Enseignement donné aux jeunes responsables de « Jeunesse Lumière »«
Je suis très heureux d’être parmi vous ! Lors de mon 1° séjour au Burundi, j’avais déjà eu l’occasion de donner un enseignement aux jeunes de « Jeunesse Lumière ». C’était en 2015, à un moment où la situation du pays était compliquée. Je me rappelle très bien, j’avais fait deux enseignements sur les Béatitudes pour mieux comprendre à quel bonheur Jésus nous appelle. Peut-être que certains d’entre vous étaient déjà là. Je suis donc heureux de vous retrouver, vous les responsables « Jeunesse Lumière » parce que votre groupe est tellement bon pour les jeunes !
J’ai un blog : rogerhebert.com, le texte de l’enseignement sera sur le blog.
Aujourd’hui, j’aimerais, dans cet enseignement, vous parler à partir d’un petit texte de l’évangile de St Jean qui a été cité dans le message final du synode sur les jeunes à Rome. Je vous lis ce texte que nous trouvons donc dans l’évangile de St Jean au chapitre 12 à partir du verset 20 jusqu’au verset 26 :
Il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.
Peut-être que vous l’avez deviné, ce qui m’a fait choisir ce texte, c’est la demande, la merveilleuse demande qui est exprimée au verset 21 : « Nous voudrions voir Jésus ! » C’est aussi cette demande qui est mise en valeur dans le texte de conclusion du synode. Je voudrais la commenter en développant 3 points :
1/ Une demande inattendue de la part de ceux qui la formulent … mais une demande si fondamentale !
Je ne sais pas si vous avez attentifs au début du texte : il nous est dit que ce sont des grecs présents à Jérusalem qui demandent à voir Jésus. Vous voyez un peu le mélange : ils sont grecs de nationalité, ils sont juifs de religion puisqu’ils sont venus au Temple pour la fête de la Pâque et ils demandent à voir Jésus !
Les grecs étaient des gens très intelligents, rappelons-nous que les plus grands philosophes, à l’époque, sont grecs. Ces gens qui veulent voir Jésus faisaient donc partie de cette culture. Mais ils étaient aussi juifs de religion et c’est vrai qu’en raison des persécutions qu’a subies le peuple juif, beaucoup étaient partis dans des pays où ils pourraient vivre un peu plus tranquilles, on les appelait les juifs de la diaspora, ce mot signifie la dispersion d’une ethnie dans le monde.
Vous commencez à comprendre que leur demande de voir Jésus était assez étonnante, inattendue. Ils étaient grecs donc de culture savante, attirés par la philosophie, comment pouvaient-ils être attirés par Jésus qui accomplissait des actes contraires à la raison ? Juste avant ce chapitre de 12 dans lequel il y a le texte que nous avons lu, il y a le chapitre 11, et, c’est dans ce chapitre 11 que Jésus ressuscite Lazare. Il n’y a pas plus contraire à la raison que de croire qu’un mort puisse revenir à la vie ! Ces grecs auraient donc dû penser que tout ce qu’on disait sur Jésus était de la folie. Ce qu’ils avaient entendu sur Jésus aurait dû les éloigner de lui … mais pourtant, ils cherchent à voir Jésus.
