3 décembre : samedi 1° semaine de l’Avent. Quand Dieu nous ouvre des chemins de liberté !

J’aime bien raconter ce souvenir de mon enfance. Je suis originaire du département de l’Ain, le diocèse du curé d’Ars et chez nous, il neige plus souvent qu’en Bretagne ! Enfin, il neigeait parce que ça a bien changé ! Et, quand il neigeait, on aimait sortir, ma sœur jumelle et moi pour jouer à gober, à attraper les flocons de neige avec notre bouche pour les avaler. Ça nous amusait beaucoup d’autant plus qu’on comptait pour voir qui en mangerait le plus ! Evidemment, nous ne pouvions en manger que très peu par rapport à tout ce qui tombait ! Eh bien, quand je lis le prophète Isaïe, c’est toujours cette image qui remonte à mon esprit. Parce que, dans le livre d’Isaïe, au moins dans la 1° des 3 parties de ce livre, il y a autant de promesses qui tombent du ciel que de flocons de neige en hiver. Il y en a tellement que nous ne pouvons pas toutes les attraper, les manger, nous en nourrir. Les flocons de neige, ce n’est guère nourrissant alors que les promesses du Seigneur, elles, elles sont très nourrissantes ! Mais, ce n’est pas grave si nous ne pouvons pas toutes les garder, avec 1 ou 2, nous sommes déjà bien nourris et l’année prochaine, à la lecture de ces mêmes textes, ce seront d’autres promesses que nous attraperons et qui viendront nous nourrir. Et puis, ce n’est pas grave si je ne les attrape pas toutes, car celles que, moi, je laisse, il est bien possible que d’autres s’en délectent !

La promesse que j’ai retenue aujourd’hui parmi toutes celles que nous avons entendues dans la 1° lecture, c’est la suivante : Tes oreilles entendront derrière toi une parole : « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche. Je la trouve tellement belle cette promesse et particulièrement percutante pour ce week-end couples. Ne l’avalons pas trop vite, gardons-la en bouche pour lui permettre de libérer toutes ses saveurs.

Le 1° élément que je veux souligner concerne la 1° partie de la promesse : Tes oreilles entendront derrière toi une parole. Cela signifie que le Seigneur nous fait cette promesse d’être toujours derrière nous, pas pour nous surveiller, mais pour veiller sur nous. Surveiller, veiller sur, ce sont exactement les mêmes lettres, mais l’ordre change tout ! Pour comprendre ce que signifie cette promesse, il faut imaginer les parents avec leur enfant qui apprend à marcher : il y en a un qui est devant qui tend les bras pour encourager l’enfant à se lancer et un qui est derrière déjà prêt à récupérer l’enfant pour qu’il ne se fasse pas mal quand il tombera ! Voilà notre Dieu, toujours derrière nous pour amortir nos chutes et nous aider à nous relever et même à nous porter quand il le faut. Nous connaissons tous ce très beau texte des traces de pas dans le sable, dans lequel on nous raconte l’histoire d’une personne qui revoit sa vie comme une marche sur une plage de sable. Il y a deux traces, la trace de ses pas et la trace des pas de Dieu, juste derrière. Et puis, à un moment, il n’y a plus qu’une trace et ça correspond aux pires moments de sa vie. Alors la personne interroge Dieu en lui disant : pourquoi m’as-tu abandonné dans ces moments, car tu m’as sûrement abandonné puisque je ne vois plus qu’une seule trace. Alors, Dieu lui répond : oui, il n’y a plus qu’une seule trace, mais, si tu regardes bien, c’est la trace de mes pas à moi car dans ces pires moments de ta vie, je t’ai porté puisque tu n’avais plus la force d’avancer ! Voilà ce qu’évoque pour moi cette belle promesse : Tes oreilles entendront derrière toi une parole.

Le 2° élément que je voudrais souligner, c’est la suite de la promesse parce que la formulation est assez étonnante et du coup très suggestive ! « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche. Etonnant, non ? Si Dieu montre le chemin comment peut-on imaginer qu’on puisse encore aller à droite ou à gauche ? Je ne sais pas comment vous comprenez cela, voilà comment, moi, je le comprends. A travers ces paroles, j’entends que Dieu ne nous imposera jamais sa volonté. Il nous suggère un chemin, mais ensuite, il promet de nous accompagner que nous allions à droite ou à gauche, c’est-à-dire que nous suivions sa suggestion ou que nous ne la suivions pas ! Comme c’est libérateur d’entendre cela. Je voudrais le développer dans deux directions.

1° direction. Dieu n’a pas gravé dans le marbre, pour chacun de nous, notre destin dans le ciel. Si c’était le cas, la vie ressemblerait à un terrible jeu de pistes ! Il faudrait recueillir les indices que Dieu nous envoie et tant mieux pour ceux qui les trouvent et les suivent, ils parviendront au bonheur ; tant pis pour ceux qui les ratent ou ne les suivent pas, pour eux, ça sera le malheur ! Ce que je dis là est particulièrement important pour le discernement d’une vocation ou le choix d’une ou d’un conjoint. Bien sûr qu’il faut discerner et le texte nous dit bien : voici le chemin, il y a donc bien un appel. 

