22 décembre : 4° dimanche de l’Avent … les clins Dieu des Ecritures.

Ce texte bien connu de la Visitation que nous venons d’entendre est un régal pour les commentateurs des Ecritures qui y trouvent quantité de « clins Dieu » avec des épisodes du 1° Testament. Regardons l’un ou l’autre de ces passages qui font écho à des paroles, des situations du 1° Testament pour voir comment ils enrichissent et renouvellent notre compréhension de ce texte.

Arrêtons-nous d’abord sur la salutation qu’Elisabeth adresse à Marie qui est tellement importante qu’elle sera reprise pour devenir le cœur de notre prière mariale, le « Je vous salue Marie ». En effet Elisabeth dit à Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. » Le lecteur pétri des Écritures entend assez vite derrière ces paroles d’autres paroles venant du livre de Judith. Judith est une femme assez extraordinaire qui va sauver son peuple d’une invasion assyrienne en osant défier le général Holopherne envoyé par Nabuchodonosor, elle ira même jusqu’à le décapiter. C’est comme l’ancêtre de Jeanne d’Arc. A son retour, évidemment, elle est accueillie triomphalement et c’est à ce moment qu’on prononce pour elle cette parole : « Tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le Seigneur Dieu ». Quand Elisabeth dit à Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni », nous reconnaissons sans peine la parole qui a inspiré Elisabeth, qui, comme tous les juifs, étai pétrie des Ecritures. Mais ce qui est le plus important, c’est de voir ce que le rapprochement de ces deux citations nous apprend. 

En adressant à Marie les paroles qui, jadis, étaient adressées à Judith, la victorieuse, Elisabeth veut très clairement signifier que Marie apporte elle aussi la victoire ou plutôt qu’elle porte en elle celui qui apportera la victoire sur le mal. Car vous aurez remarqué que la 2° partie de la citation comporte une différence. A Judith, on disait : « Tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le Seigneur Dieu » à Marie, Elisabeth dira : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. » Pour faire simple, on disait à Judith que si elle avait été capable d’une telle audace et si elle avait pu remporter cette victoire, c’est parce que Dieu l’avait accompagnée. En ce qui concerne Marie, Elisabeth va aller plus loin précisant que c’est celui qu’elle porte qui apportera la victoire et qui deviendra source de bénédiction. 

Ainsi donc, le « Je vous salue Marie » que nous prions ne nous détourne pas de Jésus, en tout cas, il ne devrait pas nous détourner de Jésus. En effet, reprenant dans cette prière, les paroles de salutation d’Elisabeth,  nous sommes invités à croire que c’est par Jésus que nous serons victorieux du mal et que c’est par lui et par lui seulement que nous recevrons bénédictions sur bénédictions. Dans ces conditions, comment ne pas dire merci à Marie d’avoir accepté de porter celui qui nous apporte tout ? C’est ce que fait Elisabeth, c’est ce que nous faisons, nous aussi, à chaque fois que, de nos cœurs, monte la prière du « Je vous salue Marie ». 

Il y a encore un autre clin d’œil avec le Premier Testament dans ce texte de la Visitation. On peut le trouver dans la suite des paroles d’Elisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » L’ancienne traduction disait de manière plus explicite : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Et le texte se conclut par cette mention, mais le lectionnaire liturgique n’a pas gardé cette conclusion et c’est bien dommage : Marie resta environ trois mois chez sa cousine Elisabeth. Pour les connaisseurs des Ecritures, là encore ce passage évoque une autre musique bien connue qui raconte l’épisode de l’Arche d’Alliance que le Roi David veut faire remonter à Jérusalem. 