Et en plus, ces grecs étaient de religion juive, raison de plus pour ne pas être attirés par Jésus. Vous le savez, les juifs avaient une telle idée de la grandeur de Dieu que, pour eux, c’était absolument impensable que Dieu s’incarne, qu’il s’abaisse à venir parmi nous. D’ailleurs les juifs vont souvent reprocher à Jésus qui n’est qu’un homme de se prendre pour Dieu et ils chercheront même à le lapider à cause de cela, considérant que c’est un blasphème : toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. Jn 10,33 D’autres fois ils seront scandalisés parce que Jésus pose des gestes, prononce des paroles qui sont réservées à Dieu, par exemple le pardon des péchés ; et les juifs l’accuseront encore de blasphème quand il pardonne au paralytique en disant : Dieu seul peut pardonner les péchés. Mc 2,7
Donc vous voyez qu’il s’agisse de leur origine grecque ou de leur religion juive, ils avaient deux bonnes raisons pour ne pas être attirés par Jésus ! Or, ils viennent et disent : « nous voudrions voir Jésus ! » C’est une invitation pour nous à ne jamais penser qu’une personne ne sera jamais intéressée par Jésus. Vraiment, rien ne pouvait laisser penser que des juifs grecs soient attirés par Jésus et pourtant, c’est ce qui s’est passé. Oui, c’est une invitation pour nous à ne désespérer de personnes. Ne dites jamais en voyant tel jeune : oh, lui, ou elle, ce n’est pas la peine de lui parler de Jésus, je vois bien comment il ou elle vit, c’est sûr, Jésus ne peut pas les intéresser. Ils sont trop intéressés par les plaisirs de la vie, même les plaisirs interdits, ils ont des idées tellement tordues, notamment des idées politiques pour que je puisse imaginer qu’ils soient intéressés par Jésus. Après avoir lu ce texte, nous ne devons plus jamais penser ou dire cela. La demande de voir Jésus peut venir de personnes pour lesquelles on n’aurait jamais pu imaginer cela et je vais vous en donner un exemple très concret.
J’ai été aumônier dans une prison pendant 7 ans. Chez nous, les prisons ne sont pas comme chez vous. Je sais que chez vous, il y en a beaucoup qui sont en prison à cause de leurs idées. Chez nous, ce n’est jamais le cas, ceux qui sont en prison, c’est parce qu’ils ont vraiment fait du mal, des vols, des crimes, du trafic, des viols … Alors, quand on est prêtre et qu’on va en prison pour rencontrer ces gens, on se dit : mais comment pourraient-ils être intéressés par Jésus avec la vie qu’ils ont menée ? Je vois bien que ce qui les intéressait, c’était l’argent, le sexe, la violence et tout ça, ça n’a rien à voir avec Jésus ! Eh bien, j’ai été très étonné ! Par exemple, un jour, un détenu demande à me rencontrer, je vais donc le voir. Quand je rentrais en prison, on me donnait les clés pour que je puisse ouvrir toutes les cellules … il ne fallait surtout pas les perdre ! Il n’y avait que pour un bâtiment qu’on ne me donnait pas les clés parce que ceux qui étaient emprisonnés dans ce bâtiment étaient en situation très particulière. Et, ce détenu était dans ce bâtiment, je vais donc demander aux surveillants qui sont dans ce bâtiment de m’ouvrir sa cellule. Les surveillants me disent : vous ne devriez pas aller le voir, c’est le plus dangereux de toute la prison ! En effet, je vais apprendre qu’il a tué sa femme en la découpant en morceaux et que, plusieurs fois, dans les prisons où il est passé, il a pris en otage le personnel. Mais comme il a demandé à me rencontrer, je me dis qu’il faut y aller et ne pas avoir peur. Les surveillants m’expliquent qu’ils resteront derrière la porte, prêts à intervenir si je me mets à crier ! Je rentre dans sa cellule et je vois un homme très très musclé avec des tatouages de partout … vraiment très impressionnant ! Et voilà que cet homme dont tout le monde avait peur me demande de venir le visiter régulièrement en lui apportant la communion parce qu’il ne veut plus vivre loin de Jésus ! J’ai eu les larmes aux yeux tellement mon cœur de prêtre a été touché par cette demande. Bien sûr je suis venu le voir chaque semaine en lui apportant la communion. Lui, aussi comme ces juifs grecs, il voulait voir Jésus, mieux, il voulait le recevoir. Et cette demande venant d’un homme comme lui était aussi étonnante que la demande venant de ces juifs grecs.
Ne décidons jamais que telle personne mène une vie trop compliquée pour être intéressée par Jésus. Ne décidons jamais qu’il est inutile de parler de Jésus à telle personne ou à telle catégorie de personnes parce que c’est possible qu’ils soient quand même intéressés par Jésus. Peut-être même que nous devons aller encore un peu plus loin et dire que « voir Jésus » finalement, c’est le désir le plus profond qui habite le cœur de tous les hommes et que ce désir est encore plus fort pour ceux qui sont le plus loin de la foi. Bien sûr, ceux qui sont loin de la foi ne diront jamais : nous voulons voir Jésus. Mais c’est leur attitude qui nous le montre. Je crois profondément que toutes les femmes, tous les hommes cherchent à être heureux. Le problème, c’est que certains croient que le bonheur, ils vont le trouver dans l’argent, la consommation, le sexe, l’alcool, la drogue … mais tous ceux qui croient cela font une triste expérience : au lieu de leur apporter le bonheur, ces idoles les rendent esclaves. Ils ne peuvent plus s’en passer, ils ont perdu leur liberté.
