Après la lecture du livre d’Osée, nous commençons la lecture du livre d’Isaïe, du moins, une partie du livre d’Isaïe. Nous ne commençons pas la lecture par le 1° chapitre, mais nous la commençons fort justement par le chapitre 6 qui nous raconte la vocation d’Isaïe, comment Isaïe a entendu son appel. C’est une belle lecture pour la messe de ce 1° jour de retraite.
J’espère que, d’une manière ou d’une autre, dans ces jours, il vous sera donné de faire ou refaire l’expérience qu’Isaïe a pu faire dans le Temple de Jérusalem. Faire cette expérience d’Isaïe, ce n’est pas imaginer que vous verrez des séraphins avec six ailes, les pivots des portes de la chapelle se mettre à trembler et se remplir de fumée. Non, l’expérience d’Isaïe, elle peut se résumer ainsi : Isaïe a expérimenté la grandeur, la sainteté de Dieu. Alors, j’espère vraiment qu’au cours de cette semaine, à un moment ou à un autre, chacun de nous, nous pourrons expérimenter, goûter cette grandeur de l’amour de Dieu.
Peut-être n’y aura-t-il rien de sensible, mais ça ne veut pas dire que l’expérience de l’amour de Dieu ne sera pas faite. Vous vous en rendrez compte dans les jours qui suivent la retraite ou, comme c’est plus souvent le cas, ce sont les autres qui s’en rendront compte en découvrant que vous êtes plus paisible, plus accueillant, plus généreux, plus habité. Donc, tous, d’une manière ou d’une autre, nous voulons faire cette expérience d’Isaïe : être visité par cet amour débordant du Seigneur. Nous le voulons car, tous, nous en avons bien besoin !
Cette expérience n’est pas une sucrerie spirituelle ! Le Seigneur la donne à ceux qu’il veut appeler à travailler de manière plus forte à son service. Voilà ce qu’Isaïe a entendu : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » Le Seigneur nous posera la même question : veux-tu que je t’envoie, veux-tu être mon messager ? A juste titre, il nous arrive de nous inquiéter pour l’avenir quand nous voyons tous les problèmes de notre monde. Mais, face à ces problèmes, le Seigneur ne nous appelle pas à vivre dans des camps retranchés, des réserves que nous pourrions constituer en nous regroupant entre gens bien-pensants. Non ! Le Seigneur nous appelle pour nous envoyer.
Alors, répondons avec la même générosité qu’Isaïe : « Me voici : envoie-moi ! » Et surtout n’ayons pas peur de ne pas être à la hauteur ! Dans la Bible, tous ceux que le Seigneur a appelés ont commencé par lui dire qu’ils n’étaient pas à la hauteur ! C’est ce que dit Isaïe : Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures ! Pour Isaïe, Dieu a fait ce qu’il fallait : l’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. » Pour tous les autres prophètes appelés, il a fait ce qu’il fallait, pour nous, soyons-en sûrs, il agira de même !
Venons-en à l’Evangile, nous continuons la lecture commencée hier et Jésus nous laisse à nouveau entrevoir des perspectives difficiles pour la mission. Dans ces conditions, nous pourrions avoir encore un peu plus peur de dire : « Me voici : envoie-moi ! » Mais il y avait, au milieu du texte, une petite phrase qui peut nous aider à tenir dans l’espérance quelles que soient les difficultés de la vie auxquelles nous serons confrontés. Cette parole a pu nous sembler un peu énigmatique quand nous l’avons entendue : Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre, sans que votre Père le veuille.
Pour comprendre en quoi cette parole peut être d’un grand réconfort, il faut vite que je la retraduise correctement. Je ne suis pas un spécialiste du grec, loin de là, mais je sais le lire et le comprendre, surtout avec l’aide d’un dictionnaire et d’une grammaire ! Eh bien dans le texte grec, ce n’est pas écrit comme cela. Dans le texte grec, il n’y a pas de verbe ! C’est écrit : aucun moineau ne tombe sans votre Père ! Il n’est pas dit que c’est le Père du ciel qui décide de faire tomber les moineaux, il est dit que ces moineaux ne tombent pas sans le Père du ciel. Alors, voilà comment je comprends cette tournure bizarre : C’est comme s’il nous était dit que Dieu accompagnait les moineaux quand ils tombent : aucun ne tombe sans que le Père ne les accompagne pour amortir leur chute, pour les recueillir et les soigner quand ils seront tombés.
Et c’est alors que Jésus rajoute : « Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. » Si le Père du ciel prend un tel soin de vulgaires moineaux en les accompagnant quand ils tombent, à combien plus forte raison, le Père du ciel accompagnera-t-il ses enfants bien-aimés quand ils tombent, quand ils connaissent des chutes et même des rechutes ! Nous pouvons donc être rassurés : nous ne tomberons jamais trop bas, pour que les bras du Père ne puissent plus nous recueillir et prendre soin de nous.
Dieu nous aime tellement qu’il connait même le nombre de nos cheveux et ce n’est pas rien, j’ai eu la curiosité d’aller voir sur internet, nous en avons entre 90.000 et 150.000 ! Alors vous imaginez bien qu’après avoir pris le temps de compter les cheveux de chacun de ses enfants bien-aimés, il ne risque pas de les laisser tomber comme de vieilles chaussettes ! Tout ce que nous aurons à vivre, il le vivra avec nous ; pas un seul instant, il ne nous laissera traverser seuls les épreuves que nous aurons à traverser. Réalisant cela, quand nous l’entendons dire : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » nous pouvons répondre dans la confiance : « Me voici : envoie-moi ! »
Confions à l’intercession de Notre Dame de Laghet ce temps de retraite qui commence, confions-nous à son intercession pour que nous répondions avec confiance : « Me voici : envoie-moi ! »