18 novembre : Pour ceux qui cherchent les révélations extraordinaires

Le lectionnaire liturgique ne nous a permis d’entendre que 3 des 7 sept lettres de l’Apocalypse, si vous avez un peu de temps, vous pourriez lire les 4 autres que nous n’avons pas entendues pour recueillir ce que l’Esprit veut encore nous dire à nous aujourd’hui à travers ces écrits. 

Je voudrais profiter du premier verset de la lecture pour dire quelques mots de présentation générale du livre de l’Apocalypse. La lecture commençait ainsi : « Moi, Jean, après cela (c’est-à-dire après ces 7 lettres), j’ai vu : et voici qu’il y avait une porte ouverte dans le ciel. » Eh bien ce que Jean voit permet de définir très précisément ce qu’est le livre de l’Apocalypse : une porte ouverte sur le ciel. Le livre de l’Apocalypse nous permet de voir le monde de Dieu. D’ailleurs, c’est le sens du mot apocalypse en grec qui signifie : dévoilement. Dans le livre de l’Apocalypse, le voile qui nous empêche habituellement de voir le monde de Dieu est soulevé et nous pouvons donc voir ce monde de Dieu. En fait, ce n’est pas nous qui voyons, c’est l’apôtre Jean qui nous fait partager la vision qu’il a eue et qu’il lui a été demandé de mettre par écrit.

Je ne sais pas si vous, le Seigneur vous donne régulièrement des visions, moi, ça ne m’arrive pas ! Du coup, je ne suis pas habitué à ce que l’on peut voir dans le monde de Dieu ce qui explique que je sois un peu perdu devant certaines des images. Mais je crois que Saint Jean, lui aussi, était un peu perdu. C’est pourquoi, très souvent, il peine à décrire ce qui lui a été dévoilé, il explique qu’il a vu quelque chose pareille à … qui avait l’aspect de … et l’un des mots qui revient le plus souvent, c’est le petit mot « comme » : ce qu’il voit c’est comme … On sent qu’il n’arrive pas à trouver les mots parfaitement justes pour nous aider à entrer dans la vision qui lui a été donnée et c’est vrai que cette vision est quand même assez extraordinaire. 

Tout cela pour dire qu’il ne faut pas trop s’affoler si nous n’arrivons pas toujours à comprendre tous les détails ! L’essentiel n’est pas forcément de comprendre chaque image et chaque détail de chaque image, mais l’essentiel sera de comprendre le sens général. Par exemple, attardons-nous sur les 4 vivants de la vision qui nous est rapportée aujourd’hui. Ces 4 vivants avec la description qui nous est faite, nous comprenons qu’il s’agit des 4 évangélistes. Le premier Vivant ressemble à un lion, traditionnellement, c’est le symbole de l’Evangile de Marc. Le deuxième Vivant ressemble à un jeune taureau, c’est le symbole de l’Evangile de Luc. Le troisième Vivant a comme un visage d’homme, c’est le symbole de l’Evangile de Matthieu. Et le quatrième Vivant ressemble à un aigle en plein vol, c’est le symbole de l’Evangile de Jean.

Mais, en plus de ces formes étonnantes, ce qui retient notre attention, c’est que ces drôles de personnages ont des ailes et des yeux en quantité : 6 ailes et des yeux partout, autour des ailes et dans les ailes ! Puisque ça parait complètement improbable, c’est le signe qu’il faut rechercher le sens global sans essayer de se représenter à quoi peuvent ressembler ces vivants. 

Commençons par les ailes. Habituellement, les volatiles en ont deux et avec deux ailes, ils se débrouillent très bien pour quitter la terre et voler très haut puis revenir sur terre. Si avec deux ailes, ça marche bien, on imagine qu’avec 6 ailes, ces vivants sont encore plus performants que le plus performant des oiseaux pour passer de la terre au ciel et revenir sur terre.

