3 janvier : lundi après l’Epiphanie Choisissons notre camp : Jésus ou l’anti-Christ !

Je l’ai déjà dit, St Jean écrit ses lettres au soir de sa vie c’est-à-dire à la fin du 1° siècle et, à ce moment-là, l’Eglise est confrontée à deux défis majeurs : les persécutions et les hérésies. Pour soutenir les chrétiens persécutés, Jean écrira le livre de l’Apocalypse et ses lettres seront, entre autres choses, sa contribution à la lutte contre les hérésies du moment. Peut-être que la plus active des hérésies en cette fin du 1° siècle était le docétisme. Ce mot docétisme vient du verbe grec « dokein » qui signifie « paraître » ou « sembler. » Le docétisme, c’était donc une hérésie dans laquelle on prétendait que Jésus n’était pas vraiment un homme, il aurait fait semblant, il était un dieu déguisé en homme. 

Les apôtres ont eu tout un chemin à faire pour découvrir la divinité de Jésus. Son humanité ne faisait pas problème pour eux, ils mangeaient, ils marchaient, ils riaient avec lui, bref, ils partageaient tout de son quotidien et ça la série (The chosen) dont je parlais hier le montre bien, l’humanité de Jésus est merveilleusement traduite. Ils auront à cheminer pour comprendre comment cet homme pouvait être le Fils de Dieu. A la fin du 1° siècle, le problème est inversé. Si je peux m’exprimer ainsi, je dirais que la foi en sa divinité occupe tout le terrain. Les Evangiles apocryphes seront un reflet de cette déviance de la foi qui présentait un Jésus faisant semblant d’avoir soif au puits de la samaritaine, semblant d’avoir de la tristesse devant le tombeau de Lazare, semblant de souffrir dans sa passion. Il faisait semblant parce qu’il n’était pas vraiment homme, il était comme tombé du ciel et avait pris les apparences d’un homme, mais c’est tout. Nous, ça peut nous sembler étonnant comme position, mais il a fallu se battre contre cette hérésie qui attirait tellement.

Du coup, on comprend que St Jean, parlant du discernement nécessaire qu’il faut opérer face à ce qu’on entend, donne un critère important dans la 1° lecture : « Voici comment vous reconnaîtrez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui proclame que Jésus Christ est venu dans la chair, celui-là est de Dieu. Tout esprit qui refuse de proclamer Jésus, celui-là n’est pas de Dieu : c’est l’esprit de l’anti-Christ. » Voilà c’est donc clair, ceux qui refusent de reconnaître le réalisme de l’Incarnation ne peuvent pas parler en prétendant être inspirés par l’Esprit de Dieu : tout esprit qui proclame que Jésus Christ est venu dans la chair, celui-là est de Dieu. 

Et, pour que ce soit très clair, St Jean le reprend en le formulant autrement : Tout esprit qui refuse de proclamer Jésus, celui-là n’est pas de Dieu. Quand St Jean utilise l’expression « proclamer Jésus » il veut bien parler de l’Incarnation, Jésus, c’est le nom d’homme de Celui qui est la 2° personne de la Trinité. A chaque fois que je proclame le nom de Jésus, c’est comme une mini profession de foi : je proclame que Dieu a envoyé son Fils éternel pour me sauver. Je proclame que, pour moi, il s’est fait homme, afin que moi, pauvre homme pécheur, je devienne fils de Dieu ! On se moque parfois des charismatiques qui aiment répéter sans cesse Jésus, Jésus, Jésus … mais on serait bien inspiré de les imiter puisque, comme je viens de le dire, prononcer ce simple mot, c’est faire une véritable profession de Foi. Nous pouvons le faire en prenant du temps pour passer et repasser ce nom de Jésus dans notre cœur au cours de la prière d’adoration notamment.

Dans cette lecture, St Jean invite donc les chrétiens d’hier mais ceux d’aujourd’hui également au discernement. Il y a tellement de choses qui se disent qu’il ne faut pas tout avaler et rester prudent : « ne vous fiez pas à n’importe quelle inspiration, mais examinez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes se sont répandus dans le monde. » Autrement dit, il y en a beaucoup qui parlent et disent n’importe quoi. Il faut apprendre à discerner pour ne pas se laisser avoir par n’importe quel propos que j’entends à la radio, à la télé, sur les réseaux sociaux. Sachant que, hélas, les mauvaises nouvelles se diffusent bien plus vite que la bonne nouvelle ! La vérité de la bonne nouvelle, c’est que, en envoyant son Fils éternel qui est venu partager notre chair, notre histoire, Dieu a tout mis en œuvre pour nous sauver. Le Fils de Dieu s’est fait homme pour que les hommes puissent devenir Fils de Dieu. Les chrétiens ont vraiment mieux à faire que de se lancer dans le complotisme !

