30 janvier : Jésus ne parle jamais pour rien dire !

« On n’allume pas une lampe pour la cacher, il faut la mettre sur le lampadaire ! » Si on lit l’Ecriture au 1° degré, c’est d’une banalité affligeante ! Est-ce qu’il y avait besoin que Dieu envoie son Fils pour nous dire ce que tout le monde savait déjà ? Parce que, personne, au pays de Jésus, n’allumait une lampe sans le mettre sur le lampadaire, c’est-à-dire le porte-lampe qui était justement situé à l’emplacement le plus stratégique dans la maison pour qu’elle éclaire le plus possible. Il faut se rappeler que dans ce pays, il y avait beaucoup de gens extrêmement modestes, de très petits paysans qui n’avaient que quelques oliviers. L’huile d’olive qu’ils pouvaient fabriquer à partir de leur production était extrêmement précieuse, elle servait à la confection des repas, on l’utilisait encore pour quelques menus bricolages et, enfin, elle servait pour alimenter les lampes puisque, bien évidemment, il n’y avait pas d’électricité. 

L’huile était tellement précieuse que vous comprenez mieux qu’il ne serait venu à l’idée de personne d’allumer une lampe pour la cacher ensuite. Sans compter qu’allumer une lampe pour la cacher ça oblige à se poser des questions sur la santé mentale de celui qui agit ainsi ! Alors pourquoi Jésus prononce-t-il cette parole d’une banalité affligeante ? Et surtout pourquoi St Marc, l’Evangéliste, a-t-il choisi de garder cette parole dans son Evangile ? Parce que vous imaginez bien que Jésus, en 3 ans, a prononcé bien plus de paroles que celles qui sont dans les Evangiles. Celles qui nous sont rapportées sont un peu comme le best-off des paroles de Jésus ! Et si cette parole de Jésus concernant la lampe à mettre sur le lampadaire a été gardée, c’est qu’elle fait partie des paroles très importantes qu’il a prononcées et qu’il ne faudrait donc surtout pas oublier.

Pour comprendre l’importance de cette parole, vous avez déjà compris qu’il faudra la lire au second degré, et surtout, qu’il nous faudra remettre ce texte dans son contexte. Je vous l’ai déjà dit la semaine dernière, l’Evangile, ce n’est pas Starwars ! Pour comprendre un épisode, il faut connaitre ceux qui précèdent ! Mais comme vous n’allez pas à la messe tous les jours, cet épisode précédent, il faut que je vous le résume et ça ne sera pas très compliqué car c’est un épisode très connu. Hier, Jésus racontait la parabole du semeur, vous connaissez bien l’histoire de cet homme qui sème mais en route, il y a de la semence qui tombe sur le chemin, sur la pierraille et dans les ronces, là, évidemment, les résultats ne sont pas extraordinaires, même s’il peut y avoir parfois un début prometteur. Mais quand la semence tombe dans la bonne terre, alors, elle produit des résultats inespérés pour l’époque : 30, 60 voire 100 grains sur un même épis, ce sont des rendements qu’on n’atteignait jamais à l’époque.

Avec cette histoire qui, bien sûr, n’était pas une leçon d’agriculture sur l’art de bien semer, Jésus voulait parler de la puissance de sa Parole capable d’accomplir des merveilles quand elle tombait dans un cœur qui était bon comme une bonne terre. Et si la Parole ne produisait rien, ce n’était pas à cause de la Parole, mais du terrain sur lequel elle tombait. L’Evangile d’aujourd’hui vient juste à la suite et il permet à Jésus de compléter son enseignement sur la Parole et sa puissance.

Dans l’histoire du semeur qu’on appelle une parabole, Jésus compare sa Parole à une semence, dans les paroles d’aujourd’hui, il compare sa Parole à une lampe. Dimanche dernier, nous avons célébré dans l’Eglise, à l’invitation du pape François, le premier dimanche de la Parole. Ici, à Chateauneuf, nous avions pris comme thème : « Ta Parole, une lumière sur mes pas, une lumière qui éclaire mon chemin. » Eh bien, l’Evangile d’aujourd’hui est exactement dans cette même ligne. La Parole du Seigneur est une lampe et une lampe, on ne la cache pas, on s’en sert pour éclairer. 

Je vous l’ai dit, il ne viendrait à l’idée de personne de cacher une lampe, alors pourquoi Jésus insiste ? Pour le comprendre, il faut regarder de manière précise ce qu’il dit. Il évoque deux objets qui peuvent cacher la lampe donc étouffer la Parole, c’est le boisseau et le lit. Reprenons chacun d’eux et essayons de bien comprendre, c’est ce que nous demande Jésus qui par deux fois, dans ce petit texte va insister en disant : « Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » et « Faites attention à ce que vous entendez ! »

Le boisseau, c’était un récipient en bois qui était une unité de mesure, 10 litres qui était utilisé pour vendre le blé qui est à la base de la nourriture quotidienne. Donc, le premier risque pour la Parole du Seigneur, c’est d’être étouffé par nos préoccupations quotidiennes. On lit la Parole, on l’entend, mais on a tellement de préoccupations qu’elle ne rentre pas en nous. Juste après la messe, on a un contrôle, alors on aimerait que le prêtre fasse une homélie moins longue pour avoir 5 mn de plus pour réviser ! La Parole est si souvent étouffée par les préoccupations quotidiennes et c’est dommage parce que cette Parole est puissante, quand elle est accueillie dans un cœur réceptif et bon, elle peut accomplir des merveilles.

Deuxième risque pour la Parole, c’est d’être étouffée, de ne servir à rien parce qu’elle est mise sous un lit. Le deuxième risque, c’est donc de s’endormir. Et ce qui nous endort le plus, c’est l’habitude, on entend la Parole, mais on se dit qu’on connait bien, chaque année on entend les mêmes histoires et, après tout, ce ne sont que des histoires, donc, on ne l’accueille plus avec l’attention qui lui permettrait de développer toute sa puissance en nous.

C’est très dommage d’agir ainsi car, nous dit Jésus, la Parole, elle vient dévoiler tout ce qui est caché. Tu te poses plein de questions sur Dieu, eh bien, Dieu n’a rien gardé secret, tout est dévoilé dans sa Parole. Et puis, autre inconvénient à étouffer la Parole, c’est que, si tu accueillais vraiment sa Parole, tu deviendrais plus généreux et tu aurais tout à y gagner puisqu’on se servira pour toi de la mesure dont tu t’es servi pour les autres, c’est-à-dire que si tu es radin pour donner ton amitié, pour rendre service, ça se retournera aussi contre toi ! Oui écoute bien : « A celui qui a, on donnera toujours plus ; par contre, celui qui n’a pas, même ce qu’il croyait avoir finira par être perdu. » Si tu développes l’amour pour la Parole de Dieu, tu verras grandir ta foi, par contre, si tu t’en détournes, comme tu vas construire ta vie sur du vent, tout finira par s’écrouler. « A celui qui a l’amour de la Parole, on donnera toujours plus ; par contre, celui qui n’a pas cet amour, même ce qu’il croyait avoir finira par être perdu. »

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