Je crois que leur vie désordonnée est finalement un cri, et, ce cri on le retrouve dans le psaume 4 : « Qui nous fera voir le Bonheur ? » On finit toujours par se retrouver fatigués quand on mène une vie désordonnée, fatigué … ou en prison, à l’hôpital et là on se rend compte qu’on s’est trompé. « Qui nous fera voir le Bonheur ? » Alors avant qu’il ne soit trop tard allons vers eux et apportons leur Jésus parce que, finalement, c’est lui qu’ils cherchent et peut-être surtout, c’est lui qui les cherche. Le pape François nous invite sans cesse à rejoindre ce qu’il appelle les périphéries, ceux qui sont loin parce que ceux qui sont loin, ce sont eux qui ont le plus besoin de Jésus. Et ce n’est pas étonnant qu’il parle aussi souvent du bon berger parce que le bon berger ce n’est pas celui qui attend que les brebis blessées viennent le trouver pour se faire soigner, le bon berger, c’est celui qui part à la recherche des brebis qui sont blessées parce qu’il sait bien qu’elles n’auront pas la force de venir à lui. Jésus a besoin de vous pour l’aider à accomplir, aujourd’hui, sa mission de bon berger. Il a besoin que vous alliez à la rencontres des brebis blessées pour qu’il puisse s’en occuper, les soigner.
Voilà je crois qu’il nous faut savoir entendre aujourd’hui tous ceux qui disent : nous voudrions voir Jésus. Souvent, ils ne le disent pas directement, mais c’est leur cœur qui le crie et cette demande qui ne s’exprime pas directement peut venir de personnes dont on n’aurait pas pu avoir l’idée qu’elles ont soif de voir, de rencontrer Jésus.
2/ Deux raisons qui permettent à cette demande de se formuler
Maintenant, regardons ce qui va permettre à ces juifs grecs d’oser exprimer leur demande. Je vois deux raisons et nous allons nous arrêter sur chacune d’elle.
2.1 La proximité des apôtres avec Jésus
Ceux qui veulent voir Jésus, ça parait évident, vont s’adresser à ceux qui connaissent Jésus ! Si dans les semaines qui viennent vous souhaiter me rencontrer, vous allez vous adresser aux membres du Foyer qui me connaissent et qui viendront me voir pour demander un rendez-vous afin que je puisse vous recevoir. Par contre, si vous allez voir un chauffeur de taxi en lui disant : on veut voir le père Roger, le pauvre, il sera bien étonné de votre demande et ne pourra rien faire pour vous : il ne sait pas qui je suis et où j’habite … sauf s’il a participé à la veillée du 31, peut-être qu’il se rappellera que c’est moi qui ai donné l’enseignement et il vous conduira ici ! Mais le plus simple, le plus sûr, c’est quand même de demander à ceux qui me connaissent !
Pour voir Jésus, c’est pareil, ceux qui veulent voir Jésus savent que le plus sûr, c’est de s’adresser aux amis de Jésus. Eh bien, chers jeunes, ceux qui veulent voir Jésus aujourd’hui, que cette demande soit exprimée de manière explicite ou pas, ils ont besoin de savoir que Jésus a des amis et qu’ils peuvent s’adresser à eux. Il faut donc que nous soyons connus comme les amis de Jésus, il faut que nous soyons parfaitement identifiables, reconnaissables. Cela suppose que tous ceux au milieu de qui nous vivons puissent savoir que nous sommes des amis de Jésus. Mais comment les autres pourront-ils savoir que nous sommes des mais de Jésus ? Je vois trois moyens pour cela.
