7° dimanche ordinaire : faire, refaire, parfaire

Quand on entend ce texte, on a envie de demander à Jésus, de manière ironique : et tu n’as pas envie d’en rajouter encore ? Ce que demandait la loi n’était déjà pas facile à accomplir, mais ce que demande Jésus, si nous sommes un peu lucides sur nous-mêmes, c’est tout simplement impossible d’autant plus qu’au fur et à mesure qu’il parle, il semble en rajouter encore ! Il commence par dire de ne pas riposter au méchant, bon, ce n’est déjà pas simple … mais tendre l’autre joue à celui qui nous frappe, c’est impensable et en plus, il nous demande d’aimer nos ennemis ! 

Mais attendez, ce n’est encore pas fini, le pompon, c’est qu’à la fin du texte, il transforme la demande que Dieu avait faite à Moïse, ce qu’il lui demandait n’était déjà pas simple : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » Oui, ce n’est déjà pas rien, mais Jésus, lui, il va encore plus loin, il dit : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » Saint c’est déjà un bel objectif, mais ça ne suffit pas, il faut devenir parfaits … comme Dieu ! » Et, on peut dire que, finalement, devenir parfaits, c’est le résumé de toutes les exigences, de tous les appels de cette partie du sermon sur la montagne que Jésus a prononcé dans l’élan de la proclamation des Béatitudes. 

Vous voyez, je suis à peu près sûr que Jésus fait exprès de nous en demander bien plus que ce que nous sommes capables de faire. S’il nous demandait juste un peu plus que nos capacités habituelles, nous serions capables, en nous forçant vraiment, d’y parvenir. Mais là, tu peux bien te forcer tout ce que tu veux, tu ne parviendras jamais à réaliser le programme … devenir parfait comme Dieu, ça restera toujours bien au-delà de ce que tu es capable ! Alors comment faire ?

Il y a deux manières de réagir quand on entend de telles paroles. La 1°, c’est de dire : bon Jésus, tu es très gentil, mais la barre est trop haute pour moi, tu te contenteras de ce que je suis capable de faire et c’est déjà pas mal ! Et la 2° c’est de se dire : s’il me le demande, c’est qu’il doit y avoir un moyen de l’accomplir. Ce n’est pas le genre de Jésus de nous demander l’impossible pour mieux nous mettre en échec et nous humilier.

Alors comment comprendre cet appel de Jésus et surtout comment peut-on y répondre ? Eh bien, je crois qu’il faut justement repartir de cette demande qui nous semble complètement folle : soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait. En français, on peut jouer sur le verbe faire et le décliner de cette manière : faire, refaire et parfaire. Et vous allez voir, ça peut devenir lumineux.

Dieu nous a fait, c’est la création. Mais voilà, le péché est venu contrarier le grand projet de Dieu. Pour autant, Dieu n’a pas baissé les bras, il a envoyé son fils dans le monde pour qu’il puisse refaire ce que le péché avait défait, c’est la Rédemption.

Avec humour, je dirai qu’il y a eu une réunion au sein de la Trinité pour se partager le job ! Dieu le Père a dit, je vais m’occuper de tout faire, la création sera ma plus belle œuvre. Le Fils a dit, je vais m’occuper de tout refaire ce que le péché a défait, la Rédemption sera ma mission. Et ils se sont alors tournés vers le Saint-Esprit et ils lui ont demandé : et Toi, quelle va être ta mission ? Le Saint-Esprit a répondu : si, Toi, le Père, tu t’occupes de faire et si, Toi, le Fils, tu t’occupes de refaire, moi, le Saint-Esprit, je vais m’occuper de PARFAIRE, ça sera ma grande mission qui consistera à sanctifier … et c’est bien à moi qu’il revient de le faire puisque mon nom dit ma mission : je suis l’Esprit-Saint, c’est-à-dire l’Esprit qui fait les saints.

Vous voyez, tout est lumineux : Faire, c’est la création, œuvre du Père ; refaire, c’est la rédemption, œuvre du Fils ; parfaire, c’est la sanctification et c’est l’œuvre du Saint-Esprit. Ainsi donc, quand Jésus dit : soyez parfaits comme votre Père est parfait, il ne nous demande pas de faire des efforts inconsidérés qui ne donneront jamais que de maigres résultats… il nous demande de nous remettre entre les mains du Saint-Esprit pour nous laisser parfaire.

Voilà donc le secret d’une vie chrétienne réussie, le secret d’une vie chrétienne féconde, c’est de se remettre entre les mains du Saint-Esprit parce que c’est lui qui va faire en nous ce que nous sommes incapables de réaliser. Les saints ne sont pas devenus des saints parce qu’ils étaient plus forts que les autres. D’ailleurs ils ont à peu près tous dit, avec leurs mots à eux, que si le Seigneur avait trouvé plus pauvre qu’eux, cette personne aurait été choisie pour que Dieu puisse réaliser, à travers elle, son œuvre. Les saints sont devenus des saints parce que, conscients tout à la fois de leur extrême pauvreté et de la grandeur de l’appel de Dieu qui dépassait tellement leurs capacités, ils se sont remis entre les mains du Saint-Esprit pour se laisser parfaire.

Quelle bonne nouvelle, ce ne sont pas les parfaits ou les presque parfaits ou ceux qui se pensent comme tels qui seront promis à un bel avenir chrétien. Souvent, avec eux, le Seigneur ne peut pas grand-chose parce qu’ils comptent trop sur eux. Ce sont les pauvres qui sont promis au plus bel avenir parce que eux, ils savent, connaissant trop bien leurs pauvretés et leurs limites qu’ils ne pourront répondre à l’appel du Seigneur qu’en se remettant entre ses mains lui qui les a faits, il ne rechignera jamais à leur donner Jésus qui pourra toujours refaire ce que le péché a défait et Jésus les encouragera à se remettre entre les mains du Saint Esprit qui va, peu à peu, les parfaire.

Avec tout ce que je viens de dire, vous comprenez déjà que le carême qui va s’ouvrir mercredi ne doit pas être envisagé comme un championnat de mortification, mais comme un temps où je vais me remettre entre les mains du Saint Esprit pour le laisser parfaire après lui avoir demandé, une fois encore, de me refaire et c’est ainsi que je rendrai gloire à Celui qui m’a fait par amour. 

Faire, refaire, parfaire, Création, Rédemption, sanctification : il est grand le mystère de la Foi !

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    quant à moi, je vais me laisser faire ….

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