5 juillet : mardi 14° semaine temps ordinaire La lutte de Jésus contre les démons et la lutte que nous devons aussi mener

Aux retraitants qui suivent la retraite fondamentale, je présentais un petit livre plein d’humour écrit par un frère dominicain et dont le titre laisse bien entrevoir qu’on ne va pas s’ennuyer en le lisant, c’est le petit guide des démons de poche. Evidemment, le frère Pavel Syssoev n’a pas écrit ce livre pour que nous devenions copains avec ces démons qu’il appelle des démons de poche parce qu’ils semblent anodins alors que, en fait, ils sont terriblement actifs. Il a écrit ce livre pour que nous apprenions à nous en méfier et que nous puissions voir si nous ne serions pas déjà un peu infestés auquel cas, il faudrait vite avoir recours au sacrement de réconciliation qui est un sacrement de guérison et de libération. Eh bien, je peux vous dire que dans le livre du frère Pavel, vous ne trouverez pas mention du démon que Jésus expulse aujourd’hui dans l’Evangile que nous avons entendu, ce démon qui rend sourd et muet. Et pourquoi ce démon n’est-il pas répertorié dans le livre ? Tout simplement parce que ce n’est pas un démon de poche ! Le démon qui rend sourd et muet, c’est l’un des démons qu’on peut croiser le plus facilement car il y a peu de personnes qui ne soient pas, à un moment ou à un autre de leur vie, victimes de ces attaques. Et quand je dis à un moment ou à un autre de leur vie, je pourrais dire : à un moment ou à un autre de la journée ! Oui, c’est chaque jour qu’il attaque et, il vaut mieux le reconnaître, rares sont les jours où nous arrivons à résister du lever jusqu’au coucher.

Ce démon, c’est une hydre, je ne sais pas si vous connaissez ce mot. Pour les amateurs de scrabble, c’est un bon mot parce qu’il y a un H qui vaut 4 points et Y qui vaut 10, si vous les placez bien, ça vaut le coup ! Une hydre, c’est un monstre à plusieurs têtes, ce démon en a au moins deux mais il y en a souvent une 3° qui lui pousse !

Avec la 1° tête, ce démon-hydre rend sourd ! Les parents le connaissent bien ce démon qui rend sourd si souvent actif chez les enfants quand ils leur demandent de ranger leur chambre, de participer aux services de la maison, de faire leurs devoirs. Mais les enfants, eux-aussi, connaissent bien ce démon qu’ils voient à l’œuvre chez leurs parents quand ils leur demandent de pouvoir vivre un moment de qualité avec eux, de dialogue et qu’ils s’entendent dire : pas maintenant, je n’ai pas le temps ! Ce démon aime aussi s’attaquer aux couples en rendant le dialogue, par moment impossible. Ce démon, il est encore à l’œuvre chez certains responsables politiques qui n’écoutent pas ou mal ou qui ont une oreille très sélective et qui n’entendent pas le désarroi de certaines personnes et même de catégories de personnes. Ce démon, il est très actif aussi dans les communautés où il y a toujours le risque qu’on finisse par vivre les uns à côté des autres, plus ou moins poliment, mais sans être vraiment attentifs à ceux qui voudraient nous faire entendre leur souffrance, leurs désirs. Ce démon, il est très actif dans l’Eglise quand le cléricalisme l’emporte et conduit les responsables à ne plus écouter ce que l’Esprit-Saint s’évertue à dire par la bouche des laïcs. Bon, je vais arrêter cette énumération déprimante. Mais vous pourriez facilement compléter la liste. Le drame, c’est qu’on voit très bien quand les autres sont victimes des attaques de ce démon qui rend sourd et que nous-mêmes, nous sommes assez peu lucides sur tous les moments où nous nous laissons avoir.

Avec sa 2° tête, ce démon-hydre rend muet. Et là encore que de fois, nous pouvons nous rendre complices de ce démon ! Ce démon qui rend muet, nous nous en rendons complices quand nous ne prononçons pas à l’égard d’une personne de notre entourage un compliment, une parole d’encouragement, une parole bienveillante, manifestant notre gratitude à l’égard de cette personne.  Nous en sommes encore complices quand nous ne prononçons pas une parole mettant en œuvre la correction fraternelle en préférant penser du mal de la conduite de l’autre plutôt que de l’aider à s’amender. Et nous pouvons encore en être complices dans un lieu qui est son terrain de chasse favori : la confession. Nous le laissons agir en nous à chaque fois que nous n’osons pas dire, en tout cas pas dire clairement en nommant précisément notre péché, en utilisant des périphrases ou en nous auto-absolvant décrétant que, de toutes façons, nous ne sommes pas responsables et que l’autre l’avait bien cherché ! Là encore chacun de nous de s’examiner pour voir toutes les fois où il s’est rendu complice de ce démon qui rend muet.