L’Arche d’Alliance, vous savez, c’était un souvenir sacré de l’épopée de la traversée du désert. Cette arche contenait les tables de la loi, le bâton miraculeux de Moïse et un peu de manne. Pour les juifs, c’était un peu comme le signe de la présence de Dieu, on pourrait presque comparer cette arche avec les tabernacles de nos églises qui contiennent la présence réelle du Seigneur. C’est pour cela que Marie sera appelée la nouvelle Arche d’Alliance, parce qu’elle porte en son sein la présence du Seigneur. Mais, revenons à David ! Le roi est bien installé dans un palais et il souhaite faire venir auprès de lui cette fameuse arche d’Alliance. On prépare le voyage en dotant cette arche d’un chariot tout neuf et tout le monde fait la fête autour de cette arche prête à rejoindre Jérusalem. Oui, mais voilà que quelqu’un va toucher cette arche, il meurt comme foudroyé. En effet, il était bien stipulé qu’il ne fallait pas la toucher car on ne peut pas mettre la main sur Dieu. Du coup, David, n’est plus trop chaud pour faire venir cette arche à Jérusalem, il la laisse là où elle est, elle sera comme garée dans une maison et y restera 3 mois. L’Écriture nous dit que ce furent 3 mois de bonheur pour ceux qui ont accueilli l’Arche. Découvrant cela, David va reprendre son projet de faire venir l’Arche à Jérusalem pour que lui et son peuple puissent connaître le bonheur. 

Tiens, tiens, Marie qui porte la présence du Seigneur reste 3 mois chez Elisabeth et Elisabeth dit que c’est un bonheur de l’accueillir. Vous ne trouvez pas que les deux musiques ont une grande ressemblance ? Là encore, l’essentiel n’est pas de se contenter d’avoir repéré des harmoniques qui permettent de rapprocher deux textes. L’essentiel est de comprendre comment ce rapprochement peut nous faire grandir dans la foi. La leçon est simple : C’est la présence du Seigneur qui apporte le bonheur, le vrai. Mais ce bonheur ne sera possible que pour ceux qui accueillent le Seigneur avec grande disponibilité sans vouloir mettre la main sur lui, sans l’enfermer dans leurs projets étroits. 

Le problème, c’est que, telle l’Arche d’Alliance porté sur un chariot, le Seigneur a besoin de personnes qui le portent pour que, Lui, il puisse apporter le bonheur, ce qui est son désir le plus grand. Eh bien, de même que Marie était la nouvelle arche d’Alliance, nous allons, nous aussi, par notre communion, devenir des arches d’Alliance, nous allons être, nous aussi, porteurs de la présence du Seigneur. Si nous ne laissons pas sa présence s’enfouir sous la médiocrité de notre péché, partout où nous passerons, c’est le Seigneur qui passera avec nous. C’est pour cela qu’il est si important de venir à la messe, c’est pour devenir, comme Marie, ces nouvelles arches d’Alliance qui sèment le bonheur sur leur passage en partageant la présence du Seigneur qui nous habite.

Dans notre monde, il y a de plus en plus de gens tristes et malheureux qui rêvent de Bonheur, ne pas les rejoindre pour leur porter la présence du Seigneur, c’est non-assistance à personne en danger ! Ici à La Salette, la Vierge a pleuré à cause des mauvais choix que les hommes faisaient trop souvent. Elle a demandé la conversion justement pour que chaque cœur puisse accueillir la présence du Seigneur qui, seul, pourra le combler de Bonheur. Qu’elle intercède pour nous afin que nous devenions ces arches d’Alliance, porteurs de la présence du Seigneur, semeurs de Bonheur.

Cette publication a un commentaire

  1. Franchellin Jean Marc

    Souvent (nous), mais surtout nos concitoyens, se contentent de « petits bonheurs ». Comme le grain de blé qui reste dans son grenier au lieu d’accepter de se laisser enfouir dans la terre d’amour de Dieu, et ainsi donner de multiples fruits !
    L’homme vit souvent de petits bonheurs, (le père noel, plutôt que Jésus)

    Quel beau et haut lieu de prière la Salette, surtout soupoudré de neige !

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