21 août : 21° dimanche temps ordinaire. Le passage par la porte étroite, une invitation à faire fondre nos graisses spirituelles !

Si on faisait un petit sondage pour demander aux personnes qui vont à la messe : selon vous, dans quelle partie de la Bible, Dieu apparait-il comme étant le plus proche des hommes, avec un visage le plus miséricordieux ? Evidemment, la plupart des personnes répondraient : dans le Nouveau Testament ! Eh bien, aujourd’hui, ça semble être le contraire ! Dans la 1° lecture, nous avons entendu Dieu exprimer, par la bouche du prophète Isaïe, sa volonté de déployer un Salut universel qui puisse vraiment rejoindre tout le monde, comme moi, vous avez entendu ces paroles : « Moi, dit Dieu, je viens rassembler toutes les nations, de toutes les langues. » C’est clair ! Alors que, dans l’Evangile, Jésus, lui qui d’habitude a des paroles plus douces que celles du Premier Testament va dire : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. » Et, comme si ça ne suffisait pas, il continue en précisant que Dieu, à un moment donné, fermera la porte et restera sourd aux cris de ceux qui le supplieront de le laisser entrer.

Comment pouvons-nous comprendre cela ? Parce que, ce n’est pas possible d’imaginer que Jésus soit venu pour mettre des limites à la miséricorde de Dieu, à son projet de Salut universel. Non, ça ce n’est pas possible ! D’ailleurs, le soir du jeudi saint, quand il donnera sa vie, avant qu’on ne la lui prenne, en présentant la coupe, Jésus dira que ceci est le sang de l’Alliance versé pour vous, bien sûr, mais aussi pour la multitude. Ces paroles que nous entendons à chaque Eucharistie nous empêchent de mettre une quelconque limite à la miséricorde de Dieu, à sa volonté universelle de Salut : Jésus a versé son sang pour la multitude. Aucune personne, aucune catégorie de personnes, aucune race, aucune religion ne peut être, à priori, exclue de l’accolade du Père, selon cette magnifique expression du saint pape Jean-Paul II. Alors, comment comprendre les paroles de Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui ?

Comme je l’ai dit, Jésus ne remet évidemment pas en question la volonté universelle de Salut de Dieu, son Père, il précise simplement que pour entrer dans le Royaume, la porte étroite. Ce qui, de fait, signifie que tout le monde ne pourra pas entrer. Que ceux qui, comme moi, ont quelques X de trop dans la taille des vêtements qu’ils achètent, ne s’inquiètent pas. Nous aurons déjà eu assez de problèmes sur cette terre, ce n’est pas nous que vise la porte étroite, enfin ce ne sont pas nos x de trop qu’elle vise car, nous pouvons, quand même être visés. Pour passer la porte étroite, ce qui sera handicapant, ce n’est pas le gras physique, mais la graisse spirituelle. Un prêtre avait jadis écrit un livre pour le carême, un livre au titre évocateur : « 40 jours pour faire fondre notre graisse spirituelle ! » Quelle est donc cette graisse spirituelle qui pourrait nous mettre en situation difficile au moment où nous aurons à paraitre devant le Seigneur, nous empêchant de passer par la porte étroite ?

Eh bien, c’est la graisse des privilèges, des mérites que nous pensons avoir accumulés. C’est bien ce que disent, dans l’Evangile, ceux qui sont recalés : « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. » Si on voulait actualiser, on pourrait dire : Nous avons participé chaque semaine et, peut-être même, chaque jour à la messe, nous avons prié le chapelet fidèlement, nous avons fait une retraite chaque année, nous avons aidé nos voisins dans la galère et même accueillis des ukrainiens, nous avons aussi donné notre participation au Denier de l’Eglise, et encore mis quelque chose dans les troncs prévus à cet effet à chaque fois que nous venions à la messe à Tressaint, nous avons pris une semaine sur nos vacances pour encadrer la retraite des lycéens … bref, nous avons tout bien fait, comment pourrais-tu ne pas te lever pour rouvrir, pour nous, cette porte que tu viens de fermer ? Si nous avons vraiment fait tout cela, il n’y a pas de doute, le Seigneur est sûrement très content de nous. Mais pour autant, ça ne nous donne pas un ticket d’entrée pour le Royaume ! Mais alors, que faut-il faire de plus encore ?

