27 octobre : mercredi 30° semaine ordinaire Collecte des encombrants pour devenir « amis du Saint-Esprit » !

Il y a parfois des paroles de l’Ecriture qui viennent nous percuter avec une vérité étonnante. Bien sûr, toutes les Paroles de l’Ecriture sont inspirées mais certaines nous rejoignent plus que d’autres. Et certains, jours, moi, je vais être rejoint et pas telle autre personne qui le sera un autre jour. Aujourd’hui, je pense que nous avons tous été percutés par cette parole qui, pourrait-on dire, nous met tous à nu les uns devant les autres. Cette parole, c’est celle que nous avons entendue dans la première lecture. 

Je redis juste un mot pour la situer dans son contexte, elle est extraite du chapitre 8 de l’épître aux Romains dans lequel Paul réfléchit sur la vie dans l’Esprit. Après avoir réfléchi dans les premiers chapitres sur tout ce que Dieu a fait en Jésus pour nous sauver, il s’apprête à réfléchir dans la 2° grande partie sur ce que nous pouvons faire pour mener une vie à la hauteur du don qui nous a été fait. Entre ces deux parties, il nous offre cette magnifique méditation du chapitre 8 sur la vie dans l’Esprit, un très beau chapitre à méditer en sortant d’une retraite. Parce qu’inévitablement, en partant d’une retraite, on se demande : comment je vais vivre maintenant pour ne pas perdre toutes les grâces reçues ? Paul ne va pas nous donner des trucs, des recettes pratiques, il nous donne une ligne de conduite générale : pour vivre à la hauteur du don reçu, il faut devenir les amis du Saint-Esprit parce que c’est lui qui nous inspirera ce qu’il convient de faire, c’est lui qui nous soutiendra nous qui sommes si inconstants !

Mais le suspens a assez duré, quelle est donc cette Parole que j’évoquais au début de l’homélie ? Eh bien, c’est cette affirmation : « nous ne savons pas prier comme il faut ! » J’imagine qu’il y a assez peu de personnes parmi nous qui peuvent proclamer fièrement qu’elles sont totalement convaincues que leur prière est réussie, que leur vie spirituelle est équilibrée et épanouie. C’est bieen vrai, la parole de Paul énonce une vérité universelle : « nous ne savons pas prier comme il faut ! » Evidemment, si Paul affirme cela, ce n’est pas pour nous déprimer comme un mauvais prof rendant les copies et affirmant : vous êtes tous des nuls ! Parce que, immédiatement après avoir affirmé que nous ne savions pas prier comme il faut, Paul va nous donner l’adresse du seul spécialiste capable de nous guérir de cette maladie spirituelle, le Saint-Esprit. Ce n’est pas étonnant que le Saint-Esprit puisse nous guérir de nos maladies spirituelles, spirituel/Esprit, c’est le même mot, les maladies spirituelles, c’est donc son rayon. Quand nous souffrons de maladies spirituelles, c’est sûrement le signe que ça fait trop longtemps que nous n’avons pas pris le temps d’une bonne consultation chez le Saint-Esprit ! Et Paul va énoncer deux grandes actions du Saint-Esprit en nous quand nous lui demandons de nous guérir nous qui ne savons pas prier comme il faut.

1/ Il explique que si nous le lui demandons, c’est le Saint-Esprit qui va prier en nous. Alors, nous pouvons nous poser une question : quand nous décidons de prendre un temps de prière, est-ce que nous commençons à invoquer le Saint-Esprit ? Est-ce que nous lui demandons d’inspirer, de guide notre prière et même de prier en nous ? Paul rajoute que parfois, quand nous lui demandons ce service, il va l’accomplir de manière étonnante « par des gémissements inexprimables. » Nous l’entendrons sûrement ce soir au cours de la prière de louange quand il nous donnera de prier, de chanter en langues. Ceux qui ne connaissent pas peuvent être étonnés, mais, respect, puisque c’est le St-Esprit qui suscite ces gémissements inexprimables si souvent mentionnés dans le livre des Actes des apôtres ou dans les écrits des Pères de l’Eglise puisque dans les communautés chrétiennes, même au cours des assemblées dominicales, on priait sans problème en langues jusqu’au 4° siècle ! Si ça vous branche, quand vous entendrez cette prière, demandez au Saint-Esprit de vous donner la grâce de vous y associer, vous serez alors pris dans la louange céleste et vous aiderez ainsi le ciel à descendre sur terre.

2/ La 2° action que le Saint-Esprit produit en nous, quand nous lui demandons d’inspirer notre prière, c’est d’accorder nos cœurs au cœur de Dieu. Voilà ce que nous avons entendu dans la lecture : « Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. » Je trouve cette formule magnifique : c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. 

