25 mars : Fête de l’Annonciation Marie, son pèlerinage dans la foi et le nôtre.

C’est quand même une belle grâce que de pouvoir commencer ce week-end des équipes Notre-Dame en célébrant la fête de l’annonciation. Je ne sais pas si les organisateurs ont calculé pour qu’il en soit ainsi, mais pour les équipes Notre-Dame cette fête de l’annonciation est forcément parlante. Maintenant, cette grâce a aussi un coût, c’est le week-end où nous changeons d’heure, ce qui signifie que vous dormirez 1h de moins !

Quand je parle de la Vierge Marie, j’aime bien citer cette confidence de Thérèse de Lisieux que les membres de la communauté m’ont déjà souvent entendu citer, qu’ils m’en excusent. Mais, ce week-end, je suis d’abord là pour vous membres des équipes Notre-Dame ! Quand elle sera bien souffrante à l’infirmerie, Thérèse dira à sa sœur Agnès : Je n’ai pas souvent entendu de sermon sur la Vierge Marie qui m’ait plu ! Et pourquoi donc Thérèse n’aimait pas les prédications de son temps ? Simplement parce que ces prédications avaient tellement exalté Marie, l’avait tellement mise sur un piédestal avec des titres tous plus pompeux les uns que les autres que ces prédications avaient fini par éloigner Marie du Peuple chrétien. Je crois que Thérèse posait, à son époque, un très bon diagnostic. Mais, ce n’était pas forcément propre à son époque ! Pour aider à sortir de cette impasse, elle dira : « J’ai entendu tant de choses sur la Sainte Vierge qui la rendent inabordable, alors qu’il faudrait la rendre imitable. » Et elle aimait ajouter : « Marie est plus Mère que Reine. » 

Cette mise en garde de Thérèse, elle me parle. Parce que virgule figurez-vous, pendant un certain nombre d’années je n’ai pas été attiré par les équipes Notre-Dame. Quand j’en entendais parler, je me disais ça doit être des équipes un peu nian-nian où on dit le chapelet en partageant des considérations pieusardes ! C’est terrible de juger comme cela sans connaître et même sans chercher à connaître ! C’est une confession publique que je fais ! Mais, par la suite je me suis bien racheté puisque j’ai accompagné en même temps 2 équipes Notre-Dame et que j’ai été pendant plusieurs années le conseiller spirituel de l’équipe de secteur ! Mais revenons à Thérèse et à la vigilance à laquelle elle nous appelle.

En ce jour de l’Annonciation, Il me faudra donc être particulièrement vigilants Pour que ma prédication ne tombe pas sous le coup de sa critique. En effet, ce jour de l’annonciation marque le début de ce processus inouï par lequel Dieu a décidé d’abolir les frontières qui éloignaient la divinité de l’humanité. Le oui de Marie va faire tomber cette frontière puisque, en son sein, Dieu se fera homme. Alors, il serait pour le moins incongru, de parler de Marie en des termes qui l’éloignent de notre humanité ! Il me semble d’ailleurs que l’Evangile de l’Annonciation et particulièrement sa finale abrupte devrait nous y aider. C’est pourquoi dans mon homélie, je choisis de ne commenter que le dernier verset de ce texte : « alors l’ange la quitta ! » C’est un verset que je commente souvent dans la dernière prédication des retraites que je prêche.

Contrairement à ce que certaines prédications un peu ampoulées pouvaient laisser croire, le quotidien de la Vierge Marie ne ressemblait pas au dessin animé de Blanche neige ! A Nazareth, il n’y avait pas l’ombre d’un balai magique qui aurait fait le ménage tout seul, uniquement manœuvré par l’archange Gabriel qui aurait décidé d’assurer le service après-vente ! Gabriel étant lui-même aidé par d’autres anges qui faisaient la vaisselle, la lessive, la cuisine ! Bon, ça, c’est pour sourire, mais, plus sérieusement, il n’y avait pas d’ange pour faire son travail à sa place et surtout, pas d’ange pour lui souffler en permanence des conseils divins pour lui indiquer ce qu’elle devait dire ou ce qu’elle devait faire ! Le texte de l’Annonciation se termine par cette mention qui n’est pas du tout une figure de style mais qui décrit plutôt ce que sera le quotidien de la vie de Marie : l’ange l’a quittée. C’est-à-dire qu’elle devra vivre son quotidien, comme nous, dans la foi. Certes, elle a été épargnée du péché originel, mais elle n’a pas été épargnée de devoir se comporter comme tous les autres croyants, en vivant dans la foi.