2.1.1 Avoir un signe distinctif pour être reconnu comme ami de Jésus
- La croix : il n’y a pas besoin d’une croix aussi grosse que la mienne, il n’y a pas besoin d’une croix qui soit un bijou très cher, une simple croix en bois suffit ! Mais la croix que nous portons et que nous ne cachons pas sous nos habits, va nous identifier comme chrétiens.
cf. mon expérience avec Nicole dans l’avion en venant … mais je m’étais confessé avant de venir pour tous les moments où je ne porte pas cette croix !
cf. le chanteur du groupe de rock converti qui s’est fait tatouer la croix sur le front pour être sûr de ne plus jamais l’enlever !
- Le dizainier peut aussi être un signe. Ou un bracelet au poignet : cf. Pour Pentecôte 2012, les bracelets que j’avais offert aux jeunes sur lesquels, il y avait des fèches qui descendaient, qui montaient … Quand on interprète ces flèches, elles résument le credo, la foi de l’Église. J’avais expliqué aux jeunes : quand on vous verra avec ce bracelet bizarre, on va vous poser des questions : qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien vous expliquerez et ceux qui vous ont posé la question comprendront que vous êtes chrétiens et vous allez voir, certains vont en profiter, parce que vous êtes chrétiens pour vous poser des questions, pour vous faire des confidences … J’ai vu que chez vous, on portait des bracelets chapelets, c’est le même principe.
- Et puis, il y a notre habillement. Evidemment, vous, vous n’êtes pas prêtre ou religieuse, je ne vais pas donc pas vous demander de porter une chemise avec un col de prêtre pour les garçons ou un voile de religieuse pour les filles. Mais, quand on veut être identifié comme chrétien, ça exige que l’on renonce à toute tenue provocante … surtout pour les filles ! Encore une fois, ça ne veut pas dire qu’il faille vous habiller triste avec des habits pas beaux du tout, non ! Mais pas de tenue provocante. Parce que, quand je suis vraiment un ami de Jésus, je ne cherche pas à attirer les autres à moi, je ne cherche pas à faire en sorte que les autres m’admirent, me désirent … je cherche à conduire les autres à Jésus, c’est lui qu’il faut admirer, désirer, pas moi ! Dans le domaine de l’habillement, chez vous, vous avez de la chance parce que vous avez des chemises des robes, des T.Shirts sur lesquels il y a des inscriptions chrétiennes : oser les porter de temps en temps, et pas seulement quand vous allez à la messe, ça peut être un signe.
2.2.2 Oser parler de Jésus pour être reconnu comme ami de Jésus
Quand je dis oser parler de Jésus, je ne veux pas dire que lundi, il vous faudra fabriquer une estrade là où vous étudiez, là où vous travaillez, là où vous vivez et prendre un micro pour inviter tout le monde à vous écouter faire un enseignement. Non, si vous faites cela, vous risquez de finir dans un hôpital psychiatrique ! Les autres vont vous dénoncer comme fou ! Non, la parole, il faut la prononcer quand c’est le bon moment. Pour cela, je vous suggère :
- De demander, dès le matin au St Esprit qu’il vous offre des occasions de témoigner de votre foi pour être reconnus comme chrétiens. Je le fais, ça marche ! cf. expérience hospitalisation … je n’étais pas content ! Eh bien, Seigneur, donne-moi, chaque jour, au moins une occasion d’évangéliser … il y en a eu beaucoup ! Tellement que je trouvais dommage d’être obligé de sortir de l’hôpital !
- Quand vous parlez entre amis, vous pouvez intérieurement prier (sans même que cela ne se voit !) pour demander au St Esprit de vous inspirer les bonnes paroles qui toucheront les cœurs. Et vous verrez, au bout d’un moment, quelqu’un finira par vous demander : mais comment ça se fait, que, toi, tu as toujours la bonne parole, celle qui nous réconforte, celle qui nous encourage, celle qui nous éclaire ? Vous répondrez : c’est parce que je suis l’ami de Jésus et les amis de Jésus, le Saint Esprit vient toujours à leur secours.