Mais si pour x raisons, je ne suis pas le chemin, s’il y a une erreur d’aiguillage, alors c’est la suite de la promesse qui devient opérante : « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche. C’est-à-dire : où que tu ailles, je t’accompagnerai. Certaines personnes, quand elles traversent des difficultés dans leur vie de couple, se rappellent qu’étant jeunes, elles s’étaient posé la question d’une vocation religieuse. Du coup, elles se disent : c’est normal que je ne sois pas heureux puisque je n’ai pas suivi le chemin sur lequel le Seigneur m’appelait ! Et la même chose peut se produire, en sens inverse, pour ceux qui ont pris un engagement religieux ! Avoir de telles pensées, c’est imaginer que Dieu est un vieux têtu rancunier, il a gravé, dans le marbre du ciel, mon chemin, ma destinée il m’a donné des indices pour trouver, je n’ai pas compris ou obéi, maintenant, il s’est détourné de moi et je vais en baver jusqu’à la fin de mes jours ! Non, ça, ce ce n’est pas notre Dieu ! : « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche, je te suivrai, je t’accompagnerai, je resterai derrière toi pour amortir tes chutes et te porter quand ça sera nécessaire sur le chemin que tu as choisi.

Il peut arriver que j’aie choisi telle ou telle orientation ou telle et telle personne pour de mauvaises raisons, aveuglé par un manque de lucidité et par mes blessures, oui, c’est possible. Mais je ne suis pas obligé de me morfondre jusqu’à ma mort ! Peu importe les mauvaises raisons du passé, ce qui compte, ce sont les bonnes raisons que je me donne et que je suis prêt à accueillir aujourd’hui pour rester fidèle. « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche, je te promets que je resterai derrière toi, si tu le crois, c’est suffisant pour avancer au jour le jour. Bien sûr, il y a des situations extrêmes pour lesquelles un discernement plus fin est absolument nécessaire.

La 2° direction dans laquelle je veux développer cette promesse confirmera ce que je viens de dire. Notre Dieu n’a pas l’habitude de nous dicter ce que nous devons faire. Il suggère et ensuite, parce qu’il n’est qu’amour, il accompagne. Vous pourriez m’objecter que l’histoire des relations entre Dieu et son peuple commence quand même par une série de commandements, gravés sur les tables de la loi par le doigt de Dieu, lui-même. Oui, c’est vrai, mais il faut regarder de près ces commandements. Je suis en train de lire un petit livre passionnant sur le sujet. L’auteur fait remarquer que tous les commandements, sauf deux, sont formulés de manière négative. Si j’avais le temps, j’expliquerais pourquoi ces deux exceptions, mais ce n’est pas le sujet ! Et la formulation négative est libératrice, même si ce n’est pas ainsi que nous l’accueillons spontanément. C’est vrai, et les nouvelles générations y sont sans doute plus sensibles, nous n’aimons guère les interdits, chacun revendique le droit à mener sa vie comme il l’entend. Du coup, c’est souvent pour cela que certains rejettent la religion, considérant, à la suite de Freud, que les commandements sont l’invention d’un Dieu castrateur qui veut nous empêcher de vivre.

Mais évidemment, il n’en est rien ! Et ceux qui la lisent la Bible avec attention, sans idées préconçues, vont justement souligner que la formulation négative de la plupart des commandements garantit notre liberté. Si Dieu avait dit : tu dois faire ceci et encore cela, là, je n’avais plus de liberté puisque le chemin était tout tracé avec Dieu qui me demanderait d’y marcher avec tous les autres hommes au pas cadencé ! Mais Dieu n’a pas dit cela ! Il a mis quelques panneaux marqués « interdit » pour indiquer que ces chemins conduisent à des impasses ou des précipices. Alors, oui, c’est vrai, ces chemins-là sont interdits et ceux qui les prennent le regretteront, non pas parce que Dieu va les punir mais parce qu’ils vont se blesser et blesser les autres. Si ces chemins-là sont interdits, ça signifie donc que tous les autres sont possibles ! Du coup, si nous n’avons pas un esprit tordu, nous le comprenons, l’interdit ouvre de chemins de vraie liberté. « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche. Peut-être d’ailleurs que dans cette formulation, on pourrait comprendre que le ou les chemins que Dieu montre, ce sont d’abord ceux qui sont interdits pour que nous n’allions pas nous y fourvoyer mais après, il nous invite à construire nos vies dans une grande liberté. D’ailleurs, nous ne devons pas être étonnés que Dieu nous offre tant de liberté puisque la liberté est la caractéristique de l’amour vrai.

Alors, on comprend qu’il y ait besoin de beaucoup d’ouvriers, de beaucoup de disciples-missionnaires, comme Jésus le réclame dans l’Evangile et comme St François-Xavier les réclamait aussi en son temps. Car c’est une vraie Bonne Nouvelle que le monde a besoin d’entendre : Dieu veut notre bonheur. Pour nous aider à y parvenir, il nous montre clairement les impasses, les chemins chaotiques sur lesquels nous avons tout intérêt à ne pas nous engager, et ensuite, parce qu’il nous aime, il nous laisse la possibilité de construire nos vies avec cette assurance qu’il veillera toujours sur nous. « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche ! Je serai avec toi, car je suis le Dieu-Emmanuel.

Cette publication a un commentaire

  1. Ngendakuriyo

    Amen et merci pèrr Roger

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