7 décembre : ce qui tue le plus la joie, ce qui nous rend douloureux, c’est l’éloignement de Dieu

Vous êtes sans doute plus capables que les français de mesurer la force des promesses qui se trouvent dans la 1° lecture. Le désert et la terre de la soif, le pays aride, vous, vous savez ce que c’est, vous vivez dedans et je commence à comprendre que la prospérité dépend de la quantité de pluies qui seront données pendant l’hivernage. En Israël, il y a des régions qui sont dans la même situation, c’est le Sud du pays qu’on appelle le désert de Judée qui s’étend jusqu’à la mer morte et il y pleut sans doute moins que chez vous. Alors, quand Isaïe annonce que le désert et la terre de la soif, le pays aride va se couvrir de fleurs des champs, ça parait vraiment trop beau pour être vrai. Et pour que les gens comprennent bien, il explique que ces régions désertiques vont ressembler au Liban qui est un pays extrêmement verdoyant ou à la région du Mont Carmel qui est le grenier à blé du pays, c’est un peu la Casamance d’Israël. Oui, ça semble complètement improbable qu’un tel miracle puisse avoir lieu.

Evidemment en annonçant la venue du Seigneur, Isaïe n’est pas en train de prédire un changement climatique favorable, ces promesses sont à entendre au plan spirituel. Dans les psaumes, l’âme de celui qui cherche Dieu est souvent comparée à une terre craquelée qui attend la pluie ou à une biche, un cerf à la recherche d’une source. Ainsi, ce matin, à l’office de Laudes, nous avions le psaume 41 : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant. » Ces images sont extrêmement belles et suggestives : sans eau, nul ne peut vivre, ni la nature, ni les animaux, ni les hommes ; eh bien, il en va de même au niveau spirituel : sans Dieu, nul ne peut vivre et ceux qui essaient de se passer de Dieu ou carrément d’exclure Dieu de leur vie et du monde ont un cœur qui finit par ressembler à une terre désertique qui ne peut plus rien produire. 

Mais la terre désertique, craquelée en profondeur, peut à tout moment refleurir et vous en êtes témoins, chaque année, il suffit que vienne la pluie pour que tout reparte et reparte très vite. Voilà la promesse que fait Isaïe : ceux qui ont un cœur qui semble devenu stérile, mais un cœur qui reste assoiffé, ils vont être comblés par la venue du Seigneur. Ils s’étaient épuisés à vivre sans Dieu ou épuisés à le chercher sans le trouver, eh bien, c’est le Seigneur lui-même qui va venir à leur rencontre pour étancher leur soif, pour faire couler des flots d’amour sur leurs cœurs qui deviendront à nouveau capables d’engendrer l’amour, c’est ce que suggèrent ces promesses imagées : « l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif, en eaux jaillissantes. »

Mais nous comprenons bien que le miracle ne pourra avoir lieu que pour ceux qui sont en recherche de Dieu, ceux qui ne le cherchent pas ou ceux qui croient l’avoir déjà trouvé et qui sont installés dans une religion tranquille, pour eux, il ne se passera rien. Non pas que Dieu veuille les exclure, mais il ne peut se donner qu’aux cœurs qui le cherche, qui le désire comme une terre craquelée désire l’eau. Il ne peut être une vraie richesse que pour ceux qui ont conscience de leur pauvreté. C’est pourquoi Isaïe annonce que les premiers bénéficiaires seront les aveugles, les boiteux, les muets, les sourds. Eux, leur pauvreté est évidente, ils ne peuvent pas la cacher, eh bien, le Seigneur va combler tous les pauvres, tous ceux qui acceptent de ne pas cacher leur pauvreté. 

Alors la question nous est posée : sommes-nous vraiment des chercheurs de Dieu ? Notre cœur est-il vraiment habité par le désir de le trouver, un désir aussi grand que celui d’une terre craquelée qui attend la pluie ? Sommes-nous vraiment prêts à reconnaître nos pauvretés pour qu’il puisse nous enrichir de son amour ? Si notre cœur est dans cette disposition, alors la promesse finale est aussi pour nous, une promesse magnifique, une promesse qui nous fait rêver : « Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient. » Ce qui tue le plus la joie, ce qui rend douloureux, c’est l’éloignement de Dieu. 

