Jeudi 13 mai : fête de l’Ascension. Pauvre Gaulois quand cesseras-tu d’avoir peur que le ciel te tombe sur la tête ?!

Même si certains d’entre nous peuvent être descendants des Hébreux, nous sommes tous descendants des Gaulois ! Je pense que nous avons tous été des lecteurs attentifs d’Astérix et que ça nous a permis de devenir incollable sur la culture des Gaulois. Nous savons donc tous que la grande peur des Gaulois, c’était que le ciel leur tombe sur la tête, c’est pour cela que certains pensaient qu’ils devaient marcher en tenant un bouclier au-dessus de leur tête … on ne sait jamais ! Eh bien, oui, nous sommes toujours les descendants des Gaulois, nous avons gardé cette peur qui hantait nos ancêtres et, pour notre plus grand drame, nous marchons si souvent avec un bouclier sur la tête pour nous protéger. Cette attitude ne cesse de chagriner le ciel qui ne sait comment s’y prendre pour nous dire que c’est précisément du ciel que nous viennent toutes les plus grandes grâces. Comme le suggérait l’autre jour le père Emmanuel, nous avons bien plus à attendre de l’ouverture du ciel que de l’ouverture des terrasses dans 6 jours ! Et, aujourd’hui, ce que nous célébrons, c’est bien le fait que le ciel se soit ouvert. Le ciel s’est ouvert pour accueillir Jésus qui est monté auprès du Père. 

Certes, le ciel s’était déjà ouvert à Noël, le Seigneur avait répondu à cette prière insistante de son peuple qui ne cessait de lui dire : « Ah si seulement, tu pouvais déchirer les cieux et descendre parmi nous. » (Is 63,19) Dieu avait répondu, les cieux avaient été déchirés et en Jésus, Dieu-Emmanuel était venu habiter parmi les hommes. Mais j’ai envie de dire que, pendant tout le temps de l’Incarnation, les cieux s’étaient refermés. En Jésus, Dieu était là et c’était merveilleux … oui, mais merveilleux pour ceux qui habitaient en Palestine à cette époque et qui, en plus, avaient la grâce de croiser le chemin de Jésus. Et les autres, et tous les autres de tous les temps, de tous les pays, n’auraient-ils pas droit de vivre une rencontre avec le Seigneur ? Quand on voit ce que produisait une rencontre avec Jésus, pour ceux qui avaient un cœur ouvert bien sûr, on ne peut pas penser que Dieu ait pu se satisfaire de ce bien qui a été fait sur quelques kilomètres carrés de la terre à un moment précis de l’histoire. Dieu, parce qu’il est l’Amour parfait, ne pouvait que rêver de plus grand, de plus universel. Il ,e pouvait que rêver que son Amour puisse rejoindre les hommes de tous les temps et de tous les lieux pour transformer leurs vies.

Eh bien, c’est exactement ce qui se passe à l’Ascension. En montant au ciel, Jésus n’abandonne pas les hommes, c’est même tout le contraire ! Cela est largement suggéré par le fait que Jésus disparait aux yeux des apôtres dans une nuée. Dans le Premier Testament, la nuée, c’est le moyen que Dieu avait choisi pour se rendre présent à son peuple dans le désert, pour accompagner la marche de son peuple dans le désert. La nuée est donc le signe de la présence, Jésus qui monte dans une nuée, c’est donc tout le contraire de Jésus qui va se perdre dans les nuages pour devenir inaccessible comme s’il était parti pour une planète très éloignée. La nuée est le symbole de la présence. C’est ce qu’on voit aussi à la Transfiguration quand l’Evangile nous dit que c’est de la nuée que se fait entendre la voix de Dieu. En disparaissant dans une nuée, c’est comme si les Ecritures manifestaient que la promesse faite par Jésus s’accomplissait : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps. » Tant qu’il n’était qu’en Palestine, cette promesse ne pouvait pas trouver son accomplissement, désormais, puisqu’il est auprès de Dieu, tout devient possible, il peut se rendre présent pour tous les hommes de tous les temps, de tous les lieux qui veulent bien l’accueillir.

Après avoir cité le père Emmanuel, j’aimerais citer le pape Benoit XVI ! Il a eu une très belle explication de ce que l’Ascension de Jésus permettait, en termes de présence, pour Jésus, c’est dans sa grande synthèse sur Jésus de Nazareth. Il fait le parallèle entre le fameux récit de l’Evangile où Jésus marche sur les eaux pour rejoindre ses disciples apeurés dans leur barque secouée par une tempête terrible. (Mt 14,22ss). Rappelez-vous, il nous est dit dans ce texte que Jésus était monté sur la montagne pour prier et c’est alors qu’il se rend compte que ses disciples sont en grande difficulté et qu’il comprend qu’il lui faut absolument les rejoindre. Je vous lis ce que dit Benoit VI, c’est tellement savoureux qu’il ne faut pas s’en priver, comme je ne peux pas tout lire, je commenterai pour que ça reste facile à comprendre et j’ai rajouté ici ou là un mot pour la clarté !

