25 octobre : mercredi 29° semaine ordinaire Il ne faut plus que le péché règne en vous !

Frères, il ne faut pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. C’est ainsi que commençait la 1° lecture tirée de la lettre aux Romains. Quand nous entendons cette injonction, nous avons envie de dire : il en a de bonnes Paul ! Oui, parce que nous le voudrions tous, du moins je l’espère, nous voudrions tous que le péché ne règne plus dans nos corps. Seulement voilà, nous le voulons mais nous n’y arrivons pas. Cela Paul le sait très bien, il en a lui-même fait l’expérience et cette expérience, il nous la partage de manière si humble au chapitre 12 de la 2° épître aux Corinthiens en nous parlant de cette écharde dans sa chair dont il a supplié le Seigneur de le débarrasser. Au chapitre suivant de cette épitre aux Romains, il fera également cette autre confidence, lui, le grand St Paul, le géant de la foi osera dire : le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas assez souvent et le mal que je ne voudrais pas faire, je le fais trop souvent ! Rm 7,19 Alors si Paul est comme nous, pourquoi nous lance-t-il cette injonction si forte et totalement impossible à atteindre : Frères, il ne faut pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. D’ailleurs la tournure grecque nous permettrait de donner encore plus de force à cette parole en disant carrément : Frères, il ne faut plus que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs.

D’abord, soyons clairs, ce n’est pas parce qu’on ne parvient pas à vivre quelque chose qu’il ne faut pas en parler, qu’il ne faut pas le proposer aux autres. Si, nous les prêtres, nous ne parlions dans nos homélies que de ce que nous réussissons parfaitement, nous ne parlerions pas beaucoup ! Le Malin aimerait bien que notre péché nous culpabilise tellement que nous n’oserions plus parler, ne cédons pas à ses suggestions ! Mais le fait de savoir que nous peinons, que nous tombons, doit nous encourager à parler humblement, avec miséricorde, sans faire la leçon à quiconque. Je n’en dis pas plus car dimanche, nous entendrons des paroles qui vont un peu dans le même sens.

Reprenons la question : pourquoi Paul exige-t-il ce qui est impossible à réaliser ? Frères, il ne faut plus que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. Si Paul le demande malgré tout, c’est parce qu’il est essentiel que nous soyons décidés à rompre avec le péché, c’est d’ailleurs ce que nous fait dire l’acte de contrition : je prends la ferme résolution de ne plus offenser. Et, bien sûr, nous rajoutons que cette résolution ne peut se prendre qu’avec le secours de la grâce du Seigneur. Mais il est essentiel d’affirmer que nous en avons la résolution, que, rompre avec le péché, c’est notre vœu le plus cher. Et ce n’est pas toujours aussi évident que ça ! Nous finissons vite par nous auto-absoudre en disant, à propos de tel ou tel péché récurrent : je suis comme ça, je n’y peux rien et après tout Dieu m’aime comme je suis. Oui, il m’aime comme je suis, c’est absolument sûr, mais il ne veut pas me laisser comme je suis ! Le Seigneur veut me parfaire, non pas pour que je devienne parfait, ce qui risquerait de faire de moi un monstre d’orgueil, il veut me parfaire pour que, par le travail de sa grâce, je puisse moins souvent céder à la tentation et tomber dans le péché.

Et c’est là qu’il faut lire le texte attentivement et jusqu’au bout. Paul va développer, sans que ce soit trop compliqué, les grands méfaits du péché. A chaque fois que nous cédons au péché et, bien pire encore, quand nous nous installons dans le péché, Paul nous dit que nous devenons esclaves du péché et de Celui qui nous conduit au péché. Le péché nous fait donc perdre notre liberté, nous nous laissons conduire et dominer par le Malin et ses suggestions. Nous perdons notre liberté et, plus grave encore, notre identité. Nous qui, depuis notre Baptême, appartenons à Dieu qui a gravé son effigie en nous, nous changeons de propriétaire ! Ecoutons Paul l’exprimer avec ses mots à lui, si percutants : Celui à qui vous vous présentez comme esclaves pour lui obéir, c’est de celui-là, à qui vous obéissez, que vous êtes esclaves : soit du péché, qui mène à la mort, soit de l’obéissance à Dieu, qui mène à la justice. 

Il y a donc un choix à faire : je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce de ne plus offenser ! C’est une ferme résolution qui doit nous habiter ! Après nous resterons faibles et pécheurs, le Seigneur sait comment faire avec notre pauvreté, mais il ne peut agir si nous ne prenons pas cette ferme résolution : Frères, il ne faut plus que le péché règne dans votre corps mortel !

La lecture en parallèle de l’Evangile vient renforcer cet appel à entrer dans une ferme résolution de rompre avec le péché, de ne pas nous contenter de la « moyenneté » dans la vie. Ce mot n’existe pas, mais j’aime bien l’utiliser parce que, c’est vrai, trop souvent, nous nous contentions de viser la « moyenneté » comme à l’école : si j’ai déjà la moyenne, ce n’est pas mal ! Oui, mais Dieu a plus d’ambition pour nous, il ne nous encourage pas à la « moyenneté », mais à l’excellence !

Mais attention à ne pas faire de contresens en interprétant la parole de Jésus dans l’Evangile quand il nous dit : Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Jésus ne se présente pas comme un surveillant d’études qui se cache pour mieux arriver au moment qui lui permettra de surprendre et punir les élèves en plein chahut. Non, Jésus nous dit de nous tenir prêt parce qu’il viendra au moment où nous nous y attendons le moins, pas pour punir, mais pour faire miséricorde. Tous, nous allons plus volontiers à la chapelle quand nous venons de vivre quelque chose de beau et de grand, quand nous avons fait du bien. Oui, là, ce n’est pas trop difficile de prier, mais avec le risque que notre prière se mette à ressembler à la prière du pharisien qui bénissait le Seigneur de ne pas être comme les autres ! C’est quand nous venons de faire quelque chose de lamentable qu’il nous faut aller rencontrer le Seigneur, c’est là, dans ce moment, que sa miséricorde nous attend, précisément au moment où nous serions tentés de ne pas la chercher en nous enfermant dans la tristesse de la culpabilité !

Nous devrions prendre exemple sur le Saint Curé d’Ars, mon compatriote qui a osé partager ce qu’il faisait quand il venait de commettre un péché. Je ne sais pas bien quels péchés, il faisait, tant il était près du Seigneur, mais écoutons-le nous livrer cette merveilleuse confidence : quand je venais de commettre un péché, je courais devant le Saint-Sacrement et je disais au Bon Dieu : voilà mon Dieu, je viens de vous jouer un tour à ma façon ! C’est ça la marque de la sainteté, ce n’est pas de ne plus commettre de péché, mais c’est, dès que j’ai commis un péché, de me jeter dans les bras du Seigneur. Et c’est ainsi que je marque ma résolution de rompre avec le péché. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons cette grâce d’une résolution plus grande de rompre avec le péché en cherchant à nous jeter dans les bras du Seigneur à chaque fois que nous tombons.

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  1. Franchellin Jean Marc

    Dans une autre homélie vous avez dit :si on est tiède avec jésus, on est cuit !

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