Semaine du 18 au 23 février

Je mets à jour mon blog le 23 parce que, comme annoncé, je suis allé toute la semaine à Ngozi pour prêcher la retraite des prêtres et d’une part, j’étais bien occupé, d’autre part, je n’avais pas de « routeur » pour assurer la connexion de mon ordinateur ! Donc impossible d’écrire que le blog.

Le départ était prévu à 14h30, nous sommes partis avec un peu de retard mais c’était tout à fait acceptable ! C’est le chancelier de l’évêché qui est venu nous chercher avec un minibus conduit par un chauffeur.
Je dis « nous » car il avait été décidé que 3 membres du Foyer allaient m’accompagner pour cette semaine : Lydwin, Nadine et Josiane.
Pour moi, c’est toujours bon de savoir que je ne suis pas seul dans un lieu où je ne connais personne, je sais qu’elles veilleront sur moi, sur ma santé. Et, surtout, elles prendront en charge toute l’animation des prières, des offices et des messes et je sais aussi qu’elles intercéderont pour que la retraite puisse porter des fruits.
Je commence à connaître cette route, il faut 2h30 au moins pour rallier Ngozi. Josiane supporte mal les nombreux virages, il faut dire que ça secoue un peu dans le mini-bus !

Quand nous arrivons, nous nous installons dans la maison du diocèse qui accueille la retraite. C’est, ce qu’on appelle « une procure » tenue par une communauté religieuse aidée par pas mal d’employés.
On me conduit dans « mes appartements », c’est vrai que je suis très bien installé. Une grande chambre avec salle de bain et un salon attenant pour recevoir les prêtres qui le voudront.

le salon où je peux recevoir les prêtres

Mais assez vite, je vais me rendre compte que le matelas n’est pas bon du tout pour moi qui traine des problèmes de dos depuis quelques semaines. Les deux premières nuits, j’ai beaucoup de mal à dormir. Comme nos trois « soeurs » s’inquiètent beaucoup de moi, je leur dis et elles vont tout faire pour que mon matelas soit changé, on me mettra un matelas « moins mauvais » ! J’étais prêt à me faire un matelas avec les coussins des canapés, tellement la 2° nuit avait été pénible.
Mais, une fois, le problème du couchage réglé restait le problème de la nourriture ! J’appréhendais pas mal et j’avais dit à nos « soeurs » de demander qu’on me serve exclusivement du riz et des carottes à l’eau à tous les repas, là j’étais à peu près sûr ! C’est ce qui a été fait, mais le 1° soir, on m’a servi du poisson que j’ai voulu manger, pensant qu’il était comme à Bujumbura … ce qui n’était pas le cas et j’ai trainé ces problèmes digestifs toute la semaine !

l’équipe des cuisiniers, le poisson dans une bassine au 1° plan !!!

J’ai consommé une dose impressionnante de graines de papaye, mais ça ne suffisait pas à régler le problème. Heureusement, il y avait le petit déjeuner avec les très bons avocats de Ngozi, souvent une omelette, du fromage, du miel et des fruits donc je faisais « mon repas » le matin. Et Josiane veillait à m’apporter tous les jours une mangue après l’enseignement de l’après-midi.
Voilà, ça c’est pour le côté « misères » du prédicateur. J’ai du coup pensé à ce qu’avaient du vivre les premiers missionnaires qui arrivaient sans aucun confort, sans eau très potable, avec une nourriture qui ne leur convenait pas … Ma situation était quand même moins compliquée que ce qu’ils ont dû affronter !

la maison qui nous accueille

Parlons, maintenant de la retraite ! J’avais décidé de prêcher la même retraite qu’aux prêtres de Muyinga, donc, sur le St Curé d’Ars. Ça ne me demandait aucune préparation et, c’était nécessaire car, avec les semaines St Valentin, je n’avais pas le temps de préparer ! Et puis, le St Curé d’Ars, c’est une valeur sûre pour les prêtres ! Je savais qu’aucun des prêtres de Ngozi n’était venu l’année dernière aux retraites que j’avais prêché sur ce thème, donc c’était très bien.
En route, j’apprends que Mgr Gervais sera là pour une partie de la semaine. Mgr Gervais était l’évêque de Ngozi qui a été nommé archevêque de Bujumbura et qui reste administrateur de Ngozi en attendant la nomination de son successeur. C’est lui qui m’avait demandé de prêcher la retraite quand le père Amand m’avait conduit pour le saluer. Je remets sa photo !

