25 novembre : vendredi 34° semaine ordinaire. Le symbolisme des 1000 ans : faut-il attendre ce temps béni, est-il passé ou sommes-nous dedans ?

C’est encore un autre symbolisme qu’il nous faut décrypter aujourd’hui, celui des 1000 ans. La lecture liturgique saute ici ou là quelques versets, mais si nous avions lu les 7 premiers versets en continu de ce chapitre 20, nous aurions entendu que, dans ces 7 versets, il est question 6 fois de 1000 ans. Le message est donc clair, cette répétition invite le lecteur ou l’auditeur à réfléchir sur ces 1000 ans. C’est ce que nous allons faire.

La vision est assez imagée : un ange, qui n’est pas nommé, mais qui pourrait bien être Michel, a enfin réussi à passer une laisse au cou du dragon et une laisse à la hauteur de la dangerosité de l’animal, puisqu’il s’agit d’une énorme chaine. Il fallait bien tout ça pour le maitriser puisque ce dragon, c’est Satan lui-même. Tenu fermement en laisse, le diable est enfermé dans l’abîme pour 1000 ans et bien enfermé puisqu’après avoir fermé, il y a des scellées qui sont installées. Durant cette période, les hommes seront donc à l’abri des attaques du Satan dont le nom, en hébreu signifie l’Adversaire, il est l’Adversaire de Dieu, l’Adversaire des hommes. Mais le livre prévient qu’après ces 1000 ans, il sera relâché, toutefois, il y a quand même une bonne nouvelle, ça sera « pour peu de temps » évocation des tribulations de la fin des temps. Ensuite, la lecture liturgique a sauté quelques versets, pas forcément simples à comprendre, c’est vrai, qui  nous parlaient de ce qui allait arriver au Satan après ce peu de temps au cours duquel il retrouvera son pouvoir de nuisance. Je vous le dis pour que vous ne fassiez pas de cauchemars cette nuit : le diable qui égarait les hommes fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont aussi la Bête et le faux prophète ; ils y seront torturés jour et nuit pour les siècles des siècles. J’ai envie de rajouter Amen, Alleluia !

Mais revenons à ce temps de 1000 ans, il est clair qu’il faudra l’interpréter de manière symbolique, toutes les lectures fondamentalistes des Ecritures seront à l’origine de ce qu’on appelle le millénarisme qui a déclenché, au cours de l’histoire, beaucoup de peurs. Les historiens nous ont parlé de ces grandes peurs de l’an 1000, nous-mêmes, nous avons pu entendre, de nos oreilles, de véritables délires à l’approche de l’an 2000 … et l’an 2000 est passé et nous sommes encore là, fidèles au combat, le grand bug informatique n’a pas eu lieu, ni le retour du Christ pourtant prédit par tant de mouvements sectaires. Peut-être que pour comprendre le sens de ces 100 ans, il faudrait se mettre dans la peau d’un enfant à qui on annoncerait qu’il lui reste encore 1000 dodos avant de pouvoir faire ceci ou cela ! Pour rester dans le langage des enfants, 1000, ça signifie très beaucoup !

OK restons dans le symbolique, ne cherchons pas à compter, mais plutôt à comprendre. Alors, actuellement, on en est où par rapport à cette période de 1000 ans ? Il y a 3 solutions possibles et vous en conviendrez, il n’y en a que 3 : soit ce temps est passé, soit on est dedans, soit il est encore à venir ! Examinons ces 3 solutions, mais je vous préviens, je travaille sans filet car ce que j’ai lu dans les commentaires m’a aidé à comprendre le symbolisme des 1000 mais pas à répondre à cette question. Je vous livre donc mon interprétation sans prétendre qu’elle soit parole d’Evangile !

  • Je ne pense pas que ces 1000 ans évoquent un temps passé : quand on relit l’histoire, on ne trouve aucune période longue qui ait été une période sans guerre, ni troubles, la lecture d’Astérix le confirme et les images de Cro-Magnon promenant sa femme en la tirant par les cheveux n’apportent aucun démenti à la thèse !
  • S’agit-il de l’avenir ? Peut-on imaginer que les hommes, pour une période longue, puissent renoncer à toute domination ? Je ne veux pas être pessimiste, mais rien que d’un point de vue théologique, c’est impensable, les conséquences du péché originel sont là et bien là. Il faudrait, pour que ça puisse avoir lieu, que Christ soit revenu. Mais quand il reviendra, on ne comptera plus le nombre de dodos, on sera dans le définitif.
  • Eh bien, il ne reste qu’une solution, c’est que nous sommes dans cette période des 1000 ans ! Seulement voilà, la simple observation nous en fait douter. Pendant ces 1000 ans, le diable devait être enfermé et perdre tout pouvoir de nuisance … on est loin ! En effet, nous, nous le voyons à l’œuvre, le Satan, nous constatons son pouvoir de nuisance dans nos vies, dans le monde, dans l’Eglise ! Pourtant, après avoir bien réfléchi, je ne vois que cette solution et, finalement, elle n’est pas aussi absurde que cela. C’est ce que j’aimerais développer.

