Vous avez sûrement vu le film Fanny de la célèbre trilogie César, Marius, Fanny, enfin il n’est pas sûr que les plus jeunes regardent encore ce genre de film. Si vous l’avez vu, vous connaissez forcément ce dialogue entre César et son fils Marius. Mais pour le comprendre, il faut se rappeler que Fanny est tombée enceinte alors que Marius, le fiancé qu’elle rêvait épouser et qui lui a fait cet enfant est parti au loin sur un bateau sans savoir qu’elle était enceinte. C’est le vieux Pannisse qui va épouser Fanny et s’occuper de cet enfant comme si c’était le sien. Mais voilà que Marius revient, il apprend qu’il a un fils, mais qui ne lui appartient plus, alors il s’énerve un peu et, dans sa colère demande à son père César : « mais enfin qui est le père, celui qui a fait l’enfant ou celui qui a payé les biberons ? » Et le vieux César lui répond plein de sagesse avec son accent marseillais : « le père, c’est celui qui aime ! » Vous avez entendu : Le père, c’est celui qui aime !
En écrivant ces paroles pleines de bon sens et si émouvantes, Marcel Pagnol n’imaginait sans doute pas qu’il était en train de reprendre l’une des plus célèbres et l’une des plus simples définitions de la Trinité, celle qui a été donné par St Augustin et qui commence précisément par ces mots : Le Père, c’est celui qui aime, le Fils, c’est celui qui est aimé et l’Esprit-Saint, c’est l’amour. Voilà une définition dont la simplicité serait capable de réconcilier avec la théologie tous ceux qui, jusqu’à maintenant ont essayé de mettre la Trinité en équation et qui, du coup, ne peuvent pas comprendre comment 3=1 ! Le mystère de la Trinité se résume dans cette formule si simple : Dieu est Amour.
Peut-être qu’en entendant cela, Dieu est Amour, il y en a qui pensent que je suis en manque d’inspiration pour dire de telle banalités ! Et c’est bien cela le drame, nous nous sommes habitués à entendre à dire que Dieu est Amour alors qu’en fait c’est une véritable bombe. En tout cas, les paroles du Seigneur proclamées sur le Sinaï et entendues dans la 1° lecture, ces paroles dans lesquelles le Seigneur révélait son identité profonde, ont sûrement fait l’effet d’une bombe dans le ciel de la mythologie de l’époque ! « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. » Devant cette menace que laissait planer cette déclaration, le syndicat des divinités a dû se réunir en urgence tellement ils avaient peur que de telles paroles viennent casser la baraque, mettre à mal leur commerce si prospère ! Jusque-là, jamais une divinité ne s’était présentée en disant qu’elle était amour et amour miséricordieux.
Mesurons bien que jusque-là, les hommes étaient pour le moins craintifs par rapport aux divinités qui étaient sans arrêt en train de se chamailler, quand ce n’est pas carrément une guerre ouverte qu’elles se livraient. Et puis il y avait toutes ces histoires de coucheries dans le ciel des divinités qui compliquaient tellement les relations entre elles. Le drame, c’est que, sur terre, les hommes étaient persuadés que leur sort dépendait des résultats de ce qui se passait dans le ciel. La vie était comme un perpétuel tiercé angoissant, il fallait miser sur la bonne divinité comme on mise sur le bon cheval en lui offrant le maximum de sacrifices pour que, en cas de victoire de sa part, on soit comblé de ses faveurs et sa protection. Quelle vie ! Il n’y a que les prêtres et prêtresses de ces cultes qui y retrouvaient leur compte et même très largement, le reste des hommes vivait dans une espèce de terreur permanente regrettant sans cesse, quand ils avaient des ennuis de n’avoir sans doute pas misé sur la bonne divinité.
Alors, imaginez un seul instant ce qui peut se passer quand cette déclaration retentit du sommet du Sinaï : « Je suis tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité… et tout ce que je donne est gratuit. » Ça, jusqu’à maintenant, personne ne l’avait jamais entendu !
On comprend qu’une telle déclaration soit venue mettre pas mal de pagaille dans le supermarché des divinités. Imaginez que le rayon le mieux achalandé soit en même temps le rayon sur lequel il y avait un grand écriteau : Servez-vous, c’est gratuit !