Oui, il est bon de le réentendre, ce qui tue le plus la joie, ce qui rend le plus douloureux, c’est l’éloignement de Dieu. Eh bien, l’Evangile va nous en apporter une brillante illustration. Ceux qui lisent ce texte , et nous en faisons partie, sont souvent étonnés. 

Voilà un homme qui, semble-t-il, n’a rien demandé, ce sont ses amis qui décident de le conduire à Jésus parce que, eux, ils ont foi en la puissance de Jésus. Peut-être a-t-il protesté quand ils sont venus le chercher et si c’était le cas, il a dû encore plus protester quand il s’est rendu compte de la manœuvre qu’était en train de faire ses amis. Essayez de vous imaginer, couché sur une civière, complètement paralysé, vous n’avez rien demandé et on vous monte sur le toit d’une maison pour vous descendre avec des cordes. Il y a de quoi s’inquiéter, une mauvaise manœuvre et vous êtes dans un état encore plus dramatique ! Bon, heureusement, tout s’est bien passé ! Mais arrivé en bas, quelle surprise ! Vos amis, pour justifier leur audace, vous avaient annoncé que l’homme auprès de qui ils vous conduisaient pouvait vous guérir. Bon, ça valait le coup de prendre tous ces risques ! Mais, voilà qu’arrivé enfin près de lui, vous l’entendez vous dire : « Tes péchés sont pardonnés ! » Quelle déception ! On a envie de dire : tout ça pour ça ?!

C’est ce que nous sommes tentés de penser quand nous lisons ce texte d’Evangile. Mais, lui, Jésus, il sait, comme je l’ai dit, il y a quelques instants que ce qui tue le plus la joie, ce qui rend le plus douloureux, ce qui est le plus paralysant, c’est l’éloignement de Dieu, c’est le péché et voilà pourquoi il dit à cet homme : « tes péchés sont pardonnés ! » D’ailleurs, vous aurez remarqué que l’homme ne proteste pas quand Jésus lui dit : « tes péchés sont pardonnés ! » Il ne dit pas à Jésus : « je ne suis pas venu pour ça, mes amis n’ont pas pris tous ces risques pour ça ! » Non, il semble accueillir paisiblement cette parole parce que, lorsque Jésus la prononce, il réalise sûrement qu’à cause de son handicap il s’éloignait de plus en plus de Dieu en le rendant responsable de toutes ses misères. 

« Tes péchés sont pardonnés ! » c’est donc par cette parole que Jésus va lui apporter la libération la plus profonde, celle qui allait le guérir de la paralysie la plus redoutable dont il était victime, la paralysie de son cœur causé par l’endurcissement dans le péché. Oui, c’est bien vrai : ce qui tue le plus la joie, ce qui rend le plus douloureux, ce qui est le plus paralysant, c’est l’éloignement de Dieu, c’est le péché. Mais Jésus n’en restera pas là et pour montrer que cette libération sera source de nombreux bienfaits, il le guérit physiquement.

A chaque fois que nous acceptons de reconnaître que ce qui tue le plus la joie, ce qui rend le plus douloureux, ce qui est le plus paralysant, c’est l’éloignement de Dieu, c’est le péché et à chaque fois que nous supplions le Seigneur de nous libérer par le don de sa miséricorde, nous expérimentons, nous aussi la même libération que la paralytique. Alors, pour ceux qui cherchent Dieu en osant se reconnaissant pauvres et pécheurs, il y aura promesse sur promesse. Nous avons entendu toutes celles de la lecture d’Isaïe, je ne résiste pas à vous donner encore celles du psaume 83 que j’aime tant : « Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore. Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! Quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source. » Voilà ce qui est promis aux habitants de la maison du Seigneur, c’est-à-dire à tous ceux qui, tel le fils prodigue, acceptent de revenir dans la maison du Père, de retrouver le chemin du cœur du Père en se laissant revêtir de sa miséricorde, ils seront non seulement libérés de la paralysie du cœur, mais de nouveaux chemins vont s’ouvrir dans leur cœur et ils ne connaitront plus la soif puisque, la présence miséricordieuse du Seigneur à leurs côtés deviendra une source qui leur permettra de traverser toutes les vallées de la soif, tous les déserts. Vous avez remarqué, il n’est pas dit qu’on n’aura plus de désert à traverser, mais on pourra les traverser sans mourir.

Heureux ceux qui croient que Jésus est venu accomplir toutes ces promesses !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen !
    Mais on y entre toujours par le toit dans la maison du Seigneur ? 😉

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