Venons-en aux yeux maintenant. Nous, avec deux yeux, nous voyons déjà pas mal. Mais c’est vrai que notre vue est quand même limitée, quand je regarde devant, je ne vois plus ce qui se passe derrière, ni sur les côtés ! Eux, les 4 vivants, ils ont des yeux partout, c’est-à-dire qu’ils ont une vision parfaite, ils peuvent tout voir en même temps.

Alors appliquons cela au fait que la vision révèle que ces vivants sont les évangélistes. Le fait qu’ils aient 6 ailes nous révèle que les Evangiles vont sans arrêt nous faire passer, et avec grande facilité, de la terre au ciel et nous faire revenir sur terre. Oui les Evangiles nous transportent dans le monde de Dieu pour que nous puissions vivre sur terre comme au ciel comme nous le fait dire le Notre Père. Le fait qu’ils aient des yeux partout nous indique que lorsque nous suivons les Evangiles, nous voyons très clairement ce qu’il convient de faire. Avec tous leurs yeux, les évangélistes, sont, comme on le dit en français, clairvoyants. Eh bien, lire l’Evangile, prendre l’Evangile comme boussole, c’est, à notre tour, devenir clairvoyants. Et vous voyez qu’en plus, quand le ciel s’ouvre, c’est n’est pas pour nous dire qu’il faut courir après les visions, après le sensationnel, c’est pour nous dire que les guides les plus sûrs que nous avons pour mener notre vie quotidienne, ce sont les Evangiles.

Rappelons-nous que toute cette révélation a été donnée à Saint Jean pour qu’en la transmettant, il soutienne les chrétiens qui étaient en train de subir la persécution déclenchée sous l’empereur Domitien à la fin du 1° siècle. Dans cette situation difficile, peut-être que ces chrétiens malmenés rêvaient que le Christ leur apparaisse directement ou la Vierge pour leur dire ce qu’ils devaient faire. Eh bien, l’apocalypse, à travers ce langage imagé concernant les 4 Vivants, va soutenir ces chrétiens en leur disant : ne rêvez pas de sensationnel, ne rêvez pas de révélations exceptionnelles, c’est dans l’Evangile que vous trouverez tout ce dont vous avez besoin pour savoir comment vous comporter en ces temps difficiles de persécution. Oui, il y a tout dans l’Evangile et si vous vivez l’Evangile, vous deviendrez clairvoyants comme le sont les 4 Vivants avec leurs yeux partout. Si vous vivez l’Evangile, comme les 4 Vivants avec leurs 6 ailes, vous passerez sans arrêt de la terre et ses problèmes au ciel et ses consolations pour revenir plus forts sur la terre. La révélation donnée à Jean est donc une invitation pour ces chrétiens à se nourrir de l’Evangile au quotidien, à réentendre que Jésus avait bien dit que le Serviteur n’était pas au-dessus de son maître et que, donc, ce qu’il a subi, les disciples le subiront à leur tour. Mais, en se nourrissant de l’Evangile, on entendra aussi qu’il avait dit que lorsque les disciples seront trainés devant les tribunaux et condamnés faussement, ils n’auraient pas à s’inquiéter, l’Esprit-Saint leur inspirerait ce qu’il faudrait dire. Et puis, en se nourrissant de l’Evangile, ils découvriront que, dans sa mort, Jésus a montré comment devait mourir un chrétien qui veut être digne de ce nom, c’est à dire en pardonnant à ses bourreaux et remettant, dans la confiance, son esprit entre les mains du Père du ciel qui recueille toute offrande pour la rendre féconde.

Il peut nous arriver, à nous aussi, quand nous traversons une période d’incertitude, de grands combats de rêver de recevoir un message clair qui nous vienne du ciel. Dans ces moments-là, relisons l’Apocalypse puisque ce livre est la porte ouverte qui nous montre le ciel, qui nous permet d’entendre le ciel nous parler et nous entendrons cette invitation à prendre les Evangiles comme la boussole la plus sûre pour nous guider sur le chemin de la vie. Inutile d’attendre de grandes révélations extraordinaires, tout a déjà été donné.

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