En première lecture, nous avons entendu un passage du livre de Joël, hier c’était un cours passage de Malachie, les jours précédents le prophète Joël et les semaines précédentes Aggée, Zacharie, tous ces prophètes sont qualifiés de « petits prophètes ». Petits prophètes non pas parce que leur message serait moins important, mais petit parce que leurs livres ne comportent que quelques chapitres. Parmi ces petits prophètes, le livre de Joël occupe une place particulière car nous ne savons rien de l’homme, Joël ni de l’époque à laquelle il a pu exercer son ministère. Ce blanc nous oblige donc à nous focaliser sur son message.
Son message, il est assez clair, il parle du Jour du Seigneur, le jour où le Seigneur va manifester sa puissance en jugeant les peuples. Mais dans le livre de Joël, la venue de ce jour du Seigneur sera plutôt redoutable, un peu dans la ligne de ce que disait Malachie, hier, je vous rafraichis la mémoire : Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise. Mais Malachie précisait bien que ce jour ne serait redoutable que pour tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, car ils seront comme de la paille dans cette fournaise. Les mots de Joël étaient dans la même tonalité, ils avaient même une intensité encore plus dramatique : Ah ! jour de malheur ! Le jour du Seigneur est proche, il vient du Puissant comme un fléau … Voici venir le jour du Seigneur, il est tout proche. Jour de ténèbres et d’obscurité, jour de nuages et de sombres nuées. il n’y en a jamais eu de pareil et il n’y en aura plus dans les générations à venir.
Comment comprendre que la venue du Seigneur soit associée à un jour de malheur ? Je crois qu’il faut en revenir à Malachie qui disait que ce jour ne serait redoutable que pour tous les arrogants, pour tous ceux qui commettent l’impiété, car ils seront comme de la paille dans cette fournaise. Mais me direz-vous, nous commettons tous l’impiété que dénonce Malachie, nous sommes tous pécheurs. Oui, c’est vrai, mais une chose est de se reconnaitre pécheur et une autre chose est de mettre sa vie au service du mal. Et ce sont bien ceux-là qui devront redouter le Jour du Seigneur. Les autres, les pécheurs, vous et moi, nous l’attendons ce jour qui permettra au Seigneur de nous purifier pour vivre enfin dans l’amour. Il n’y a que les mauvais profs, ceux qui ne travaillent pas suffisamment qui redoutent la venue de l’inspecteur, les autres l’attendent pour qu’il les aide à devenir meilleurs. Ainsi en va-t-il du Jour du Seigneur qui est donc tout à la fois désirable pour certains et redoutable pour d’autres.
Venons-en à l’Evangile. Je dois vous avouer qu’il y a des tas de représentations de Jésus que je n’aime pas beaucoup parce qu’il apparait comme une mauviette. Non, Jésus était un homme, un vrai qui n’a jamais eu peur de s’engager dans les combats qu’il devait mener quels que soient ses adversaires, c’est-à-dire qu’il s’agisse d’hommes nourrissant de la haine à son égard ou de l’esprit du mal.
Mais attention ! Jésus ne s’est jamais trompé d’ennemis dans ses combats. Nous, souvent nous nous affrontons les uns les autres, ceux qui ne pensent pas comme nous peuvent vite devenir des ennemis. Même si Jésus a dû mener beaucoup de combats, jamais il n’a été en guerre contre des personnes ! Il est venu pour chercher et sauver tous les hommes et cela passe par un combat sans merci contre le mal et le Malin qui s’emploient si bien à contrecarrer le projet de Dieu. Jésus a tapé sur le mal jamais sur ceux qui étaient dominés par le Malin et nous le voyons bien dans l’Evangile d’aujourd’hui.
Le texte commençait par ces mots : Jésus venait d’expulser un démon. C’est dommage que le texte ne précise pas que c’était un démon qui avait rendu un homme muet. Et quand l’évangile précise expulser, je peux vous dire que le mot grec utilisé ici montre que Jésus n’a pas fait dans la dentelle ! Alors, bien sûr, tous les petits supporters de ce démon qui rendait un homme muet vont venir à sa rescousse et envahir le cœur de ceux qui sont témoins de la scène pour créer une polémique sans fin. Au lieu de se réjouir de cette victoire de Jésus, voilà que les témoins se déchainent contre lui en inventant les pires âneries du genre : s’il a été capable d’expulser ce petit démon, c’est parce qu’il est habité par le chef des démons, Béelzéboul ! N’importe quoi !
Jésus va leur démontrer qu’ils disent n’importe quoi mais il sait très bien que les démons ne voudront jamais reconnaître leurs défaites, ils sont les ennemis de la vérité. Je reviens maintenant sur cette histoire du démon qui rend muet. Pourquoi est-ce que je regrette, au début de l’Evangile, l’oubli de cette mention de l’action du démon qui rendait muet ? Parce que ce démon expulsé, il a été sacrément vexé et maintenant, il cherche à prendre sa revanche en nous perturbant. Je pourrais donner quantité d’exemples qui le montrent revanchard, j’en donne seulement deux.
- A chaque fois que, par lâcheté, nous nous taisons quand nous voyons des choses inacceptables, nous offrons une nouvelle victoire à ce démon qui rend muet.
- A chaque fois que nous refusons d’aller nous confesser ou si nous y allons quand nous ne disons pas tout ou que nous utilisons des mots alambiqués pour nous en sortir honorablement, nous offrons une nouvelle victoire à ce démon qui rend muet.
Maintenant que nous le savons revanchard cet esprit qui rend muet, jadis expulsé par Jésus, soyons vigilants pour ne pas lui laisser de prise en nous. C’est ce que nous demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet.