Le diable a été « enchainé et enfermé, » en réfléchissant sur ces mots, je me suis rappelé une citation de St Césaire d’Arles qui était évêque au début du 6° siècle. J’aime bien le citer dans les retraites que je prêche quand je parle du combat spirituel. Voilà ce qu’il disait : « Le démon est comme un chien en laisse, il ne peut mordre personne si ce n’est celui qui va trop s’approcher de lui. Il peut aboyer, nous solliciter, mais il ne peut pas mordre, sauf celui qui le cherche. » J’ai vu sur internet une de ces petites vidéos qu’on regarde parfois pour se détendre, là, ça ne détendait pas trop parce qu’on voyait un homme aller narguer un chien très méchant, il le faisait tranquillement car le chien était attaché et enfermé derrière un portail. Mais voilà, comme ça a duré, le chien, tellement excité, a fini par casser la corde qui l’attachait et a sauté le portail. On ne voyait pas la suite, mais on pouvait la deviner ! Je regrette de ne pas avoir enregistré cette vidéo, elle illustrerait tellement bien la citation de St Césaire et, par ricochet, le livre de l’Apocalypse.

Cette citation de St Césaire pourrait donc confirmer que nous sommes dans ce temps des 1000 ans. Oui, ce temps pourrait vraiment être un temps béni si, tous, nous renoncions à nous approcher de lui et pire encore si nous renoncions à chercher puis dérober la clé pour aller le voir en cachette et parfois même lui amener à manger en douce, comme le font les sectes sataniques ! Alors, peut-être que ce passage de l’Apocalypse est un grand message d’espérance, il vient nous dire que nous sommes à l’abri dans l’Eglise, protégés et accompagnés par l’intercession des martyrs, comme le laisse entendre la lecture d’aujourd’hui. Vous pourriez m’objecter que certains chrétiens ne se rendent pas compte qu’ils sont protégés tant le malheur dû à la méchanceté s’acharnent sur eux. Je maintiens, nous sommes protégés, protégés de ne pas sombrer dans le désespoir. C’est ce que je dis en changeant un mot dans la prière après le Notre Père : nous sommes à l’abri dans nos épreuves.  

Vraiment, je crois qu’il est bon pour nous d’entendre que le Satan est attaché et enfermé et qu’il ne mord que ceux qui s’approchent trop. Mais c’est vrai que ceux qui se laissent mordre peuvent devenir enragés et pourrir la vie des autres. Vraiment, il est bon de réentendre que nous sommes à l’abri grâce à la force des sacrements. Nous sommes aussi et peut-être surtout à l’abri quand nous nous réfugions sous le manteau de protection de la Vierge Marie. Dans cette lecture quasi-continue de l’Apocalypse, nous n’avons pas entendu le fameux passage où la femme combat et l’emporte contre le Dragon. Nous ne l’avons pas entendu car nous le lisons pour la fête de l’Assomption. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a vaincu le dragon, c’est pour cela que, sous son manteau, nous pourrons toujours trouver la protection et la victoire.

Je ne sais pas si j’ai pu vous convaincre de la pertinence de mon interprétation, peut-être aurait-il été préférable que je m’en tienne à ce que disait l’un des commentaires que j’ai lus : dans ce chapitre 20 de l’Apocalypse, il y a beaucoup d’obscurités qu’il ne faut pas forcément chercher à éclaircir !

En tout cas, la fin de la lecture, elle, elle n’était pas du tout obscure ! Elle était même très lumineuse, et comme tout était clair, je peux me contenter de relire les derniers versets : Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari. Comme le ravi de la crèche, on a envie de dire : Mon Dieu que c’est beau ! Et ce n’est pas trop beau pour être vrai, nous le croyons puisque Jésus dit dans l’Evangile : Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Alors, qu’il vienne ce temps, Seigneur, et qu’il vienne le plus vite possible comme nous le demandons à chaque messe dans les invocations de l’anamnèse et puisque c’est aussi sur cette demande que se termine le livre de l’Apocalypse : Marana Tha !

Cet article a 2 commentaires

  1. wilhelm richard

    heureusement que vous écrivez Cro-Magnon et non Gro-Macron !!!

  2. Franchellin Jean Marc et Agnès

    Merci, frère Roger pour toutes ces heures à prier et écrire ces homelies « apocalyptiques » qui, dans le fond, nous (me) rassure.
    Je retiens bien que le Diabolos ne peut pas aller plus loin que le bout de sa chaîne et que c’est à moi de ne pas m’en approcher.
    Encore celle de samedi et.. « de l’avent »

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