Cette fête de Ste Anne et Joachim, les parents de la Vierge Marie et donc les grands-parents de Jésus nous plonge dans le réalisme de l’Incarnation. Quand Jésus appelait St Joseph, il l’appelait « papa » ou si on veut le dire en araméen « abba » ce qui a donné le mot abbé en français. Jésus ne disait pas à Joseph « père adoptif » est-ce que tu me permets d’aller jouer ? Il l’appelait « abba », il l’appelait comme tous les autres enfants appelaient leur papa, réalisme de l’incarnation que Dieu a voulu en donnant à Joseph la mission d’incarner une figure humaine de sa paternité divine. Du coup, de la même manière quand Jésus appelait ses grands-parents, il les appelait comme tous les autres enfants de l’époque appelaient leurs grands-parents. Je ne sais pas quelle était la coutume de l’époque et je ne sais pas si c’était aussi compliqué qu’aujourd’hui où les noms affectueux donnés aux grands-parents varient dans chaque famille !
Oui, il est vraiment beau ce réalisme de l’Incarnation que nous rappelle la fête des grands-parents de Jésus, Sainte Anne et Saint Joachim. Puisqu’en ce jour, nous sommes invités à explorer ce réalisme de l’Incarnation, allons-y, sachant que dans le domaine, qu’il y a beaucoup d’incertitudes historiques. En effet, les Evangiles ne mentionnent même pas le nom des grands-parents maternels. Pour ce qui concerne le grand-père paternel, les généalogies de Jésus en Matthieu et Luc le mentionnent mais comme leur perspective n’est pas généalogique mais théologique, ça reste encore flou ! Anne et Joachim, nous ne connaissons leurs noms que par les Evangiles apocryphes que l’Eglise a toujours regardés avec beaucoup de prudence. La tradition nous en donnera aussi quelques mentions dans des écrits des Pères de l’Eglise. Nous ne devons donc pas tirer de grandes théories à partir de ces renseignements, mais nous pouvons quand même les recueillir avec reconnaissance puisqu’ils nous permettent de donner un peu plus de chair au réalisme de l’Incarnation.
L’une des traditions concernant les grands-parents de Jésus les situe habitant à Séphoris, une ville qui se trouve seulement à une demi-heure de marche de Nazareth pour un bon marcheur. Nazareth était un tout petit village sans renommée : que peut-il sortir de bon de ce trou qu’est Nazareth, avait-on coutume de dire ! Par contre, Sephoris était la capitale de la Galilée. Les pèlerins qui ont eu la chance d’aller en Terre Sainte et de faire un pèlerinage approfondi se rappellent peut-être leur visite à Séphoris, avec ces magnifiques mosaïques retrouvées dans les somptueuses villas de Sephoris. Dans ses visites à ses grands-parents qui, eux, vivaient sans doute modestement, Jésus a donc découvert la richesse insolente. Et pourquoi ne pas imaginer que toutes les paroles adressées en forme de sévères avertissements aux personnes riches, Jésus en a trouvé l’inspiration dans ses visites à ses grands-parents ?
Qu’il soit bien clair que Jésus ne condamne jamais les personnes riches, Jésus n’est pas venu condamner mais sauver. Quand il dit « malheur à vous les riches » il ne prononce pas une malédiction, c’est plutôt une lamentation qu’il entonne devant ces personnes, enfermées dans leurs richesses, qui ont un cœur qui finit par se scléroser, incapable de battre, de vibrer aux besoins de leurs frères. En visitant ses grands-parents, Jésus a découvert que la vraie richesse, c’était l’amour simple que l’on recevait pour mieux le partager et c’est ce qui fera le fond de sa prédication.
De fait, il y a tant de personnes riches qui ne sont pas heureuses car elles ne connaissent pas le bonheur simple d’un amour gratuit, nous pouvons prier pour elles afin qu’elles reçoivent une profonde guérison qui leur permettra de comprendre tout le bien qu’elles pourraient faire avec tout cet argent qu’elles possèdent et dont elles n’ont même pas besoin.
Venons-en à la première lecture que nous avons entendue pour recueillir le message qu’elle nous livre, le chemin de vie qu’elle ouvre pour nous aujourd’hui. Ben Sira nous invitait à faire l’éloge des anciens, à rendre grâce pour l’héritage qu’ils nous laissent.
Cet héritage, l’auteur de la lettre aux Hébreux, le précisera quand il écrira : « Quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi. » Quand je célébrais, comme curé de paroisse, des funérailles, c’était une parole que j’aimais bien rappeler. Aujourd’hui, elles sont nombreuses les familles dans lesquelles la foi part à la dérive, eh bien, nous constatons que ceux qui tiennent, ceux qui restent un repère pour les petits-enfants curieux de tout, ce sont les grands-parents. « Quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi. » Du coup, dans ce genre de familles, quand les parents n’ont plus rien à transmettre au niveau de la foi, les grands-parents se retrouvent investis d’une mission extraordinairement importante. Ils peuvent être les seuls qui parlerons à leurs petits-enfants de Dieu et non seulement ils parleront de Lui, mais ils les mettront en contact avec le Seigneur.
Je sais qu’en accomplissant cette mission, certains ont parfois des scrupules en se disant : est-ce que je respecte assez la liberté et le choix de mes enfants qui ne veulent pas leur en parler ? Moi, je crois qu’on a toujours le droit pour ne pas dire le devoir de témoigner de ce qui nous fait vivre. Et quand la foi nous fait vivre, il est impossible de se présenter comme amputé de cette dimension si importante de notre vie devant des petits-enfants. Il est toujours possible de dire respectueusement : « tu me demandes de garder tes enfants, merci de la joie que tu me procures, mais tu sais que le dimanche, j’ai un rendez-vous incontournable avec mon Seigneur, alors j’irai en emmenant tes enfants avec moi et tu sais aussi que chaque soir, je ne m’endors pas sans avoir parlé avec mon Seigneur, donc je proposerai aussi à tes enfants, s’ils l’acceptent de se joindre à moi pour ce rendez-vous vital. » Evidemment, il ne s’agit pas de gaver les petits-enfants comme on gave des oies ! Si le foie gras a des saveurs exceptionnelles, « la foi grasse » est plutôt repoussante !
Demandons l’intercession de Ste Anne et St Joachim et de Notre Dame de Laghet pour tous les grands-parents d’aujourd’hui afin qu’ils deviennent des grands-parents disciples-missionnaires.
Après les artistes et leur mise en Seine,
Voici que les sportifs entrent dans l’arène
Pour nous faire vivre une grande quinzaine
Et nous tenir en haleine
Au point de nous faire pleurer comme Marie-Madeleine !
Et c’est avec persévérance mais sans haine
Que la récompense pour les meilleurs ne restera pas vaine.