L’Esprit-Saint qui est parfaitement accordé au cœur de Dieu puisqu’il est l’amour qui unit le Père et le Fils, quand il prie en nous, il demande pour nous ce qui est le plus ajusté au désir de Dieu. 

Autrement dit, quand je prie, si je veux être exaucé à tout coup, il faut que je demande au Saint-Esprit de prier en moi, de demander pour moi. Si je le supplie de demander pour moi, ce n’est pas parce que je veux faire jouer mes relations, comme si le Saint-Esprit, ayant ses entrées sur le cœur de Dieu, pourrait arracher à Dieu ce que moi je ne pourrais pas lui arracher ! Non, mais lui, comme il demandera ce que Dieu est déjà disposé à me donner parce qu’il sait que c’est ce dont j’ai le plus besoin, je n’aurai plus jamais de prière non-exaucée !

Voilà, il faudrait encore commenter la 2° partie de cette première lecture, avec cette merveilleuse affirmation que « Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment » mais je n’ai plus le temps de le faire pour pouvoir quand même dire un mot de l’Evangile et de cette fameuse porte étroite. Tous ceux qui sont allés en Terre Sainte en ont une belle image avec la porte d’entrée de la basilique de la nativité à Bethléem qui oblige à considérablement se baisser pour pouvoir entrer. C’est la porte étroite en hauteur, mais il en est d’autres en largeur qui sont parfois redoutables pour des gens qui ont mon profil. Le but de ces portes étroites était d’empêcher les bêtes et particulièrement les chameaux d’entrer avec leurs chargements. Autrement dit, pour être sauvés, il faut apprendre à se désencombrer. J’aime beaucoup cette réflexion de Marie de Hennezel, une psychologue spécialiste de l’accompagnement en fin de vie qui a dit : « La mort ne nous prendra que ce que nous n’avons pas su donner. » Autrement dit, toute notre vie sera une école pour apprendre à nous désencombrer afin que nous puissions paraître devant Dieu « les mains vides » selon la belle expression de Thérèse de Lisieux.

Nous sommes tous encombrés de bibelots, de choses plus ou moins utiles mais dont nous avons du mal à nous séparer. Mais ce n’est pas le plus grave, ce n’est pas ça qui nous encombre le plus ! Ce dont il faut le plus apprendre à nous désencombrer c’est de notre moi envahissant. Vous savez ce moi envahissant, c’est lui qui nous empêche d’écouter vraiment les autres et qui nous fait leur couper la parole quand ils sont en train de se confier, on leur dit : « oui, c’est comme moi ! » et on n’écoute plus, on parle de soi ! Jadis une chanson disait : « parlez-moi de moi, il n’y a que ça qui m’intéresse ! » Apprendre à se désencombrer de notre moi trop envahissant, il nous faudra bien toute notre vie pour y parvenir, c’est pourquoi il faut s’y entrainer chaque jour !

Et puis, apprendre chaque jour à se désencombrer de son moi trop envahissant, c’est aussi le meilleur moyen de devenir les amis du Saint Esprit. Pour préparer une retraite sur le Saint-Esprit que je dois prêcher bientôt à la Flatière, je suis en train de lire un livre sur le bienheureux père Marie-Eugène, fondateur de l’institut Notre-Dame de Vie. Ce livre a un titre évocateur qui vous permettra de voir d’où viennent mes sources : « Devenir ami de l’Esprit-Saint. » Il explique qu’il y a deux obstacles principaux à l’accueil et au travail du Saint-Esprit en nous. D’abord la sensualité et l’impureté qu’on ne doit pas réserver au seul domaine de la sexualité mais qui vise tous nos appétits désordonnés dans tant de domaines et qui fait que nous avons un cœur partagé. Nous aimons le Seigneur, mais il n’est pas seul à trouver une place dans notre cœur qui héberge volontiers pas mal de concurrents ! C’est donc le premier obstacle, mais le père Marie-Eugène dit qu’il y en a un second et qu’il est bien plus grave, c’est l’orgueil, la rudesse de l’âme, le refus de reconnaître notre pauvreté. Entrer par la porte étroite, c’est donc accepter de se désencombrer de ce qui nous empêche de devenir les amis du Saint-Esprit et le principal obstacle, c’est notre moi envahissant et orgueilleux. Nous comprenons pourquoi Jésus a mis en 1° cette béatitude que l’on entendra pour la Toussaint : « heureux les pauvres de cœur » que l’on traduit parfois par « heureux les désencombrés. » C’est à ce bonheur que nous sommes appelés pour l’éternité, commençons à nous y préparer dès aujourd’hui ! Dans les villes et villages, les services municipaux organisent plus ou moins régulièrement une collecte des encombrants pour récupérer tout ce qui ne tient pas dans une poubelle et dont les gens veulent se débarrasser. Eh bien, ça sert aussi à ça une retraite : déposer tous ces encombrants qui nous empêchent de vivre en amis du Saint-Esprit !

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