- Et puis, il n’y a pas que la parole pour expliquer, pour encourager, il y a aussi la parole pour inviter. Quand il y a une grande rencontre de jeunes, n’hésitez pas à inviter … et ne vous contentez pas d’inviter ceux que vous savez être chrétiens. Rappelez-vous ce que je vous ai dit au début, ce sont ceux qui sont le plus loin qui ont le plus besoin ! Vous allez passer la nuit du 31 au Foyer, invitez ! Il y aura la semaine St Valentin, invitez ! Quand j’étais responsable des jeunes de mon diocèse, j’organisais des grands rassemblements et, je faisais toujours des dépliants pour annoncer et inviter. Evidemment, chez nous, c’est plus facile de faire cela. Et, certaines fois, je disais aux jeunes des différents groupes chrétiens que je rencontrais : vous n’aurez le droit de venir que si vous invitez deux amis à vous accompagner. Certains jeunes me disaient : c’est difficile, nos amis sont tellement loin de la foi ! Je leur répondais : donne-leur quand même un dépliant d’invitation ! Personne ne va te couper la tête parce que tu auras distribué ces invitations ! Le plus grand risque que tu prends, c’est qu’ils refusent de venir, mais personne ne va te faire du mal parce que tu as distribué ces invitations. Et, moi, je ne te demande pas de réussir à chaque invitation donnée, je te demande d’oser proposer cette rencontre à tes amis. Ça a produit parfois de très beaux fruits ! Osez inviter !
Dans le domaine de la parole, il nous faudra toujours rester vigilants pour éviter deux risques :
- Trop en faire : on finit par fatiguer les autres ! C’est vrai que ceux qui ne savent parler que de Jésus, au bout d’un moment, ils finissent par fatiguer les autres. Les autres vont chercher à ne plus croiser leur chemin parce que ça les fatigue. Mais si on agit comme cela, ça veut dire qu’on n’a pas été attentif à ce que l’Esprit Saint nous soufflait, il ne nous pousse jamais à parler sans arrêt !
- Ne pas en faire assez. Il y en a qui disent : moi, je ne veux pas fatiguer les autres, donc je ne parle pas de Jésus, jamais ! Mais comment pourront-ils être identifiés comme chrétiens ! Mais si on agit comme cela, ça veut dire qu’on a étouffé l’Esprit-Saint quand, intérieurement, il nous poussait à parler.
La bonne mesure c’est de garder la devise d’un saint de chez nous, St François de Sales : « Ne parle de Dieu que lorsqu’on t’interroge, mais vis de manière à ce que l’on t’interroge souvent. » Et cette devise introduit directement le 3° moyen qui est à notre disposition pour que nous puissions être identifiés comme ami de Jésus, c’est précisément notre manière de vivre.
2.2.3 Avoir une vie qui montre clairement que nous sommes amis de Jésus
Oui, notre manière de vivre est l’élément le plus important pour être reconnu comme chrétien. Parce que, si je porte une croix ou un vêtement avec une inscription chrétienne dessus, si je parle souvent de Jésus et que je me comporte n’importe comment, c’est sûr que ça va avoir l’effet contraire, je vais donner un contre-témoignage, et c’est grave. Les contre-témoignages font beaucoup de mal, ils éloignent de Jésus ceux qui les voient.
J’évoque quelques contre-témoignages qui, à coup sûr, vont éloigner les autres de Jésus, à cause de moi. Ces contre-témoignages, on peut les classer en 2 grandes catégories :
- Bien sûr, d’abord, il y a ceux qui se comportent mal. C’est sûr que si les gens me voient plus souvent dans un bar, dans une boite de nuit qu’à l’église et que, dans ces lieux, ils me voient avoir trop bu, avoir des gestes ou des paroles déplacées, je ne vais pas, par mon comportement, les attirer à Jésus. Si, quand je suis un garçon, on me voit changer de petite amie toutes les semaines et inversement pour les filles, on ne pourra jamais imaginer que je suis un ami de Jésus. Si on m’entend régulièrement dire du mal des autres en leur absence, si on m’a vu avoir un comportement malhonnête, c’est sûr, jamais on ne pourra penser que je suis ami de Jésus, je donner un contre-témoignage dramatique qui, au lieu d’attirer à Jésus va éloigner de Jésus. Et on pourrait comme cela reprendre les 7 péchés capitaux pour nous mettre en garde : la colère, l’avarice, l’envie ou la jalousie, l’orgueil, la gourmandise ou absence de maîtrise de moi, la paresse, la luxure sont autant de contre-témoignages qui éloignent de Jésus
- Je viens d’évoquer ceux qui se comportent mal, mais il y a aussi ceux qui, sans se comporter mal, ne se comportent pas bien et ça éloigne aussi de Jésus ! Dans ce que j’ai dit avant, ce sont des péchés par action qui éloignaient de Jésus, qui empêchaient que je sois reconnu comme chrétien, maintenant, ce sont les péchés par omission. Et, finalement, ce sont les plus nombreux ! Faire du mal, c’est grave, mais ne pas faire du bien, ne pas faire assez de bien, c’est aussi grave, ça éloigne de Jésus.
