29 mai : Marie, Mère de l’Eglise Aimer Jésus comme Marie l’aimait, aimer Marie comme Jésus l’aimait !

Je ne veux pas commenter trop longuement la première lecture qui nous rappelle que, si le péché est entré dans le monde par une femme (avec la complicité silencieuse de son mari !), c’est aussi par une femme que le salut est entré dans le monde. Et c’est pour cela que Marie mérite le titre de Mère de l’Eglise. C’est, en effet, par l’Eglise que le salut, accompli dans le mystère Pascal de Jésus, est aujourd’hui largement offert aux hommes. En donnant Jésus au monde, Marie a rendu possible la mission de l’Eglise qui consiste à offrir largement ce Salut. Elle est bien Mère de l’Eglise.

J’aime penser que ce titre de Mère de l’Eglise est assez proche d’un autre titre attribué à Marie, celui de refuge des pécheurs. Nous célébrerons donc Marie, Mère de l’Eglise, refuge des pécheurs. Vous savez, il y a des belles représentations de Marie qu’on appelle « la Vierge au manteau », dans ces représentations, Marie ouvre largement son manteau pour que tous ceux qui le veulent, tous ceux qui en ont besoin viennent se réfugier. Et alors, c’est très beau, parce que, dans certaines de ces représentations, on voit que, sous le manteau de Marie, se côtoient un évêque en grande tenue d’apparat, un pauvre habillé de guenilles. Voilà de très belles représentations de Marie, Mère de l’Eglise, refuge des pécheurs qui montrent que nous avons bien notre place sous son manteau de protection.

L’Eglise n’est pas le club de ceux qui sont mieux que les autres ou du moins qui se considèrent comme tels. L’Eglise est le refuge de tous ceux qui, reconnaissant leur misère, sont confiants en la miséricorde du Seigneur. Marie est heureuse d’être la Mère de cette Eglise. Elle n’aimerait pas qu’on la prenne comme marraine d’honneur d’un club de gens huppés qui ne voudraient pas se mêler à ceux qui ne sont pas aussi bien qu’eux ! Elle est Mère de l’Eglise, refuge des pécheurs. Ce que l’on dit de l’Eglise, sans trop forcer le trait, on peut souvent le dire de Marie.

De l’Evangile, à partir de ma méditation, je voudrais retenir les 4 Paroles que Jésus prononce et les accueillir comme des Paroles qu’il prononce tout spécialement pour sa Mère qui est là au pied de la Croix. L’Evangile nous dit que c’est en voyant Marie que Jésus a prononcé ces Paroles. Dans ces Paroles, de fait, il y en a 2 qui s’adressent directement à Marie, qui concernent directement Marie, mais il me plait de penser que les deux autres, Jésus veut aussi les aire entendre à sa Mère même si ces paroles ne la concernent pas directement. Il veut qu’elle puisse les entendre comme une ultime formation qu’il lui donne, un ultime encouragement pour qu’elle puisse tenir sa place dans la grande mission qu’il lui confie. Ce sont aussi 4 merveilleuses Paroles de consolation adressées à sa mère même si on ne l’entend pas forcément à première lecture.

Avec la 1° Parole, Jésus donne une mission à sa mère. « Femme, voici ton fils. » Réunissant ses dernières forces, il réussit à ouvrir ses yeux qui se ferment de plus à cause du sang séché, alors il voit sa mère, broyée par la souffrance. Certains auraient aimé entendre une parole de tendre consolation que Jésus aurait prononcé à l’égard de sa mère, il n’en est rien, pourtant c’est bel et bien une parole de consolation que Jésus lui adresse en lui confiant cette grande mission. Peut-être connaissez-vous ce très beau texte de prière

Quand j’aurai faim, Seigneur, donne-moi quelqu’un à nourrir,

Quand j’aurai soif, Seigneur, donne-moi quelqu’un à abreuver,

Quand j’aurai froid, Seigneur, donne-moi quelqu’un à vêtir,

Quand je serai dans la tristesse, Seigneur, donne-moi quelqu’un à consoler

Quand je serai à terre, Seigneur, donne-moi quelqu’un à relever

Quand mon fardeau me pèsera, Seigneur, charge-moi de celui des autres

Quand j’aurai besoin de tendresse, Seigneur, que l’on fasse appel à la mienne.

