10 février : ambiguïté du temple : sur qui, sur quoi mettons-nous notre confiance ?

Il est souvent très intéressant quand on lit l’Ecriture de chercher à donner du sens à certains petits détails. A l’époque où il n’y avait ni papier ni stylo, c’était tellement compliqué d’écrire et ça revenait tellement cher qu’on peut être sûr que les détails qui ont été écrits ne l’ont pas été pour faire du remplissage !

C’est ainsi que nous apprenons que cette entrée solennelle de l’Arche d’Alliance dans le Temple a lieu « au septième mois, durant la fête des Tentes. » Cette fête des Tentes ou fête des cabanes, appelée « Soukkot » est une très belle fête. Pendant 7 jours, aujourd’hui encore, les juifs fervents habitent sous une tente ou une cabane construite dans la maison ou sur un balcon pour se rappeler que lors de la traversée du désert, on n’avait rien mais on n’a jamais manqué de l’essentiel parce que Dieu était avec nous, lui aussi, habitant sous une tente.

Vraiment, ce n’est pas un simple détail que cette entrée solennelle de l’Arche dans le Temple ait eu lieu pendant la fête des Tentes. Peut-être que les responsables religieux avaient pensé que ça serait très symbolique de faire cette fête au cours de la fête des Tentes. En effet, Dieu allait quitter la Tente sous laquelle il résidait pour habiter son nouveau palis, le Temple. C’était symbolique de célébrer ce passage durant la fête des Tentes. Mais on doit surtout voir le doigt de Dieu dans ce concours de circonstances.

Nous avions vu les semaines dernières que l’idée de devoir habiter un Temple de pierre ne remplissait pas le cœur de Dieu d’une joie débordante, il préférait demeurer, dans une tente, au milieu de son peuple. Mais, les hommes et le roi David en tête, ils y tenaient à cette construction, ils voulaient que Dieu soit bien logé … peut-être qu’ils tenaient aussi à cette construction un peu pour leur gloire à eux ! Avec ce Temple majestueux, ils pourraient montrer que ce petit peuple ne comptait pas pour rien ! Pour cette raison et bien d’autres encore, le projet de construction de ce Temple et sa réalisation n’étaient pas sans question pour Dieu.

Alors, il n’est pas anodin que l’acte final ait eu lieu au cours de la fête des Tentes, qui rappelait au peuple que lorsqu’il n’avait rien, il n’a jamais manqué de l’essentiel puisque Dieu était avec lui. C’est comme si Dieu voulait poser cette question : et maintenant que vous avez ce Temple majestueux, sur quoi, sur qui va reposer votre confiance ? Est-ce que vous allez mettre votre confiance dans la solidité et la grandeur de vos constructions ou est-ce que vous allez continuer à mettre votre confiance en moi qui ai choisi de demeurer parmi vous ? Cette question mérite d’être entendue à toutes les époques et chez nous, les chrétiens, la question se pose aussi.

Tous les hommes de tous les temps ont fait de belles constructions, il n’y a qu’à penser à ce que peut représenter la construction d’une cathédrale, tout le savoir-faire, toutes les énergies mobilisées. 

Oui, c’est très beau ! Mais quand les hommes construisent de beaux bâtiments, c’est forcément à un moment où leurs institutions sont puissantes. De fait, quand l’Eglise a construit ces belles cathédrales, c’était au temps de sa puissance. Mais le risque, c’est que peu à peu on oublie Celui pour qui la cathédrale a été construite et qu’on mette sa confiance dans la force, dans la solidité, dans la puissance dont témoigne cette construction. Nous sommes forts puisque nous sommes capables de construire et aussi nous sommes riches, rien ne sera trop beau.

Le temple de Jérusalem, selon la prophétie de Jésus, il n’en est pas resté pierre sur pierre. Est-ce que la bonne leçon a été tirée ? Oui, cette destruction était un drame architectural, mais elle ne devait pas mettre pas en péril la foi car, ce qui compte le plus, ce n’est pas le Temple, mais Celui qui habite le Temple et la destruction du Temple ne marque pas un ébranlement de la puissance de Celui qui l’habite. Avec cet arrière-fond, on peut s’interroger sur l’émoi suscité par l’incendie de Notre-Dame de Paris. Oui, c’est un drame architectural, mais pas un ébranlement de la Foi. Moi, j’aimerais d’ailleurs qu’on recouvre le trou béant du toit par un dôme de verre pour que ça ne pleuve pas dedans mais ça obligerait les visiteurs à lever la tête pour voir. Or, une cathédrale, elle a été construite non pas pour qu’on en fasse le tour avec un appareil photo, mais pour nous faire lever la tête, pour élever nos cœurs. Vous connaissez le proverbe : le sage montre la lune et l’idiot regarde le doigt ! 

Aujourd’hui, au moins chez nous, l’affaiblissement de la puissance de l’Eglise est sans doute une épreuve à vivre comme une purification. Peut-être avions-nous fini par mettre un peu trop notre confiance dans des moyens humains : nous étions forts, nous comptions dans la société, nous avions de l’argent, beaucoup de personnel et tout cela disparait peu à peu. Je ne sais pas si c’est Dieu qui le veut, mais il le permet comme pour nous rappeler ce qu’il rappelait à son peuple chaque année au cours de la fête des Tentes : quand vous n’aviez rien ou pas grand-chose, vous n’avez jamais manqué de l’essentiel parce que vous comptiez sur moi, vous êtes en train de perdre beaucoup, peut-être allez-vous à nouveau vous mettre à compter sur moi ? Vous ressemblerez alors à tous ces pauvres qui couraient après Jésus pour obtenir la guérison, ces pauvres, ils avaient bien compris que leur Salut était en lui, que c’était en lui qu’il fallait mettre toute sa confiance.

Puissions-nous en venant communier renouveler notre foi en Jésus, abandonner toute peur devant ce qui semble s’écrouler et croire en sa puissance, croire que tant qu’il sera au milieu de nous, même si nous n’avons plus grand chose, nous ne manquerons jamais de l’essentiel.

Peut-être pouvons-nous voir un clin d’oeil ou un « clin Dieu » que toutes ces questions nous soient posées un 10 février date importante pour nos Foyers.

Cet article a 2 commentaires

  1. wilhelm richard

    « Je préfère nettement une Église qui souffre, qui est pauvre, en difficulté, même une Église blessée mais qui soit dans la vérité enfin, plutôt qu’Église qui brille, glorieuse mais qui soit dans le mensonge. C’est un message d’Espérance.
    Avoir le désir profond de réagir, de purifier l’Église, de la rendre plus belle, plus nouvelle. Pour cela, il est nécessaire de la rendre plus vraie. » Ces deux phrases viennent d’une interview de Mgr GOBILLIARD, il y a 11 mois. et je trouve cette intervention si juste …..
    de mon côté, j’oserai rajouter : Seigneur, tu es mon abri, sans toi(t) je ne suis rien !!!!!!

    1. Père Roger Hébert

      Mgr Gobillard cite Evangelii Gaudium 49 !

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