Mgr Gervais, quand je suis allé le rencontrer

Quand nous arrivons pour le 1° repas, il m’accueille très chaleureusement, je mange, évidemment à la « table d’honneur » avec lui, le Vicaire Général, le supérieur du séminaire (ici on dit le recteur) le curé de la cathédrale. Il ne veut pas prendre la place centrale et me la laisse pour toute la semaine !
Le soir, il me présente aux prêtres en disant qu’il ne sait pas grand chose de moi, sinon que j’ai accepté tout de suite quand il m’a demandé de prêcher la retraite et que, non seulement, j’ai accepté, mais que je suis venu, car, dit-il, certains promettent devant l’évêque et ensuite ne tiennent pas leurs promesses !
L’évêque ne souhaite ni présider ni prêcher aux Eucharisties car, il remplace le curé de la cathédrale pour une messe matinale afin que le curé puisse profiter de la retraite sans soucis, belle attention ! Mais il est là pour la messe quand même en me disant que les homélies font partie des enseignements et qu’il souhaite donc les entendre.
Les prêtres sont plus de 70, dans ce diocèse, ils tiennent à ce qu’il n’y ait qu’une retraite qui réunissent tous les prêtres en même temps. C’est pour cela que nous n’allons pas au Foyer de Ngozi qui n’a pas une capacité suffisante pour accueillir autant de personnes en même temps.
Comme dans tous les diocèses, il y a pas mal de jeunes prêtres, la moitié du clergé doit avoir moins de 40 ans : richesse … et fragilité aussi !

une partie des prêtres

Je crois que les enseignements « passent bien ». Les prêtres découvrent le St Curé d’Ars, ils en avaient évidemment tous entendu parler, mais finalement ne connaissaient presque rien de lui.
Chaque soir, les membres du Foyer ont préparé un temps de prière. C’est sûr que les prêtres sont un peu étonnés que des femmes soient là et s’occupent de liturgie !

la salle où je donne les enseignements
la partie chapelle de cette grande salle

Comme pour les précédentes retraites, le jeudi en fin d’après-midi, au cours de la messe célébrée, les prêtres sont invités, après la communion, à formuler un merci pour telle ou telle grâce reçue. Je précise que la démarche est libre, on fait circuler un micro. Je me disais que, si la moitié des prêtres prenait la parole, ça serait un succès, ils ont presque tous voulu parler … et parler comme des africains, sans chercher à maitriser leur temps de parole ! Du coup, ça a duré plus d’une heure et nous sommes arrivés, très très en retard au repas !
Mais, il y a eu de très belles prises de parole. Je m’y attendais un peu, j’avais vu dans les entretiens qui m’avaient été demandés et dans les confessions, qu’il se passait quelque chose pour bien des prêtres. Merci Seigneur d’avoir si bien travaillé … chez ceux qui ont accepté de se laisser travailler !
Il y en a, notamment, qui a osé demandé pardon pour la mauvaise opinion qu’il avait des membres de Foyer et que, là, il avait vu et compris, la grandeur de leur mission.
Je pense que c’était bienfaisant pour Mgr Gervais d’entendre tout cela même si c’est son successeur qui va en profiter !

Le vendredi, dernier jour de la retraite est arrivé … je suis content de la perspective de rentrer « à la maison » !
Comme chaque fois, je termine mon dernier enseignement en racontant la mort de ST JM Vianney et, comme chaque foi, je suis très très ému quand je la raconte. J’ai du mal à parler tellement j’ai envie de pleurer. Je vois qu’il est vraiment devenu quelqu’un de très cher pour moi.

