1° février : jeudi 4° semaine temps ordinaire : le secret d’une vie réussie … ne pas changer de tunique pour ne pas avoir honte.

Des textes que nous venons d’entendre, j’aimerais retenir deux points

Le premier point concerne la 1° lecture qui nous a fait entendre ce moment si émouvant de la mort de David. Avant que cette mort n’arrive, David fait venir son fils Salomon, celui qui va lui succéder afin de lui transmettre ce qui lui parait le plus essentiel. David n’agit pas comme nos présidents de la République, quand il y a un changement, vous savez qu’au moment de la passation des pouvoirs celui qui part transmet à celui qui arrive le code de la valise nucléaire. David ne transmet pas ces codes nucléaires, entendez par là, que David ne livre pas à son fils les secrets pour réussir une guerre. Pourtant, Dieu sait si David s’y connaissait en ce domaine, lui qui fut un roi si guerrier ! 

Il ne lui donne pas non plus le code de son coffre-fort et Dieu sait s’il devait être bien garni, la guerre coûte aux hommes qui y laissent souvent leur peau, mais elle rapporte au roi grâce à toutes les prises de guerre. Ce que David transmet à son fils Salomon, c’est vraiment le plus essentiel, à savoir la clé d’une vie réussie. Tu garderas les observances du Seigneur ton Dieu, en marchant dans ses chemins. Tu observeras ses décrets, ses commandements, ses ordonnances et ses édits, selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse. Les paroles si fortes transmises par ce père, enfin devenu sage, expliquent sans doute cette légendaire sagesse attribuée à Salomon et qui éclatera si bien dans la fameuse demande qu’il fera au Seigneur et que nous aurons l’occasion de lire samedi. C’est tellement beau de voir la trajectoire de la vie du roi David qui n’a pas été une trajectoire rectiligne, son péché avec Bethsabée, en est l’attestation. Mais il finira bien et son itinéraire de vie est une belle illustration de cette parole attribuée à Oscar Wilde que le pape François aime tant citer : les saints ont tous un passé et les pécheurs un avenir … que moi j’aime transformer en disant : les saints ont tous un passif et les pécheurs un avenir. Nous savons donc ce qui nous reste à faire si nous voulons avoir un avenir !

Le 2° point concerne l’Evangile. Il y aurait beaucoup à dire sur les consignes de Jésus, je ne m’arrête que sur l’une des consignes si étonnante : ne prenez pas de tunique de rechange ! Je dis étonnante parce que dans un pays où on transpire tant, avoir une deuxième tunique est un acte de charité à l’égard de ceux qu’on rencontre : une tunique propre sur soi et l’autre qui a été lavée et qui sèche, c’est ainsi qu’on parviendra à ne pas imposer à ceux que l’on rencontre l’odeur de notre transpiration ! Et comme en plus, Jésus dit cela dans un contexte d’évangélisation, ça paraitrait du bon sens d’avoir deux tuniques, comment pourrons-nous approcher ceux que nous voulons évangéliser si nous les repoussons par notre odeur ! Eh bien, si Jésus dit : une seule tunique, c’est qu’il pense à une tunique sur laquelle l’odeur de la transpiration ne peut pas se fixer.

C’est un homme un peu particulier qui m’a aidé à comprendre ce texte. Il a reçu un surnom pas très glorieux mais qu’il a gardé, on le connait sous le nom de « Sapu » Après avoir été SDF, d’où son surnom, il a été engagé dans un groupe rock très célèbre à l’époque, « les garçons bouchers ». Et après des expériences assez déstructurantes qu’on peut facilement imaginer dans ce milieu du show-bizness, il a fait une rencontre fulgurante avec le Seigneur qui a complètement changé sa vie. A partir de là, lui qui avait déjà pas mal de tatouages, il a décidé de se faire tatouer une grande croix sur son crâne totalement dégarni, une croix qui descend assez bas entre les deux yeux. Il était venu témoigner dans mon diocèse et comme un jeune imbécile, je lui avais demandé s’il n’en faisait quand même pas trop avec cette croix tatouée. Il m’a regardé et il m’a dit : ton signe distinctif de curé, je suis sûr que tu l’enlèves de temps en temps, en certaines circonstances. Moi aussi, au début, j’avais une croix que j’enlevais de temps en temps ! Et il m’a raconté qu’il a entendu Jésus lui dire un jour où il enlevait sa croix : est-ce que tu fais ça parce que tu aurais honte de moi ? Si c’est le cas, sache que, Moi, je n’ai jamais eu honte de toi, même dans les pires moments de ta vie ! Il en a été tellement retourné qu’il s’est fait tatouer cette croix pour être sûr de ne plus jamais l’enlever et il a demandé que le tatouage descende suffisamment bas pour qu’il ne puisse jamais le recouvrir ni par un bonnet, ni par une casquette !

Et c’est là qu’il m’a parlé de ce texte de l’Evangile, il m’a dit : Jésus nous a ordonné de n’avoir qu’une seule tunique pour que nous ne soyons jamais tentés de l’enlever car la tunique dont il parle, c’est la tunique de notre baptême qui nous lie à lui pour toujours. Si nous l’enlevons ça signifie que nous avons honte de lui, de lui qui n’a jamais honte de nous ! Et il a rajouté : ne t’inquiète pas, cette tunique, elle ne garde pas l’odeur de la transpiration parce que c’est une tunique qui respire la bonne odeur de la grâce signifiée par le parfum du Saint-Chrême dont nous avons été marqué à notre Baptême et à notre confirmation. Quelle leçon, j’ai reçue ce jour-là ! 

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de retenir le secret d’une vie réussie, secret transmis par David à Salomon, demandons aussi la grâce de retenir la leçon de ce frère nous encourageant à ne jamais cacher la tunique de notre baptême sous une autre tunique qui nous ferait passer incognito ! 

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