29 janvier : mercredi 3° semaine du Temps ordinaire. Un semeur bien étrange mais qui doit être notre modèle !

Aujourd’hui, je ne commenterai pas la 1° lecture car elle est tout à fait dans le prolongement de celle d’hier, je vais donc m’attarder sur l’Evangile, cette parabole du semeur que nous connaissons bien, peut-être trop bien.

On raconte qu’un jour, un professeur d’université est arrivé devant ses élèves avec un drap blanc au centre duquel il avait fait une petite tache noire avec un feutre. Dépliant le drap, il demande à ses élèves : que voyez-vous ? Unanimes, ils répondent : un drap avec une tache en son centre ! Le professeur leur dit : comme je vous plains, votre esprit est déjà tellement déformé alors que vous êtes encore si jeunes ! Ce drap est blanc à 99,99% et vous, vous ne voyez que le 0,01% que constitue la tache ! C’est terrible, il vous faudra rééduquer votre regard pour que vous appreniez d’abord à voir le positif avant de voir le négatif qui, bien souvent, ne l’emporte pas.

Cette petite parabole pourrait nous aider à mieux accueillir la parabole de l’Evangile. Jésus n’a pas raconté cette parabole pour nous parler des zones dans lesquelles l’évangélisation sera un échec. Mais nous, notre attention est toujours plus attirée par le chemin, le sol pierreux, les ronces que par l’extrême fécondité de cette semence quand elle trouve une bonne terre. Alors, c’est vrai l’explication qui suit peut induire ce glissement. Mais les exégètes sont unanimes, l’explication est un ajout plus tardif, ce qui ne signifie pas qu’il n’est pas inspiré. Mais le texte primitif, c’est la parabole et c’est plus tard, quand l’Eglise a été confrontée à des difficultés, quand l’évangélisation s’est heurtée à des refus que l’explication a été rajoutée. En puisant dans les paroles de Jésus qui avait dû prévenir ses apôtres que la Parole ne rencontrera pas que des cœurs ouverts, l’explication de la Parabole a été rajoutée, insistant plus sur les terrains que sur la puissance de la semence.

Mais vous savez, je crois qu’en écoutant la parabole, les auditeurs de Jésus ont dû se poser deux questions : pourquoi ce semeur gaspille-t-il de la semence ? Où se fournit-il pour que la semence soit capable donner de tels rendements ? Regardons ces deux questions.

A l’époque de Jésus, la plupart des paysans étaient de très petits paysans, quelques moutons et un petit bout de terre où ils essayaient de faire pousser ce qui pourrait nourrir la famille. Dans ces conditions, quand le paysan allait semer, il faisait extrêmement attention de ne rien perdre de la semence qui était si précieuse. Or Jésus parle d’un semeur qui, s’il ne sème pas sur le chemin ou dans le sol pierreux ou encore dans les ronces, n’est pas très vigilant. La semence qui tombe ne l’inquiète pas, peut-être même est-il content de nourrir les oiseaux du ciel et de permettre à la mauvaise terre de pouvoir, ne serait-ce qu’un moment donner du fruit. La semence, c’est la Parole, avec cette histoire, telle qu’il l’a racontée en 1°, Jésus nous invite donc à ne pas être radin, calculateur dans l’évangélisation. Ne disons pas trop vite : inutile d’annoncer la Parole à telle personne, ça ne l’intéressera pas, son cœur n’est pas ouvert. Même un sol pierreux, même des ronces peuvent donner un épi qui ne durera pas, certes, qui ne s’épanouira pas totalement. Mais ce qui aura levé viendra alimenter la mémoire spirituelle et, un jour, cette personne se rappellera que l’espace d’un instant son cœur avait été capable de fécondité et, qui sait, ce souvenir l’encouragera peut-être à une vraie conversion pour devenir une bonne terre. A la suite de St François d’Assise, comprenons bien que c’est là où il y a de la haine qu’il faut semer le pardon, là où il y a la discorde qu’il faut semer l’union … donc là où la terre est ingrate, c’est là qu’il faut semer la Parole. Arrêtons de toujours vouloir faire pleuvoir là où c’est déjà bien mouillé !

L’autre question que les auditeurs se posaient concernait la fécondité de cette semence. Les rendements, à l’époque, étaient bien maigres : 20 grains sur un épi, c’était déjà pas mal ! Alors, 30, 60 et même 100, c’était impensable ! Impensable pour du blé, mais pas pour la Parole du Seigneur ! C’est en raison de cette extrême fécondité de la Parole que Jésus nous invite à être des semeurs généreux, audacieux. Arrêtons de regarder les 3 zones d’échec et comme je l’ai dit, d’échec relatif ou momentané pour fixer notre attention sur ces 3 promesses de fécondité qui boosteront notre ardeur à évangéliser.

Enfin, je termine en soulignant le début de la parabole : le semeur est sorti pour semer. Il ne viendrait jamais à l’esprit d’un semeur d’ouvrir la fenêtre de sa maison, d’appeler son champ en lui disant : si tu veux être ensemencé, approche-toi et si possible, viens à des horaires qui m’arrangent ! Pour semer, il faut sortir, aller sur le terrain. C’est ce à quoi le pape François ne cesse de nous appeler en nous invitant à vivre et à construire une Eglise en sortie. Chers frères prêtres, ne soyons pas des hommes de bureau, même s’il nous faut bien y passer un peu de temps, ne soyons pas seulement des hommes d’organisation, mais surtout d’évangélisation, sortons ! Saisissons toutes les occasions qui nous sont données dans la célébration des Funérailles qu’il ne faut pas totalement délaisser, dans la célébration des mariages et des Baptêmes, nous rencontrons souvent, à ces occasions des cœurs qui ressemblent à des terres ingrates, semons avec passion, sans restrictions et laissons le Seigneur faire son œuvre.

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