>>> Avec tout ce que je viens de dire, nous pourrions désespérer en disant : mais je ne suis vraiment pas un bon ami de Jésus, je fais souvent des contre-témoignages : je commets des péchés par action, par omission … et je n’ai pas parlé des péchés en pensée ! Vous savez, dans le « je confesse à Dieu » on demande pardon pour toutes ces catégories de péché : en pensée, en parole, par action et par mission. Quand je fais le bilan en reprenant toutes ces catégories, je risque de désespérer en voyant toutes les fois où, à cause de moi, de mes contre-témoignages, les autres n’ont pas pu voir Jésus. Quand nous nous rendons compte que nous n’avons pas été un bon témoin de Jésus, que notre vie n’a pas été suffisamment belle pour témoigner de notre proximité avec Jésus, quand nous n’avons pas assez osé parler de lui, quand nous n’avons pas osé garder un signe distinctif, il y a toujours le sacrement du pardon qui nous aidera à repartir sur de nouvelles bases avec le secours du St Esprit. Mais, je vous en supplie, quand vous allez vous confesser, faites une belle confession en vous préparant bien et n’hésitez pas à écrire si ça vous aide. Tout ce que je viens de dire pourra vous aider à vous préparer à faire une bonne confession dans les jours qui viennent.
2.2 La proximité de Philippe avec ces grecs juifs
Dans cette 2° partie, j’ai évoqué la nécessité d’être un ami de Jésus pour que ceux qui désirent, d’une manière ou d’une autre, voir Jésus puissent venir nous trouver comme les juifs grecs de cet évangile sont allés voir les apôtres qui étaient identifiés comme amis de Jésus. Maintenant, le texte d’évangile nous indique qu’ils ne sont pas allés trouver n’importe quel apôtre, ils sont allés trouver Philippe.
Philippe, c’est, parmi les 12 apôtres, celui qui a un nom d’origine grecque. André aussi et c’est sûrement pour cela que Philippe va ensuite trouver André. Quand ces juifs grecs cherchent à voir Jésus, ils ont compris qu’il leur fallait trouver des amis de Jésus, mais ils souhaitent aussi que ces amis, proches de Jésus, soient également proches d’eux.
C’est pour cela qu’ils s’adressent à Philippe. J’ai longuement développé la nécessité pour nous d’être reconnus comme les amis de Jésus, il faut aussi mentionner ce deuxième élément très important. Si nous voulons que ceux qui cherchent Jésus viennent à nous, il faut non seulement que nous soyons les amis de Jésus, mais il faut aussi que nous soyons proches d’eux, qu’ils aient la certitude que nous pouvons les comprendre. Je ne développe pas trop ce point car j’ai encore beaucoup à dire. Mais vraiment, c’est très important pour vous les jeunes chrétiens : si vous voulez être de bons témoins de Jésus, il vous faut être proches des autres jeunes. Etre proches, ça ne veut pas dire aller faire n’importe quoi avec ceux qui font n’importe quoi ! Sûrement pas ! Mais c’est montrer notre amitié, montrer que nous ne regardons pas les autres de haut en nous croyant supérieurs à eux parce que nous sommes chrétiens. Cf. le Fils de Dieu qui dormait dans la petite maison de Capharnaum au milieu des autres qui ronflaient par en haut et par en-bas, comme le dit le père Amand !