Régulièrement, Nous avons besoin de reprendre conscience de ce qu’il y a sous cette déclaration devenue banale pour nous : Dieu est Amour. J’ai essayé de nous mettre sur la piste en reparlant de l’emprise de la mythologie. Personnellement, l’une des fois où j’ai le mieux repris conscience de la force de cette déclaration « Dieu est Amour » c’est quand j’étais aumônier de prison. Au début où j’ai exercé ce ministère, c’était encore l’époque bénie où la radicalisation n’empêchait pas les contacts chrétiens-musulmans. Aujourd’hui, c’est devenu très difficile, voire impossible car les caïds surveillent leurs coreligionnaires qui voudraient parler aux chrétiens et punissent ceux qui osent le faire. Je me rappelle donc une discussion avec un détenu musulman très ouvert et qui m’a dit : « vous les chrétiens, vous avez de la chance, vous avez un Dieu qui a souffert et qui comprend la souffrance. » Je crois que lui, il avait vraiment réalisé ce que signifiait : « Dieu est Amour. » J’avais d’ailleurs envie de lui dire : « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu, mon frère ! »
Oui, la déclaration du Seigneur sur le sommet du Sinaï a vraiment fait l’effet d’une bombe dans le ciel de la mythologie. Mais Dieu n’a pas voulu se contenter de ces paroles, il est allé jusqu’au bout de ce qu’il pouvait faire pour manifester qu’il est Amour ou comme aimait le dire le célèbre jésuite de l’après Concile, le père Varillon, Dieu a voulu montrer qu’il N’est QU’Amour. Le père Varillon disait, en effet, que c’est trop peu de dire que Dieu est Amour, il faut rajouter : Dieu N’est QU’Amour. Eh bien, pour le manifester, pour manifester que « Dieu a tellement aimé le monde, il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Et, très vite, ceux qui vivaient avec Jésus, les apôtres et le cercle de ceux qui le suivaient dont les femmes, très vite, ils ont perçu qu’une relation unique l’unissait à Celui qu’il aimait appeler son Abba et avec qui il passait des nuits en prière. De tous ces moments, Jésus en ressortait comme transfiguré, d’ailleurs, dans l’Evangile de Luc, c’est à la sortie d’un de ces moments, parce qu’ils l’ont vu rayonnant, que les apôtres lui disent : Seigneur apprends-nous à prier. Et Jésus va leur donner les mots du Notre Père.
Mais il va faire encore plus et mieux. Il va prier le Père d’envoyer sur eux, l’Esprit d’amour qui les unit, eux Père et Fils. Avoir les mots de la prière, c’était déjà beaucoup, mais parce que Dieu est Amour, rien n’est très beau, rien n’est trop grand, il a voulu que les hommes soient incorporés dans le dialogue d’amour de la Trinité. Un enfant, pour s’épanouir, il a besoin d’être aimé par son papa et d’être aimé par sa maman, mais quand il peut être aimé de l’amour dont s’aiment son papa et sa maman, c’est encore bien plus grand. Eh bien, ainsi en va-t-il pour nous, Nous sommes aimés par le Père, nous sommes aimés par le Fils et, en accueillant le Saint Esprit, nous sommes aimés de l’Amour dont s’aiment le Père et le Fils, nous sommes même incorporés dans ce dialogue d’amour. Avez-vous déjà vu, dans un mariage, la joie d’un enfant quand papa et maman, le prennent dans ses bras et le font danser avec eux. C’est ce que fait l’Esprit-Saint, non seulement, il nous fait entrer dans le dialogue trinitaire, mais il nous fait entrer dans la danse d’amour du Père et du Fils. Quelle merveille !
Demandons au Saint Esprit qu’il nous fasse la grâce de réaliser, au moins un petit peu, ce que ce que tout cela peut vouloir dire. Et j’espère que vous comprenez que tout ce que je suis en train de dire, ce ne sont pas des considérations mystico-théologiques. Tout cela va avoir d’immenses répercussions dans notre vie. En effet, quand on est plongé dans un tel bain d’amour surnaturel, on en ressort forcément dégoulinant d’amour et il en va ainsi à chaque fois que nous prenons un bain d’amour trinitaire. Du coup, vous comprenez que l’amour ne se conquiert plus à coup d’efforts, il se reçoit ! A chaque fois que nous ne résistons pas à l’Esprit qui veut nous plonger dans l’amour-même qui unit le Père et le Fils, qui veut nous faire entre dans la danse d’amour trinitaire, nous en sortons dégoulinants d’amour. Il est tellement grand et tellement beau le mystère de le foi !
une équation à plusieurs UNconnus : trois = hein ?
je ne comprends rien, que dis-tu ? tout cela dépasse mon entendement et mes capacités intellectuelles.
Mais cela ne s’apprend qu’avec le coeur car l’Amour de Dieu est d’une telle intensité : cela ressemble à dEnse avec les stars avec comme acteurs le Père, le Fils et le Saint-Esprit !