Je ne sais pas si vous êtes d’accord avec moi, mais ce qu’il y a de plus compliqué dans la vie, ce sont les choix que nous avons à faire et nous devons en faire sans arrêt !
- Certains peuvent être décisifs, ils concernent par exemple l’orientation d’une vie. Mais, les choix décisifs ne se limitent pas au temps de la jeunesse. Pour donner deux exemples : on me propose telle mission, est-ce que je l’accepte ? Ou encore, en cas de maladie, est-ce que j’accepte le traitement qu’on me propose, quel médecin je choisis ? Jusqu’à notre mort, nous devrons faire des choix engageants même si, en prenant de l’âge, ça risque d’être de plus en plus souvent les autres qui feront ces choix pour nous !
- D’autres choix sont moins déterminants mais pour autant, ils ne sont pas sans conséquence. Il y a deux rencontres intéressantes en même temps, laquelle je choisis ? Le jour où j’ai programmé un temps de détente une sollicitation importante m’est adressée, est-ce que j’y réponds ? La face du monde, de l’Eglise, de ma vie ne seront pas changés par mon choix, mais il aura quand même des conséquences.
Un choix, quel qu’il soit, aura toujours des conséquences, c’est bien pour cela qu’il faut apprendre à bien choisir ! Et, reconnaissons-le, c’est assez rare que, d’emblée, nous sachions avec certitude ce qu’il faut faire, ce qu’il faut choisir. Comme disent nos amis de l’autre côté du Rhône, la vie réussie c’est l’art des choix ! Et pour nous aider à bien choisir, nous n’avons pas d’apparition d’anges qui, à longueur de journées, nous devanceraient avec un petit panneau indicateur qu’ils orienteraient dans la bonne direction ! Comme chrétiens, nous devrons, en plus, soumettre notre décision au Seigneur : est-ce que ce que je veux, c’est bien ce que tu veux ?
Saint Ignace, expert en discernement nous apprend à distinguer 3 sortes d’esprits :
- Le mauvais esprit, comme il l’appelle, qui est celui qui va essayer de me pousser à faire le mal en rendant le mal désirable pour moi, en rendant certaines pensées, certains désirs obsessionnels.
- Ensuite, il y a mon esprit, ce que moi, je pense, je veux, ce que me souffle mon esprit n’est pas à priori mauvais, mais c‘est ce que, moi, je veux.
- Enfin, il y a l’Esprit de Dieu qui, lui, veut ce qu’il y a de meilleur.
L’art du discernement, c’est donc de pouvoir identifier quel est celui des 3 esprits qui est à l’origine de la pensée, du désir qui monte dans mon cœur. Normalement, si ma conscience n’est pas trop anesthésiée, je dois vite repérer l’esprit du mal, même si, comme le dit St Paul, il faut que nous restions toujours vigilants car il est capable de se déguiser en ange de lumière pour mieux nous séduire. 2 Co 11,14. La grosse difficulté, c’est le discernement entre mon esprit et l’Esprit de Dieu, ce qui revient souvent à discerner entre le bon et le mieux, la plupart du temps, c’est ce qui se passe quand je dois choisir entre deux propositions qui sont bonnes l’une et l’autre : quelle est la meilleure, sachant que ce n’est pas une question qui se pose dans l’absolu, mais elle se pose pour moi, dans ce moment de ma vie.
Quand on a des choix décisifs à faire, il faut prendre les moyens d’y voir clair et, la meilleure proposition, ce sont les 30 jours de St Ignace avec ce temps d’accompagnement individuel quotidien. Au terme des 30 jours, la réponse est en principe assez claire. Mais toutes les décisions ne sont pas décisives et on ne peut pas partir 30 jours en retraite à chaque fois qu’on a un choix à faire !
Dans les voitures modernes, pour ceux qui ont du mal à faire un démarrage en côte, il y a un dispositif spécial qui va vous aider, quand vous lâchez le frein, la voiture ne recule pas et vous pouvez accélérer progressivement, c’est bien plus facile ! Eh bien, devant la difficulté à faire tous ces choix, nous avons, nous les chrétiens un dispositif d’aide qui va nous assister, c’est justement l’Esprit-Saint, par le don de conseil ou de discernement qui va nous aider à faire les bons choix. Alors, comment ça se passe ?
- D’abord, ça suppose que je soumette ce choix, même le plus petit, au St Esprit. Il n’y aura pas besoin d’une heure de prière, il suffit que, dans mon cœur, en une seconde, je dise : St Esprit, éclaire-moi ! C’est facile, ça marche assez bien, mais ce n’est pas si évident que ça parce que, souvent, je ne n’y pense pas ou alors je ne veux pas lui soumettre ce choix parce que j’ai trop peur qu’il ne soit pas d’accord avec moi ! Ceci dit, faisons attention : ne dérangeons pas le St Esprit pour savoir s’il faut mettre des chaussettes grises ou bleues ! St François de Sales a un très beau texte là-dessus, il dit que tout le temps qu’on passe à consulter le St Esprit pour ces broutilles, on ferait mieux de le passer à faire du bien !
