9 juillet : Si Dieu est si humain, c’est pour que l’homme vive divinement bien !

La lecture d’Osée que nous avons entendue fait partie des pages que l’on peut faire lire à tous ceux qui pensent que la lecture du Premier Testament est inutile car elle ne nous apprend rien sur Dieu. Je me rappellerai toujours cette scène dont j’ai été témoin. Un homme est sollicité par son curé pour lire une des lectures de la messe et cet homme lui répond : si vous voulez, mais pas la lecture de l’Ancien Testament, je refuse de lire ces horreurs ! Cette conception du Premier Testament est une très vieille hérésie condamnée dès le milieu du 2° siècle, celui qui a été le grand promoteur de cette hérésie s’appelait Marcion. L’hérésie a été condamnée, mais hélas, sa doctrine n’a jamais été totalement éradiquée ! 

Alors, certains diront : oui, il y a 5% des textes du Premier Testament qu’on pourrait garder car ils commencent à esquisser le portrait d’un Dieu Amour, mais tout le reste n’a aucun intérêt puisqu’il n’est question que de violence, que de coucheries, de trahisons, d’exploitation des pauvres … Mais c’est justement la grandeur du Premier Testament que de montrer un Dieu qui fait Alliance avec un peuple dont la vie n’est pas très reluisante et qui restera fidèle à son Alliance malgré tous ses espoirs sans cesse déçus. Rappelons-nous toujours que s’il y a de la violence et bien des bassesses dans la Bible, c’est parce qu’il y a de la violence et des bassesses dans la vie des hommes, les hommes de la Bible comme ceux d’aujourd’hui et nous en faisons partie. La bonne nouvelle, c’est que Dieu n’attend pas que nous soyons parfaits pour nous proposer de marcher avec lui !

En tout cas, cette page d’Osée est merveilleuse, les paroles qui sortent de la bouche de Dieu sont tellement touchantes : « Je guidais mon peuple avec humanité, par des liens d’amour ; je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ; je me penchais vers lui pour le faire manger. » On aurait envie de dire que nous découvrons un Dieu qui a des sentiments profondément humains … à moins que ce ne soit l’homme qui ait des sentiments divins quand il agit de cette manière !

Relevons encore cette parole qui a inspiré tant de commentateurs : « Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car moi, je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer. » « Mon cœur se retourne contre moi », Benoit XVI va commenter avec tellement d’à propos cette parole dans « Deus Caritas est » et François, au cours de l’année de la miséricorde, a souvent repris le commentaire de son prédécesseur en y ajoutant son grain de sel. Quelle parole merveilleuse : « Mon cœur se retourne contre moi ! » Oui, la justice aurait voulu que les hommes soient condamnés pour tant de désobéissances à l’égard de la Loi vis-à-vis de laquelle ils s’étaient engagés. Rappelons-nous ces paroles de la conclusion de l’Alliance prononcées par le peuple : Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons ! L’histoire nous montre que ça n’a jamais été le cas très longtemps. La justice aurait voulu que les hommes soient condamnés, mais, dit Dieu : « Mon cœur se retourne contre moi. » Ma miséricorde se retourne contre ma justice et c’est elle qui l’emporte !

Et pour que tout soit définitivement clair, pour clouer le bec à ceux qui aimeraient quand même que Dieu punisse les méchants un peu plus souvent, oubliant d’ailleurs qu’eux-mêmes sont souvent méchants et que la miséricorde les arrange bien quand ils se découvrent méchants, Dieu conclut en disant : « car moi, je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer. » Avec le psalmiste, dans le psaume 76, nous pouvons nous écrier : Quel Dieu est grand comme Dieu ?!

En ce qui concerne l’Evangile, je ne retiendrai qu’un seul point. Après l’appel des disciples hier, nous avons aujourd’hui les consignes qui sont données à ceux que Jésus a choisi. Hier le père Godefroy faisait remarquer que Jésus a choisi des disciples et que tout de suite après, il les nomme apôtres. Disciples, ça correspond à leur identité, le mot désigne la proximité avec Jésus, le lien qui les unit à Jésus. Apôtre, ça correspond à leur mission, puisque ce mot signifie « envoyé ». Eh bien à ceux qu’il choisit pour être avec lui et pour les envoyer, Jésus donne un certain nombre de consignes qui peuvent facilement se résumer : pour la mission, qui consistera à faire ce que moi-même j’ai fait, ne vous fourvoyez pas en cherchant un certain nombre de points d’appui, de sécurités en dehors de moi.

C’est un risque permanent que de chercher la performance dans la mission non pas en s’appuyant sur le Seigneur, en comptant sur la puissance du Saint Esprit mais en comptant sur un certain nombre de moyens extérieurs. C’est pourquoi Jésus dit : n’emportez rien ! Certes, les moyens sont toujours nécessaires, mais la question que Jésus veut nous poser est la suivante : où sont tes points d’appui ? Qu’est-ce qui fait que tu te sens sûr pour accomplir la mission qui t’est confiée ?

Tôt ou tard, ceux qui s’appuient sur leurs moyens finissent par s’écrouler. 

Je me rappelle cette belle histoire que m’a raconté un ami protestant évangélique. Aux Etats Unis, un pasteur entend un appel à quitter sa paroisse pour vivre une mission d’évangélisateur itinérant. Il part avec sa femme et pour respecter l’Evangile, il vend tout et donne l’argent aux pauvres. Il ne garde qu’une vieille voiture. Il entreprend cette mission de prédicateur itinérant et voit une fécondité extraordinaire. Il prêche dans des lieux tous plus improbables les uns que les autres, certes, il se fait parfois jeter, mais il y a tellement de conversions ! Son itinérance le conduit dans une ville où il sait qu’il va trouver un ami avec lequel il a été étudiant et qui a très bien réussi dans la vie. Il va le trouver l’ami l’héberge quelques jours et quand il veut partir, sa voiture ne démarre plus, elle est tellement vieille. Son ami lui dit : laisse-moi t’acheter une nouvelle voiture pour t’aider. Il refuse pour rester fidèle à l’évangile. L’ami lui dit alors, on va appeler un dépanneur qui va réparer mais je tiens à te donner un chèque en blanc que tu utiliseras pour t’acheter une voiture quand celle-là finira par te lâcher pour de bon ! Il a fini par accepter et est reparti en mission. Au bout de quelques semaines, il constate qu’il n’y a plus la même fécondité à sa mission, il réfléchir pour comprendre les rasions et se rappelle ce chèque en blanc. Il le déchire et repart et la mission retrouve sa fécondité. Quels sont nos points d’appui ? 

« Heureux est l’homme qui se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, + qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira. » Ce sont les premiers versets du tout premier Psaume … celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende !

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