6 mai : Départ pour le 1° voyage missionnaire.

Vraiment, nous sommes dans l’une des parties les plus toniques du livre des Actes des Apôtres ! Nous retournons à Antioche pour assister au départ du premier grand voyage missionnaire et tout ce qui nous est dit mérite d’être un peu commenté.

Il y a d’abord un constat : « En ces jours-là, la parole de Dieu était féconde et se multipliait. » Nul n’a le toupet de dire : « En ces jours-là, notre travail d’évangélisateur portait beaucoup de fruits. » Non, si ça marche bien, nul ne s’en attribue le mérite. Le mérite en revient à la puissance de la Parole, cette puissance ayant été bien mise en valeur par Jésus lui-même dans la parabole du semeur ou de la semence qui pousse toute seule. Alors bien sûr, il faut un semeur pour que la semence puisse être jetée en terre et donner du fruit, mais quelle que soit l’audace ou le savoir-faire du semeur, s’il sème une mauvaise semence, il ne peut espérer de bons résultats. En tout cas, c’est parce qu’ils constatent la puissance de la Parole qu’ils sont encouragés à l’annoncer. Alors, s’il y a une chose dont nous pouvons être sûrs, c’est que cette Parole n’a rien perdue de sa fécondité et qu’elle porte encore en elle ce pouvoir de se multiplier.

Nous voyons donc Barnabé et Saul retourner à Antioche, je ferai deux remarques à propos de cette notation.

  • La 1° remarque, c’est que Barnabé est encore mentionné en premier et ce n’est pas en raison d’un classement alphabétique ! D’ailleurs Paul est encore appelé Saul, signe qu’il n’a encore pas pris toute sa stature. C’est beau de voir comment le grand St Paul a accepté ce temps qu’on pourrait quasiment qualifier de noviciat. Jamais il n’a dit à Barnabé : Oh p’tit frère, Jésus m’est apparu à moi, alors si tu permets, désormais le chef, c’est moi. Cette expérience mystique l’a gardée dans l’humilité. C’est d’ailleurs l’un des grands critères pour reconnaître la vérité d’une expérience mystique : est-ce qu’elle tient ceux qui la vivent dans l’humilité. Nous en avons encore eu le témoignage, hier, à propos de Marthe.
  • La 2° remarque, c’est que cette communauté d’Antioche, elle était attirante, elle devenait comme un lieu source pour Barnabé et Saul. Nous en avons tous besoin de ces lieux sources et c’est pour que nos frères et sœurs puissent en trouver dans nos foyers que nous donnons notre vie au quotidien.

On comprend que cette communauté d’Antioche soit attirante parce qu’on peut y constater une étonnante éclosion des charismes, on nous parle des prophètes, des hommes chargés d’enseigner. Là-encore, nous avons un bon critère d’évaluation mais cette fois pour une communauté : ce qui montre qu’une communauté est vivante, qu’elle se laisse travailler par le St Esprit et que personne n’est en train de la mettre sous cloche, c’est l’éclosion des charismes et des charismes que l’on ne voit pas seulement à l’œuvre chez les leaders, mais des charismes variés exercés par le plus grand nombre. Plus tard, dans l’épitre aux Corinthiens, Paul donnera des règles pour discerner ces charismes et pour qu’ils soient exercés de manière constructive. Mais vous comprenez qu’il vaut mieux avoir des problèmes de riches, c’est-à-dire être confrontés à la nécessité de discerner les charismes et de veiller à leur exercice harmonieux que de pleurer l’absence de ces charismes.

Nous avons ensuite entendu des mots étonnants qui reviendront, d’une manière ou d’une autre, à de multiples reprises dans le livre des Actes : « l’Esprit Saint leur dit : Mettez à part, pour moi, Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés. » En d’autres passages, il est dit que les évangélisateurs voulaient rejoindre tel lieu mais que l’Esprit-Saint les en a empêchés… bref, on se dit, avec une pointe de jalousie, qu’ils avaient bien de la chance, l’Esprit-Saint leur disait clairement ce qu’il fallait faire, où il fallait aller et où il ne fallait pas aller ! C’est ce qu’on appelle les « motions du Saint-Esprit » et il y en a encore ! Pour accueillir ces motions, il faut évidemment un acte de foi préalable qui consiste à croire que le Saint-Esprit n’est pas devenu muet à la fin du livre des Actes des Apôtres ! Maintenant, il faut aussi rester prudent face à ceux qui ont une fonction d’autorité et qui dirigent en invoquant sans cesse des motions du Saint Esprit pour être sûrs de ne jamais être contredits ! Pour avoir un juste rapport à ces motions du Saint Esprit, il est bon de rappeler trois points essentiels :

  • 1/ Tout le monde peut recevoir une motion du Saint Esprit, même la personne la moins en vue de la communauté ! 
  • 2/ Un vote à la majorité ne dit pas forcément ce que le Saint Esprit veut ! C’est pour cela que, dans les assemblées d’Eglise, habituellement, la majorité requise est celle des 2/3. Mais ça ne suffit encore pas ! C’est pourquoi il y a un 3° point de vigilance.
  • 3/ Toute motion doit être discernée. Ce qui va permettre de reconnaître qu’une décision est inspirée par le St Esprit, ce sont les fruits qu’elle va porter, pas forcément en termes de réussite. Rappelez-vous la citation que j’avais donnée de Benoit XVI qui disait que le succès n’est pas un nom de Dieu. Non, pas la réussite, le succès, mais est-ce qu’elle tient la communauté qui l’a prise dans la paix, l’amour, l’humilité … Ce sont les fameux fruits de l’Esprit qui vont nous permettre d’opérer ce discernement. Et bien sûr, il ne faut jamais oublier que le discernement se fait toujours en lien avec d’autres et qu’il est soumis aux responsables d’Eglise. St Ignace de Loyola nous a donnés pas mal d’idées claires sur ce sujet.

La motion ayant été discernée, les évangélisateurs vont demander la prière des frères et recevoir ce geste si précieux de l’imposition des mains. Ce matin, je regardais une petite vidéo d’enseignement à propos de ce geste qui précisait que dans l’Orient biblique, au départ, ce geste remplaçait le testament chez un notaire qui n’existait pas ! Quand le père voulait transmettre ses biens à son ainé, devant toute la famille, il lui imposait les mains et c’était clair pour tout le monde que l’ainé était désormais détenteur de toute la richesse du père. En imposant les mains aux évangélisateurs, c’est bien cette prière qu’exprime la communauté : Père du ciel que toute la richesse de ton amour déversée dans les cœurs par Jésus soit désormais à l’œuvre dans le cœur de nos frères que nous envoyons en mission dans la puissance du Saint-Esprit.

Et tout cela étant fait, en avant, ce n’est plus le moment de réfléchir, après s’être adjoints Jean-Marc, dont j’ai déjà parlé, ils gagnent Séleucie, le port le plus proche pour s’embarquer en direction de Chypre, accostant à Salamine où, plus tard, Barnabé sera martyrisé. Certains se posent la question : mais pourquoi ont-ils eu besoin d’aller évangéliser des gens qui vivaient très bien sans l’Evangile. La réponse est dans l’Evangile et j’en apporterai une belle illustration de main en citant une belle page d’un missionnaire de mon diocèse. Jésus dit : « Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. » 

Ayant expérimenté les bienfaits de la lumière, il faudrait une sacrée dose d’égoïsme pour ne pas permettre à d’autres d’y goûter. Nous connaissons tous les bienfaits de la luminothérapie, évangéliser, c’est permettre à tous d’avoir accès à ces bienfaits.

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