Vendredi 25 juin : 12° semaine ordinaire Ne rabaisse pas la promesse au niveau de ce que tu es capable d’accomplir !

La fête de la nativité de St Jean-Baptiste, hier, nous a fait sauter un épisode dans la saga d’Abraham que nous lisons en 1° lecture, en ce moment. Et cet épisode est assez déterminant pour comprendre la lecture d’aujourd’hui puisqu’il s’agit de la naissance d’Ismaël. J’en dis quelques mots parce que, à force d’entendre ces promesses renouvelées pour lui et sa descendance, Abraham s’est dit qu’il fallait peut-être qu’il s’en occupe lui-même de se faire une descendance. Il a compris cette insistance de Dieu comme une invitation à mettre la main à la pâte. Or, comme son épouse était stérile, il a fait ce qui se faisait à l’époque, il a couché avec la servante de sa femme qui leur a donné un fils, Ismaël. Ce n’était pas l’enfant rêvé, mais c’était déjà mieux que rien. Vous savez ce qu’on dit : un tiens vaut mieux que deux tu l’auras !

Loin de moi, l’idée de critiquer Abraham, quand vous entendez depuis 20 ans la même promesse qui ne s’accomplit pas, vous pouvez légitimement penser que Dieu compte sur vous pour l’aider à accomplir cette promesse, qu’il ne faut plus attendre qu’elle tombe, toute cuite, du ciel. Seulement voilà, après la naissance d’Ismaël, Dieu revient à la charge et c’est la lecture d’aujourd’hui. Dieu renouvelle sa promesse d’une descendance, manifestant clairement que ce n’est pas Ismaël qui est la réalisation de la promesse. Et, là, Dieu va être très précis, c’est un fils que Sara, elle-même, va enfanter dans sa vieillesse et on apprend déjà le nom qui lui sera donné, Isaac. Et, c’est là qu’Abraham va avoir une attitude pas très juste. Entre parenthèse, c’est très beau de voir comment la Bible ne cache jamais les défauts, les pauvretés des grandes figures qui nous sont données en modèle. Si Abraham, le Père de tous les croyants, le modèle de la Foi, a eu besoin de temps pour entrer dans une relation ajustée avec Dieu, ne nous étonnons pas qu’il nous en faille à nous aussi qui n’avons quand pas la même envergure !

Qu’Abraham se soit trompé en pensant qu’il devait mettre la main à la pâte pour réaliser l’accomplissement de la promesse, ça, on peut le comprendre facilement. Par contre, quand Dieu revient à la charge, qu’il ne lui fasse pas confiance, c’est un autre problème. « Accorde- moi seulement qu’Ismaël vive sous ton regard ! » Cette petite réflexion d’Abraham, elle est à la fois très belle et manifestement pas ajustée. Il ne demande pas la prospérité pour Ismaël, il ne demande pas la réussite, il ne demande qu’une seule chose : qu’il vive toute sa vie sous le regard de Dieu, que jamais il n’en vienne à se cacher du regard de Dieu pour mener une vie de désordre. C’est très beau ! Mais, en même temps, cette réflexion atteste qu’Abraham n’y croit plus, à force d’entendre ces promesses et de ne pas en voir la réalisation, il accepte de se contenter de ce qu’il a en pensant que c’est déjà mieux que rien ! Et la réponse de Dieu est très belle, il a entendu la demande, la prière d’Abraham à propos d’Ismaël, mais il n’accepte pas de rabaisser sa promesse, il persiste, avec Sara, vous aurez un fils et ce coup-là, une date est donnée, rappelez-vous cette si belle et si juste parole de Dieu que nous rapporte le prophète Isaïe, parole que je citais déjà mercredi : au temps favorable, j’agirai vite !

Que pouvons-nous tirer de cela ? Je retiendrai 3 convictions ! D’abord et avant tout, que Dieu est digne de Foi, il ne nous mènera jamais en bateau ! Quand nous lisons le Premier Testament, nous voyons que Dieu est le Dieu de la promesse et que jamais il n’a pu être pris en faute de faire des promesses qui n’auraient pas trouvé leur exaucement. Et l’accomplissement des promesses culminera dans l’accomplissement de la promesse des promesses : venir parmi les hommes pour réaliser la plus grande opération de toute l’histoire de l’humanité, je veux parler du Salut apporté en Jésus. Peut-être pourrions-nous, si nous avons un peu de temps, ces jours, relire notre histoire pour renforcer en nous cette certitude : Dieu est digne de foi. Si nous regardons de près, je suis sûr que nous découvrirons avec émerveillement qu’il a toujours été là, avec nous. 

