18 août : quand Jésus parle haut et fort

Ça, on peut dire que Jésus, quand il a quelque chose à dire, il a l’art des trouver les mots pour le dire ! Et ce n’est pas d’abord le célèbre aphorisme de Boileau qui en est l’explication : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément.» Non, ce n’est pas l’explication ! Si Jésus trouve toujours les bons mots, c’est parce qu’il est le Verbe de Dieu et c’est pour cela que sa Parole est si juste et percutante. 

Du coup, il ne faudra jamais interpréter ses paroles comme des jugements, des condamnations. Par exemple, dans cet évangile, les riches en prennent pour leur grade, dans d’autres passages, ce sont les pharisiens et tous les légalistes. Mais jamais Jésus ne cherche à les condamner, même quand il utilise à leur encontre des termes très durs comme celui d’hypocrite. Parce qu’il est le Verbe de Dieu, toute parole qui sort de la bouche de Jésus est une parole d’encouragement. Il parle, nous dit l’Evangile, avec autorité, c’est-à-dire, selon l’étymologie du mot « autorité » pour faire grandir. Il a résumé clairement la mission que le Père lui a confiée : la volonté de mon Père, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés. Aucun, c’est clair ! C’est donc quand il voit quelqu’un en train de se perdre que Jésus va chercher les paroles les plus percutantes pour le réveiller comme on chercherait à réveiller quelqu’un qui s’est endormi au volant et qui risque de mourir.

Le texte que nous entendons ce matin fait immédiatement suite à celui d’hier avec ce jeune homme qui, justement va à sa perte, qui s’est endormi au volant de sa vie. Et ce qui provoque cet endormissement, ce qui l’a anesthésié, un peu plus, jour après jour, ce sont sûrement ses grands biens. Voilà un homme qui avait tout pour être heureux, il avait de l’argent et, en plus, cerise sur le gâteau, il était un religieux zélé qui accomplissait la loi. Il avait tout pour être heureux, mais il ne l’était pas et c’est pour cela qu’il est allé trouver Jésus. Hélas, nous dit l’Evangile, il est reparti avec sa tristesse parce qu’il a refusé d’entendre la parole de Jésus qui l’invitait à se désencombrer de manière assez radicale.

Jésus a dû être profondément accablé par sa tristesse. Il est venu pour qu’aucun de ceux que le Père lui a donné ne se perde et voilà que ce jeune homme, endormi au volant de sa vie, anesthésié par ses richesses, court à sa perte et s’englue dans une tristesse dont il ne sortira plus à moins qu’on ne trouve le moyen de le réveiller vraiment. Peut-être, ce jeune homme était-il encore dans les parages quand Jésus a prononcé les paroles que nous venons d’entendre car, je le répète, ce texte suit immédiatement celui d’hier. La traduction de liturgie a fait une mauvaise introduction en disant : « En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples. » Cette introduction semble montrer qu’entre hier et aujourd’hui, on est passé à autre chose ! Non, le texte grec, lie les deux passages : alors Jésus dit à ses disciples. Et j’imagine qu’il a parlé fort, bien fort, pour qu’il n’y ait pas que les disciples qui entendent. Et il a parlé d’autant plus fort que le jeune homme ne devait pas être encore très loin. La tristesse vous coupe les pattes, elle vous empêche d’aller très vite, très loin !

Alors, très fort, avec toute la conviction de son amour venu pour qu’aucun ne se perde, Jésus dit : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » Ce n’est pas que Dieu ou Jésus n’aimeraient pas les riches, c’est que ce n’est pas possible pour un riche d’entrer dans le Royaume. Jésus ne fait pas une leçon de morale visant à exclure du Royaume ceux qui auraient un comportement déviant. C’est tout le contraire, il invite largement à entrer dans le Royaume et comme il veut que personne ne reste à la porte, il énonce clairement comment ça se passe, justement pour que personne ne soit coincé au dernier moment. Et coincé, c’est bien le bon mot, ailleurs, il parlera d’une porte étroite, ici, l’image est encore plus suggestive : « Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. »

On peut facilement imaginer que Jésus n’était pas un pro de la couture, ce n’est donc pas à la couture qu’il emprunte cette image. Le trou d’une aiguille, c’est le nom qu’on donnait à certaines portes basses dans les villes qui empêchaient les chameaux d’entrer. Il aurait fallu, pour que le chameau puisse passer qu’il se mette à genoux, mais comment aurait-il pu avancer ? Donc, les secteurs où on ne voulait pas de chameaux étaient délimités par des portes basses qu’on appelait des trous d’aiguille. Voilà à quoi ressemble l’entrée du Royaume, c’est une porte basse, seuls les humbles qui ont l’habitude de se mettre à genoux pourront y entrer. Seuls les petits, les pauvres que la vie a mis à genoux pourront y entrer. Encore une fois, ni Jésus, ni le Père du ciel ne cherchent à exclure, au contraire, ils préviennent pour qu’on ne se fasse pas prendre et qu’on reste coincé, empêché d’entrer. En prononçant ses paroles, Jésus nous invite à nous entrainer à nous mettre à genoux, à nous faire petit, pauvre, humble pour pouvoir entrer.

Or, ça les riches ne savent pas, ne peuvent pas le faire. Qu’il s’agisse des riches de richesses matérielles ou des riches qui sont sûrs d’eux, qui font briller leurs bonnes œuvres. Dans un autre passage, Jésus dira : vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent. Il ne dit pas : vous ne devez pas, mais vous ne pouvez pas, ce n’est pas possible. 

Puissions-nous entendre cette parole que Jésus prononce haut et fort pour qu’il n’y ait pas que les disciples qui en profitent. Quelles sont les richesses matérielles ou spirituelles qui m’encombrent dont je dois apprendre à me délester pour ne pas rester coincé dans la porte étroite ? Est-ce que j’apprends suffisamment à me mettre à genoux, renonçant, comme le disait le prophète Ezéchiel, à me prendre pour Dieu, à tout décider de ce qui doit m’arriver et qui doit arriver au monde. Est-ce que j’ai assez d’humilité devant les événements, face aux autres ? 

Seigneur Jésus, toi qui t’es fait si petit et qui te fait encore si petit dans l’humble signe du pain, nous avons tant besoin que, de l’intérieur, tu viennes nous apprendre à vivre comme des petits en nous désencombrant chaque jour un peu plus. Notre sœur Lucienne que nous accompagnerons cette après-midi faisait partie de ces pauvres qui ne s’accrochent à rien et la maladie lui a encore permis d’offrir les dernières richesses auxquelles elle aurait encore pu s’accrocher. Elle est partie désencombrée, accueille la et qu’elle veille sur nous, sur notre communauté pour que nous puissions témoigner que tu es, Seigneur, notre seule et vraie richesse et que tout ce à quoi nous accrochons désespérément nous plongera inévitablement dans la tristesse.

Cet article a 5 commentaires

  1. Adéline

    Amen !!!

    J’aime beaucoup votre expression rigolote (et on ne peut plus sérieuse !): se désencombrer….

  2. ANGE Barbara et Emmanuel

    . ….AMEN……

  3. Wilhelm Richard

    Je ne comprends pas les commentaires. Vous parlez de amène alors qu’il faut se désencombrer !!!!!!

    1. ANGE Barbara et Emmanuel

      Hi,hi,hi..sacré Richard..toujours plein d’hu..amour….

  4. Franchellin Jean Marc

    Ce n’est pas ce que nous avons qui est important, mais ce que nou5en faisons.

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