10 février : jeudi 5° semaine temps ordinaire Dieu ne peut effacer les conséquences de notre péché …. la complicité de Jésus avec cette femme dialogue plein de « clins Dieu » !

(Homélie messe retraite avec les collégiens)

Je commence par la 1° lecture que nous avons entendue. Rappelez-vous, hier Salomon épatait la reine de Saba par sa sagesse, il faisait notre admiration parce qu’il s’occupait de ses serviteurs en les habillant très bien. C’est ce que nous avait fait remarquer le père Guillaume. Un roi presque parfait, ce Salomon ! Eh bien, aujourd’hui, on n’est plus du tout dans la même situation. On a entendu la liste de tous ses péchés et on a entendu les paroles pas tendres du tout que Dieu lui adressait. A partir de là, je voudrais souligner deux points.

1. Méfions-nous quand nous croyons que nous sommes devenus quelqu’un de bien et que les autres nous le disent. Il est possible que ça ne dure pas si nous nous relâchons et c’est bien ce qui est arrivé à Salomon. Pour être reconnu comme quelqu’un de bien, il faut vivre dans l’amour. Vous savez l’amour, pour en parler, on prend souvent l’image d’un feu. L’amour brûle en notre cœur, comme un feu. Or, vous le savez bien, le feu, il meurt si on ne l’entretient pas, eh bien, l’amour c’est pareil. Salomon, il a cru qu’il était arrivé, qu’il était le meilleur et il a oublié d’entretenir l’amour ou plutôt, il a glissé vers un amour égoïste, c’est ce que disait le texte. Il n’était plus préoccupé par l’habillement de ses serviteurs mais il était préoccupé de plaire à ses concubines. L’amour ça s’entretient comme un feu, autrement il s’éteint et quand il est éteint, on peut très vite dégringoler dans une vie pas très belle voire carrément mauvaise.

2/ Le 2° point que je veux aborder concernant cette 1° lecture, c’est l’attitude de Dieu. Vous avez entendu, Dieu n’est pas tendre avec Salomon et c’est normal, il essaie de le réveiller pour le ramener sur le bon chemin. Parce qu’il nous aime, il arrive que Dieu nous secoue, nous aussi, pour nous réveiller s’il voit qu’on n’entretient pas le feu de l’amour. Mais ce qui pourrait nous choquer, c’est que Dieu annonce une punition pour Salomon : puisque tu t’es mal comporté, ça va mal se passer pour toi, enfin surtout pour tes fils. Alors, est-ce que Dieu punit ? Non, Dieu pardonne. Mais alors pourquoi l’entend-on dire à Salomon que ça va mal se passer ? Eh bien parce que Dieu ne peut pas empêcher que nos actes mauvais aient des conséquences mauvaises. Si je casse volontairement la jambe d’un gars avec qui ou contre qui je joue au foot, ce gars peut me pardonner, Dieu peut me pardonner, mais la jambe reste cassée ! C’est pour cela qu’il ne faut pas se laisser gagner par le mal parce que ça met le bazar dans nos vies et autour de nous et tout n’est pas toujours facile à récupérer. 

Venons-en à l’Evangile. Il fait suite au texte d’hier, vous vous rappelez le père Guillaume nous a expliqué que Jésus était en grande discussion avec les big-boss de la religion sur cette question du pur et de l’impur : qu’est-ce qui est bon, qu’est-ce qui est mauvais, qu’est-ce qui me tire vers le haut, qu’est-ce qui me tire vers le bas.

On a vu qu’à cette époque, les gens pensaient qu’il y avait des aliments impurs qu’il fallait éviter. Jésus leur avait répondu que ce qu’il fallait surtout éviter, c’était de laisser rentrer dans notre cœur des pensées mauvaises qui finiraient tôt ou tard par être à l’origine d’actes mauvais. Mais certains allaient encore plus loin, ils disaient que non seulement, il y avait des aliments impurs, mais qu’il y avait aussi des personnes impures. Par exemple, les lépreux étaient considérés comme impurs, eh bien Jésus a voulu montrer que ce n’était pas vrai, c’est pour cela qu’il allait vers eux, parlait avec eux, les touchait, les guérissait. 