- Quand je lui ai soumis ce choix, à force de le consulter, je vais devenir de plus en plus habitué à reconnaître ce que l’on appelle des motions qui vont m’habiter. De même qu’on s’entraine pour devenir plus performant en vélo, il faut s’entrainer pour devenir plus performant en discernement. Plus on prend l’habitude de consulter le St Esprit, de faire appel à ce don de conseil et plus je vois juste, j’arrive à me rendre compte si la perspective d’une décision me laisse dans en paix ou, au contraire, si elle m’inquiète ou alors je sens que ça va trop flatter trop mon égo. Et, vous savez, le St Esprit peut vraiment répondre rapidement quand c’est pressé ! Mais encore faut-il que je pense à lui soumettre mes choix et que je veuille l’écouter.
- Et puis, pour les grandes décisions, elles ne se prennent jamais seuls, le Saint Esprit, oui, mais avec la médiation d’un accompagnateur qui, lui est assisté par le Saint Esprit et son don de conseil … du moins, on le souhaite !
Je vous donne quelques grandes règles pour le discernement en les empruntant au père Jacques Philippe (livre : à l’écoute de l’Esprit-Saint).
- Dieu ne se contredit pas, c’est-à-dire que sa volonté ne sera jamais
- en contradiction avec la Parole de Dieu : je ne peux pas penser que commettre tel ou tel péché, dans telle circonstance, c’est possible.
- en contradiction avec l’enseignement de l’Église : je ne peux poser un acte considéré comme immoral par l’Église
- en contradiction avec ma vocation : je ne vais pas échanger des gestes de tendresse avec une femme pour la consoler quand je suis religieux ou prêtre ou marié même si cette femme est en situation très difficile.
- On juge l’arbre à ses fruits : qu’est-ce que produit une décision, si c’est bon, ça vient de Dieu autrement ce n’est pas de lui, mais problème, on ne peut vraiment le voir que lorsque la décision est prise ! C’est pourquoi il faut parfois avoir le courage de remettre en cause une décision prise, mais cette remise en cause ne peut se faire que dans le cadre d’un accompagnement car les fruits peuvent ne pas être immédiats. Les premiers fruits peuvent ne pas sembler positif et l’accompagnateur m’aidera à continuer à croire que la décision a été bonne ou alors, il peut m’inviter à ne pas m’entêter parce que manifestement, il y a eu erreur d’aiguillage !
- Enfin, toujours dans ce registre du discernement, le père Jacques Philippe donne deux autres critères : la constance et l’humilité. Si une décision se présente à moi qui me fait changer de cap et que 15 jours après une autre me fait encore changer de cap, il faut que je m’interroge. Le mauvais esprit cherche à me faire tourner en rond, il ne veut pas que j’avance, donc les décisions qui me font sans cesse changer de cap, c’est sa spécialité justement parce qu’elles me font tourner en rond ! Il y a notamment une règle importante on ne doit jamais remettre en cause une décision en temps de désolation. Quand on est perdu par temps de brouillard, il ne faut pas changer de cap sans arrêt, il faut avancer, on finira par trouver un chemin. J’espère que vous comprenez que ce n’est pas contradictoire avec ce que je viens de dire. L’Esprit-Saint est dans la constance, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura jamais de changement, mais je peux repérer comme un fil rouge qui unifie ma vie. Et puis l’humilité, ce qui ne veut pas dire qu’il faut dire non à tout service qui nous mettra en avant, il faut bien des responsables de communauté, mais si avant même de dire oui, je suis déjà pris par des bouffées d’orgueil, il faut que je me méfie et si malgré tout, il faut que je dise oui, alors il faut que je mette en place des protections, que je me fasse aider.
On peut donc dire que l’Esprit-Saint par le don de conseil va agir sur notre intelligence pour qu’elle choisisse bien comme il agissait sur notre volonté par le don de force. Alors, c’est sûr que les choix que nous faire ferons vont parfois en déconcerter certains mais rappelons-nous ce que le Seigneur dit : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies. »
Viens St Esprit, viens et emplis-nous de ce don de conseil !
Merci beaucoup ,père, de permettre à l’Esprit Saint d’éclairer nos intelligences et nos coeurs par vos enseignements sur la beauté et la grandeur de chacun de Ses Dons que le Seigneur s’apprêtre à répandre dans nos coeurs purifiés et assoiffés…
Un verset de la première lecture m’a percuté et bouleversé me montrant avec force la beauté d’un aspect de la pleine paternité de Paul :
« Souvenez vous,que pendant trois ans,nuits et jours je n’ai cessé dans les larmes de reprendre chacun de vous. »..
Que c’est beau…!