3/ La réponse étonnante et merveilleuse de Jésus qui exprime ce que doit être notre mission
Quand on lit de près le texte d’évangile où l’on voit ces juifs grecs qui cherchent à rencontrer Jésus, il y a quelque chose d’étonnant : on ne sait pas si Jésus les a rencontrés ! Moi, je pense qu’il les a rencontrés parce que jamais, Jésus n’a refusé de rencontrer ceux qui voulaient le voir … mais la rencontre ne nous est pas racontée ! Par contre ce qui nous est raconté, c’est ce que Jésus dit à Philippe et à André qui viennent lui dire que des juifs grecs veulent le rencontrer.
Il leur parle du grain de blé qui meure et qui, en mourant, donne beaucoup de fruits. Ça nous semble hors-sujet ! A première lecture, on ne voit pas bien le lien avec tout ce qui précède. Moi, j’interprète cela de la manière suivante. C’est comme si Jésus disait : ils veulent me voir, très bien, mais pour me voir, il n’y a pas besoin de me rencontrer, moi, il suffit de rencontrer quelqu’un qui donne sa vie par amour. En effet, donner sa vie par amour, c’est le sens de cette petite parabole du grain de blé. Ce que Jésus dit est donc très beau et trace le cap de notre mission. Jésus dit : je suis rendu présent grâce à tous ceux qui donnent leur vie par amour, tous ceux qui donnent leur vie par amour me rendent présent, en les rencontrant, c’est moi que l’on rencontre.
Voilà donc notre mission : donner notre vie par amour pour que, tous ceux qui, aujourd’hui, veulent voir Jésus puissent le voir, le rencontrer dans le témoignage de notre vie donnée. Et vous savez que ce mot de témoignage, de témoin, en grec, il se dit martyr. Le vrai témoin, c’est le martyr, celui qui donne sa vie par amour. Mais quand on entend ça, on peut prendre peur. D’abord on n’a pas forcément envie de finir martyr et puis, nous nous connaissons bien, nous savons bien que nous ne sommes pas capables de donner vraiment notre vie. Pour terminer, je réponds à ces deux objections.
3.1 Il n’y a pas que ceux qui vivent le martyr de sang qui donnent leur vie.
C’est Ste Thérèse de Lisieux qui va nous aider à découvrir qu’il y a deux formes de martyr.
- Tout d’abord, bien sûr, le martyr de sang par lequel je vais donner ma vie en acceptant de verser mon sang pour Jésus. Il y a eu beaucoup de martyrs aux premiers siècles de l’Église, il y en a encore plus aujourd’hui. Et ce qui est étonnant, c’est qu’on a le récit de martyrs très fragiles.
cf. témoignage du martyr de Ste Félicitée. Elle a accouché quelques jours avant d’être livrées aux bêtes. Son accouchement s’est mal passé, douleurs horribles, elle a donc beaucoup crié sa souffrance. Un gardien lui dit : si tu cries de souffrance pour un accouchement, qu’est-ce que ça va être quand les bêtes vont déchirer ta chair de leurs dents ? Et elle lui répond : quand je serai face aux bêtes, c’est Jésus qui souffrira pour moi !
Ceux qui ont vécu le martyr étaient sûrement bien loin d’imaginer qu’ils auraient la force de rendre un tel témoignage à Jésus ! Mais la force leur a été donnée. C’est ce que l’on dit dans la préface à la messe célébrée en la fête d’un martyr : c’est ta puissance qui se manifeste dans la faiblesse quand tu donnes à des êtres fragiles de te rendre témoignage.
- Mais, Thérèse, nous invite à envisager une autre forme de martyr, moins impressionnante, mais tout aussi exigeante, elle parle du « martyr de l’amour. » On peut donner sa vie, en témoignage pour Jésus, en une seule fois dans le martyr de sang, mais on peut aussi accepter de donner sa vie, en témoignage pour Jésus, en se donnant au jour le jour, en vivant l’amour au quotidien. Des parents qui se lèvent 10 fois dans la nuit pour répondre aux appels de leur enfant malade, c’est le martyr de l’amour ! Des amis qui ne veulent pas laisser tomber un ami dans la difficulté et qui décident de rester présent à ses côtés, même quand c’est difficile, c’est le martyr de l’amour. Seulement voilà, nous en avons tous fait l’expérience, vivre l’amour au quotidien, ce n’est pas facile !