Soyons donc vigilants et accueillons pour aujourd’hui cette mise en garde que St Jean lançait aux chrétiens de la fin du 1° siècle : « ne vous fiez pas à n’importe quelle inspiration, mais examinez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes se sont répandus dans le monde. » Ne prêtons pas l’oreille et de manière encore plus forte, ne nous faisons pas les relais de tout ce qui est subtilement distillé par le père du Mensonge, que St Jean nomme explicitement comme l’anti-Christ. Il nous faut du discernement et pour exercer ce discernement, St Jean, dans ses lettres va prendre et reprendre, retourner dans tous les sens le critère le plus assuré : celui de l’amour. Est-ce que ce dont je me nourris me conduit à plus d’amour ? Est-ce que ce que j’écoute me stimule à aimer plus, à aimer mieux ? Est-ce que ce que je dis, je le dis pour aider les autres à aimer plus, à aimer mieux ? C’est ce qui était dit dans les premiers mots de la lecture : « Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. » Ces paroles, nous allons les entendre décliner de multiples manières tout au long des jours qui viennent. Nous pourrions finir par nous en agacer en disant : c’est bon, on l’a entendu, on l’a compris ! Oui, on l’a entendu, on l’a compris, mais tant que nous ne le vivrons pas vraiment, il nous faudra les réentendre ! Certes, la réflexion sur les critères de discernement est une réflexion assez pointue, St Ignace aura beaucoup aidé l’Eglise sur ce sujet, mais avec St Jean, on a le critère le plus absolu dit et redit de manière extrêmement simple : ce qui conduit à plus d’amour vient de Dieu et ce qui ne conduit pas à plus d’amour vient du Père du Mensonge : à nous de choisir notre camp.

Enfin, je souligne cette affirmation de foi tellement consolante : « Celui qui est en vous, est plus grand que celui qui est dans le monde. » L’Esprit-Saint est plus grand que l’esprit du monde, que l’esprit de mensonge, que l’esprit du mal. Oui, comme c’est consolant parce que, certaines fois, on pourrait s’inquiéter en se demandant si le Mensonge ne serait pas en train de l’emporter. C’est sûr, le père du mensonge sait comment s’y prendre pour recruter chaque jour de nouveaux adeptes, mais retenons cette parole : « Celui qui est en vous, est plus grand que celui qui est dans le monde. » L’Esprit-Saint est plus grand, plus fort que l’esprit du monde, l’esprit de mensonge, l’esprit du mal.

N’est-ce pas d’ailleurs le sens de cette mention si consolante qui se trouvait au tout début de l’Evangile : « quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm. » Au passage, je fais remarquer que le petit Jésus a bien vite grandi ! Mais c’est quand même très intéressant de constater que c’est lorsque Jean-Baptiste est arrêté que Jésus décide de commencer son ministère. Il avait attendu 30 ans, il aurait pu attendre encore un peu en se disant que ça chauffait pour les prophètes et qu’il risquait gros en commençant son ministère maintenant. Mais non, il est précisément venu pour combattre l’esprit du mal et quand Jean-Baptiste est arrêté, il se dit que ça a assez duré, qu’il a fait suffisamment de mal comme ça, il décide donc d’aller l’affronter directement. Il s’appelle Jésus, c’est-à-dire Dieu sauve, il est l’Emmanuel, Dieu avec nous, eh bien il va montrer que ce ne sont pas que des mots. En paraphrasant ce que disait St Jean, dans la 1° lecture, je dirai qu’il va montrer que Celui qui est avec nous est plus grand, plus fort que celui qui est contre nous. C’est notre foi, c’est notre assurance. Alors quand nous sentons aux prises avec un combat qui nous dépasse, appelons-le, puisqu’il s’appelle Jésus, c’est-à-dire Dieu sauve, puisqu’il est l’Emmanuel, Dieu avec nous, eh bien il va montrer, aujourd’hui encore, que ce ne sont pas que des mots … Celui qui est avec nous se révèlera plus grand, plus fort que celui qui est contre nous.

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