Dans l’Evangile nous entendons cette fameuse parole de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » Cette parole pose tellement de questions, notamment celle-là : Comment on le fait ce partage ? 50/50, la moitié de ma vie regarde Dieu et pas l’autre moitié ? Ou alors 2/3-1/3 ? Mais à qui va la plus grosse part ? Autre solution, tout ce qui touche à mon âme, je gère avec le Bon Dieu, tout le reste, c’est mon affaire ! On comprend bien que ça ne peut pas marcher ainsi : comment pourrait-il y avoir des secteurs de ma vie que je refuse de mettre sous le regard de Dieu ?
Quand Jésus dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » je suis donc persuadé qu’il ne nous donne pas une règle de partage qui laisserait entendre que le domaine spirituel concerne Dieu et que le domaine temporel ne le concerne pas. Alors que veut-il dire ?
Quelques mots d’explication tout d’abord pour comprendre l’enjeu du débat qui s’instaure entre les pharisiens et Jésus. D’abord, il faut voir la manœuvre de ces pharisiens. Ils avancent cachés, le texte nous dit qu’ils envoient des disciples, eux, ils restent dans l’ombre. Et ils ont bien briffé ces disciples pour qu’ils commencent par flatter Jésus. Mais Jésus ne va pas se laisser endormir par cette manœuvre de déstabilisation. Il flaire tout de suite le piège qui est très habile. « Devons-nous oui ou non payer l’impôt à César ? » à cette question qui lui est posée, il n’y a, apparemment, que deux réponses possibles. Si Jésus dit oui, il sera montré du doigt, détesté comme un collaborateur qui accepte de financer la puissance occupante. Si Jésus dit non, il pourra être dénoncé comme un rebelle qui refuse de se soumettre au pouvoir en place. J’admire la manière dont Jésus va se sortir du piège qui lui est tendu.
Vous le savez, quand un chien est perdu, on regarde s’il a une médaille sur son collier indiquant le nom du propriétaire. C’est ce que Jésus fait avec cette pièce de monnaie. Puisqu’il y a l’effigie de l’empereur sur les pièces de monnaie, il est normal qu’une partie de cet argent lui revienne. Mais Jésus va considérablement élever le débat. Quand il rajoute : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » il montre que cette question de l’impôt ne le passionne pas. Il déplace le débat pour le mettre là où il y a un enjeu.
La monnaie doit retourner à l’empereur puisqu’il y a son effigie sur la pièce. Et nous, avons-nous déjà réalisé que Dieu a laissé son empreinte en nous ? N’oublions jamais que nous avons été créés à l’image de Dieu, c’est à dire que Dieu a imprimé sa marque en nous. Quand un animal est perdu, on regarde son tatouage pour retrouver son propriétaire. Nous, c’est à Dieu que nous appartenons parce que c’est son effigie qu’il y a dans notre cœur. Alors pour moi, cela a deux conséquences :
1/ Tout dans notre vie doit nous orienter vers Dieu. La pièce retourne à l’empereur, via l’impôt, car il y a l’effigie de l’empereur sur cette pièce. Nous, puisque dans notre cœur, il y a la marque de Dieu, toute notre vie doit être orientée vers lui. Tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, doit nous rapprocher de Dieu. Et cela, ce n’est pas réservé à une élite de saints, non ! Dieu n’a pas laissé son empreinte seulement dans le cœur d’une élite ! Ainsi donc, par sa réponse, Jésus ne veut sûrement pas dire qu’il y aurait des domaines qui ne regarderaient pas Dieu et dans lesquels nous pourrions faire ce que bon nous chante ! Il dit exactement le contraire, le domaine de César, du pouvoir temporel est limité, mais par contre, le domaine de Dieu est illimité. Non pas que Dieu veuille agir comme un surveillant qui ne supporterait pas qu’une parcelle de nos vies lui échappe. Mais il nous invite à unifier toutes nos vies par la foi. C’est la très belle demande du psaume : unifie mon cœur pour qu’il craigne ton nom ! (Ps 85,11) Rien n’est plus douloureux que de vivre écartelé par des choix qui n’ont pas de cohérence. Puisque Dieu a laissé son empreinte en moi que mes choix même en matière économique, politique le regardent.
2/ 2° conséquence. Quand un animal est perdu, on regarde son tatouage pour retrouver son propriétaire et quand l’animal est rendu à son propriétaire, alors c’est une très grande joie pour lui et pour son propriétaire. Quand nous sommes perdus, le plus grand service qu’un frère puisse nous rendre, c’est de nous reconduire à Celui qui a laissé son empreinte en nous ! Quand nous voyons un frère qui se perd, le plus grand service que nous puissions lui rendre, c’est de le reconduire à Celui qui a laissé son empreinte en lui. Et cela nous comblera de joie, comblera de joie le frère perdu et comblera de joie le cœur de Dieu.
On entend parfois des histoires étonnantes de chiens perdus qui ont été capables de faire plusieurs centaines de kilomètres pour retrouver leurs maîtres. C’est absolument extraordinaire ! Mais ce que les chiens sont capables de faire, souvent les hommes ne sont pas capables de le faire, ils sont perdus, malheureux loin de Dieu, mais ils n’arrivent pas à se décider de se mettre à la recherche de leur Maître, alors aidons-les … d’autant plus qu’ils sont nombreux à porter une médaille, la médaille de leur Baptême qui indique sans ambigüité le nom de leur divin Maître mais ils ne se rappellent même plus le sens de cette médaille. Alors, nous qui en connaissons le sens, aidons-les