Mais j’ai envie de dire que martyr de sang ou martyr de l’amour, ça nous dépasse quand même, comment pourrons-nous devenir de bons témoins pour Jésus ? Si nous sommes vraiment lucides sur nous-mêmes, nous pourrions nous dire : je connais mes fragilités, vivre en témoin de Jésus, ce n’est pas pour moi, je laisse la place aux autres ! Mais les autres, tous les autres ils sont aussi fragiles que toi ! Alors, il faut que tu acceptes la mission et, si tu l’acceptes, tu verras tout deviendra possible … parce que l’Esprit-Saint sera avec toi. Et c’est le point que je veux développer maintenant.
3.2 Ce que je ne peux pas accomplir par mes propres forces, l’Esprit-Saint peut me donner la force de l’accomplir
Ainsi donc, pour être un bon témoin, il faut donner sa vie. C’est la condition pour que tous ceux qui veulent voir Jésus puissent le rencontrer. Jésus nous dit que c’est le signe de la vie donnée, du grain de blé tombé en terre qui donne sa vie par amour qui le rend présent.
Évidemment vivre cela, ce n’est pas possible pour nous si nous ne comptons que sur nous, sur nos propres forces. Mais nous le savons d’une certitude de foi : rien n’est impossible à Dieu. Et c’est le St Esprit qui va permettre aux pauvres que nous sommes de devenir ces témoins lumineux de Jésus.
Le fait d’être des pauvres ne nous disqualifie pas, au contraire. Le Seigneur a quand même besoin de nous et c’est même avec les pauvres qu’il réalise les plus grandes merveilles ! En effet, plus nous sommes conscients de notre pauvreté et plus nous allons compter sur la force du St Esprit.
Regardez, c’est ce qui s’est passé à la Pentecôte. Les apôtres étaient vraiment des pauvres et ils avaient vraiment fait l’expérience de leur pauvreté. Tous ils avaient abandonné Jésus, sauf St Jean, mais tous les autres ont eu peur et n’étaient plus là au moment de la mort de Jésus, au moment où Jésus aurait eu le plus besoin d’eux. Leur pauvreté, leur fragilité, ils la connaissaient vraiment ! Mais, malgré tout, ils ont quand même accepté la mission confiée par Jésus de répandre l’évangile jusqu’au bout du monde.
Mais ils sont restés enfermés tant que le St Esprit ne leur a pas été donné parce qu’ils savaient que, sans cette force venue d’en haut, ils ne pourraient rien faire, mais avec lui, tout deviendrait possible … et l’histoire des Actes de Apôtres est là pour attester que ça a été possible, grâce au St Esprit, ces pauvres hommes sont devenus des témoins admirables de Jésus, la preuve : ils ont tous donné leur vie pour Jésus.
Conclusion
Mes amis, ce qui était vrai, il y a 2000 ans, est encore vrai aujourd’hui ! L’Esprit-Saint est capable de transformer les pauvres que nous sommes en véritables témoins de Jésus pour que tous ceux qui, aujourd’hui, veulent voir Jésus puissent le rencontrer grâce à nous, à travers nous. Et nous croyons que ce dont votre pays a le plus besoin, c’est de la présence de Jésus, le prince de la Paix. Plus vous laisserez le St Esprit habiter en vous et travailler en vous, et plus vous deviendrez des témoins crédibles de Jésus, plus Jésus pourra être présent et agissant au cœur de votre pays. Et alors tous ceux qui, souvent de manière si attendue, veulent voir Jésus le verront à travers vous et cette rencontre changera leur vie et finira par changer la vie de votre pays.
Mais vous voyez, et je terminerai par là, il y a un engagement à prendre. Si je veux que la lumière se lève enfin sur ce pays, il faut que nous renoncions tous à nos complicités avec les ténèbres. A chaque fois, que, même dans le secret, je fais le mal, je suis complice des ténèbres, je retarde la jour où la lumière se lèvera. Par contre, plus je vis dans la lumière et plus je permets à la lumière de se lever. Le jour où tous les burundais ou en tout cas la plus grande partie renonceront à leurs complicités avec les ténèbres, la lumière se lèvera. Vérifions donc si, dans notre comportement de tous les jours, nous n’avons pas trop de complicités avec les ténèbres. Oui, qu’ils viennent ce jour où tous, dans ce pays désireront voir Jésus !