Vous savez peut-être qu’au concile Vatican II, il y a eu d’âpres débats pour savoir comment serait présentée la Vierge Marie. Certains évêques souhaitaient un texte à part qui définirait Marie comme co-rédemptrice de l’humanité. Chez eux, la mariologie virait à la « mariolâtrie. » Finalement, comme il se doit, le Saint-Esprit qui accompagnait les débats et la rédaction des textes, va nous offrir une réflexion extrêmement équilibrée et pertinente sur la place de Marie dans l’histoire du Salut. Ce qui est très intéressant, c’est que le concile ne traitera pas de la place de Marie dans un texte à part, mais en la situant dans sa grande réflexion sur l’Eglise. Et au détour de cette présentation, le concile utilisera une expression qui me semble être l’un des plus beaux commentaires de ce dernier verset du texte de l’Annonciation. On trouve cette expression au n°58 de la constitution Lumen Gentium qui traite donc de l’Eglise et les Pères conciliaires vont parler de sa vie comme d’un « Pèlerinage dans la Foi. » Ça, assurément, ça aurait plu à Thérèse de Lisieux parce que ça n’éloignait pas Marie de nous, au contraire ! La vie de Marie, comme la nôtre, est un pèlerinage dans la Foi. 

Oui, bien sûr, Marie était habitée par le St Esprit qui la « suivait comme son ombre » ; c’est comme ça que j’aime traduire la promesse de l’ange qui lui dit : l’Esprit-Saint te prendra sous son ombre. Mais cette présence était, comme pour nous, certes une vraie présence, mais présence discrète. La seule différence avec nous, c’est que, elle, puisqu’elle a été exemptée du péché originel, elle ne mettait pas des bâtons dans les roues au travail du Saint Esprit en elle ! 

Mais cette mention à la fin de l’Evangile, « l’ange la quitta, » signifie qu’elle devra, comme nous, vivre toute sa vie dans la foi, s’appuyer sur la foi pour décider, avancer. Et c’est bien pour cela que nous pouvons et même que nous devons la prier, c’est parce qu’elle est tellement proche de nous. Le pape Paul VI a écrit un très beau texte sur le culte marial (Marialis cultu), au n° 35, il dit : « La Vierge Marie a toujours été proposée par l’Église à l’imitation des fidèles, non point précisément pour le genre de vie qu’elle a expérimenté, d’autant moins que le milieu socioculturel dans lequel elle s’est déroulée est aujourd’hui presque partout dépassé, mais parce que, dans les conditions concrètes de sa vie, elle a adhéré totalement à la volonté de Dieu (cf. Lc l, 38), elle a accueilli la parole et l’a mise en pratique. » Elle a accueilli la parole et l’a mise en pratique : finalement, le pape Paul VI nous invite à admirer et à imiter ce pèlerinage dans la foi qu’a été la vie de Marie.

Pour découvrir comment Marie a vécu ce pèlerinage dans la foi, il nous faudrait reprendre tous les événements de sa vie pour voir comment elle les a vécus dans la foi. Je n’aurai pas le temps de le faire dans cette homélie, mais si vous voulez en savoir plus, puisque je termine les retraites que je prêche en développant ce verset, venez faire une retraite ici ! Je donne juste deux exemples qui me semblent assez parlants, deux exemples pris aux deux extrémités de la vie de Jésus.

Commençons par l’événement de Noël et l’inconfort de cette naissance au cours d’un voyage dans des conditions pas très favorables. Ensuite c’est la fuite obligée en Égypte : que de questions, Marie a dû se poser : que fait Dieu, moi, j’ai dit oui et, en retour, je ne vois que des problèmes ! Tout cela Marie devra le vivre dans la foi, sans qu’un ange ne vienne lui expliquer pourquoi les choses se passent ainsi et la rassurer en lui disant que Dieu contrôle ! Tout est à vivre dans la Foi. Prenons, maintenant, la fin de la vie de Jésus. Siméon, lors de la présentation de Jésus au Temple, avait annoncé qu’un glaive de douleurs lui transpercerait le cœur. Eh bien, on peut dire que c’est fait ! Elle voit son fils humilié, elle le voit souffrir et surtout mourir seul, abandonné de tous et particulièrement de ses disciples sur lesquels il avait tout misé. Au Golgotha, il n’y avait pas d’ange qui était là, pour lui annoncer en détail la suite du programme. Tout est à vivre dans la foi !

Ainsi donc, quand nous prions Marie, c’est pour qu’elle nous tienne la main tout au long de notre propre pèlerinage de foi. Et puisqu’aujourd’hui nous célébrons cette grande première étape de son pèlerinage de Foi qui commence avec ce oui qui l’engage totalement et définitivement, qu’elle intercède pour nous. Qu’elle nous prenne par la main quand les questions, les doutes, les peurs, les difficultés, les souffrances nous font vaciller. Notre Dame du Oui, puisque, toi, tu es parvenue au terme de ton pèlerinage dans la Foi, dans la gloire du ciel, accompagne-nous dans notre propre pèlerinage de foi, dans ces deux moments les plus décisifs de notre histoire que nous citons à chaque fois que nous te prions : maintenant et à l’heure de notre mort !

Cet article a 2 commentaires

  1. Ngendakuriyo

    Maman Marie,prie pour moi.

  2. De Toffoli

    Remarquable commentaire, à hauteur d’homme! Merci, parce que tout le monde peut comprendre; c’est extrêmement important ! Éncore merci.

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