15 juin : samedi 10° semaine ordinaire : pas de flemmards, il y a du taff !

Nous concluons aujourd’hui l’histoire du prophète Elie, une histoire importante pour nous, ici, au sanctuaire de Laghet. En effet, Elie est comme le fondateur de la spiritualité du Carmel qui a imprégné la vie ce sanctuaire longtemps confié à des Pères Carmes. J’en profite donc pour dire que si vous avez l’impression de ne pas avoir profité, tous ces jours, des grands enseignements que nous livrent la vie et du ministère d’Elie, vous pourrez venir à la retraite que je prêcherai cet été, mi-juillet, pour nous préparer à la fête de Notre Dame du Mont Carmel qui est la fête patronale de notre sanctuaire.

Aujourd’hui, nous assistons donc à la fin du ministère d’Elie, mais le texte prend bien soin de nous montrer que cette fin, en fait, n’est pas une fin ! C’est la fin d’Elie, mais ce n’est pas la fin du ministère prophétique, Dieu a encore tant à dire à son peuple qu’il aura toujours besoin de prophètes. Vous le savez, le mot prophète, en grec, il signifie celui qui parle au nom de Dieu, en faveur de Dieu, son porte-parole, si vous voulez. Alors, oui, comme Dieu a encore tant à dire aux hommes, il aura besoin d’un nouveau prophète, ça sera Elisée et après Elisée, d’autres prophètes et le mouvement ne s’arrêtera jamais puisque Dieu a toujours besoin de porte-paroles. Aujourd’hui, c’est donc vous et moi que le Seigneur appelle pour que nous devenions ses porte-paroles pour que nous puissions dire, en son nom, la parole d’amour qu’il veut donner au monde, un monde qui a tant besoin de l’entendre cette parole d’amour.

Regardons rapidement ce que la lecture nous disait à propos de cette passation de pouvoirs entre Elie et Elisée. Je retiendrai 2 points.

1° point : C’est un homme qui travaillait qui est choisi. Le texte a pris bien soin de nous préciser qu’Elie s’arrête auprès d’un homme qui était en train de labourer et c’est à cet homme, en plein travail, qu’il porte l’appel du Seigneur. Pour moi, ce détail est très important, c’est comme si Elie disait : il va y avoir du taff, donc pas de flemmards ! Si vous n’avez pas appris le langage des jeunes, je traduis : accomplir le ministère de prophète, devenir porte-parole de Dieu, ça va être un gros travail, il faut donc choisir des personnes courageuses ! Oui, parce que devenir porte-parole de Dieu, ce n’est pas seulement, ni même d’abord lire une lecture à la messe, animer un groupe de catéchèse ou un groupe biblique. Devenir porte-parole de Dieu, c’est vivre de la Parole de Dieu, rayonner la Parole de Dieu par toute notre vie. Vous le comprenez donc, c’est un job à plein temps. 

Attention, en disant cela, je ne dis pas que seuls ceux qui ont donné leur vie en devenant prêtre ou religieuses peuvent être porte-parole de Dieu, non ! Sûrement pas ! Tous, nous sommes appelés à le devenir, d’ailleurs, à notre Baptême, nous avons reçu l’onction du Saint-Chrême qui nous a configurés au Christ prêtre, prophète et roi. Le Baptême nous a fait prophète, porte-parole. Et vivre comme un porte-parole de Dieu, ce n’est pas un job à temps partiel dans lequel, je pourrais me permettre de dire : à tel moment de ma vie, dans tel secteur de ma vie, je fais attention à vivre en cohérence avec ma foi et pour le reste, je fais ce que je veux ! Non, porte-parole, c’est vraiment un job à plein temps qui nous prend tout entier, on ne peut pas être chrétien seulement à certains moments, seulement dans certaines décisions. C’est dans notre vie de famille, dans notre vie de travail, dans nos loisirs et même dans nos affaires que nous devons choisir de vivre et rayonner la Parole de Dieu.

2° point : Répondre à l’appel de Dieu exige des choix clairs. Oui, puisque devenir porte-parole de Dieu, ça nous prend tout entier, le Seigneur a besoin de personnes qui fassent des choix clairs. Aussitôt appelé, Elisée est tenté de ne pas couper avec sa vie d’avant. Alors, comprenons bien ce que veut nous dire le texte. Evidemment qu’aller saluer son père et lui expliquer son choix de répondre à l’appel du Seigneur, ce n’était pas mauvais en soi. 

Ce que le texte veut dire, c’est que, lorsque nous décidons de devenir porte-parole du Seigneur, lorsque nous décidons de prendre au sérieux notre vie de chrétien qui fait précisément de nous ces porte-parole du Seigneur, alors, il doit y avoir de véritables ruptures dans nos vies et parfois des ruptures douloureuses. Tous les catéchumènes qui témoignent de leur parcours disent que, dans leur vie, y a eu un avant et après, la rencontre avec le Seigneur les a poussés à faire des choix clairs. Parfois à opérer des ruptures dans leurs relations avec des personnes qui les tiraient plutôt vers le bas. Il me semble que c’est ce que le texte veut nous dire quand il nous montre Elie n’acceptant pas la demande d’Elisée qui demande de pouvoir retourner un moment dans sa vie d’avant. 

Et voilà donc, pour nous, un bon moyen de vérifier si nous prenons au sérieux notre mission de chrétien, si nous vivons comme des porte-paroles du Seigneur, posons-nous cette question : quelles ruptures, quels renoncements, au nom de ma foi ai-je déjà été conduit à faire ?  S’il n’y en a pas, c’est le signe que je n’ai encore pas vraiment pris au sérieux l’appel que le Seigneur me lance. Et bien sûr, ça ne sera jamais fini, je devrais toujours chercher lucidement s’il n’y a pas encore des ruptures, des renoncements à choisir clairement. 

Quand il a compris cela, l’attitude d’Elisée est magnifique, il décide d’offrir un sacrifice à Dieu pour bien montrer que c‘est sa vie qu’il offre. Et pour bien manifester qu’il ne veut plus être tenté de revenir en arrière, il immole ses bœufs en brûlant sa charrue : ainsi donc il n’y aura plus de retour en arrière possible ! On peut dire qu’Elie ne s’est pas trompé en choisissant Elisée comme successeur, il a pris un homme au tempérament de feu, comme lui !

Avec tout ce que je viens de dire, je n’ai plus besoin de commenter l’Evangile qui nous invitait à ces mêmes choix clairs, c’est ce que disait l’Evangile : Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons la grâce de poser ces choix clairs et de les tenir !

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