Dernier repas. J’ai de très bons échanges avec l’évêque qui me dit combien il est heureux de cette retraite. J’en profite pour lui poser un certain nombre de questions sur le pays, l’Église au Burundi … Finalement, il a tout fait pour pouvoir rester jusqu’au bout ! Le Vicaire Général me dit que pour lui, c’est vraiment la 1° retraite qu’il vit de cette manière, alors qu’il n’est plus tout jeune !
A la fin du repas, il y a les traditionnels discours. L’évêque me remercie chaleureusement. Il me dit en me tutoyant fraternellement : « je devrais t’offrir un cadeau, mais je vais plutôt t’en demander un ! Tu as beaucoup parlé des images que le curé d’Ars utilisait, j’en prends une, moi aussi ! Tu es venu semer dans les coeurs et tu as généreusement semé. Un paysan, quand il a semé, il se tourne vers le ciel pour demander que le ciel apporte la pluie et le soleil nécessaires pour que ce qui a été semé puisse lever et donner de beaux fruits. Je te demande de te tourner vers le ciel en continuant à nous porter dans ta prière et que le ciel réponde à ta prière d’intercession en permettant que ce que tu as semé porte de beaux fruits. Et tu sais qu’un paysan a besoin de retourner régulièrement dans le champ qui a été ensemencé car il faut sarcler, enlever les mauvaises herbes. Alors, on te demandera sûrement de revenir pour sarcler, j’espère que tu répondras favorablement à cette demande ! » Belles paroles !
Ceci dit, je reçois deux cadeaux ! Le premier, l’évêque me dit de le déballer, c’est un cadre-photo avec un montage où on me voit en train d’enseigner avec les prêtres en arrière-fond. Et, on m’offre un 2° cadeau, c’est une belle corbeille du Burundi bien décorée et, là, l’évêque me dit de ne l’ouvrir que, arrivé chez moi ! Elle contient une enveloppe pour me remercier qui m’aidera à aider des personnes nécessiteuses ici.

En partant, le père chancelier nous organise une petite visite de Ngozi, nous passons au marché, mais je n’ai pas fait de photos ! Nous nous arrêtons dans une « oeuvre » du diocèse confiée aux soeurs maristes. Elles recueillent des enfants de la rue et cherchent à leur donner une éducation scolaire, professionnelle et chrétienne.

Une soeur italienne, âgée, qui est au Burundi depuis 50 ans ! Elle parle avec le père chancelier de l’évêché
La soeur responsable qui parle avec Lydwine à gauche et Josiane à droite … les deux membres du Foyer font une drôle de tête car la soeur raconte des histoires compliquées.

Elle nous explique que ce n’est pas toujours facile, ceux qui sont restés longtemps dans la rue et qui se sont drogués ont vécu tellement de traumatismes que la vie commune est compliquée.

Il y a de très jeunes enfants qui nous font une démonstration !

Il y a justement un ancien qui commence à voler de ses propres ailes qui est venu saluer les soeurs

Nous pouvons rencontrer quelques jeunes en train de travailler ou d’apprendre

L’atelier travail du fer où un plus ancien transmet son savoir
L’atelier menuiserie
Et même de jeunes enfants commencent à apprendre à travailler le bois !
la salle de classe !
La petite boutique où est vendue la production et d’autres babioles !

Vraiment c’est une belle oeuvre ! La soeur responsable est à la fois énergique et bienveillante. Elle est déjà venue à Ars et me demande si je connais le fondateur des maristes, Jean-Claude Collin, je lui dis que je le connais et qu’il est même originaire de chez nous ! En effet, il est né à Cerdon et aura été ordonné diacre en même temps que Jean-Marie Vianney.

Après cette visite, nous prenons la route du retour ! Ngozi est la ville natale du président du Burundi. Nous passons devant le palais présidentiel dans lequel il ne vient plus. Nous passons aussi à proximité de la maison qu’il a fait construire pour sa mère.
Le voyage retour est à nouveau éprouvant pour Josiane.
Quand nous arrivons, la communauté est à la chapelle, mais assez vite, quelques membres du Foyer viennent et ce sont toujours des retrouvailles touchantes !
Quant à moi, j’ai vraiment l’impression de me retrouver « à la maison » quand je reviens au Foyer de Bujumbura.
Nuit bienfaisante même si j’ai une insomnie au milieu de la nuit !
Ce samedi, en fin de matinée, j’ai rendez-vous avec Thomas, l’ostéopathe, il me garde une heure trente ! Il faut dire qu’il y a du travail et il masse aussi de temps en temps … et puis, nous parlons tellement que ni l’un ni l’autre nous ne voyons passer le temps ! Il me parle d’un de ses patients qui est cloué au lit avec pas mal de souffrance et me demande si j’accepte d’aller lui donner le sacrement des malades. Il me dit : moi, je fais ce que je peux pour ma partie, mais je sens que, maintenant, il aurait besoin d’autre chose !
Après le repas, très bonne sieste, je dors plus d’une heure, 1° fois que je fais une sieste aussi longue depuis bien longtemps !
Et je passe le reste de l’après-midi à écrire ce blog.
Demain, il y aura à nouveau la messe avec les petites brebis de Jésus, je vais avoir à nouveau le front usé à force de recevoir la bénédiction des enfants !

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