27 mars : mercredi saint : apprendre à consentir … détermination de Jésus pour sauver Judas

La 1° lecture, tirée du livre d’Isaïe, nous livrait ce message étonnant : Celui qui souffre a quelque chose de plus que les autres à dire ; il a quelque chose de meilleur et de plus fort à dire que les autres. « Le Seigneur lui donne le langage des disciples, pour qu’il puisse, d’une parole, soutenir tous ceux qui sont épuisés. » Pourquoi donc la parole de celui qui souffre va-t-elle être si bienfaisante ? Parce que la souffrance va donner un parfum de vérité à ses paroles.

Oh, ce n’est pas automatique ! Pour qu’il en soit ainsi, il faut souvent du temps, avoir été bien accompagné afin de pouvoir entrer sur la voie du consentement. Ici, on m’a déjà souvent entendu dire que consentir, c’est le maitre-mot de la vie spirituelle. Consentir, ça n’a rien à voir avec se résigner. Consentir, c’est justement reprendre ces paroles du serviteur que nous avons entendues : « moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. » Consentir, c’est accepter la réalité de nos vies sans nous dérober en cherchant refuge dans un rêve qui ne se réalisera jamais, le rêve d’une vie sans souffrance, sans épreuve. Oui, consentir, ce n’est pas rêver sa vie, mais la vivre telle qu’elle est, et que, moi, je suis comme je suis. Consentir, c’est choisir de ne pas subir ce qui nous arrive. Consentir, c’est un mot du registre amoureux, les fiancés échangent leurs consentements au cours du mariage, consentir, c’est donc croire que, quelle que soit ma situation, ma vie restera une histoire d’amour avec le Seigneur. Il ne m’écartera pas sous prétexte que je suis devenu moins intéressant, moins performant, plus compliqué et si souvent à vif. 

Consentir, selon la fameuse prière des personnes fréquentant l’association des alcooliques anonymes, c’est accueillir la force que le Seigneur veut me donner pour supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui doit l’être en lui demandant la sagesse de savoir distinguer l’un de l’autre ! Consentir, c’est croire que, quelle que soit cette réalité, je peux sortir grandi si je me laisse rejoindre par le Seigneur sur ce chemin que j’aurais préféré ne pas avoir à parcourir et que, Lui aussi, aurait préféré ne pas me voir parcourir. Mais puisqu’il en est ainsi, il me rejoint et se propose à moi pour m’accompagner sur ce chemin qu’il a parcouru avant moi et pour moi, afin que je ne sois pas broyé par ces épreuves. 

Alors, celui souffre et qui a pu entrer sur ce chemin du consentement aura quelque chose de plus à dire que les autres, quelque chose de meilleur : « le Seigneur lui aura donné le langage des disciples, pour qu’il puisse, d’une parole, soutenir tous ceux qui sont épuisés. » Et s’il peut réconforter, c’est parce qu’il aura lui-même accueilli la parole de réconfort que chaque matin, à chaque instant, le Seigneur lui souffle à l’oreille pour le soutenir : « Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. »

De l’évangile que nous avons entendu, j’aimerais retenir 3 points.

1/ Jésus vient d’annoncer : « l’un de vous va me livrer. » Alors, les disciples lui demandent : serait-ce moi, Seigneur ? Et jésus de répondre : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. » Est-ce qu’en disant cela, Jésus donne un indice pour que le traitre soit clairement identifié ? Jésus a dit: « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. » Jésus ne dit pas : celui qui vient de se servir, c’est lui qui va me livrer … là, ça aurait été un détail qui permettrait d’identifier. Non, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. » Il y a bien des chances pour qu’ils aient tous fait ce geste avec lui, c’est donc chacun de ses disciples que Jésus met devant ses responsabilités. On pourrait donc comprendre la réponse de Jésus comme une mise en garde : oui, ça pourrait être toi, mais il ne dépendra que de toi que ça ne soit pas toi ! 

Ainsi donc, la réponse de Jésus avant de désigner nommément une personne, veut insister sur la proximité de celui qui va le livrer : « l’un de vous va me livrer et celui qui va me livrer s’est servi au plat en même temps que moi. »On peut imaginer la souffrance qu’il y a dans ces paroles que Jésus prononce. Il a compris qu’il allait mourir et que ça allait être très douloureux mais il aurait tellement aimé qu’aucun de ses disciples ne soit compromis dans ce péché. 

Hélas, ça ne sera pas le cas, tous, ils auront tous leur part de responsabilité. Quelle souffrance pour Jésus et nous sentons bien qu’elle s’exprime dans les paroles de cet évangile.

2/ Je crois que c’est l’expression de cette souffrance qu’il faut entendre dans la parole de Jésus : « Malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Ce n’est pas une parole de condamnation, ni même de malédiction comme pourrait nous le laisser croire l’emploi du malheureux. Jésus ne maudit personne. Les exégètes ont montré que ce mot de l’Evangile correspondait au mot que les pleureuses répétaient en tournant autour du corps d’un mort. C’est donc clair, quand Jésus dit « malheureux » c’est l’expression de sa souffrance devant une personne qui, à cause de ses choix tordus, est presque déjà morte. Jésus ne la maudit pas, il pleure sur cette personne. Et c’est ce qu’il fait devant Judas. Or, on ne pleure que devant ceux qu’on aime, donc, jusqu’au bout Jésus aimera Judas, l’appelant encore « mon ami » à Gethsémani quand il vient à la tête de la délégation venue l’arrêter. 

3/ Enfin, 3° point. Oui, vraiment, jusqu’au bout, Jésus va aimer Judas, c’est pourquoi, jusqu’au bout, il va essayer de le sauver en lui offrant la possibilité de se convertir par l’aveu de son péché. Quand Judas demande : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! » C’est comme si Jésus lui disait : Judas, écoute bien ce que tu viens de dire, reconnais ton péché et tu seras délivré, sauvé. Entendons-nous bien, Jésus ne cherche pas à se sauver en essayant de faire en sorte que Judas renonce à son projet… non, il sait que quoiqu’il arrive, avec ou sans Judas, les responsables religieux ont décidé de le mettre à mort. Jésus ne cherche donc pas à se sauver mais il cherche, jusqu’au bout, à sauver Judas. Que c’est beau de voir cette détermination de Jésus qui veut tout mettre tout en œuvre pour sauver Judas. 

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons de croire que si Jésus a eu une telle détermination pour sauver Judas, il aura la même détermination pour nous sauver. Demandons aussi à Notre Dame de Laghet qu’elle nous obtienne la grâce de pouvoir consentir à nos vies, telles qu’elles sont en croyant que le Seigneur nous accompagne dans toutes nos épreuves.

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