Et je vous ai dit que ce démon, il avait de temps en temps une 3° tête qui lui poussait et c’est avec cette 3° tête qu’il nous rend bavards quand il ne le faudrait pas ! Cette 3° tête, on la voit bien à l’œuvre dans les retraites où certains vont sauter sur toutes les occasions pour sortir du silence ! Mais il n’y a pas qu’au cours des retraites qu’il agit puissamment ! A chaque fois que je cède au commérage, je me rends complice de ce démon ; à chaque fois que, dans une discussion, j’occupe tout l’espace, je me rends également complice de ce démon. Je m’arrête parce que l’Evangile ne parle pas directement de ce démon, mais c’était quand même important de le mentionner parce qu’avec les démons, c’est un peu comme avec les trains, il faut se méfier car un démon peut toujours en cacher un autre !

En présentant les choses comme ça, même avec un peu d’humour, on pourrait frémir en se disant : Malheur, nous sommes cernés ! Oui et non ! Oui, c’est vrai que nous sommes cernés entre les démons de poche et ces démons-hydres, l’espace est pas mal occupé et ceux qui l’occupent ne nous veulent pas que du bien, il nous faut donc rester lucides et éveillés ! Mais ayant dit cela, je rajoute immédiatement : pas d’inquiétude ! Car les démons qu’ils soient de poches ou pas de poches n’ont que le pouvoir de nuisance que nous leur accordons. Et c’est très important de comprendre cela. J’aime beaucoup cette parole de saint Césaire d’Arles, il dit que, depuis la venue du Christ, le diable est attaché comme un chien dans sa niche ; il ne peut donc mordre personne sauf ceux qui, risquant la sécurité de leur vie, l’approchent de trop près ! Un chien attaché, même s’il est très méchant ne vous fait pas peur, puisqu’il est attaché. Maintenant, méfiance quand même si vous vous approchez trop, il en profitera et si vous le narguez, il risque, au sens étymologique de se déchainer ! Et pour nous rassurer encore, les pharisiens dans l’Evangile entendu, accusent Jésus de chasser ce démon par le chef des démons. Ce chef des démons, vous connaissez sûrement son nom : Béelzéboul. C’est intéressant de connaitre l’étymologie de ce nom, il signifie : le prince des mouches ! C’est assez bien trouvé comme nom. Parce qu’une mouche, on ne va quand même pas en avoir peur, donc le prince des mouches est prince de pas grand-chose. Par contre, une mouche, c’est terriblement embêtant parce que, quand elle vous tourne autour, elle ne vous lâche pas !

Ils sont donc agaçants ces démons qui nous suggèrent régulièrement le mal, mais, je le redis, ils n’ont que le pouvoir que nous leur accordons. Si nous rejetons la suggestion, ils n’ont en aucun cas accès à notre volonté, ils ne peuvent donc pas nous faire faire ce que nous ne voulons pas. Ils n’ont accès qu’à notre imagination pour nous suggérer, pour essayer de nous séduire. Mais quand nous avons identifié que nous sommes attaqués, alors, ils sont presque déjà vaincus. Eux, ces démons, ils voudraient nous faire croire que c’est nous qui sommes tordus pour avoir aussi souvent des pensées tordues. Mais non, nous ne sommes pas tordus puisque créés à l’image de Dieu. Ce sont eux qui sont tordus et qui rendent tordus tous ceux qui cèdent à leurs suggestions. Jésus n’était pas tordu et il a été tenté par le diable qui a essayé de tordre la Parole de Dieu pour le séduire. Jésus ne s’est pas laissé berner, faisons comme lui. 

Dans ma fréquentation du Renouveau, j’ai appris que nous pouvions tous pratiquer sur nous-mêmes, pour nous-mêmes, des prières d’auto-exorcisme et si le mot vous gêne parlez de prière d’auto-libération pour sortir vainqueurs de ce genre de situations. Par exemple, quand je sens que je vais tomber dans la médisance, il suffit que je dise : esprit de médisance, dans la puissance du Nom de Jésus, je prends autorité sur toi et je t’ordonne de ne plus me tourmenter, j’appartiens au Seigneur. Et vous pouvez rajouter : tu as été fait pour louer le Seigneur, alors retourne à ta vocation première et laisse-moi en paix ! Evidemment, il ne s’agit pas d’une formule magique, vous pouvez la dire avec vos mots à vous. Et vous pouvez remplacer l’appellation par celle qui convient dans le moment de votre combat : esprit de jalousie, esprit de luxure, esprit de dénigrement, esprit d’orgueil, dans la puissance du Nom de Jésus … et vous déroulez votre prière. Je peux vous assurer que cette prière est une arme de destruction massive ! Alors courage ! Et, lorsque nous tombons rappelons-nous cette belle parole de mère Térésa qui disait : « Vous n’êtes pas appelés à réussir mais à être fidèles » Cette belle parole nous invite à nous relever et, encore plus conscients de nos faiblesses, à compter un peu plus sur la grâce pour repartir au combat !

Cet article a 3 commentaires

  1. Adéline GRYSELEYN

    Amen ! Merci pour ce topo bien intéressant sur les démons.

  2. wilhelm richard

    alors botus et mouches cousus : je ne vais pas en rajouter pour ne pas faire d’histoire.

  3. ngendakuriyo

    Merci bcp pere Roger

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