Mais il y en a qui allaient encore plus loin en pensant que ceux qui étaient étrangers, ceux qui n’avaient pas la même religion qu’eux étaient impurs, mauvais, infréquentables. Eh bien, dans cet évangile, Jésus a voulu montrer que ce n’était pas vrai, c’est pour cela qu’il a passé la frontière de son pays pour aller dans le pays de Tyr, au Nord, là où il y a le Mont Hermon, c’est le Liban actuel. La preuve que les étrangers, ceux qui sont d’une autre religion ne sont pas impurs, ne sont pas mauvais, c’est qu’il va chez eux et rentre dans leurs maisons. On ne sait d’ailleurs pas bien pourquoi il est rentré dans cette maison. Il aurait aimé que ça ne se sache pas … mais quand Messi va au restau tous les alentours sont au courant et quand le Messie entre dans une maison, c’est pareil !

Maintenant dans cette maison, il va se passer quelque chose d’assez étonnant qui est difficile à comprendre si on ne réfléchit pas suffisamment. Une femme vient lui demander de guérir sa petite fille, c’était pas une grand-mère qui lui parlait de sa petite fille ! C’était une maman qui avait une fille très jeune et très malade. D’habitude Jésus craque tout de suite quand on lui parle de quelqu’un de malade, il guérit. Eh bien là, pas du tout et même pire, il semble remballer cette femme en lui adressant des paroles un peu choquantes puisqu’il la compare à un petit chien !

S’il y a une chose qui est sûre, c’est que Jésus ne peut pas mépriser une personne, il est venu sauver tous les hommes. Son Père lui a donné comme mission qu’aucun être humain ne soit perdu. Il ne peut donc pas rejeter cette personne. Il veut juste lui faire comprendre que le Salut qu’il est venu apporter à tous les hommes se répandra à partir du peuple juif. Lui-même, Jésus est juif et il est venu pour tourner le cœur de ses compatriotes vers Dieu afin qu’ils puissent répandre autour d’eux le Salut qu’il est venu apporter. J’espère que ce n’est pas trop compliqué !

OK me direz-vous, mais alors pourquoi traite-t-il cette femme de petit chien ? Eh bien, de manière assez étonnante, j’ai l’impression qu’il y a comme une complicité qui s’est installée entre eux dès leur premier regard. Jésus a tout de suite été touché par la demande de cette femme et il sait qu’elle a dû faire un gros effort pour venir le voir car elle savait qu’habituellement les juifs comme lui ne fréquentaient pas les étrangers et encore moins une femme. Mais elle a tout risqué pour sa fille et Jésus doit en être profondément bouleversé. Alors, il y a comme un dialogue complice qui s’installe entre eux avec plein de « clins Dieu » ! Jésus lui rappelle ce qu’elle sait très bien, il est venu d’abord pour les juifs et pour le lui rappeler, il fait exprès de prendre cette image des petits chiens : il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. Pourquoi il fait exprès ? Parce que Jésus aimait les enfants et qu’il les avait observés, il sait que les enfants aiment donner à manger sous la table aux petits chiens, je suis sûr que vous l’avez déjà fait ! C’est donc comme si Jésus lui disait : tu brûles les étapes en me demandant ce miracle, mais ne t’inquiète pas les petits chiens trouvent toujours un enfant qui leur donne à manger. Et, moi, qui suis le Fils du Dieu-Père qui n’est qu’amour, je serai cet enfant-là. Et la femme lui montre qu’elle a reçu le message 5/5 en lui répondant : je sais que sous la table, il y a, au minimum, des miettes qui tombent pour les petits chiens et une miette de ton amour, c’est largement suffisant pour guérir ma petite fille.

C’est donc une étrangère qui, aujourd’hui, nous donne une si belle leçon de foi ! Merci Seigneur de mettre sur nos routes toutes ces personnes au profil par fois étonnant qui nous aident à marcher sur le chemin de la foi et à entretenir le feu de l’amour.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen !
    Merci pour l’épisode des « Feux de l’amour » !!! (Le générique en moins…)
    😀

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