Rien ! Rassurez-vous, il n’y a rien de plus à faire ! Il n’y a rien de plus à faire car tout a été fait par Jésus. Je ne me lasserai jamais de rappeler cette parole si puissante du père Cantalamessa, le prédicateur de la maison pontificale qui disait : Toutes les religions vous diront ce qu’il faut faire pour être sauvé ou parvenir à l’illumination, le christianisme est la seule religion qui vous dira ce que Dieu, en Jésus, a fait pour vous sauver. Tout a été fait, en donnant sa vie pour la multitude, Jésus a fait tout ce qu’il fallait. Désormais, nous n’avons plus à vivre dans l’angoisse en notant soigneusement nos bonnes actions et en vérifiant chaque semaine si ce matelas de bonnes actions suffira pour nous ouvrir les portes du paradis. Plus d’angoisse, ce qui devait être fait, Jésus l’a fait pour nous. Et, désormais, si nous faisons de bonnes actions, ce n’est pas pour être sauvés, mais parce que nous sommes sauvés. Nos bonnes actions sont l’expression de notre gratitude à l’égard de Dieu pour tout ce qu’il a fait, en Jésus, pour nous sauver. 

Seulement voilà, il y en a qui n’acceptent pas que tout soit gratuit, ils tiennent absolument à leurs bonnes actions parce qu’ils espèrent être mieux placés que ceux qui n’auront rien fait ou pas fait grand-chose. Ils espèrent que leurs mérites seront valorisés par un placement en zone VIP au Royaume éternel. Et c’est cela qui leur donne une graisse spirituelle absolument rédhibitoire pour passer la fameuse porte étroite, celle qui oblige à se dépouiller de tout pour n’être revêtu que par la miséricorde du Seigneur. A son époque, Jésus a dû ferrailler pas mal avec tous ceux qui étaient gras d’un point de vue spirituel, les pharisiens, les scribes, les docteurs de la Loi. Nous avons tous en tête cette parabole que Jésus raconte et il n’a pas dû forcer son imagination pour la trouver car il a été si souvent témoin de telles scènes : deux hommes montent prier au Temple, un pharisien et un publicain. Le publicain prie, un peu caché et honteux, bien conscient qu’il ne mérite rien, sinon la condamnation en raison de sa vie si peu vertueuse. Mais il est venu prier parce qu’il est habité par la soif d’une vie autre, par la soif d’être visité par un amour qui ne le juge pas. Le pharisien, lui prie de manière très ostentatoire et sans doute plus fort qu’à voix basse pour que tout le monde entende bien quand il dit qu’il n’est pas comme cette crapule de publicain et quand il énumère ses bonnes actions. En fait, il n’est pas venu prier, rencontrer Dieu, il est venu faire admirer par Dieu le compte en banque de ses bonnes actions qui lui ouvriront forcément les portes de l’éternité. 

Jésus a de la miséricorde pour ce pharisien et pour tous ceux qui sont comme lui car il a donné sa vie aussi pour eux, ils font bien partie de la multitude pour laquelle Jésus a versé son sang. Alors, c’est sans doute par miséricorde pour eux et pour tous ceux qui, à leur suite, seront comme eux que Jésus parle de cette porte étroite. Il veut inviter au régime tous ceux qui risquent de rester coincés en raison de cette graisse spirituelle accumulée à chaque fois qu’ils ont compté sur leurs mérites, à chaque fois qu’ils ont aimé montrer tout ce qu’ils faisaient de bien, à chaque fois qu’ils se sont présentés devant Dieu pour se mettre en valeur en dénigrant ceux qui n’étaient pas à leur hauteur.

Oui, Dieu veut tous nous sauver et c’est pour cela qu’il a envoyé Jésus et Jésus a fait le job, il a fait ce qu’il fallait faire. Mais tous, nous serons soumis au test par la porte étroite qui nous obligera à laisser tomber ce dont nous avons pu être le plus fiers. Pour ne pas nous retrouver trop désemparés, le moment venu, commençons dès maintenant ce régime qui nous invite à nous dépouiller de tous nos mérites, particulièrement de ceux dont nous sommes les plus fiers, pour ne nous laisser recouvrir que par la miséricorde infinie du Seigneur. Rappelons-nous toujours que tout ce que nous faisons de bien, ce n’est pas pour être sauvé, mais parce que nous sommes sauvés, c’est juste de la gratitude à l’égard de Celui qui a tout fait pour nous.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen ! Union de prières depuis Paray-le-Monial. Bonne fête de Marie « Reine », aujourd’hui !

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