est ainsi qu’ils sont arrivés à Antioche. Quel bel exemple de persévérance pour nous ! Quand une porte se ferme, demandons la grâce de persévérer pour trouver celle qui finira par s’ouvrir et qui nous permettra de donner le meilleur de nous-mêmes, pour que notre don porte du fruit.

Dans cette fondation de l’Eglise d’Antioche, ce qui est remarquable, c’est que, parmi les chrétiens dispersés, il n’y avait aucun apôtre, aucun diacre ni aucun membre éminent de l’Eglise, c’étaient des chrétiens parfaitement anonymes ! Aucun d’eux ne s’est dit : nous ne sommes pas capables de fonder une communauté chrétienne. Ils ont fait ce qu’ils savaient faire le mieux : prêcher l’Evangile et vivre de l’Evangile ! Et, très vite, ça a attiré pas mal de monde, tellement de monde que l’Eglise, à Jérusalem, en est avertie.

Et, là encore, la réaction de l’Eglise de Jérusalem, c’est-à-dire de Pierre et de son conseil d’apôtres, va être très belle. D’abord, aucune réaction de jalousie, nul ne dit : mais pour qui ils se prennent ces chrétiens anonymes, fonder une communauté, c’est une prérogative qui nous est réservée ! Non, pas de réaction d’un égo offensé parce que surdimensionné ! Bien au contraire, les apôtres décident d’envoyer à Antioche l’un des leurs … et pas n’importe lequel, puisque c’est Barnabé qui est choisi. Barnabé, c’est une grande figure des Actes dont j’aime beaucoup parler. Son nom signifie « fils d’encouragement ». Mais en fait, Barnabé, ce n’était pas son nom ; son nom on l’apprend, dans les débuts des Actes, c’est Joseph. Oui, mais, son nom, tout le monde l’a oublié par contre, tout le monde a retenu son surnom qui lui va si bien : « fils d’encouragement ». 

Eh bien, c’est précisément Barnabé qui est envoyé parce qu’il est celui qui est le plus capable d’encourager. C’est donc le signe que les apôtres ne veulent pas redresser ce qui est né sans eux, ils veulent encourager ces chrétiens anonymes et ceux qui ont embrassé la foi grâce à leur prédication et à leur témoignage.

L’attitude de Barnabé est, elle aussi, merveilleuse, le texte nous dit qu’en arrivant, il contemple la grâce de Dieu à l’œuvre, c’est-à-dire qu’il n’attribue pas la réussite à tel ou tel chrétien, il voit que c’est la grâce de Dieu qui a été et qui reste à l’œuvre. Certes, la grâce de Dieu ne peut rien faire sans nous, mais nous, nous ne pouvons rien réussir, sans la grâce de Dieu ! Pour Barnabé, tout cela est parfaitement clair et il a dû l’expliquer à cette communauté naissante pour que nul ne cherche à tirer son épingle du jeu en cherchant à jouer les vedettes. Quel homme, ce Barnabé ! 

Et, jusqu’au bout l’attitude de Barnabé sera bonne. Il va vite comprendre que l’enthousiasme de cette communauté naissante a besoin d’être accompagnée. C’est là que l’Esprit-Saint lui suggère cette très bonne idée : va chercher Paul ! En effet, Paul est encore un converti de fraiche date, il peut donc comprendre l’enthousiasme de cette communauté et, en même temps, il commence à avoir un peu de bouteille, il peut donc les accompagner comme « un ainé dans la foi. » C’est ce qu’il fera très bien. Et vous l’avez entendu, ce qui s’est passé à Antioche est tellement beau que ça doit servir de modèle, c’est pour cela que c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens ».

De l’Evangile, je ne veux souligner qu’une Parole pour que nous la gardions dans notre cœur, pour que, tout au long de ce jour, nous la passions et repassions dans notre cœur : Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Quand nous sommes aux prises avec de grosses difficultés, nous pouvons repasser cette parole qui pourra nous apporter sécurité et consolation : rien ni personne ne nous arrachera de la main du Seigneur.

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