Oh, bien sûr, sa présence à nos côtés n’est pas une assurance tout risque, nous avons pu traverser de grosses épreuves et ça peut encore continuer, mais il est là. Vous savez, c’est le fameux texte des traces de pas dans le sable. Une personne fait justement cette relecture de vie et voit nettement la présence de Dieu à ses côtés, comme matérialisée : il y a deux traces de pas sur le sable, côte à côte, signe que Dieu marchait avec elle. Mais voilà que lorsqu’elle revisite les pires moments de sa vie, elle est très troublée car il n’y a plus qu’une seule trace. Elle interroge Dieu : m’aurais-tu laissé tomber dans ces pires moments de ma vie ? Et Dieu lui répond avec tendresse que s’il n’y a qu’une seule trace, c’est parce que, dans ces pires moments, elle ne pouvait plus avancer, alors il l’a portée ! C’était ma 1° conviction, oui, Dieu est digne de Foi. C’est l’expérience que va faire Abraham et il en sera convaincu pour le reste de ses jours, devenant ainsi le Père de tous les croyants.

La deuxième conviction, c’est que confiance et patience doivent toujours se conjuguer puisque, comme je le disais déjà mercredi, le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes. Nous, nous restons d’éternels adolescents, nous voulons tout et tout de suite ! Les psys nous apprennent qu’on grandit en gérant nos frustrations. Eh bien, Dieu nous aide à grandir, avec lui, c’est tout et même plus que tout, mais jamais tout de suite ! Au temps favorable, j’agirai vite, en attendant ce temps favorable, patience et confiance. Et la patience sera d’autant plus facile à vivre que la confiance grandira. Appuyons-nous sur toutes les expériences que nous permettent de dire avec assurance que Dieu est digne de foi pour vivre la patience.

Enfin la 3° conviction, c’est qu’il ne faut jamais rabaisser les promesses de Dieu au niveau de ce que nous sommes capables de faire. Abraham, en pensant qu’il devait mettre la main à la pâte, a rabaissé la promesse à niveau très humain : il a fait ce que lui, homme, était capable de faire. Mais, évidemment, Dieu, lui, quand on lui fait confiance est capable de tellement mieux ! Et tout cela, ce ne sont pas des paroles, nous le voyons bien dans l’histoire de l’Eglise. Je ne prends que deux exemples. En entendant la demande que Dieu lui faisait : « reconstruis mon Eglise » François a compris qu’avec cette demande, c’était aussi une promesse que Dieu lui adressait : je serai avec toi. L’Eglise de son siècle était dans un tel état que François aurait pu se décourager devant l’ampleur de la tâche. Il aurait pu dire au Seigneur : je vais faire ce que je peux ! Mais en procédant ainsi, il aurait rabaissé le niveau de la promesse au niveau de ce qu’il était capable de faire. Et, s’il en avait été ainsi, les franciscains n’existeraient sans doute plus aujourd’hui ! Autre exemple, c’est le Seigneur qui saisit un petit bout de femme qui enseigne pour les familles riches en Inde en lui montrant la misère du monde et en lui faisant comprendre qu’il a besoin d’elle. Mère Térésa va rencontrer des difficultés sans nom, notamment au sein de sa propre congrégation dont elle devra partir. Elle a cru que derrière la demande du Seigneur, il y avait une promesse, alors elle a fait ce qu’il fallait faire, dans une confiance absolue en la puissance de Dieu. Et, aujourd’hui, les missionnaires de la charité sont plus de 5000 réparties dans plus de 30 pays du monde ! Voilà ce qui se produit quand on ne rabaisse pas la promesse au niveau de ce que nous sommes capables d’accomplir.

Vous allez peut-être me dire : très bien, mais moi, je ne suis ni François d’Assise, ni mère Teresa ! C’est vrai, moi non plus, je ne suis ni François d’Assise, ni mère Teresa ! Mais pour autant le Seigneur, ne nous dit pas : puisque vous êtes des petites pointures, je n’ai pas de projet avec vous, pour vous ! Il nous appelle, comme le disait Ste Thérèse, à remplir chaque instant de notre vie du maximum d’amour et ça, c’est très grand, tellement grand que ça dépasse nos capacités. Mais il nous fait cette même demande qu’à Abraham, demande doublée d’une promesse : marche en ma présence et tu seras parfait ! Ce que j’attends de toi, c’est que tu mettes un maximum d’amour dans chaque instant de ta vie, si tu le fais, ta vie sera réussie, mais tu n’y parviendras pas sans marcher avec moi. Ne rabaisse pas cette promesse en disant : je fais ce que je peux et c’est déjà pas mal, Dieu m’aime comme je suis. Oui, Dieu t’aime comme tu es mais il ne veut pas te laisser tel que tu es. Ecoute sa promesse !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Magnifique…
    Merci

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