« Le Seigneur semble être loin quand il est en prière sur sa montagne. Mais puisqu’il est auprès du Père, il les voit. » Pour Benoit XVI, c’est clair, c’est en étant auprès de Dieu qu’on voit le mieux ce qui se passe. 

Chercher la proximité de Dieu, ce n’est donc pas fuir la proximité avec les hommes, au contraire, c’est d’auprès de Dieu qu’on peut être le plus près des hommes. Cette expérience que vit Jésus nous donne aussi quelques perspectives pour que notre vie spirituelle ne nous fasse jamais échapper du réel. Je continue la citation : « Et puisqu’il les voit il vient à eux en marchant sur la mer il monte sur la barque avec eux et rend possible la traversée jusqu’à son but. » Je reprends mon commentaire : nous le savons parce que les Evangiles l’attestent pratiquement à chaque page, les yeux de Jésus sont directement reliés à son cœur. Il ne peut voir une quelconque misère sans se rendre proche pour agir. Puisque sur la montagne, auprès de Dieu, il a vu la difficulté dans laquelle se trouve ses apôtres, il va se rendre présent le plus vite possible et pour que ça ne traine pas, il n’hésite pas à mobiliser toute sa puissance divine, il marche sur les eaux. Je reprends Benoit XVI : « C’est une image pour le temps de de l’Eglise qui nous est donc aussi destinée. Depuis son Ascension, le Seigneur est sur la montagne du Père, par conséquent il nous voit, par conséquent il peut à tout moment monter sur la barque de notre vie, par conséquent nous pouvons toujours l’invoquer et toujours être sûr qu’il nous voit et nous entend. Aujourd’hui aussi la barque de l’Eglise, avec le vent contraire de l’histoire, navigue à travers l’océan agité du temps. Souvent on a l’impression qu’elle va sombrer mais le Seigneur est présent et vient au moment opportun. Il nous dit : je m’en vais, mais, c’est pour mieux venir à vous ! C’est ce qui fonde la confiance des chrétiens et c’est la raison d’être de notre joie. »

A l’Ascension, le ciel s’est ouvert pour ne plus jamais se refermer. C’est-à-dire que, désormais, le ciel et la terre sont inséparables. Depuis la montagne de Dieu, Jésus voit tout et peut donc se rendre présent à chaque instant auprès de ceux dont la barque est trop chahutée. Comprenons bien, gaulois, à l’Ascension, le ciel nous est tombé sur la tête et c’est ce qui pouvait nous arriver de mieux ! Alors, vous comprenez que c’est vraiment dommage d’attendre frénétiquement l’ouverture des terrasses, ouverture qui, de toutes façons, fera bien des déçus puisqu’elles n’ouvriront qu’à 50% de leurs capacités et que pour prendre une bière, il faudra peut-être attendre aussi longtemps que pour obtenir un rendez-vous médical chez un spécialiste ! Réjouissons-nous plutôt que le ciel soit ouvert et à 100% de sa capacité, c’est-à-dire sans aucune restriction ! Et, comme, bien évidemment, il ne fait pas partie des commerces non-essentiels, il reste et restera toujours ouvert, particulièrement en temps de pandémie, ce temps qui fait que bien des barques sont chahutées et que tant de personnes sont légitimement inquiètes.

Plus que jamais, nous devons donner le témoignage de personnes qui ne marchent plus avec un bouclier sur la tête pour se protéger au cas où le ciel nous tomberait sur la tête. Que notre vie soit un témoignage clair que c’est bien du ciel et du ciel seulement que peuvent tombent les grâces dont les hommes ont besoin. Que notre vie soit un témoignage clair qu’à l’image de Jésus, quand on a le cœur en Dieu, on n’est pas loin des hommes et que c’est même tout le contraire. Pour voir tous nos frères en humanité dont la barque est chahutée et pour agir en leur faveur, la meilleure posture, c’est justement de tenir notre cœur en Dieu. Oui depuis l’Ascension, le ciel est ouvert et ne se refermera plus, le ciel et la terre sont désormais unis pour que nul ne puisse être privé de la présence du Seigneur, particulièrement quand, dans la barque de sa vie, il se retrouve en grande difficulté. 

Depuis l’Ascension ce que nous ne cessons de demander dans la prière du Notre Père peut s’accomplir : tout peut se passer sur la terre comme au ciel. Il suffit que nous ayons assez de foi pour oser le croire et c’est bien ce que Jésus disait dans la finale de l’Evangile : « Ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » A ceux qui ont la foi, la précision de Jésus est importante, à ceux qui ont la foi, sur la terre comme c’est déjà le cas au ciel, une invraisemblable puissance de vie sera remise entre leurs mains. Avoir la foi, tu as compris, gaulois, c’est ne plus jamais marcher avec un bouclier sur la tête pour se protéger du ciel car le danger ne viendra jamais du ciel, par contre il peut venir de la terre et même des terrasses !

Cette publication a un commentaire

  1. Wilhelm Richard

    Tournons-nous vers les réalités d’En-Haut !
    Soyons des terrassoiffés de Dieu : Il nous enivrera tout en restant debout !!!!
    Nous marcherons alors avec assurance, grâce à cette potion divine et cette idee fixe vers le Père.

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