Si c’est ce que nous osons demander dans notre prière, nous serons toujours exaucés et c’est ainsi que nous serons vraiment consolés ! Voilà pourquoi Jésus, sur la croix, en guise de parole de consolation, offre une mission à sa Mère et quelle mission !

Avec la 2° Parole, Jésus donne une mission à son Eglise. « (Fils) voici ta mère. » Là, pour le coup, il s’agit d’une Parole de consolation très explicite. St Jean, comme dans la Parole précédente représente l’Eglise et donc, c’est comme si Jésus disait à son Eglise : Voici, ta Mère, prends soin d’elle, elle prendra tellement soin de toi ! Quelle belle Parole et parmi toutes les consignes de Jésus, tous les appels de Jésus dans l’Evangile, c’est sans doute cette Parole qui sera entendue et mise en pratique avec le plus grand amour. Partout dans le monde, on aime Marie ! Dans les sanctuaires mariaux, bien sûr, mais aussi dans les plus humbles maisons. Je vous ai rappelé cette belle parole de Marthe qui pourrait être un bon résumé de la vie chrétienne : aimer Marie comme Jésus l’aimait et aimer Jésus comme Marie l’aimait.

La 3° Parole : J’ai soif, il faut bien la comprendre ! Jésus a voulu que sa Mère puisse entendre cette Parole parce que Jésus n’exprime pas d’abord un besoin physique dans cette Parole. C’est vrai qu’il devait avoir très soif avec tout le sang qu’il avait perdu. Mais ce n’est pas cette soif-là qu’il exprime dans cette Parole ; la boisson qui lui sera tendue n’étanchera pas la soif qu’il exprime. Ce que Jésus crie, dans cette Parole, c’est l’expression de son désir qui, même après tout ce qu’il vient de subir et de souffrir, reste intact. Jésus va mourir dans quelques instants, victimes de ceux qu’il était venu sauver, mais sa soif de les aimer reste intact. Rien n’est cassé en lui, et cela, Jésus veut le faire entendre à sa Mère parce qu’il sait que cette Parole lui apportera la plus grande des consolations. 

Marie est broyée par la souffrance à cause des souffrances qu’on inflige à son Fils, mais elle le serait davantage si elle se rendait compte que Jésus est en train de mourir désespéré. Entendant cette Parole, Marie comprend qu’il n’en est rien. Quelle consolation ! Elle en aura des choses à dire au Cénacle aux apôtres qui n’étaient pas là. Quand ils seront broyés par la culpabilité de l’avoir abandonné, elle pourra leur redire qu’il est mort en disant : j’ai encore soif de vous aimer ! Elle l’a dit au Cénacle, elle ne cesse le redire à tous les membres de l’Eglise qui lui ont été confiés. Elle nous la redira quand, nous-mêmes, honteux de notre péché nous hésiterons à revenir vers le Seigneur, elle nous rappellera qu’il est mort en disant qu’il avait toujours soif de nous aimer.

4° et dernière Parole : Tout est accompli ! Marie devait se demander comment Jésus était en train de vivre sa mort en constatant qu’il n’y avait personne au pied de la croix, aucun de ceux qu’il avait guéris, aucun de ceux qu’il avait nourris, enseignés et presque aucun de ses apôtres. La dernière Parole l’avait rassurée, cette dernière Parole finit de dissiper tous les doutes. Jésus est sûr d’avoir gagné, c’est réussi, Tout est accompli ! L’opération Salut pour laquelle il avait été envoyé du ciel est en marche et rien, ni personne ne pourra l’arrêter. Tout est accompli ! Là encore, elle pourra redire cette Parole au Cénacle quand les apôtres se poseront des tas de questions. Et elle ne cessera de le redire à tous les membres de l’Eglise qui lui ont été confiés quand, devant le déclin de l’Eglise en certains lieux, ils se demanderont où on va, elle rappellera qu’il est mort en affirmant que le Salut était en marche, et que, rien, ni personne, ne l’arrêtera !

Voilà comment, jusqu’au bout Jésus a voulu prendre soin de sa Mère pour qu’elle puisse prendre soin de nous, pour qu’elle puisse accomplir sa mission de Mère de l’Eglise. Merci Jésus, merci Marie !

Laisser un commentaire