Le passage de la lettre aux Ephésiens que nous avons lu dans la 1° lecture fait souvent grincer les dents des femmes qui n’aiment pas forcément entendre, et on les comprend, ces paroles de Paul : femmes, soyez soumises à vos maris ! Et, comme si ça ne suffisait pas, Paul rajoute que, pour la femme, le mari est la tête, en latin « caput » qui a donné chef ! C’est sûr que dans nos mentalités occidentales de telles paroles ne sont plus audibles. Alors, que faire ? Mettre ce passage à la poubelle ou chercher à le comprendre ? Evidemment, nous ne pouvons pas le mettre à la poubelle car il fait partie de la Parole de Dieu, il nous faudra donc chercher à le comprendre !
D’abord, il convient de dire que Paul était un homme de son temps et de sa culture. Or, à cette époque, dans cette culture, personne -pas même les femmes- n’était choqué d’entendre qu’une femme devait être soumise à son mari parce qu’il était son chef. En reprenant ces paroles, Paul ne fait que redire ce que tout le monde disait ! Pourtant, dans ce passage, il va dire quelque chose d’absolument révolutionnaire pour son époque dans le rapport homme femme. Il va introduire ce qu’on pourrait appeler la réciprocité et donner un modèle libérateur de soumission et d’amour.
Commençons par la réciprocité. Si Paul dit : Femmes, soyez soumises à vos maris, il rajoute immédiatement : et vous, les hommes, aimez votre femme ! Alors, ça, même si ça peut nous étonner, c’était vraiment révolutionnaire. En effet, dans l’histoire du mariage en occident, c’est assez récent que les conjoints recherchent l’amour. Avant, le couple était d’abord le lieu de la sécurité pour la femme qui était entretenue financièrement par le travail de son mari, mais aussi pour le mari qui trouvait son repas préparé et sa maison tenue. Bien évidemment, le couple était aussi destiné à mettre au monde des enfants. Dans cette perspective, il n’était pas question d’amour, ceux qui le trouvaient dans leur couple étaient bien chanceux, la plupart allait le chercher ailleurs ! Comme vous pouvez le conster, Paul était bien en avance sur son temps en exigeant que l’homme aime sa femme.
Mais ce n’est pas tout, Paul va donner, en plus, un modèle de soumission et d’amour. Aux femmes, il dit : soyez soumises à vos maris comme l’Eglise est soumise au Christ. Et aux hommes, il dit : aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle. Avec ces paroles, il n’y a plus de doute possible : la soumission de la femme à son mari ne sera plus une soumission servile, une soumission vécue dans la peur ; la domination du mari qui est le chef ne sera plus une domination despotique. La référence pour la femme comme l’homme, c’est le rapport du Christ à l’Eglise. L’Eglise se soumet au Christ par amour et pour grandir toujours plus dans l’amour car c’est aussi dans l’amour que le Christ se livre pour elle.
C’est dommage que ce texte fasse peur aux fiancés et qu’il ne soit plus choisi pour les mariages, ça serait l’occasion de faire une belle catéchèse sur le respect dans le couple et, aujourd’hui, il y en aurait bien besoin !
Quelques mots sur l’Evangile ! Ces deux petites paraboles de Jésus sont très belles, elles nous aident, toutes les deux, à comprendre une réalité essentielle : si nos initiatives pastorales portent du fruit, ce n’est pas d’abord en raison de nos efforts, de notre savoir-faire, mais c’est grâce à la puissance de la Parole que nous annonçons. Même un mauvais jardinier est capable de faire pousser une plante s’il a une bonne semence et une terre fertile ! Même une mauvaise cuisinière est capable de réussir une bonne pâte à pain si elle utilise de la bonne levure dans de la bonne farine. Dans les deux cas, la réussite ne dépend pas d’abord du jardinier u de la cuisinière mais de la puissance de vie contenue dans la graine et dans la levure.
Alors, bien sûr, une bonne graine mise entre les mains d’un bon jardinier donnera sans doute une plus belle plante. De même de la bonne levure ayant fait gonfler une bonne pâte donnera une très bonne recette si c’est une bonne cuisinière qui s’en occupe.
Nous le voyons, notre part n’est pas niée, nos charismes ne sont pas ignorés mais, avec ces deux paraboles, Jésus nous rappelle que nous ne devons pas nous attribuer indûment les réussites que peuvent connaître nos initiatives pastorales, c’est d’abord la puissance de la Parole qui explique ces réussites. C’est une invitation, pour nous à nous tenir dans l’humilité mais aussi dans la foi. Ce sont ces deux attitudes que nous demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet.
Merci Père pour votre commentaire sur St Paul que j’aborde du coup avec un nouveau regard. Le but pour le couple est élevé ! Mais attirant…
Pour l’évangile, j’avais celui de Jésus qui fermera la porte à certains et je trouve cela dur à entendre (Luc 13, 22-30. C’est pour lui surtout que je venais chercher votre commentaire !